• Physique : Doit-on vraiment décrire un physique qui ne reflète en rien la personne qui le porte? Emily, au teint porcelaine et aux traites fins ressemble à la poupée parfaite rêvée par toutes les petites filles. Les cheveux dorés et soyeux, un corps frêle et fragile. Voilà la description que vous attendiez d’elle ? C’est bref. C’est clair. Je pourrais presque m’arrêter là. Cela dit, je doute que vous soyez convaincus.
"Je ne suis qu’un masque de moi-même"
… Son visage, si pur soit-il, est la porte qui permet de passer de l'autre côté de la façade. Des yeux, certes clairs et lumineux, mais renfermant quelque chose d’indescriptible, mystérieux, sinistre presque. Son regard donne froid dans le dos dès qu’elle le pose sur vous. Un visage qui semble toujours vide de toute émotion. Pas d'expression, rien ne laissant transparaître ce qu'elle ressent. Pourtant, détrompez-vous, Emily ressent des choses. Elle ressent la haine, la rage, la peur, la joie, la tristesse. Mais ces émotions elle les cache, elle les enterre en elle pour que personne ne puisse jamais venir les dénicher. Puis il y a cette femme, qui débarque un beau jour. " Bonjour Emily, je suis ta psychologue". Une psychologue, c'est pour les fous, Emily n'est pas folle, elle est juste différente. Au début, Emily se bloque contre cette femme qui ne comprend rien à rien. Mais petit à petit elle prend goût à sa présence. Elle se sent apaisée, elle se laisse approcher, elle se laisse déchiffrer, et elle s'ouvre petit à petit. C'est étrange que cette sensation de pouvoir extérioriser ce que l'on ressent, mais c'est dangereux. Ce n'est pas tous les jours facile, mais cela s'apprend. Il y a un pas entre exprimer ses émotions, et les exprimer vraiment.

• Caractère : "Instable" Voilà le mot que sa psychologue avait à la bouche. Un simple mot qui fait le chagrin de sa mère. Un mot qui veut tout dire, mais rien à la fois. "Qui présente un déséquilibre". ou encore "Changeante".
Si Emily semble se trouver dans un monde à part, elle est bien là, les deux pieds sur terre. Il y a les jours où tout va bien d'apparence, et les jours où elle ne peut empêcher son trouble de remonter à la surface. Quoi que les gens en disent, Emily n'a pas changé. Elle semble avoir changé, mais elle demeure la même. Dérangée en son for intérieur, hantée, appelée.
Ce qui fait la différence, c'est qu'aujourd'hui elle peut sourire, elle peut rigoler, elle peut... pleurer. Toutes ces émotions qui la bouleversent elle peut désormais les exprimer.

