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Millie Kingsley
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× Ma Célébrité : amelia zadro × Nombre de messages : 819 × Age du perso : 21 × Job : étudiante en rien. superstar rescapée d'un crash aérien. poupée de chiffon. × Côté love : les démons du passé et puis ceux du présent. there and back again (tedgabjaz)  Tumblr_mkzgjzBO9y1r1y0g8o1_500


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Message(#) Sujet: there and back again (tedgabjaz) there and back again (tedgabjaz)  EmptyLun 15 Déc - 11:51

mountains > teddie, gaby, jason

C’est l’histoire d’un aller qui ne s’est pas déroulé comme prévu, et d’un retour que l’on n’attendait pas. Millie est là, elle, bien là, même. Mais elle ne sait pas trop pourquoi. Les coudes appuyés aux barrières, les joues écrasées par ses deux mains qui soutiennent sa tête ridiculement vide, ou remplie de bêtises, elle scrute l’horizon, comme pour y trouver une réponse. Qu’est-ce qu’elle fout là, Millie. Pourquoi elle rentre. Elle voulait pas rentrer Millie, elle aurait voulu rester, toujours. Et puis quoi ? Elle a merdé, les choses ont changé ? Non, Millie, elle rentre pour Jason. Parce qu’il lui reste que lui. Et que lui, il voulait pas rester. Ça s’est passé bêtement, et ça s’est passé vite. Quand ils ont vu le bateau, ils ont eu du mal à y croire, comme tout le monde, elle se dit. Deux ans sans personne. Et tout à coup, quelqu’un. Millie, quand elle a vu le bateau, son cœur s’est serré très fort. Elle croit même qu’elle a prié pour qu’il s’éloigne, pour que ce soit pas pour eux. Mais il ne fallait pas trop qu’elle espère, elle le savait. Quand elle a compris que seulement une partie d’entre eux pourrait revenir, elle s’est sentie soulagée : personne ne l’y obligeait.
Et puis, Jason.
Elle l’a vu sourire, un peu plus loin, puis elle a compris que si elle restait, là, sans lui, elle aurait plus vraiment d’intérêt à la vie. Alors ils se sont séparés, juste le temps d’aller récupérer les trucs et les machins, les bibelots de pacotille, qui comptaient un peu, pendant deux ans de vie. D’accord Jason, je t’accompagne. Mais c’est bien parce que c’est toi. Parce que, moi, rentrer chez moi, je veux pas. D’ailleurs y a plus de chez moi. Y a plus rien pour moi là-bas. Mais ok, je dis rien, je me tais. Et je viens avec toi.

Seulement, Jason, Millie l’a perdu. Littéralement, elle le retrouve plus. Ils se sont séparés, se sont dirigés chacun vers leur habitation et depuis, plus rien. Plus de Jason. Du coup Millie est là, un peu comme une c*nne. Un peu comme d’habitude. Le bateau va repartir, elle en a fait dix fois le tour, et elle ne l’a pas trouvé alors, Millie, elle commence à flipper. Et s’il était pas monté ? Si un mauvais truc s’était passé ? Et, égoïstement : et si elle devait rentrer sans lui ? On lui a dit « New-York », et elle a dit d’accord si c’était avec lui, mais New-York, elle aime pas, elle, l’Amérique, elle en garde un trop mauvais souvenir. Trop grand, trop bondé. On se sent trop seul quand on est dans une foule ; une foule qui ne s’occupe pas de vous. Une foule qui s’en fout, elle, si vous avez perdu votre père, votre mère, si vous venez de perdre votre amour, si vous voulez presque perdre la vie. Non, Madame n’aime pas l’Amérique, mais elle ne veut pas rentrer en Angleterre non plus. Parce que les souvenirs n’y sont pas meilleurs. Mais le pire, ce n’est pas ça. Ce qui serre un peu plus le ridicule petit cœur de Millie, c’est son frère. Son frère qui ne l’a jamais quitté, jusqu’à ce qu’il disparaisse. On n’a jamais retrouvé son corps, ni vivant, ni mort, mais au fond d’elle, elle sait quelque part qu’elle aurait dû accepter. Il y a mille endroits où il pouvait se trouver sans qu’on ne le retrouve, mais pas vivant. Plus vivant. Tony avait dû disparaître emporté par les eux. Corps flottant sur les vagues. Alors elle rentre, oui, pour la millième fois, elle rentre. Avec Jason, oui, mais sans lui ; sans Tony. Parce qu’il n’est plus là. Et si elle avait tort ? Elle a fouillé l’île de fond en comble pendant deux ans. Il n’est plus là. Hein, qu’il n’est plus là ?

L’île devient peu à peu un point sur l’horizon qui disparaîtra bientôt. Le soleil plonge dans la mer et offre au ciel une couleur d’espoir. Qui touche probablement tout ceux qui sont là, mais pas elle. Jason n’a pas réapparu. Tony, bien sûr, non plus. Elle est seule, inlassablement seule, et elle a peur de l’être encore pour le restant de sa vie. Mais la petite tête brune qu’elle observe au loin arrive encore à l’apaiser. Il est là. Loin d’elle, loin d’elle pour toujours mais il est venu. Et elle, idiote, qui n’ose même plus l’approcher. Ce n’est plus à elle de faire le pas, elle se persuade, pour se rassurer. Elle l’a fait, elle l’a dit : elle l’attendra toute sa vie. A toi de te bouger, Teddie. Et puis, d’abord, qu’est-ce qu’il fout là, lui aussi ? Teddie et elle étaient les mêmes, il n’y pas si longtemps de ça. Ils se reconstruisaient ensemble et auraient pu installer leur nouvelle vie sur cette île, ensemble, et à jamais. Pourquoi Teddie a-t-il choisi, lui aussi, de rentrer ? Gabriel, qui est assis un peu plus loin, limite en train de se la couler douce, ça ne l’étonne pas. Mais Teddie ? Teddie qui les déteste, elle et Gabriel, Teddie qui riait de tout, et qui ne sourit plus. Est-ce qu’il a quelqu’un à retrouver, sur le continent ? Évidemment, ça la rend jalouse. Automatiquement, machinalement, ridiculement. Calme-toi, Millie, y a pas de quoi. Il lui en aurait parlé, pas vrai, s’il avait une amoureuse dans la ville ? Une chaise se libère à côté de Gabriel, et la tire de ses pensées, de ses questions inutiles, dont les réponses ne compte plus. Et, bien qu’elle sache que Teddie a une vue sur elle comme sur Gabriel, elle se dirige vers ce dernier, et s’assoit à ses côtés, sans rien dire. Y a pas de mots assez bons pour les utiliser. C’est pas de la provoc Teddie, tu sais. C’est juste que tu veux plus me voir, et que Gabriel avait l’air un peu seul, ce soir. Mais viens avec nous, si tu veux, Teddie. Faut bien qu’on se parle tous un jour, de toute manière.

