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Laïla-Chilali G. Liliana
» Laïla-Chilali G. Liliana "
❝ Regular. × My new Life is here ❧ ❞
+ elle danse, l'innocence, et se brise. 1469055754-kappamaz
× Ma Célébrité : dasha sidorchuk × Nombre de messages : 4476 × Age du perso : 18 ans


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Message(#) Sujet: + elle danse, l'innocence, et se brise. + elle danse, l'innocence, et se brise. EmptyMer 15 Jan - 13:47

❝ Laïla-Chilali Gaïa Liliana ❞ Feat Dasha Sidorchuk ;
depuis que j'suis gosse, on m'appelle Lila ✕ j'ai déjà dix-sept piges ✕ je suis née le quinze octobre mille neuf cent quatre-vingt-seize dans un pays nommé  angleterre✕ au sein des amazones, je suis considérée comme la petite dernière ✕ dans la vie d'tous les jours, on me décrit comme volontaire,  observatrice, généreuse, mais aussi très obstinée, émotive, anxieuse✕ j'aime  par-dessus tout jouer avec mon petit singe Helsy, regarder l’eau de la cascade, chantonner et apprendre de nouvelles choses ✕ je déteste encore plus me sentir abandonnée, les mensonges, la nuit et le tonnerre ✕ je me distingue par ma petite taille et mes tâches de rousseur✕ j'avoue, mon orientation sexuelle est plutôt hétéro ✕ puis en c'moment t'façon célibataire ✕  sur l'île, j'suis plutôt du genre amazone ✕ et j'agis ainsi principalement car :  je suis ici depuis toujours, je n’ai rien connu d’autre que l’île et les amazones.

« POURQUOI CROIT-ON QUE DERRIERE UN BEAU VISAGE SE CACHE OBLIGATOIREMENT UNE BELLE AME ? »

Relashionship’ :
Love : Ayant toujours vécue avec les amazones sans rencontrer personne, et fidèle aux règles établies par Laïlynn, Laïla n’a jamais ressenti d’amour pour un quelconque homme sur l’île.
Family :  Laïla a toujours considéré l’ensemble des amazones comme ses sœurs de cœur et sa seule famille. Mais Laïlynn {Freida Pinto} plus particulièrement s’occupe d’elle comme une grande sœur. Elle cherche tout particulièrement à lui apprendre à se débrouiller seule. Maintenant, Laïla regrette cette complicité perdue mais n’arrive plus à faire confiance à la chef des Amazones. Noëlynn {Jennifer Lawrence} est également une grande sœur pour Laïla, la consolant lorsqu’elle est triste, la rassurant quand elle a peur. Mais, de la même façon, l’adolescente ne sait pas comment renouer le contact pour expliquer à Noëlynn ce qui ne va pas.
Friends :  Estella {Charlize Theron} s’est beaucoup occupée d’elle au tout début, quand elle n’était encore qu’un bébé et qu’elles n’étaient sur l’île que depuis peu de temps. Puis elle a quitté le groupe, sans que la petite Laïla ne comprenne pourquoi. Maintenant qu’elle est revenue, quelque chose est restée de ces moments passés il y a des années et des années. Ian {Josh Duhamel} est un militaire arrivés sur l’île il y a peu de temps. Laïla se méfie de lui, bien sûr, mais il l’écoute quand elle ne va pas bien, la protège. Il est un peu comme un grand frère et Laïla, qui ne sait plus trop où elle en est, apprécie beaucoup sa compagnie.
Ex : Laïla n’a jamais eu de relations amoureuses avec qui que ce soit, aussi ne peut-elle pas avoir d’ex.
Hate : Trop jeune, trop naïve et trop gentille, il est très compliqué de ne pas apprécier la jeune Laïla, ce qui fait qu’elle n’a pas beaucoup d’ennemis.
Other : Fernando {Michael Fassbender} est un militaire qui l’a kidnappé pour faire pression sur les amazones. Si elle devrait le détester, elle n’y arrive pas, car c’est grâce à lui qu’elle se pose des questions sur les amazones, les survivants, et le pourquoi de ce refus de se mélanger. Certes, c’est par sa faute qu’elle n’est plus aussi joyeuse et innocente qu’avant, mais elle a grandi grâce à leurs conversations, et cela n’est peut-être pas forcément un mal. Depuis son retour au campement, c’est Stacïly {Claire Holt} qui la surveille, pour l’empêcher de partir rejoindre les survivants.

sinan bah en vrai, moi j'suis marie alias aria ✕ en réalité j'ai 17 ans ✕ j'habite du côté de France ✕ sur TI, vous m'verrez tous les jours ✕ il m'semble que j'ai connu le forum par partenariat, je crois ✕ ce qui m'a plu, c'est tout ✕ le personnage que je vais jouer, il tue, en fait c'est un prédéfini, on va dire ✕ j'lai choisi car :  j’aime ma Laïlachou.  ✕ puis comme j'suis sage, j'ai lu&signé le règlement  ✕ allez j'finis en vous disant : j’vous aime, ça marche comme mot de la fin ?
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Laïla-Chilali G. Liliana
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Message(#) Sujet: Re: + elle danse, l'innocence, et se brise. + elle danse, l'innocence, et se brise. EmptyMer 15 Jan - 13:48