• Mon passé avant de prendre l'avion : Emily naquit prématurément un jour de novembre e Grande Bretagne. Peut-être est-ce là la base de tout. Peut-être la vie n'a-t-elle pas voulu achever son travail. On la crut morte lorsque sa mère accoucha. Mais elle était bien vivante. Cette petite chose qui s'accrochait à la vie alors qu'elle n'y avait pas droit. . Il y a les ratés, les mal formés, et il y a les morts nés. Emily n'entre dans aucune de ces catégories, mais parfois, quand elle y pense, elle aurait du se trouver dans la dernière. Ses parents y virent un signe du destin. Elle, elle n'y voit qu'un échec. Pourquoi penser que l'on est le fruit d'un miracle alors que l'on est simplement une erreur de la nature? Ses parents l'aimèrent dès la première minute. Ses parents parfaits, aimants et amoureux. Le couple parfait, l'union de la beauté de la bonté et de la perfection. Ils attendaient un garçon et eurent une petite fille. Mais ce n'était rien, ils étaient tout de même heureux, ils avaient leur enfant tant attendu, tant espéré. Une petite fille, il l'adoraient déjà. Elle était toute frêle, toute fragile, toute mignonne. Ils la baptisèrent Emily, un prénom qu'ils voulaient aussi doux que leur fille serait belle. La semaine de la naissance de leur fille, Aurore Stievert et Alexander Stones, apprenaient le décès d'un parent proche, d'une vieille dame qui attendait la fin dans un hospice. L'arrière grand mère d'Emily, la grand mère de son père, Alexander. En hommage à son arrière grand mère, ils donnèrent donc Carolina comme second nom à Emily. Un hommage. Oui un hommage, ne cesse-t-on de lui répéter. Ou plutôt une lettre, cachée dans son nom, lui rappelant que sa vie ne lui appartient pas, qu'elle l'a volée à cette dame en refusant de la lâcher à l'instant où sa mère la mettait au monde.
Puis Emily grandit. Ses parents la trouvaient adorable, du haut de ses 3ans. Mais ils se voilaient la face. Ils ne voulaient rien entendre des échos qui leur revenaient de l'école où ils avaient inscrit Emily. Emily est étrange. Emily fait peur à ses camarades. Emily ne se sociabilise pas. Emily ne joues pas avec ses camarades. Emily ne sourit pas. Emily ne parle pas. Leur petite Emily, il se l'étaient trop imaginée à leur image. Ils l'avaient espérée trop parfaite, et elle ne put être à la hauteur de leurs attentes. Chez les Stones, on ne dit rien, mais on n'apprécie guère Emily. Chez les Stievert, on ne l'apprécie guère et on le fait savoir. Pour ses 12 ans, la gamine est envoyée en pensionnat. La mère d'Aurore est très influente, Aurore est jeune, et écoute sa mère. On ne veut plus voire Emily, alors on l'envoie à l'autre bout du pays. Joyeux anniversaire Emily. Parmis toutes ces filles, Emily ne sait où se mettre. Elle se construira seule. Elle ne se fera pas coifer et elle ne parlera pas des garçons avec sa meilleure amie. Elle n'a pas de meilleure amie. Elle n'a pas d'amie. On ne lui dira pas que ses cheveux sont sublimes, on ne lui dira pas quelle couleur de maquillage se marie le mieux avec ses yeux. De toute façon, elle n'en a que faire. On la regarde bizarrement, on chuchote dans son dos dès qu'elle passe dans les couloirs. Personne ne veut partager son dortoir. Mais elle n'est pas triste. Rien de tout cela ne la touche. Sa mère lui envoie régulièrement des lettres. Elle lui raconte ce qu'il se passe à la maison, et elle signe toujours " Je t'aime, maman" Mais maman ne vient jamais la chercher. Quand le week-end, les jolies petites filles rentrent chez elles, Emily regagne son dortoir car elle sait qu'une fois de plus ses parents ne viendront pas. Elle rentre chez elle pour les vacances et pour noël mais elle ne rentre pas pour son anniversaire. Ce ne serait pas un jour qui se fête. On fête même les morts, à la toussaint, mais elle on ne la fête même pas.
Emily sait qu'elle est différente. Elle sent que quelque chose de supérieur s'appuie sur elle. Elle sent un appel qui défie le commun. Elle entend quelqu’un qui lui parle. Elle ne l'entend pas par des mots, mais elle le sent en elle, elle sait qu'il est là et qu'il a un message à lui faire passer.
Un jour, elle reçoit un appel de sa mère. Elle doit rentrer à la maison. Ce n'est pas Noël et ça ne va pas être les vacances. Son père a fait un accident de voiture, et il ne s'en est pas tiré. Elle doit rentrer pour l'enterrement. Sa mère pleure, sa grand mère pleure, tout le monde pleure. Mais Emily ne pleure pas. Elle a compris. La famille Stones est hantée. Elle même est hantée.
Emily a compris, elle peut faire la paix avec elle même. Elle se fait couler un bain et s'y glisse avec une lame de rasoir. Elle est sereine, elle ouvre les bras à la mort mais celle ci ne semble pas vouloir d'elle. Pourquoi? Elle ne peut l'expliquer. Le destin semble ne pas encore en avoir fini avec elle. Emily ne retentera plus jamais ce genre d'expérience, une fin se mérite dignement, la mort ne vient à vous que quand elle le désire, vous ne pouvez pas la provoquer, cet acte est lâche et désespéré. Elle doit faire ce qu'elle a à faire, seulement là elle partira. Pour l'heure, elle doit découvrir ce qu'est cette chose qu'elle a à accomplir.
Sa mère décide de l'envoyer chez une psychologue. Une dame bien rusée qui se faufile dans les recoins de la tête d'Emily pour essayer de comprendre ce qu'il s'y passe. Emily serait dérangée. Elle suit des thérapies, elle voit sa psychologue qui semble l’ouvrir au monde extérieur.
Alors Emily commence à grandir, elle quitte le pensionnat et entre dans la vrais vie. Elle commence à découvrir des petits plaisir qu quotidien. Sa mère est heureuse, Emily semble guérie, Emily lui sourit, rigole, elle l’appelle maman, elle va faire les magasins avec elle. Mais au fond, il reste quelque chose d’irrésolu chez Emily qui sera qualifiée d'instable. Sa mère profite de chaque instant où Emily lui est ouverte, et attend le moment où elle ira mieux lorsqu'elle rechute. Elle a l'espoir.

• Vie après le crash : Ca y est. C'était fini. Elle pouvait partir, ce monde ne lui appartenait plus. Ce pourquoi elle était là devait avoir été accompli. Ce moment, elle l'avait tant attendu, elle l'avait espéré, elle l'avait cherché. Le moment de son dernier souffle. Un moment qui se devait d'être parfait.

Quelque chose pressa son bras, cela fesait mal. Elle entrouvrit péniblement les yeux et discerna une ombre penchée au dessus d'elle. Elle avait mal partout, sa tête tournait, elle ne sentait plus ses jambes. L'endroit où elle se trouvait était chaotique. Cela ressemblait à un avion, enfin ce qu'il en restait; une épave. Des gens gisaient à côté d'elle, vivants ou morts elle ne pouvait le dire. Elle jeta un bref coup d’œil vers ses pieds, son corps était couvert de sang, elle semblait plus maigre et faisait peur à voire. Elle porta la main à son ventre pour mesurer l'état de ses blessures cela faisait atrocement mal. Qu'avait-elle fais pour mériter cela? Puis tout commença à tourner autours d'elle, les couleurs se mélangèrent, le sol sous elle l'engloutissait. "Je t'aime, maman"."Pourquoi fais-tu cela, Emily?". "Pitié, ne faites pas de mal"."C'était écrit ainsi, cela ne dépend plus de moi". L’odeur de poudre, le visage blanc, inerte. Ces yeux glauques qui la suivaient. Elle devait leur échapper, un coup de feu retentit.

Elle se réveilla brusquement, elle était couverte de sueur, le soleil tapait, le sable lui piquait les yeux, elle avait soif. Elle se leva péniblement, en essayant de ne pas perdre l'équilibre et s’engouffra dans la forêt. La faim lui tiraillait les entrailles. Elle erra ainsi plusieurs jours, ni morte, ni vraiment vivante. Elle pense, elle réfléchit. Elle n'est pas ici pour rien, son travail n'est pas terminé.