Et puis, pour bien commencer la traversée, elle s’allume une clope bien méritée qu’elle a grattée à un des moussaillons – elle sait pas comment on appelle les mecs qui bossent sur les bateaux – et elle tend la seconde taffe au blond. « On fait une trêve ? » elle demande doucement. Allez Gaby, c’est bon maintenant. On n’a plus personne, ni toi ni moi. On a baisé, on s’est battus. On peut essayer d’être sympa l’un avec l’autre, maintenant. On s’demande pas pardon. On fait pas la paix. On fait juste une pause, s’il te plaît, parce que je suis fatiguée. Puis elle tourne la tête vers Teddie, parce qu’elle aime pas trop quand elle ne le voit plus. Et elle l’appelle par la pensée. Toi, Jason. Et on sera au complet.


Dernière édition par Millie L. Kingsley le Ven 20 Fév - 10:35, édité 1 fois
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Gabriel M. Griffin
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Message(#) Sujet: Re: there and back again (tedgabjaz) there and back again (tedgabjaz)  EmptyLun 15 Déc - 16:59

Affalé comme un sac sur un siège face à l'océan qui se dessine à perte de vue, Gabriel savoure une sensation jusqu'alors oubliée : le bonheur. Une plénitude exceptionnelle ; une joie sensationnelle, quasi indécente. Les mains dans les poches, un vague sourire creusant le coin de ses lèvres, il se sent bien pour la première fois depuis longtemps. Avec le départ du bateau, l'enclume qui pesait sur ses épaules s'est envolée progressivement, à mesure qu'ils s'éloignaient du rivage sous le regard des malchanceux restés sur l'île. La façon dont il s'est retrouvé ici, parmi les quelques veinards, bah. Ça n'a pas d'importance. Tout le monde sait que Gabriel aurait tué père et mère pour quitter ce bout de terre de malheur, quitte à jeter le capitaine par dessus bord et à prendre lui-même la barre. Il était hors de question qu'il regarde le bateau s'en aller avec le seul espoir de retour qu'ils aient eu depuis deux ans. La chance se provoque. Pour une fois, Gabriel doit bien donner raison à son père. Retour à New-York, a-t-on murmuré sur la plage à l'arrivée du bateau au loin. La rumeur s'est dispersée comme une traînée de poudre, a enflammé l'espoir qu'on croyait mort et enterré. On a tous songé un instant au bonheur de retrouver son ancienne vie, au retour inespéré sur une terre civilisée. Et puis, on a commencé à peser le pour et le contre. A se rendre compte de tout ce qui nous rattachait à l'île. Pour Gabriel, ça a été très simple : rien, rien ne me retiens. Rien ni personne. Personne ? Non. Plus maintenant. Quelques visages ont miroité dans son esprit, des hologrammes informes qui se sont rapidement dissipés lorsqu'il s'est souvenu : ils ne comptent plus.

Alors pourquoi rester.
Pourquoi ne pas embarquer.

Un nombre incalculable de personnes est resté sur l'île. Et le voilà lui, assis sur un bateau, bien parti pour retourner chez lui. Chez lui. Mais qu'est-ce que ça signifie. Pendant tout ce temps, le seul chez lui qu'il connaissait, c'était cette stupide cabane qu'il a fini par détester. Et qu'il finira immanquablement par regretter, parce que ce qui l'attend à New-York, ce n'est peut-être pas une cabane branlante, ça a peut-être tout d'un rêve pour le commun des mortels. Mais il se souviendra de l'enfer que c'était, de la frénésie pimpante qui faisait briller sa jeunesse de dollars et de fringues hors de prix, de soirées entre gosses de riches, tous sortis du même moule que lui, le tout bien arrosé d'une bonne dose d'hypocrisie et de magouilles toutes dictées par le fric et le pouvoir. Alors seulement, la vie sur l'île lui paraîtra sereine, presque idéale.

Mais pour l'instant, il ne songe qu'à sa joie de quitter deux ans de sauvagerie et d'ennui mortel. L'ennui, certains ont su l'en tirer. Teddie par exemple qui, accoudé au bastingage, lui tourne le dos. Il sait parfaitement qu'il l'a vu, et le contraire est certainement tout aussi vrai. Ils se sont à peine échangé un regard, pourtant. Ça fait des semaines qu'ils ne se sont plus adressé la parole. Des semaines qui l'ont plongé dans une léthargie proche du désespoir. Gabriel a fini par baisser les bras après plusieurs tentatives pour lui parler.
Jason. Est-il sur le chemin du retour, lui aussi, ou a-t-il préféré poursuivre « l'aventure » sur ce bout de terre perdu au milieu du pacifique ? Un soupir viens briser le silence. Violante, à ses côtés, lui lance un vague regard. Des heures qu'ils sont assis côte à côte sans piper un mot. La retrouver sur le pont du bateau lui a arraché un sourire, un peu plus tôt. Il se demande s'ils se reverront sur l'île, ce qu'il adviendra de leur drôle d'amitié une fois qu'ils seront de nouveau sur la terre ferme, s'ils poursuivront sur cette voie où si, comme beaucoup de relations que Gabriel a commencées, il finira par la foutre en l'air en l'oubliant tout simplement. Hell soupire a son tour, et se lève, se volatilisant dans la foule de rescapés crasseux qui se mêlent aux matelots (tous tirent des drôles de tronches, repêcher des dizaine de Robinson Crusoe perdus sur une île depuis des lustres ne doit pas faire partie de leur quotidien, faut croire), sans un mot. Son regard se projette de nouveau vers l'horizon.

Un mouvement à sa gauche le tire de ses pensées. Millie. Pour un peu, il en perdrait son sourire. Elle lui tend une clope, lui demande une trêve. Millie, tu m'aurais demandé ça il y a quelques jours, je t'aurais craché à la figure. Parce que c'était tout ce que tu méritais. Parce que ma colère n'avait pas encore été diluée par ce retour inespéré. Là tout de suite, je me sens capable de te dire oui, et même de te sourire. Il accepte avec un vague « merci » qui se perd dans le vent. « Pourquoi tu veux une trêve, Millie ? T'as peur d'avoir personne à l'arrivée ? » C'est pas comme si un tout petit retour à New-York city allait le changer non plus, faut pas rêver. « Ça va je rigole. Va pour la trêve. » il rajoute-quand elle lui jette un regard noir. Il tire sur la clope, savoure le plaisir simple de fumer sur une blonde toute neuve, pas une qui a moisi dans une carcasse d'avion pendant des mois. Elle a pas l'air tellement heureuse de rentrer Millie. Et puis quand il la voit tourner la tête vers Teddie toujours au même endroit depuis le début de la traversée, il pige. Évidemment que c'est à cause de Teddie. Depuis le début, il n'y a pas d'autre raison que Teddie. « Vous vous êtes toujours pas reparlé, alors ? » il demande en faisant un léger signe de tête en direction de Teddie-tout-là-bas. Si loin d'eux, alors que lui, tout ce qu'il espère, c'est qu'il se ramène et qu'il demande aussi une trêve (même si ce serait plutôt à lui de la demander), comme Millie.