CHAPITRE UN ; « C’ETAIT ENCORE LA NUIT, LES ETOILES ET LA LUNE. »
C’était encore la nuit, les étoiles et la lune. Il pleuvait, et le vent semblait être en colère. C’était l’automne, et la forêt était terne. Les animaux semblaient l’avoir déserté. Il n’y avait qu’un unique chemin de terre, peu large, et que les flaques rendaient boueux. Au bout de ce chemin, si long et si méandreux, se trouvait une immense bâtisse, sombre, inquiétante et ancienne. Toute de pierres et de bois, sa toiture rouge était désormais recouverte de mousse et de lierre. Un quelconque passant n’y verrait qu’une ancienne demeure bourgeoise, inhabitée depuis bien des siècles. Mais telle n’était pas la vérité. Dans ce lieu hors du temps, loin de tout, dormait une multitude d’enfants pâlichons. Et, dans un bureau aux murs de velours, aux meubles d’ébène et aux tapis persans, se trouvaient quatre personnes. Une vielle dame, au chignon rigide et au visage austère. Un jeune homme, plutôt blond, à la chemise usée et au pantalon de travail. Une jeune femme, le visage trempé de larmes, dans une robe bleue pâle, qui berçait tendrement un nourrisson endormi. Personne ne parlait, et seuls les sanglots de la jeune mère perçaient le silence. Mais l’enfant dormait toujours, un sourire aux lèvres, emmitouflé dans une couverture rapiécée. Le silence devenait pesant, mais personne ne semblait résolu à parler. La vieille dame, assise derrière son bureau, avait l’attitude de celle qui avait vécu ce genre de situations plusieurs fois. Elle finit par prendre la parole, sans méchanceté mais sans gentillesse non plus. « Il faut vous décider. Ça ne sert à rien de rester là. ». Mais, voyant que son intervention ne changerait rien, elle reprit. « Comment s’appelle votre fille ? ». Ils se regardèrent, les yeux brillants, se demandant qui du père ou de la mère allait répondre. Discussion muette, interrogations secrètes. Ce fut finalement la jeune femme qui, tentant de maitriser les tremblements dans sa voix, finit par répondre. « Nous … nous l’avons appelé Leila. ». Un prénom si singulier, un prénom qui sentait bon le printemps. La vieille dame hocha la tête, approbatrice. « C’est un bien joli prénom. Est-elle baptisée ? ». Nouveau regard entre les parents. Mais les visages sont maintenant fermés, honteux. Le silence dure plus longtemps, cette fois-là. Le père finit par répondre, dans un souffle. « Non … Nous … Nous n’avons pas pu organiser une fête … ». Pas besoin d’en dire plus, bien sûr, la dame avait compris. C’était toujours la même histoire, toujours le même problème. C’était toujours pour la même raison que ces parents décidaient d’abandonner leurs enfants, de les confier dans des orphelinats. Car telle était bien la fonction de ce vieux bâtiment perdu au milieu de nulle part : un orphelinat, un peu moins connu que d’autres, un peu moins neuf, aussi. C’était un orphelinat dont on entendait peu parler, un orphelinat qui semblait vivre sans subvention, sans aide financière. C’était un orphelinat qui semblait dater du siècle dernier. Hors du temps, le terme a déjà été évoqué. Mais l’important n’est pas là. Dans le bureau luxueux, le silence a repris ses droits, le temps s’écoule lentement. Si lentement. Les secondes s’étirent, inlassablement. Et l’enfant dort encore. « Elle serait mieux dans un lit, vous ne pensez pas ? ». Une façon comme une autre de les rappeler à leur réflexion, à leur décision. Cela commençait à devenir trop long. Il leur fallait maintenant choisir, véritablement, si oui ou non ils allaient laisser leur petite Leila ici. Les deux jeunes parents observent le bébé, paisiblement endormi au creux des bras de sa mère. Ho, ils l’aimaient, cela ne faisait aucun doute, et c’était bien là la raison qui les avait poussés à se rendre dans cet orphelinat. Ils aimaient leur enfant, mais ne pouvaient pas s’en occuper correctement. Faute à l’argent, faute à l’inflation, faute au manque de travail. La jeune femme se lève, doucement, de crainte de réveiller l’enfant. Elle hoche la tête, sans parler, de crainte sans doute d’éclater en sanglots. Mais la vieille dame comprend, maintenant, elle sait comment réagissent les parents lors de cet instant précis. Elle se lève à son tour, ouvre la porte et invite les deux jeunes gens à la suivre. Et voilà une étrange procession dans les sombres couloirs. On entend les pas dans le silence. La vieille dame se dirige sans hésiter, elle sait où elle veut aller. On monte, on monte encore, et les couloirs semblent toujours les mêmes. Elle ouvre une porte, sans un bruit. On entre dans un dortoir, un dortoir où sommeillent une vingtaine de petites filles. Elle les conduits vers le fond de la salle, indique un lit de bébé. La jeune femme s’approche, doucement. Elle observe toutes ces petites filles, qui dorment, comme son bébé. Elles étaient des bébés, elles aussi, avant. Elles avaient des parents, également. Mais, comme elle était en train de le faire en ce jour, ces mêmes parents les avaient abandonnés. Certains par choix, d’autres pas obligation. Sa petite fille se souviendra-t-elle d’elle ? Se souviendra-t-elle de son père ? De sa maison ? Ou bien oubliera-t-elle jusqu’à l’existence de ses parents ? A cet instant-là, elle faillit s’arrêter, reculer, partir. Mais la faim qui tenaille ses entrailles la ramène à la raison : elle ne peut pas garder cet enfant. Alors elle pose le nourrisson dans le petit lit, replace les couvertures. Et avant de remonter les barrières de bois, elle enlève son médaillon, et le passe autour du cou de l’enfant. C’était un médaillon tout simple, une petite chainette d’argent au bout duquel pendait un petit oiseau d’argent. Ce médaillon lui venait de sa mère, qui elle-même le tenait de sa propre mère, et ainsi de suite. Elle se penche, pose un dernier bisou sur le front de l’enfant. Mais déjà la petite fille ressent l’absence des bras de sa mère et gémit dans son sommeil. Et les gémissements deviennent pleurs, le sommeil laisse place à l’éveil. La jeune femme se rapproche, elle chantonne. « Petit oiseau d’or et d’argent, ta mère t’appelle au bout du chant … ». Une comptine qui berçait les siestes et les nuits de la petite fille, depuis sa naissance. Une comptine qui, inexplicablement, allait rester dans sa mémoire, pour toujours. Peu à peu, l’enfant se rendort, et la jeune femme continue de chanter. Et, peu à peu, elle s’éloigne, s’accroche à son mari. Entendre son bébé pleurer, sans oser le prendre dans ses bras, de peur de ne plus jamais pouvoir le lâcher, fut la chose la plus difficile dans cette soirée. Elle se dirige vers la sortie, sans se retourner, la main crispée dans celle de son mari. La vieille dame les suit, referme la porte. Et, tandis qu’elle les reconduit vers la sortie, dans le dortoir, une petite fille se lève, sans un bruit, et s’approche du berceau. Et elle reprend la comptine, à son tour, pour endormir le bébé.

CHAPITRE DEUX ; « IL Y AVAIT LE VENT, LES VAGUES ET LA MER. »
Il y avait le vent, les vagues et la mer. Et le bateau tanguait sans cesse, et l’eau se jetait contre le bois. C’était un vieux bateau, comme ceux que l’on voit dans les films. C’était un bateau qui semblait ne plus rien avoir à faire au milieu de l’océan. Mais il voguait, cependant, et il gardait le cap. C’était un vieux bateau, oui, et son capitaine semblait aussi anachronique que lui. Il se tenait dans sa cabine, l’air préoccupé, la main démêlant sa barbe grise. La nuit était clair, les étoiles visibles, ce n’était pas le trajet qui lui posait problème. Il avait accosté cette drôle d’île plusieurs fois, déjà. Elle n’était répertoriée nulle part, cette Ile, cette grande île pourtant. Il était passé à côté par hasard, une fois, il y a bien longtemps. Il s’y était arrêté pour réparer son bateau, une autre fois. Et à chacun de ses voyages, il passait à proximité. Il n’avait jamais cherché à comprendre le mystère de cette Ile. Toujours est-il qu’il ne tenait pas à en parler. Mais ses matelots, ses marins, eux, n’avaient pas hésités à faire courir le bruit que, quelque part au milieu de l’océan Pacifique, se trouvait une île inconnue. Le capitaine s’était inquiété, bien sûr, de cette révélation. Il craignait qu’on ne vienne abimer cette île sauvage. Mais personne ne s’y était risqué, personne ne s’y était même intéressé. Personne sauf cette vieille dame, qui gérait un orphelinat. Elle était venue le voir sur le quai, un jour qu’il se trouvait à Douvres. Elle lui avait demandé un service, moyennant récompense. Ho, rien de bien sorcier, lui avait-elle assuré. Il s’agissait seulement de débarquer un petit groupe de fillettes sur cette Ile, et de n’en parler à personne. Il avait hésité, bien sûr, question d’éthique et de responsabilité. Mais, devant l’acompte présenté, toute réticence s’en était allée. On peut faire faire n’importe quoi à un homme moyennant de l’argent. Et c’est ainsi que, en cette douce nuit d’avril, il se dirigeait vers l’Ile, avec à son bord une vingtaine de fillette. Une vingtaine de fillette et un bébé. C’était encore un nourrisson, que tenait dans ses bras une des plus âgées du groupe. Il ne pleurait pas, le bébé, et regardait tout autour de lui avec l’air curieux. Il pointait du doigt, tour à tour, tous les membres du groupe, en cercle autour de lui. Elles semblaient toutes s’aimer, se connaitre telles des sœurs. Il soupire. Il avait eu une fille, lui aussi. Une fille que les médecins, par leur incompétence extrême, avaient laissé mourir. Il n’était plus vraiment lui-même, depuis ce jour. Et voilà que maintenant, il envoyait des enfants à une mort certaine. Car, comment pourraient-elles survivre, seules au milieu de cette nature sauvage ? Pour un peu, il aurait fait demi-tour et les aurait ramenées à l’orphelinat. Mais la promesse de la vieille dame lui faisait oublier cette idée. Il aurait de quoi racheter un nouveau bateau, plus beau, plus neuf, plus rapide. Alors il continue, et reprend le cap. Et sur le pont, les fillettes se mettent à danser, à chanter, à faire une ronde autour de l’ainée qui porte la benjamine. Elles se donnent les mains, au milieu de la nuit, pour repousser le sommeil et la peur de l’inconnu. Mais voilà que l’Ile est en vue, et que le bateau ralentit. La ronde se défait, et les petits pas des fillettes courant vers le pont craquent sur le bois. La plus âgée se relève, remet en place les cheveux du bébé et suit les autres, doucement. Elle pointe le doigt vers l’Ile et explique au nourrisson. « Tu vois, Laïla, je crois que c’est là que nous allons. ». La toute petite fille gazouille, comme pour acquiescer. Elle tend à son tour le bras vers le bout de terre, agitant dans l’air ses petites jambes. Elle n’avait pas peur, non. Un bébé ne sait pas encore avoir peur. Elle est juste contente de sentir le vent autour d’elle, de respirer l’air marin et de regarder voler les oiseaux au-dessus du bateau. Et le soleil venait se refléter sur son médaillon d’argent, faisant luire l’oiseau de métal. Et soudain le bateau s’arrête, soudain une chaloupe est mise à l’eau. On les incite à y descendre, à se serrer sur les bancs, sans faire de gestes brusques. Et le bébé gazouille toujours, imitant les cris des mouettes dans le ciel. Et la chaloupe se met en route. Et les fillettes ne disent plus rien. Elles ne comprennent plus rien, ne savent pas ce qui se passent, pourquoi on les a arraché à leur maison adoptive pour les conduire sur une Ile loin de tout. Mais personne ne peut leur répondre, car personne ne sait pourquoi la directrice a demandé cette étrange chose. On fait son travail, tout simplement, on obéit aux ordres du capitaine. Qui lui-même obéit aux directives données par cette étrange bonne femme. Mais, par pitié ou par crainte d’être pris de remords, il ne les a pas laissées sans rien pour survivre. Il a donné l’ordre de leur donner des couvertures, quelques ustensiles de cuisine, ainsi qu’une bible. Car le capitaine se dit qu’il y a au moins l’une d’entre elles qui sache lire, et qu’il n’y a pas de lectures plus saines que celle-là. Et voilà, la chaloupe touche le sable. On dépose le sac, on aide les fillettes à descendre. On s’en va, on les laisse là. Et elles regardent sans rien dire le bateau qui fait demi-tour. Elles se tiennent par les mains, les plus grandes auprès des plus petites. Et voilà que le nourrisson gazouille encore, il tend les mains vers le sable. La fillette le dépose, l’assied par terre et le surveille. Et, avec un petit rire, la toute jeune Laïla attrape une poignée de sable et le lance dans les airs, quémandant ainsi un château de sable, comme on le lui en faisait dans la cour de l’orphelinat.