Nouvelle taffe, pour enfumer la question qui lui brûle les lèvres, avant de lui rendre sa clope. Et Jason ? Tu l'as vu Jason ? Est-ce qu'il est resté, est-ce qu'il a embarqué ?
La question qui tue. Qu'il préfère taire.
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Teddie A. Wadge
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Message(#) Sujet: Re: there and back again (tedgabjaz) there and back again (tedgabjaz)  EmptyMer 17 Déc - 16:59

    Des vagues. Plus que des vagues. Teddie, de ses yeux gris, avait longtemps fixé l’île qui disparaissait dans l’horizon au rythme nonchalant du paquebot. A vrai dire, il l’avait regardée jusqu’à ne plus pouvoir la voir. Et depuis que le bateau s’était isolé au milieu de l’océan, il n’avait plus rien d’autre à contempler que l’eau claire et calme qui ondulait sous son passage.

    Maladroitement accoudé à la large rambarde du paquebot, les bras croisés et le visage, frappé par l’ai froid, camouflé entre eux, Teddie se demandait encore pourquoi il était parti. Il est vrai que les derniers temps sur l’île n’avaient pas été les meilleurs et si, au début, Teddie avait sous-estimé le problème en croyant naïvement que tout s’arrangerait très vite, il était obligé à présent de se rendre à l’évidence : rien ne serait plus jamais comme avant. Il pensait avoir perdu Millie pour des broutilles, une histoire de rien de tout, une histoire de fierté et d’ironie mal placée. Il pensait avoir perdu Gabriel pour des bêtises, pour un moment stupide où il aurait, pour une fois, mieux fait de réfléchir avant d’agir. Il pensait que tout cela s’arrangerait vite, parce que ce n’était pas n’importe qui, pas vrai ? Parce que c’était Millie et Gaby. Mais il n’y eut pas de réconciliations bon enfant : la situation ne fit qu’empirer, très vite. Teddie ne se souvenait même plus de la manière dont les choses avaient pu déraper à ce point. Tout allait si bien, pourtant.

    Dans un soupir, il se redressa légèrement pour détendre un instant ses bras courbaturés d’être restés trop longtemps dans la même position. Il en profita pour jeter un bref regard vers Millie. Ce n’était pas le premier, depuis que le bateau avait quitté l’île. Teddie lui en voulait plus que tout au monde. Quand il la regardait, il sentait encore tellement de mots lui venir à la bouche, tellement de reproches, de questions, de phrases écorchées, éteintes, brisées. Quand il la regardait, il avait encore tellement mal. Il ne pouvait jamais la fixer très longtemps. Il ne pouvait pas croiser son regard brun non plus. Mais il pouvait encore moins ignorer sa présence, et se passer d’elle, de sa silhouette fine et gracile, comme si elle n’était personne. Comme si elle n’était pas Millie.

    Est-ce que c’était parce que plus rien n’allait sur l’île qu’il avait décidé de partir ? Non. Non, justement. Il aurait dû rester. Lorsque, en sortant de sa tente, qui ne l’était plus à présent, il avait pu voir dans la foule réunie sur la plage le visage de Millie, il aurait dû décider de rester. Il aurait dû la laisser partir. Pourquoi était-elle là, d’ailleurs ? S’ils avaient vu ce bateau arriver aux abords de l’île ensemble, ils auraient décidé ensemble, mais ils n’auraient jamais choisi de se séparer. Millie aurait voulu rester. Il la connaissait. Elle aurait voulu rester. Lui aussi. Alors pourquoi ?

    Encore un coup d’œil. Millie, soudainement, mais en gardant sa démarche tranquille, quitta le poste qu’elle occupait pourtant depuis le départ. Teddie replia ses doigts gelés contre ses paumes. Evidemment. Gabriel. Teddie sourit pour lui-même en secouant doucement la tête. Ça ne pouvait pas durer. Ça ne pouvait pas aller comme ça. Gabriel était son meilleur ami et si quelqu’un pouvait bien lui manquer autant que Millie, il ne pouvait y avoir que lui. Il aurait aimé pouvoir lui raconter ce que Millie avait fait, et laisser l’insolence de son regard écarter toute cette histoire d’un simple revers. C’était ce qu’il avait toujours apprécié chez Gaby : il n’avait jamais les mots niais d’une consolation et ce n’était pas son truc d’apaiser les tensions, les doutes, les peurs. Mais il avait ce petit scandale dans les yeux qui disait on s’en fout, rien de tout ça n’est important, et c’est la raison pour laquelle Teddie n’a jamais eu à lui parler d’un quelconque problème. Il n’y avait plus de problèmes une fois qu’ils étaient ensemble.

    C’est vrai, il aurait aimé que Gabriel puisse balayer le drame qui l’abattait en ce moment, ça l’aurait sans doute bien aidé. Mais c’était chose impossible, puisque c’était lui, avec Millie, qui l’avait fondé. Peut-être l’aurait-il moins haï qu’elle s’il n’y avait pas eu ce maudit soir qui avait déjà préalablement tout gâché, tout changé. Peut-être qu’il l’aurait moins haï s’il l’avait moins aimé mais ce n’était apparemment pas le cas. Bien sûr, les sentiments qu’il avait pour chacun étaient différents en bien des points, - du moins, il le croyait encore même si ce fameux soir, qu’il avait dû banaliser aux yeux de Gaby lorsque ce dernier était venu s’assurer que tout allait bien entre eux, juste avant la crise, avait ébranlé pas mal de ses convictions, chose à laquelle il n’était absolument pas habitué, il faut bien l’avouer -, mais dans tous les cas, il n’était prêt à supporter la trahison d’aucun de ses deux amis. Même après tout ce temps, il n’arrivait pas à leur pardonner. A comprendre. A apaiser la douleur. Il se maudissait de se laisser aller comme ça. Ce n’était pas lui. Il avait la sensation de devenir à ses propres yeux un véritable inconnu. Mais qu’est-ce qu’il fallait faire ? Il avait déjà essayé tant de fois de se forcer à aller les voir, de passer au-dessus de ça, de les comprendre, de faire quelque chose, d’agir au moins, d’essayer. Il avait essayé d’essayer. Mais c’était difficile. Il ne s’était jamais retrouvé dans une telle situation auparavant. Peut-être était-ce pour ça qu’il retournait sur le continent ? Peut-être qu’il pensait retrouver sa sérénité perdue là-bas, loin des souvenirs ? Loin d’eux… ?

    Lentement, Teddie se retourna. Ses mains glissèrent dans les poches étroites de son jean tandis qu’il s’appuya à nouveau contre la barrière qui le séparait de l’eau glacée en contrebas, pour les regarder. Les regarder vraiment, cette fois, sans détourner le regard. Les regarder en silence, en tentant sans trop d’impatience d’apprivoiser cette boule qui lui nouait le ventre. Il ne croisa pas leurs regards parce qu’ils étaient trop occupés à se parler mais il eut malgré cela le temps de comprendre. S’il était sur ce bateau, c’était pour eux. Parce qu’il refusait de les perdre, quoi qu’il s’était passé, quoi qu’il puisse encore se passer. Il les détestait, c’est vrai, mais il les aimait bien davantage et même si, ces derniers temps, ça lui apparaissait être la chose la plus dure à faire au monde, il fallait qu’il réagisse. Qu’il essaie, encore.

    Le problème avec Teddie, c’est qu’il ne réfléchit jamais quand il faut et comme il faut.

    Il se détacha de la barrière et se mit à marcher vers eux. Sans empressement aucun, calmement, lentement. Normalement. Comme si c’était normal, ouais. Vas-y, Teddie, souris aussi tant que t’y es, raconte leur une blague, dis-lui qu’elle est encore plus belle depuis que ses cheveux ont poussé et qu’il ne faut pas qu’elle les coupe une fois sur New York, qu’il ne faut pas qu’elle le laisse non plus, qu’elle oublie, qu’elle trouve quelqu’un d’autre. De mieux. Dis-lui, à ce type assis à côté d’elle, que sans lui tout est aigri et que rien n’est supportable, que t’arrives pas à oublier le parfum de cette nuit-là même si tu sais pas pourquoi, que tu sais pas non plus pourquoi t’arrives plus à le regarder mais que c’est le meilleur ami que t’as jamais eu et que ça, t’en es assez sûr pour pouvoir dire que tu supporterais pas de le perdre. Dis tout ce que t’as à dire Teddie, tu faisais que parler avant, il s’passe quoi maintenant ? Tu fuis dès que les mots deviennent importants, t’as peur de quoi ?

    - Euh..

    Non, il ne pouvait pas dire ça. Il ne pouvait pas partager ses doutes et ses craintes comme ça, simplement pour s'en débarrasser. C'était des choses qu'il devait garder pour lui, et oublier lorsqu'il s'agissait de parler, justement. Parce que voilà qu'il était là, face à Millie et Gabriel, debout devant les deux chaises occupées, les mains dans les poches et absolument rien dans la voix.

    Il chercha quelque chose. Vite. Heureusement, son manque de nicotine, en plus bien réel depuis qu'il était monté à bord de ce navire sans jamais croiser un seul fumeur - sans vraiment chercher non plus, ses pensées ayant été sans doute trop dissipées pour se soucier d'une chose aussi futile, après tout -, lui vint à la rescousse et lui trouva une excuse toute faite pour justifier sa soudaine présence.

    - J'ai plus de.. De clopes.

    On pourrait partager la vôtre à trois, non ? Gaby, on se partage déjà bien la même fille. Bon. Non. Stop. C'est pas pour ça que t'es là, Teddie.

    - Ça vous dérange pas..? Millie..?

    Pour illustrer ses mots, pas très au point d'ailleurs, en même temps qu'il les prononçait, Teddie tendit une main plutôt hésitante et pas très avenante vers Millie, puisque c'était elle qui venait de porter la cigarette à ses lèvres. Mais la question s'adressait tout autant à Gabriel. Ça vous dérange pas ? Ça vous dérange pas qu'on efface toute cette m*rde, qu'on redevienne nous, qu'on oublie, qu'on soit heureux, qu'on se retrouve, qu'on se dise pardon ? C'était réellement ce que Teddie voulait mais il ignorait encore si cela allait vraiment être possible. S'il allait vraiment en être capable.
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Millie Kingsley
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Message(#) Sujet: Re: there and back again (tedgabjaz) there and back again (tedgabjaz)  EmptyLun 12 Jan - 14:53

Le cœur se serre un peu plus mais il n’explose pas encore. Elle ne dit rien, mais elle encaisse. Teddie face à elle, encore loin, et Gabriel à côté, capable de la broyer par ses mots comme on écrase un insecte. Parce que oui, il n’a pas tort, Gabriel. Elle est terrorisée à l’idée de se retrouver toute seule. Oui, elle a peur, mais elle lui jette un regard noir, pour faire croire qu’il dit des bêtises, comme d’habitude, et qu’elle n’a peur de rien. Surtout pour s’en convaincre elle-même, plutôt que pour l’en persuadé, lui. Il s’en fiche sûrement, qu’elle se retrouve toute seule. Mais il doit savoir, peut-être, qu’il risque de se retrouver tout seul lui aussi, à l’arrivée. Ou est-ce qu’elle se trompe ? Est-ce qu’il a une famille qui l’attend ? Est-ce qu’il a des amis sur le continent ? « Gabriel » c’est un mot qu’elle peine à associer avec « amis ». Qui pourrait avoir envie d’être ami avec quelqu’un comme ça ? A part Teddie. A part elle, aujourd’hui. Ce bateau qui s’en va, ce sont ses convictions qui s’effondrent. Plus rien n’a de sens et rien n’en a besoin. L’important, elle se dit, elle se répète, c’est qu’ils soient vivants. Et qu’ils soient ensemble, un petit peu, même de loin. Ensemble. Pas seul. Millie a peur de la solitude parce qu’elle la connaît trop. Parce qu’il suffit qu’elle se retrouve seule une heure pour renouer avec ses vieux démons, des démons qui lui mentent, qui lui font croire que tout va mieux avec eux. Mais être seule, ce n’est pas grave. Ce dont elle a peur, Millie, ce qui l’angoisse, ce qui lui noue le cœur, c’est la solitude ; c’est se sentir seule. Et puis, d’un coup, quand Gaby accepte, c’est presque comme si ses appréhensions s’envolaient. Elle tourne la tête avec lui, sans trop y croire. Vraiment, elle y était allée sans trop d’espoir. Déjà parce que, c’est Gabriel. Ensuite, aux vues de leur dernière entrevue. Enfin, parce que même s’il donne l’impression de n’avoir rien ni personne, il ne semble pas pour autant en avoir besoin. Mais elle commence à se sentir honteuse de faire tant d’hypothèses sur une personne qu’elle connaît si peu, si mal, si faussement. Mais il la rassure, et elle se détend. Alors, quand il lui parle de Teddie, même si elle a envie, au début, pendant une demi seconde, de le désintégrer sur place par un regard, elle ravale cette pulsion et se prend même à penser que ça pourrait lui faire du bien, à Millie, de lui en parler, à lui. Parce que quelque part, en ce qui concerne Teddie, il pourrait être le seul à comprendre ce qu’elle ressent ; du moins à s’en rapprocher. Elle secoue la tête de droite à gauche. « C’est plus à moi d’aller le voir. » Puis elle tourne vers lui et sourit, d’un sourire un peu triste, mais des plus sincères, comme elle ne lui en avait jamais adressé « C’est con, mais je l’attends, maintenant. » Bien sûr qu’il va trouver ça con, Gaby. Il attend personne lui. Pas vrai, Gaby ? T’attends personne ? Pas même…

La question lui brûle les lèvres. « T’as des nouvelles de Jason, toi ? » Elle veut la poser, pèse le pour et le contre. Si elle envie de parler de Teddie, ça ne veut pas forcément dire que lui a envie de parler de Jason. Ce n’est même pas comparable, en fait, ça n’a même rien à voir. Mais qui d’autre, sur ce bateau, pourrait répondre à sa question mieux que lui ? Elle veut lui demander. Et elle va lui demander. Elle ouvre la bouche, prépare les mots qui vont en sortir. Et puis…