CHAPITRE TROIS ; « C’ETAIT UNE JOURNEE DU CŒUR DE L’ETE. »
C’était une journée du cœur de l’été. Le soleil était haut et les oiseaux chantaient. L’Ile était encore illuminée de lumière et la vie suivait son chemin. Cela faisait maintenant trois ans que ce petit bout de terre était habité. Les fillettes avaient réussis à survivre, étonnamment. Elles s’étaient organisées, avaient formé une sorte de clan. Les plus âgées apprenaient, puis enseignaient aux plus jeunes. Elles s’entraidaient, toujours. C’était devenu le mot d’ordre : entraide. Chacune avait un rôle bien défini au sein de groupe, afin que la communauté se porte bien. Une seule était exemptée de ces corvées : la jeune Laïla. Agée d’à peine trois ans, la fillette était pleine de vie et ne cessait de faire des bêtises. Ce jour-là, d’ailleurs, l’enfant avait profité de l’inattention des grandes pour s’éloigner du campement. Elle ne pensait pas aller bien loin, juste faire un petit tour dans cette grande jungle où elles avaient élues domicile. Elle devait parfois faire de grands pas pour enjamber troncs et rochers. Mais elle continuait d’avance, curieuse, observant avec de grands yeux étonnés tout ce qu’elle croisait. Elle n’avait pas peur de tous ces animaux qu’elle voyait dans les arbres, ou cachés derrière des troncs, au loin. Elle les voyait depuis toujours. « Laïla ! Où es-tu ? ». La petite fille sourit, sans répondre. Elle se cache dans un petit creux entre deux arbres. Vite, vite. Déjà, on approche. Elle ose un regard, pour voir qui arrive. « LAILYYYYYNNN ! ». Et, sortant de sa cachette, elle se précipite dans les bras de la jeune adolescente. « Laïla, on t’as déjà dit de pas t’éloigner. ». Le sourire sur le visage de la petite fille s’évanouit, aussitôt remplacé par une grimace. Elle n’aimait pas quand Laïlynn la grondait. « Mais voulais zuste balader … ». Elle ne comprenait pas pourquoi elle n’avait pas le droit d’aller se promener, comme les autres. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était la seule qui devait toujours rester au campement. Alors, elle attend qu’on lui explique. « Mais pas toute seule, Laïla. ». « Mais pou’quoiiii ? ». Elle venait de croiser ses petits bras sur sa poitrine, imitant sans le savoir Laïlynn quand elle se mettait en colère. Elle gigota, afin que cette dernière la laisse descendre. Une fois posée à terre, elle s’éloigne en trottinant, pour aller s’assoir sur un rocher, tournant le dos à Laïlynn. Elle boudait. C’était sa grande spécialité, de bouder. Bien souvent, cela suffisait pour qu’on vienne jouer avec elle, ou qu’on lui laisse faire quelque chose d’interdit. Mais cette-fois-là, cela ne semblait pas marcher. Laïlynn s’approcha, la repris dans ses bras et, malgré ses protestations, la ramena au campement, sans un mot. Laïla, à force de crier et de gigoter, fini par s’endormir, épuisée.

CHAPITRE QUATRE ; « IL FAISAIT FROID ET LE SILENCE REGNAIT. »
Il faisait froid et le silence régnait. L’Ile était plongée dans un linceul de neige. La vie semblait avoir quittée ce bout de terre. Le soleil lui-même avait perdu de son éclat. Les vagues s’étaient tues, le vent ne soufflait plus. C’était un calme trop profond et trop froid. « Laïlynn, pou’quoi on s’en va ? ». Sa petite main dans celle de l’adolescente, Laïla ne voulait pas avancer. Emmitouflée sous diverses couches de vêtements, la petite fille ne cessait de se retourner vers le campement, qui déjà disparaissait à sa vue, au fur et à mesure qu’elles avançaient. Elles étaient quinze, environ, et marchaient en silence. Mais Laïla, du haut de ses six ans, ne cessait de poser des questions. Laïlynn s’arrêta, faisant signe aux autres de continuer, et s’accroupit devant la fillette. « Parce que les autres sont malades, et que si on reste à côté d’elles, on va être malade aussi. ». Il y eu un temps de silence, le temps que l’enfant comprenne. Quand elle reprit la parole, ce fut pour déclamer. « J’veux pas. Veux rester avec Laitëna. ». Laïlynn soupira. « Allons, Laïla, si tu es malade, elle sera triste Laitëna. Aller, viens, on retournera la voir un peu plus tard, d’accord ? ». La petite fille haussa les épaules. De toute façon, elle savait bien qu’elle n’avait pas le choix. Si elle refusait, Laïlynn la porterai pour l’emmener. Alors, boudeuse, elle se remit à marcher, refusant l’aide de Laïlynn quand le chemin devenait glissant. Dans son esprit de petite fille, un plan se mettait en place. Elle allait attendre qu’elles arrivent … Où allaient-elles ? « On va où ? ». « Sur la plage. ». Laïla fronça les sourcils. D’habitude, les grandes n’aimaient pas se mettre ainsi à découvert. La maladie devait vraiment leur faire peur. Mais l’enfant n’arrivait pas à imaginer que quelque chose puisse faire peur à Laïlynn, ou aux autres. Elles étaient grandes, elles n’avaient peur de rien. Mais elle s’interdit de penser à cela. Elle ira voir les autres dès ce soir, même si les grandes voulaient pas !

***
La nuit était tombée et la lune illuminait l’Ile. Le silence était pesant, et le moindre son résonnait comme dans une grotte. Seule au milieu de la jungle, Laïla essayait de retrouver son chemin. Elle le connaissait, pourtant, mais dans la nuit, tout est plus difficile. Il faisait froid, et la petite commençait à regretter son idée. Mais il était trop tard pour faire demi-tour, maintenant, elle était presque arrivée. Déjà, elle voyait la fumée du feu sacré se profiler au loin. Elle attrapa un petit bout de bois, pour faire comme les grandes et le mettre dans le feu. Elle avait compris que c’était important, de mettre du bois dans le feu sacré. C’était tout aussi important que de remercier Leplynnia quand on prend de l’eau. C’est Estella qui lui avait dit. Laïla aimait beaucoup Etella, car c’était elle qui s’était occupée d’elle quand elle était toute petite et que cela ne faisait pas longtemps qu’elles étaient sur l’île. Estella disait qu’elles étaient venues dans un grand bateau de bois, mais elle semble la seule à s’en souvenir. Elle était arrivée près du campement, mais elle sentait que quelque chose n’allait pas. C’était à la fois calme, et à la fois bruyant. C’était les larmes, les pleurs. Alors elle posa son bout de bois par terre et se précipita dans la clairière. « Qu’est-ce qui a ? ». On se tourne vers elle. « Laïla, qu’est-ce que tu fais là ? Allez, retourne à la plage ! ». Mais Laïla n’écoute déjà plus. Il y a Laitëna couchée par terre, au milieu des autres, et qui n’a pas réagi à son arrivée. Laïla s’approche. « Pourquoi elle me parle pas, Laitëna ? Pourquoi ? ». Mais personne ne lui répond, personne ne dit rien. Et Laïla ne comprend pas, ne comprend plus rien du tout. Mais elle sait que ce qui se passe, c’est grave. Alors, sans un mot, sans tenir compte des autres qui cherchent à la retenir, elle s’en va en courant, dans la jungle, sans regarder où elle va. Elle n’a pas tout compris, mais elle a compris une chose : c’est que celles qu’elle considère comme ses sœurs ne seront pas toujours là pour elle. Un jour, comme Laitëna venait de le faire aujourd’hui, elles ne la verraient plus, ne lui parleraient plus. Un jour, peut-être, elle sera toute seule. Alors elle s’arrête, quelque part, et se couche à même le sol. Mais cette nuit-là, elle ne parvint pas à dormir. Elle resta les yeux ouverts, à regarder le ciel, à se demander ce qu’elle fera le jour où plus personne ne sera là pour l’aider, lui raconter des histoires et lui apprendre comment faire pour grandir. Et, dans son cœur, venait de s’ouvrir une peur : la peur de la solitude.

***
C’était le matin, maintenant. Timidement, les animaux sortaient de leur terrier pour se chercher de quoi manger. C’était le matin, et Laïla était encore couchée, tournée vers le ciel. Elle n’avait pas dormi de la nuit. Elle avait six ans, et elle venait de comprendre, sans pouvoir la nommer cependant, ce qu’était la mort. C’était contraire à tout ce qu’elle pensait depuis toujours. Elle pensait que ses sœurs et elles seraient comme l’Ile : toujours jeune, toujours vivante. Mais non. Elles n’étaient pas comme l’Ile. La petite fille s’assied, ôtant machinalement les feuilles coincées dans ses cheveux bruns. Elle ne pouvait pas rester là, elle le savait. Les autres allaient s’inquiéter. Et elle ne voulait pas qu’elles crient. Elle voulait juste être dans les bras de Laïlynn et y rester toute la journée. Alors elle se lève. Elle a faim. Son petit corps d’enfant accuse le coup de la fatigue. Machinalement, elle se met en route, sans trop savoir où aller. Elle ne se souvient plus du chemin qu’elle a pris, ce matin-là. Elle se souvient juste de s’être réveillée dans un petit lit de branchages, sur la plage, entourée par les autres. Elle se redresse, s’attendant déjà à un coup de morale de la part de Laïlynn. Mais Laïlynn n’était pas là. La petite fille demande, timidement. « Est où Laïly’ ? ». C’est Estella qui lui répond. « Elle est allé avec Gladys trouver des herbes pour combattre la maladie. ». La maladie. Laïla repense à Laitëna, qui ne bougeait plus. Elle repense à cette nuit, qui la laissé si fatiguée. Elle tend les bras vers Estella, qui la prend dans ses bras. Et la petite fille ne dit plus rien, se blottit contre l’adolescente. Elle espère que Laïlynn va revenir bientôt. Et qu’elles auront trouvé un remède pour pas que les autres ne bougent plus, elles aussi. Finalement, Laïla s’endort.
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+ elle danse, l'innocence, et se brise. Vide
Message(#) Sujet: Re: + elle danse, l'innocence, et se brise. + elle danse, l'innocence, et se brise. EmptyMer 15 Jan - 13:49