« Euh.. » Elle sursaute. Fait volte-face. S’immobilise et se tait. Et le cœur se serre davantage, prêt à lâcher. Mais il n’explose pas encore. Elle se surprend à se trouver plus forte qu’elle ne l’a cru ses derniers jours. Elle avait pris le temps de s’imaginer mille scénarios, mille façons qu’il aurait eu pour lui parler à nouveau. Et si elle avait voulu très fort qu’il les rejoigne, elle n’avait pas réellement cru qu’il oserait, d’autant qu’elle était avec Gabriel. Et qu’ils parlaient tous les deux. Tranquillement. Presque de manière sympathique. Alors elle ne l’avait pas vu s’approcher. Ou peut-être que si, du coin de l’œil, peut-être qu’elle l’avait juste nié. Elle avait espéré se tromper. Mais il s’était bel et bien matérialisé, là, devant elle, devant eux, penaud, sans avoir trop de mots, en les cherchant un peu trop. Elle priait déjà pour que Gabriel prenne la parole, brise le malaise. Si ce type devait avoir une utilité, ça devait être celle-là : savoir parler ; avoir les mots ; dans toutes les situations, même quand un être normal en aurait manqué. Le cœur de Millie tape tellement dans sa poitrine qu’elle a peur qu’ils ne l’entendent. Mais elle garde son calme, hoche la tête ; elle pourrait faire signe à Gabriel de tendre la cigarette à son ami – elle a encore un peu de mal avec cette idée, mais elle se fait une raison – mais elle veut le faire elle-même : la lui donner, elle-même, comme pour les lier à nouveau par cet échange. Toujours sans parler, elle prend la cigarette des mains du blond, doucement, en lui frôlant la peau, de quoi la paniquer davantage, mais elle n’en montre rien, elle plante son regard dans celui de Gaby, qui la lui cède, et elle la tend au brun, ses yeux suivants le mouvement jusqu’à s’encrer dans les siens. C’est une scène d’un film de Terrence Malik. À l’eau de rose. Au ralenti. Mais jolie. Presque émouvante. Ou peut-être qu’elle se monte la tête, toute seule, encore une fois ; Millie a pris l’habitude d’être actrice hollywoodienne de sa propre vie. Alors vas-y Teddie, prends-la, cette cigarette, bien sûr que je la partage avec toi, j’imagine qu’on peut même la partager tous les trois. Prends-la comme une réconciliation. Une vraie. Une définitive. Prends-la comme les mots que j’ai jamais su te dire, que je te dirai jamais. Parce que c’est comme ça qu’on fonctionne, toi et moi. On dit jamais ce qu’on doit dire mais on espère que l’autre a compris ; et l’autre ne comprend jamais rien. Prends-la et recommence à me voir, continue à m’aimer. Prend-la Teddie, ça ira après ça, tout ira.

Et déjà, Millie veut savoir autre chose, Millie (se) pose trop de questions. Qu’est-ce que vous faites là, tous les deux. Vous ne devriez pas être là ; Teddie ne devrait pas avoir eu envie de rentrer, et Gabriel n’a sûrement rien qui l’attend en Amérique. Donc qu’est-ce vous faites là, tous les deux. Et pourquoi Jason n’y est pas. Mais celles-ci, elle les taira. Elle ne sait plus parler. Elle n’arrivera pas à rompre le silence ; elle ne parviendra pas à briser le malaise. La scène, une fois de plus, est suspendue en l’air, comme une bulle dans laquelle le temps s’est arrêté mais à l’extérieur de laquelle le monde tourne encore, une bulle ailleurs, dans un autre monde, une autre dimension, accrochée à un fil invisible, qu’elle ne saura pas couper.
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Gabriel M. Griffin
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Message(#) Sujet: Re: there and back again (tedgabjaz) there and back again (tedgabjaz)  EmptyMer 14 Jan - 14:49

Millie n'a pas de réponse. Pas la force de l'envoyer bouler non plus. Il prend ça comme un assentiment, comme un aveu douloureux. Pour un peu, il s'en voudrait presque. Il oublie ce que ça signifie, ce dernier voyage, ce retour brutal à la réalité. Il oublie que pendant deux ans, ils étaient cloîtrés sur une île, loin de leurs familles, de leurs foyers, avec la menace permanente que des tarés viennent les poignarder pendant la nuit. Il ne pense pas une seconde à quel point ce sera difficile de renouer avec le passé, de tendre la main au futur en faisant fi de vingt-quatre mois dans la quatrième dimension. Non. Ça le dépasse pour l'instant, ça ne lui effleure même pas l'esprit, seule l'euphorie de partir surnage le bouillon de sentiments dans lequel il baigne. Alors, même lui pourrait ressentir un peu de compassion pour Millie devant l'hypothèse qu'elle n'aura vraiment personne pour l'accueillir à l'arrivée mais, ça le fait juste sourire.  Gabriel, s'il avait pensé à ça en cet instant, aurait pu lui assurer que mieux vaut recommencer sa vie seule que reprendre l'ancienne, foireuse, douteuse, alourdie par la présence paternelle étouffante. Et de n'être même pas sûr de correspondre au moule sur mesure qui lui allait si bien avant tout ça. Mais non. Ses pensées sont loin d'arriver jusque là, pour l'heure,. Il accepte la trêve et la clope, laisse son regard dériver un instant sur la silhouette de Teddie là bas, balance une bête remarque à Millie sans se demander s'il risque sa vie à ce moment là. Elle pourrait le descendre sur place si elle le voulait. Elle en aurait le droit, pas vrai. Millie s'est octroyé tous les droits du monde en ce qui les concerne. « Bienvenue au club. » il répond à mi voix. Bien sûr que c'est à nous d'aller le voir. Bien sûr que c'est de notre faute, que c'est nous qui avons tout foutu en l'air. On a piétiné ce qu'il y avait de plus beau dans nos vies : notre amitié avec lui. p*tain, ce qu'on peut être cons, tu penses pas. Alors voilà, où ils en sont maintenant, à l'attendre tous les deux, comme deux délaissés sentimentaux. A espérer qu'un jour Teddie leur pardonne, accepte d'oublier leur immonde trahison, la plus grosse erreur de leur vie. Gabriel n'y croit plus vraiment. Imaginez seulement la situation inverse, lui n'aurait pas supporté ça. Rien de ce qu'on aurait pu lui dire aurait été apte à le guérir. Et il n'aurait sûrement jamais pardonné à quiconque. Mais s'il n'y avait que ça, son absence criante, son indifférence. Le manque à peine supportable. Il l'a bien mérité, Gabriel. Ce qu'il regrette le plus, c'est le sourire de Teddie, son babillage incessant, insouciant. Le Teddie qu'il a connu n'existe plus, et savoir qu'il est la cause de cette perte suffit à le faire se sentir plus coupable que pour n'importe quelle erreur dans sa courte vie. Tuer le sourire et la joie de vivre de Teddie Wadge : crime contre l'humanité. Qui pourrait te le pardonner. « Peut-être qu'on devrait y aller. L'obliger à nous écouter, ça peut pas être pire que maintenant. » Tu pourrais même t'excuser, il est sur le point de rajouter. Simple provocation, pour l'ennuyer. Mais non. Inutile.

Ça s'opère comme un changement dans l'atmosphère. Un infime mouvement de particules qui suffit à mettre tous ses sens en alerte. La silhouette au loin quitte la rambarde, et... Un regard en direction de Millie ; elle n'a rien vu. Rien remarqué. Ou bien, elle fait semblant. Lui se crispe instantanément. Il ne sait pas bien pourquoi, ce n'est pas comme s'il ne l'avait pas espéré de tout son cœur. « Euh.. » Drôle d'introduction. Et pourtant, Teddie a bien les deux imbéciles pendus à ses lèvres, là tout de suite, quatre yeux clairs fixés sur son visage, la surprise sur leurs visages levés vers lui comme deux fidèles rencontrant enfin leur messie. C'est ridicule. En même temps, il y a quelque chose de drôle. Millie et lui assis côte à côte, discutant simplement comme deux vieux potes, et Teddie, qui a perdu sa langue. Qu'est-ce qui a bien pu se passer dites moi, pour qu'on en arrive là. Ça devait pas se passer comme ça. Et puis d'abord, t'as plus de clope, ici, maintenant, alors que tu t'es toujours débrouillé pour en avoir pendant deux ans. « Ça devait bien arriver un jour faut croire. » il fait, d'un ton pas spécialement agréable alors que c'est tout le contraire de ce qu'il voulait transmettre. Lui ce qu'il voulait, c'était ça, entendre a nouveau le son de sa voix. Capter son regard, l'avoir près de lui, comme avant, avant toutes ces conneries. Avoir l'occasion de lui dire à quel point il regrette, à quel point il s'en veut, vraiment, profondément. Et tant pis s'il ne le croit pas, mais il sait qu'il le croira. Après tout Teddie, toi et moi, c'était écrit depuis la nuit des temps. Ça aurait du continuer pendant toute l'éternité, mais j'ai été trop con pour garder ce que j'avais de plus précieux. Alors voilà, je suis désolé.

Gabriel ne demande jamais pardon. Ne s'excuse pas non plus. Il laisse Millie reprendre sa clope, l'observe la lui tendre au ralenti. On dirait qu'elle a perdu sa langue, Millie. Il se lève, pas trop sûr de ce qu'il est en train de faire. « Bon, je... Je reviens, je te laisse mon siège. » Gabriel, un as pour trouver les mots dans les situations délicates. Ça n'a jamais été son fort, ça ne le deviendra pas aujourd'hui. Ses pas l'éloignent rapidement des deux bruns, ses pas qui le ramènent à eux quelques minutes plus tard. Dix courtes minutes pendant lesquelles il a cherché, fouillé du regard les rescapés qui les accompagnent. Sans le trouver. Il s'assoit par terre, adossé à la rambarde, jette un paquet de blondes plein à craquer sur les genoux de Teddie. « Cadeaux des marins. » il lance avec un demi sourire en allumant une nouvelle clope. « On m'a dit que d'ici trois heures à tout casser, on sera arrivés. » C'est vrai qu'on lui a dit ça, parce qu'il l'a demandé, encore perturbé de n'avoir pas vu l'ombre de celui qu'il cherchait. Gabriel s'est résigné. A ne plus le voir. A devoir l'oublier. Peut-être que ça vaut mieux, qui sait. La fumée se mêle au drôle de silence qui les enveloppe tous les trois. Millie n'a toujours pas retrouvé l'usage de la parole, apparemment. « Qu'est-ce que vous pensez qu'il va arriver, quand on sera là bas ? » il demande, en jetant un regard à l'horizon qui se profile au loin, et ou se dessineront bientôt les contours d'une ville. Et puis, est-ce que vous allez partir ? Me laisser ? Est-ce que c'est la dernière chance pour nous de nous retrouver, de se pardonner mutuellement et d'effacer toutes nos erreurs ? Il voudrait demander, il voudrait avoir leur promesse de ne pas se volatiliser dès l'arrivée. Mais c'est trop demander pour l'instant.
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Teddie A. Wadge
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Message(#) Sujet: Re: there and back again (tedgabjaz) there and back again (tedgabjaz)  EmptyJeu 15 Jan - 18:13

    C’était dur. C’était tellement dur. A la seconde où Gabriel et Millie, dans un même mouvement, avaient relevé les yeux vers lui, Teddie avait su. Il avait compris qu’il ne serait plus jamais comme avant. Parce que, même si les deux personnes qu’il avait à cet instant en face de lui étaient de loin celles qui manquaient le plus à ses jours comme à ses nuits, nuits qui étaient auparavant souvent blanches et remplies du rire de Millie ou de la voix insolente de Gabriel, il fallait aussi avouer que Teddie se manquait à lui-même ces derniers temps. Il ne se comprenait plus et c’était terriblement angoissant pour lui. C’était depuis le soir, le dernier, qu’il avait passé avec Gaby, que tout avait complètement dérapé. C’était ce soir-là qui avait marqué la première fois où Teddie s’était demandé « Mais qu’est-ce que je fais, là ? » et depuis, rien n’avait changé. Il ne parvenait toujours pas à redevenir lui, à clarifier son esprit, à retrouver l’envie de rire, à retrouver les mots, à retrouver ses amis. C’était déjà bien des problèmes, de ne pas les retrouver, et le fait qu’il se sente vis-à-vis de lui-même comme un propre étranger rendait les choses plus difficiles encore. Il se perdait de vue et cela semblait anéantir tous ses repères. Il ne savait plus ce qu’il était censé faire ou dire alors que, dans le passé, Teddie avait toujours été celui que rien ne dépassait. Peut-être, avant, ne prenait-il simplement pas les choses en compte. Mais aujourd’hui, comment faire ? Comment ne pas prendre en compte le fait que Gabriel et Millie puissent être là, assis l’un à côté de l’autre, à parler comme si tout allait bien, comme s’ils avaient toujours été amis ? Comment ne pas prendre en compte le regard blanc de Millie et le mutisme exceptionnel dont elle faisait preuve ? Comment ne pas prendre en compte l’agressivité verbale, légère, certes, mais bien là, qui rythmait les mots de Gabriel ? « Ça devait bien arriver un jour faut croire. ». De quoi parlait-il réellement ? De ces retrouvailles un peu inattendues, dissipées, maladroites, silencieuses, ou de tout le reste ? Ça devait arriver, Gabriel ? C’était écrit, c’est ça ? On se devait d’en arriver là ?

    Teddie aurait aimé lui répondre. Il aurait aimé lui jeter à la figure que c’était ignoble, que c’était malsain, qu’il n’avait rien à faire avec elle et surtout, surtout, il aurait voulu lui rappeler que ce n’était pas à lui d’être agressif, pour une fois. Cette remarque lui démangeait sérieusement les lèvres mais il se tut. Teddie n’était pas comme ça et ça, malheureusement ou heureusement, ça n’avait pas changé. Il avait encore, par moment, quelques excès de haine envers Gaby et Millie, mais il n’aurait jamais été capable de cracher sa rancœur. Il les aimait trop pour ça. Toujours. Malgré tout. Alors il ne dit rien et baissa les yeux parce que, oui, c’était trop dur. C’était trop dur de les regarder, d’entendre la voix de l’un et de sentir le parfum de l’autre. Il avait bien envie de les gifler tous les deux mais il y avait quelque chose de bien plus fort qui l’animait à cet instant. Il avait beau être en colère, encore, ce n’était plus ce qui primait en lui. C’était sans doute pour ça qu’il avait été capable de faire ces quelques pas vers eux. Néanmoins, le premier restait à faire. Et c’était trop dur.