CHAPITRE CINQ ; « L’ETE TOUCHAIT A SA FIN. »
L’été touchait à sa fin. L’Ile était encore baignée de lumière, et il faisait bien chaud. Mais déjà l’automne se faisait sentir. C’était des petits signes discrets : les écureuils qui se faisaient plus rares, les oiseaux moins bavards. Le vent faisait son retour, et les vagues devenaient plus fougueuses. Et Laïla, perchée en haut de la falaise, observait les vagues se fracasser contre la roche. Elle avait grandi. Ce n’était plus une petite fille, mais bien une adolescente. Mais elle avait encore cette innocence, cette naïveté qui caractérise les enfants. Elle était toujours aussi joyeuse, aussi pleine de vie. Et toujours aussi désobéissante. Elle ne devrait pas être là, aussi loin de la jungle, aussi loin de ses sœurs. Mais elle avait ressenti cette envie, ce besoin de regarder l’horizon, la mer et le ciel. Elle avait quitté le campement à l’aube, alors que tout le monde dormait encore, afin de ne pas se faire arrêter par l’une de ses sœurs. Elle se tenait maintenant debout, les cheveux dans le vent, sans crainte de tomber. Elle connaissait l’Ile, elle connaissait le vent. Elle savait que Sulsfulinn ne la ferait pas tomber du haut de cette falaise. Alors la jeune fille jouait avec le vent, jouait avec la falaise. Elle se penchait, elle dansait, elle chantait. Et surtout, elle observait. C’était devenu une grande occupation, l’observation. Elle apprenait beaucoup de choses ainsi, presque autant qu’en écoutant les autres. Mais soudain, un bruit étrange et assourdissant vient troubler le silence. Laïla tourna le regard vers le ciel, et vit quelque chose de singulier. Un énorme oiseau de métal, gris comme la pierre et grand comme une cascade, se trouvait dans le ciel et s’embrasait littéralement. Et l’oiseau tombait, tombait, cassé en deux morceaux. Il tomba sur la plage, sur les plages, dans un grand bruit de tonnerre. Laïla recula, horrifiée. Elle se boucha les oreilles, pour ne plus entendre les rugissements du feu. Elle reculait, reculait encore, pour ne plus voir les flammes. Elle s’accroupit sur le sol, longtemps, longtemps, de crainte de voir cet énorme oiseau tombé au sol. Mais soudain, d’autres bruits attirèrent son attention. C’était plus confus, mais cela lui rappela quelque chose, quelque chose d’horrible. C’était des cris, des pleurs, des gémissements. Elle se rapprocha, doucement, du bord, et se pencha. Il y avait tellement de gens, sur la plage. Ils étaient si nombreux qu’elle ne pouvait pas les compter ! Elle ne comprenait pas d’où ils venaient. Mais, en en voyant certains en aider d’autres à sortir de l’oiseau de métal, elle finit par comprendre que c’était de là qu’ils venaient : des airs ! Etonnée, elle observa de plus belle. Mais ce qu’elle vit l’attrista : c’était des blessés, et aussi des gens sans vie. Comme Laitëna. Après la maladie, les grandes lui avaient expliqué ce qui s’était passé. Ca s’appelait la Mort. C’était quelque chose d’horrible et de très triste, parce que la personne ne pouvait plus jamais se réveiller. Mais on lui avait dit que toutes les grandes qui étaient mortes à cause de la maladie allaient danser avec les esprits des étoiles. Et ça, c’était plutôt sympathique. Alors, peu à peu, Laïla était moins triste de ne plus voir ses sœurs qui étaient partie. Mais aujourd’hui, en voyant ces personnes pleurer à côté de morts, Laïla repensait à Laitëna et aux autres, et elle pleurait à son tour. Les autres, vivants mais blessés, pleuraient aussi, mais de douleur. Il y avait des enfants, tout petits, qui gisaient sur le sable en pleurnichant. Laïla aurait bien voulu aller voir tous ces gens, mais elle en avait peur. Ils venaient d’un oiseau gigantesque qui ne savait plus voler, au point de tomber. Peut-être n’étaient-ils pas comme ses sœurs et comme elle ? Peut-être ne voudraient-ils pas lui parler. Alors elle recula, de nouveau, et se mis à courir. A courir pour rejoindre le silence rassurant de la jungle. A courir pour débarquer au camp, où chacune était en train de se réveiller. Elle courut vers Laïlynn. « Laïlynn ! Laïlynn ! Il s’est passé quelque chose d’horrible sur la plage ! ». C’était avouer publiquement qu’elle était allé hors de la jungle, mais cela lui semblait trop important pour ne rien en dire. Et de toute façon, vu le nombre de personnes présentes désormais sur la plage, les grandes finiraient bien par s’en rendre compte. Elle attendit un instant qu’on la gronde pour avoir désobéi, mais rien ne venait, chacune attendant qu’elle continue. Alors, plus calmement, et essayant de ne pas repenser à tous ces cris et ces pleurs, elle reprit. « Il y avait un grand oiseau en métal dans le ciel. Et soudainement, il est tombé … ». Il y eut des cris d’étonnement. Un oiseau ne tombait pas. « … il est tombé sur la plage, et il y avait du feu autour de lui. Et … Et des gens sont sortis du ventre de l’oiseau … ». Elle s’arrêta. Si elle continuait, elle le sentait, elle allait réentendre ces cris dans sa mémoire. Mais elle devait aller jusqu’au bout. « Et il y en a pleins qui sont … morts. Et ils y en a qui sont blessés. Et ils pleurent et … ». Elle éclata à son tour en sanglots, rien qu’en repensant à ces enfants sur le sable, qui pleuraient ou qui ne bougeaient plus. Elle alla se blottir dans les bras de Laïlynn, comme lorsqu’elle-même était encore petite. Elle n’arrivait plus à parler, elle pleurait. Elle pleurait en pensant à Laitëna et à toutes les autres, en pensant à tous ces gens qui étaient tristes et blessés, en pensant à l’oiseau qui ne savait plus voler. Elle pleurait aussi car elle se rendait compte que, si elle n’avait pas désobéi à Laïlynn, si elle était restée sagement au campement, elle n’aurait pas vu toutes ces horreurs. Alors, pleurant encore, elle murmura. « J’suis désolée. Désolée. J’aurai pas dû quitter la jungle. ». Elle entendait qu’on lui répondait, mais ne comprenait pas. Elle sentait qu’on l’aidait à rejoindre la grotte pour s’y reposer, mais ne s’en souvient pas. Elle entendit Laïlynn ordonner à d’autres d’aller voir ce qu’il se passait sur la plage, sans trop s’approcher. Elle entendit Estella s’approcher et chantonner, doucement, la comptine de l’oiseau d’or et d’argent. Mais aujourd’hui, au lieu de la calmer, cette comptine ne faisait que la faire pleurer davantage, car elle pensait à ce grand oiseau couleur d’argent qui ne savait plus voler, et qui était tombé en faisant du mal à tous ces pauvres gens. Et elle pleura, pleura encore, pendant des heures. Les autres étaient revenues, et avaient parlé à Laïlynn en lui expliquant ce qu’elles avaient vu. Laïlynn avait ordonné que personne ne s’approche de ces gens, sous aucun prétexte. Laïlynn avait organisé des tours de garde pour surveiller la plage. Et pendant tout ce temps, Laïla pleurait encore, attristée par tant de douleurs et hantée par tous ces cris qu’elle entendait sans cesse en mémoire.

CHAPITRE SIX ; « FROIDE, LA PIERRE ETAIT SI FROIDE. »
Froide, la pierre était si froide. Laïla suivait du doigt les rainures de la grotte. Cela faisait comme des chemins qui menaient tous au plafond. Comme pour se rapprocher du soleil. Laïla se demandait bien souvent ce qui avait poussé ces roches à s’ouvrir, à devenir des grottes. Etait-ce venu tout d’un coup, ou cela s’était-il fait petit à petit, au fil des siècles ? S’était-ce fait seul ou quelque chose avait participé à la création ? La jeune amazone se rendait bien souvent compte que, si elle connaissait l’île sur le bout des doigts, elle ne la comprenait pas. Elle avait compris depuis longtemps que ce petit bout de terre au milieu de l’océan était rempli de mystères. Ici, c’était l’île qui décidait, et personne d’autre. Laïla avait toujours vécue avec cette certitude, sans savoir si elle tenait cela de celles qu’elle considérait comme ses sœurs, ou bien si c’était seule qu’elle l’avait remarqué. Ou même si c’était l’île elle-même qui lui avait soufflé cette idée à l’oreille. Toujours est-il que Laïla s’était bien gardé d’en parler aux autres. C’était comme si quelque chose lui disait de ne rien en dire, de garder cette trouvaille comme un secret au milieu de son cœur. Laïla ôta sa main de sur la pierre. Sa peau était humide, maintenant, et elle essayait sa main sur sa manche. Cela réchauffa sa main, réchauffa légèrement son cœur. Laïla venait d’ingérer une nouvelle certitude : l’île n’allait pas la laisser mourir ici. L’île allait se débrouiller pour la faire sortir d’ici, car l’île n’avait rien à faire des disputes des humains. L’île avait sa propre liberté et en faisait ce qu’elle voulait. L’île n’accepterait pas quelque chose d’injuste. Alors oui, Laïla reprenait confiance, reprenait courage, car l’île allait l’aider. Laïla, même si elle commençait déjà à douter des croyances de ses sœurs, gardait foi en l’esprit de l’île, car celui-ci avait déjà prouvé sa présence de nombreuses fois. Ce n’était pas comme l’esprit du vent, qui ne répondait pas, ou celui du soleil, qui gardait ses habitudes. Broutilles.

Elle se savait en faute, oui. Elle savait que c’était de sa faute qu’elle était là, enfermée dans cette grotte humide. Si seulement elle n’avait pas quitté la jungle, ce jour-là, elle n’aurait pas croisé Fernando. Et alors il ne l’aurait pas emmené ici. Et elle ne serait pas en train de discuter avec ce médecin qui s’obstinait à vouloir la faire manger. Mais d’un autre côté, sans cette bêtise, elle n’aurait pas appris toutes ces choses, elle n’aurait pas compris qu’on lui mentait depuis seize ans maintenant. Et, maintenant, elle continuerait de remercier le soleil de briller alors qu’il le faisait naturellement. En cela, elle remerciait Fernando, de lui avoir appris des choses qu’elle ne soupçonnait même pas. Elle regarde le militaire, qui lui racontait elle ne savait quoi sur les bienfais de la nourriture et de la boisson. Elle le savait déjà, que c’était vital. Mais elle n’avait plus envie de se battre pour vivre, plus envie de faire des efforts. De toute façon, elle ne manquerait pas à grand monde, du moins c’était ce qu’elle cherchait à croire.

Mais déjà le militaire se levait. Il ne disait pas un mot, et Laïla n’allait pas relancer la conversation. De nouveau, quelque chose était en train de basculer. Mais ce coup-ci, Laïla n’était pas sûr que cela allait passer du bon côté. Non, elle se disait que le vent allait tourner, et que tous les efforts qu’elle avait faits pour convaincre l’homme de la laisser sortir allaient être vains. Déjà, il sortait quelque chose de sa poche, et le posa sur son petit plateau. Du premier coup d’œil, Laïla devina ce que c’était. Une petite banane, encore toute fraiche. Une de ces variétés de petite taille, comme on en trouvait beaucoup sur cette partie de l’île. Laïla se dit que, bien sûr, les survivants des crashs, des naufrages et autres catastrophes ne pouvaient pas connaitre tous les recoins de l’île comme les amazones, qui vivaient ici depuis seize ans. Il semblerait qu’ils n’aient toujours pas trouvé l’endroit de l’île aux fruits des plus gorgés de soleil, les fruits les plus gros et les plus sucrés. Ce n’était pas loin de la jungle, pas loin de là où elle vivait. Mais le voilà qui tourne les talons, et qui s’éloigne. Il ne ferait rien pour elle, et cette banane n’était là que pour se faire pardonner. Ce n’était pas un cadeau, c’était pour se faire pardonner. Alors, malgré l’envie qu’elle avait de gouter ce fruit, elle n’en fit rien. Elle ne voulait pas d’un fruit offert par quelqu’un qui ne voulait pas se sentir coupable. Mais c’était un lâche, rien de plus. Laïla ne voulait rien accepter de lui. Elle se recoucha sur sa couche, énervée. Elle tourna le dos au plateau, tourna le dos à la sortie, qui la séparait de l’extérieur. Elle tourna le dos au monde, elle n’en avait plus rien à faire. Elle ne souhaitait qu’une chose : rejoindre l’esprit de l’île, si bienveillant, qui pleurait sur son sort comme le faisait Laïla. Elle n’avait plus envie de vivre au milieu d’êtres lâches et violents, qui voyaient dans la guerre la meilleure façon de régler les conflits. Elle ne voulait plus vivre avec les amazones, qui n’étaient pas mieux que les autres qu’elles détestaient tant.

Peu à peu, l’air se rafraichissait encore. Laïla se recroquevilla sur elle-même, en position du fœtus. C’était comme si cette grotte était le ventre de la mère nature, qui berçait Laïla en laissant les gouttelettes chantonner en tombant. C’était comme si l’île essayait d’apaiser l’esprit tourmenté de la jeune fille. Comme si elle tentait de chasser la colère et la tristesse, de les remplacer par la sérénité et le calme. Au départ, Laïla refoulait cet apaisement, refusait cette aide. Elle ne voulait pas qu’on la console, elle ne voulait pas qu’on lui demande d’accepter son sort sans rien dire. Elle avait envie de crier, de hurler, de pleurer. Elle avait envie de se rebeller contre le monde entier. C’était une vague de fureur, qui grandissait dans son cœur. Mais petit à petit, pourtant, la berceuse de l’île finit par faire son effet. Plic, ploc, petite fille. Plic, ploc, endors toi. Plic, ploc, je suis là. Laïla redevint une enfant, se souvenait des berceuses de Estella, se souvenait des histoires que ses sœurs lui racontait. Elle soupira, longuement. Pourquoi fallait-il grandir, et dire adieu à la naïveté de l’enfance ? Pourquoi fallait-il que les fées s’en aillent un jour ou l’autre en laissant place aux monstres ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi. Toujours des questions, mais où étaient les réponses. Plic, ploc, attends donc. Plic, ploc, ais confiance. Laïla s’apaisa, enfin. Elle laisse ses yeux retomber, laissa son cœur battre au rythme de l’île. Elle s’enfonçait dans le sommeil, d’un long sommeil sans rêve et sans pensée. Laïla laissa l’île s’emparer d’elle pour l’entrainer avec elle dans le cœur de la terre. Là, tout était chaud, tout était calme. Laïla s’endormait, enfin, tranquillement. Elle avait oublié où elle se trouvait, ce qu’elle y faisait, pourquoi elle y était. Elle allait tout oublier, pendant quelques heures, le temps que le sommeil répare ses pleurs. Et dans la grotte, les gouttes continuaient de tomber, promesses des temps oubliés. Plic, ploc, encore un peu. Plic, ploc, tout ira mieux.