    Teddie n’avait plus rien à dire. Déjà. Pas même merci lorsque Millie lui tendit la cigarette qu’il avait demandée. A vrai dire, il avait déjà presque oublié sa demande. Pour une fois, il se fichait bien de fumer. Il prit pourtant le tube de nicotine entre ses doigts et sentit la peau de Millie glisser, brièvement, infimement, le temps d’une demi-seconde peut-être, contre la sienne. Ce n’était rien et pourtant il le sentit et, pour lui, ce contact-là fut plus fort que la plus étroite des étreintes.

    Il porta la cigarette à sa bouche parce que, bien qu’il n’en avait pas spécialement envie, la cigarette était toujours la seule chose qui lui permettait de se détendre lorsqu’il était anxieux, ou plus justement la seule chose qui lui en donnait l’illusion. Mais il inspira longuement avant de recracher la fumée vers le ciel, simplement pour ne pas avoir à parler. Pas encore. Parce qu’il n’y avait aucun mot, et pourtant tant de choses à dire.

    Gabriel se leva. « Bon, je... Je reviens, je te laisse mon siège. ». Pas de merci là non plus. Teddie releva un instant les yeux vers Gabriel qui déjà s’éloignait et le pria mentalement de revenir aussitôt. Ce qu’il ne fit pas, bien entendu. Pourquoi Gabriel ferait ce qu’on lui demande de faire exactement ? Et, comme s’il s’agissait réellement de sa faute à lui, Teddie soupira avant de s’asseoir à sa place, le soupir trahissant aussi, peut-être, le peu d’envie qu’il avait de se retrouver seul avec Millie. Oh, bien sûr, elle lui avait manqué et il aurait tellement aimé pouvoir le lui dire. Sa compagnie, bien que source de douloureux et amers souvenirs aujourd’hui, était toujours aussi précieuse à ses yeux. Et en ce moment-même, il savourait toutes les secondes, même si elle ne prononçait mot, même si elle ne bougeait pas, comme si c’était les dernières qu’il passait avec elles. Comme si c'était les meilleures.

    Il lui fallut peut-être cinq minutes pour relever les yeux de la cigarette qui se consumait entre ses doigts. Il regarda droit devant lui de brèves secondes encore avant de finalement se décider à tourner la tête vers Millie. Et là, il ne put plus réfléchir du tout. Ce n’était plus possible. Ça n’avait jamais été son fort de réfléchir mais devant Millie, ce n’était même plus une possibilité. Pourtant, il fallait qu’il essaie. Il fallait qu’il fasse quelque chose. Et sans réflexion, évidemment… Ça allait encore sans doute tourner au désastre.

    Teddie leva doucement sa main libre et la dirigea vers le visage de Millie. Ses doigts vinrent juste effleurer sa joue pâle lorsqu’ils remirent en place une mèche de cheveux rebelle que le vent avait délogé. Il n’aurait pas pu dire ce qu’il ressentit à ce moment-là. Rien, sans doute, ou peut-être tout à la fois. Il tenta d’ouvrir la bouche, de prononcer son prénom. Mais non. Alors sa main revint se poser sur ses genoux et son regard se perdit de nouveau à l’horizon. Quelques secondes de vide, de silence. Des secondes assez courtes, trop courtes peut-être, qui ne lui auront pas suffi à reprendre ses esprits. A réfléchir, bon Dieu, parce qu'il aurait clairement fallu qu'il le fasse.

    - Je crois que je suis tombé amoureux de toi.

    Elle le sait. Evidemment qu’elle le sait. Mais Teddie, lui, l’ignorait encore avant de le dire. Ou peut-être qu’il en était conscient depuis le début mais qu’il n’avait simplement pas voulu le matérialiser par des mots dits, pas voulu le rendre réel, important… Il n’avait jamais voulu le dire parce qu’il ne voulait pas que les choses changent, voilà. Car les choses auraient changé, de toute évidence. Leur relation aurait changé. Il n’en donne pas l’impression, il le sait, mais Teddie ne supporte pas ce qui change lorsque ça change sans qu’il l’ait lui-même décidé, choisi. S’il avait su lui dire avant que tout parte en live, les choses seraient quand même parties en live, mais d'une autre manière. Parce que, pour Teddie, être amoureux, c’est ce qu’il y a de pire. Pour beaucoup peut-être, ça annonce la couleur d’un jour nouveau, heureux, d’un jour où on n’est plus jamais seul mais deux, d’un jour où tout est toujours beau et un peu éternel. Mais pour Teddie, être amoureux, c’était aussi grave que d’être malade. C’est peut-être pour ça que l’inflexion de sa voix était emplie d’une gravité lourde qui aurait sans doute paru, aux yeux des gens normaux, comme anormalement proportionnelle à l'information délivrée. Je suis tombé amoureux de toi. Teddie l’avait dit sans réfléchir mais il ne le regrettait pas. Pas encore. Il ne l’avait jamais fait parce qu’il avait toujours eu peur de perdre Millie. Bien sûr, elle ne serait pas partie. Il le sait. Mais il l’aurait perdue d’une certaine façon, et ça lui avait toujours fait peur, oui. Il avait eu peur de perdre celle qu’il connaissait, peur de devoir être différent avec elle, de devoir l’appeler mon petit cœur, de devoir arrêter de rire, de devoir être romantique et mielleux à tout bout de champ. Il avait eu peur de changer et il avait eu peur qu’elle change aussi. Il avait eu peur que ça ne soit plus vraiment eux, il avait eu peur de les voir devenir n’importe qui d’autre. Alors il n’avait rien dit mais aujourd’hui, c’était différent. Il l’avait déjà perdue, bien plus qu’il ne l’aurait cru possible.

    Mais rien d’autre ne put se passer : Gabriel réapparut. Soulagement, peut-être ? Non. Puisque Teddie avait autant de comptes à régler avec lui qu’avec Millie, ça ne le soulageait pas du tout de le voir réapparaître, même s’il avait pourtant prié très fort pour ne pas qu’il s’en aille. Et lorsqu’il passa devant lui pour aller s’asseoir contre la rambarde, Teddie dut fermer les yeux. Un bref instant, son parfum remplaça, dans l’air, celui de Millie, - que Teddie savait encore apprécier - et, mêlé à l'odeur de fumée blanche de sa cigarette, fit renaître en lui cette sensation assourdissante qu’il avait ressentie l’autre soir, - et sans doute des tonnes d’autres fois aussi mais Teddie ne pouvait plus la relier qu’à ce soir-là dorénavant – sensation qui, à présent, lui noua le ventre. Sur le coup, il toussa quelque peu et fit passer ça pour l’excès de fumée qui lui brûlait les yeux. Mais vraiment, qui allait avaler ça ? Teddie, sensible à la fumée de cigarette...? Peu importe. Ce n’était pas important. Il fallait oublier ça. Vite.