CHAPITRE SEPT ; « LE SOLEIL SE COUCHAIT ET LE CIEL ETAIT ORANGE.. »
Le soleil se couchait et le ciel était orange. L’automne était là, et le froid faisait son retour. Au camp des amazones, le feu sacré dansait. Assise à ses côtés, la tête posée au creux des mains, Laïla soupirait. Sa vie devenait de plus en plus compliquée. Elle était de retour chez les amazones et n’arrivait pas à s’en sentir heureuse. Elle ne se sentait plus à sa place. Elle masquait sa tristesse et son désarroi derrière un masque de colère et d’indifférence, mais cela ne marchait pas. Elle ne savait plus où elle en était. Elle ne faisait plus confiance aux amazones, qu’elle avait considéré comme ses sœurs pendant seize ans. Mais elle ne faisait pas confiance non plus, du moins pas entièrement, aux naufragés. Elle ne voulait plus vivre au cœur de cette jungle, éloignée de tout, mais ne voulait pas non plus dormir sur la place, entourée d’inconnus. Elle se sentait seule, oui, et ne savait pas à qui parler. Les amazones ? Non. Elle ne souhaitait plus leur adresser la parole. A quelqu’un d’autre ? Il faudrait pour cela qu’elle arrive à fausser compagnie aux jeunes femmes. Il y a quelques semaines encore, elle n’avait qu’une envie : crier contre le monde entier, et en particulier contre les amazones. Maintenant qu’elle était de retour depuis presque deux mois, elle commençait à se calmer. Mais, ce qui ne changeait pas depuis tout ce temps, c’est qu’elle ne savait plus ce qui était vrai et ce qui ne l’était pas. Entre les mythes des amazones et les explications scientifiques de Fernando, elle n’arrivait pas à faire le choix. Elle soupira, pour la millième fois au moins depuis que Laïlynn l’avait retrouvée dans la jungle, blessée et perdue. Elle chercha, encore une fois, à faire la liste de ses certitudes. C’était plutôt court : elle ne savait pas qui étaient ses parents, ne savait pas d’où elle venait, n’avait plus aucun souvenir de son enfance et ne savait plus qui elle devait croire. Au milieu de tout cela, il semblait difficile de voir ce dont elle était sûre. Elle tendit la main vers le feu. Elle n’arrivait plus à le considérer comme sacré, maintenant qu’elle ne croyait plus aux mythes enseignés par les amazones. C’était un grand feu de bois, qu’on alimentait sans cesse pour qu’il brûle, rien de plus. Elle stoppa son geste. Ferma les yeux. Et dans le noir de son esprit, elle chercha un brin de lumière. Rien. Tout était parti. Elle n’était plus vraiment elle, le savait, mais ne savait pas comment résoudre ce problème. Elle ne savait pas comment faire pour démêler le vrai du faux, la vérité du mensonge. Autour d’elle, on s’activait. On ne comptait plus pour elle pour aider. On ne s’inquiétait pas d’elle. On faisait juste attention à ce qu’elle ne s’éloigne pas. On se méfiait d’elle, comme d’une intruse. D’un côté, elle faisait celle qui s’en moquait - mieux, qui s’en réjouissait - mais de l’autre, elle était un peu déçue : cette indifférence montrait-elle que, oui, elles ne l’aimaient pas ? S’étaient-elles occupé d’elle pendant toutes ses années juste parce qu’elles n’avaient pas le choix, ou bien était-ce par amour ? Mais, de la même façon, Fernando, qui prétendait vouloir l’aider, l’avait tout de même enfermée dans une grotte humide pendant des semaines et des semaines, par simple vengeance. Peu à peu, ses yeux s’emplissaient de larmes. Son enfance s’en allait, et cela lui faisait mal. Tout ce qu’elle croyait, ce qu’elle pensait, tout cela n’était que de la poussière, qui s’en allait au moindre coup de vent. Elle avait peur, oui. Peur d’être mal-aimée, peur d’être abandonnée. Elle se sentait stupide, stupide d’avoir pensé qu’on pouvait l’aimer. Elle pleurait, maintenant, comme l’enfant qu’elle n’était plus. Et personne ne venait la voir, la consoler. Elle aurait tellement aimé pouvoir, comme quand elle était petite, aller se blottir dans les bras de Laïlynn. Mais ce n’était plus possible, maintenant, pas après tout ce qu’elle avait pu les dire à son retour. Soudain, la pluie se met à tomber, et Laïla ne bouge pas. Les autres vont s’abriter, mais elle reste dehors. A quoi bon, de toute façon ? Dans la grotte, on s’éloignera d’elle, on ne lui proposera rien pour se sécher. On se désintéressera d’elle, de toute façon. Elle lève la tête, et les observe. Elles sont joyeuses, malgré la pluie, malgré les difficultés. Elles sont joyeuses, et elles sont soudées. Et Laïla, maillon arraché à la chaine, ne parvenait pas à s’y relier de nouveau. Elle ne s’était jamais senti aussi seule. Frissonnante, elle se rapprocha du feu. A défaut d’être sacré, il tenait chaud. Elle restait assise, en tailleur, le regard perdu et les pensées embrouillées. Un jour, peut-être, elle arrivera à recoller les morceaux de sa vie, à se reconstituer des certitudes, à renier avec celles qui avaient constituées sa famille pendant dix-sept ans. Peut-être, mais pour le moment, elle cherche encore son chemin.
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Chris McAdam Madden
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