    Il s’était pourtant préparé à dire merci cette fois, lorsque le paquet vint heurter ses cuisses et que ses mains, par réflexe, vinrent le rattraper. Mais finalement, il n’en fut pas plus capable que précédemment.

    Dans trois heures, ils seraient arrivés. Gabriel venait de le dire, et cela rendit soudainement Teddie très angoissé, même s’il n’en parut rien. Trois heures, ce n’était pas assez et c’était trop en même temps. Peut-être qu’à leurs yeux, il aurait pu partir, maintenant qu’on lui avait donné ce qu’il était venu chercher. Mais il ne pouvait plus. Ca n’avait été qu’une excuse, bien sûr, la seule qu’il eut trouvée, et il aurait très bien pu s’en servir à nouveau pour les quitter, quitter cette ambiance étouffante, pesante, bourdonnante, qui lui donnait l’impression d’être en apnée et qu’il ne supportait plus, qu’il devait briser.

    La question de Gabriel confirma l’hypothèse. Teddie releva les yeux vers lui et lui répondit d’abord du regard.

    - On sera seuls. Et on n’aura plus d’autres choix que d’assumer nos actes, là-bas.

    Il ne voulait pas que Gabriel, ni même Millie, ne prennent ses mots comme un reproche ou quelque chose d’agressif. Ce n’était pas ça. Et son regard, d’ailleurs, parlait sans rancune. Néanmoins, il rebaissa très vite les yeux vers son paquet de cigarettes et celle, presque éteinte à présent, qu’il avait prise à Millie. Il inspira longuement puis, enfin, ouvrit la bouche. S’il n’allait plus avoir d’autre choix que d’assumer une fois rentré, autant qu’il commence maintenant.

    - Je suis désolé. Je sais que vous l’êtes aussi mais que vous ne vous excuserez pas. Vous ne vous excusez jamais. Moi non plus. Mais je crois qu’en ce moment, je ne peux plus prétendre être moi-même. Alors je vais m’excuser, pour vous mais pour moi aussi. Parce que...

    Il s’arrêta un bref instant, pour réfléchir, mais rien ne lui vint. Rien. C’était le vide total. Il reprit alors bien vite, sans quoi il n’aurait sans doute plus jamais pu prendre la parole de toute sa vie.

    - Je suis désolé. Désolé de ne pas être venu parler. Désolé de vous avoir embrassés. Désolé de ne pas avoir compris. Désolé d’avoir fui votre présence, à tous les deux. Désolé d’avoir joué. Désolé d’avoir perdu. Pour une fois.

    Une infime esquisse de sourire vint étirer les lèvres de Teddie sans même qu’il s’en rende compte. Il ne se rendit pas vraiment compte non plus de ce qu’il pouvait être en train d’annoncer. Tout ça n’avait plus vraiment d’importance, pas vrai ? Laquelle ça pouvait avoir, alors qu’on rentrait, qu’on quittait tout ça à jamais ? Oh, comme il aurait voulu, que ça n'en ait plus. Comme il l'espérait.

    - Pourquoi Jason n'est pas là ?

    Il ne fallait pas laisser le silence s'installer, encore. Il fallait vite changer de sujet. Teddie ne voulait pas qu’ils aient le temps de comprendre ce qu’il venait de dire, il aurait même voulu qu’ils ne l’entendent pas du tout. Des excuses... Teddie détestait demander pardon. Surtout quand ce n'était pas à lui de le faire. Mais, pour une raison encore un peu floue, il avait juste eu besoin de le dire, cette fois. C’était fait, et maintenant, oui, il fallait changer de sujet.

    Jason. Ça n’avait aucun rapport avec tout ce qu'il venait de dire, dans les apparences. En lui, c’était en fait très cohérent, très lié. Mais ça, ils n'étaient pas encore obligés de le savoir.
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Millie Kingsley
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Message(#) Sujet: Re: there and back again (tedgabjaz) there and back again (tedgabjaz)  EmptyLun 9 Fév - 18:03

La voix de Gabriel semple trop lointaine pour la faire réagir. Elle ne lâche pas Teddie des yeux, un peu comme si elle avait peur qu’il ne soit qu’un mirage, qu’une illusion qui risquerait de s’évanouir si elle détournait le regard. Alors c’est vrai qu’elle ne remarque pas le ton désagréable de Gabriel ; quoiqu’elle ne l’aurait sans doute pas remarqué non plus si elle y avait prêté attention : dans sa petite tête de linotte, Millie, elle a toujours vu Gabriel comme quelqu’un qui ne savait pas donner un ton autre que désagréable à ses discours. Mais là, elle n’écoute pas ; c’est à peine si elle n’entend pas ; déjà elle oublie où elle est, pourquoi elle s’y trouve, et vers où elle va. Une voix off stéréotypée romance à l’eau de rose (et le pléonasme est volontaire) fait irruption dans sa tête, et lui assure qu’elle n’a pas à s’inquiéter, qu’elle est précisément là où elle doit être, puisque Teddie y est aussi. A cet instant, Millie oublie presque qu’elle a tout gâché. Elle. Entre elle et Teddie, entre Gabriel et Teddie ; même entre elle et Jason, même s’il ne le sait pas encore. C’est de sa faute, à elle, et, alors qu’elle n’a jamais voulu se l’avouer depuis toutes ces semaines, elle l’admet, pour elle-même, calmement. Elle l’a sûrement toujours su, mais cette fois, c’est réel, elle accepte. Elle veut bien prendre la faute. Dans son élan, elle serait même capable de présenter ses excuses à Gabriel pour la situation délicate dans laquelle il se trouve par sa faute, Millie, elle qui ne s’excuse jamais de rien et à personne, elle pourrait lui dire « pardon », à lui.

Elle pourrait.
Mais elle se tait, Millie. Ce n’est plus qu’elle ne veut pas, plutôt qu’elle n’y parvient plus. A émettre un son, un bruit, à faire fonctionner son cerveau, même si elle n’a jamais été très douée dans ce domaine. Pourtant, les battements de son cœur retrouvent un rythme normal, et sa respiration reste calme. L’anxiété qu’elle avait pu ressentir quelques minutes auparavant s’est dissipée pour laisser place à une bulle de rien, où l’espace et le temps son aussi manipulables que de la pâte à modeler. Elle frôle, touche presque du doigt, cet état de bonheur dans lequel elle a plongé tant de fois quand elle était avec lui.  Alors que, pourtant, il ne se passe rien. Strictement rien. Gabriel s’est tu, Teddie est demeuré silencieux et Millie n’est plus vraiment là. Vu de l’extérieur, la scène pourrait être celle d’un tableau expressif où l’on a figé les trois zouaves à la peinture, si toutefois on en oubliait le doux nuage de fumée rejeté par Teddie après chaque latte tirée sur la cigarette.
Un instant suspendu.

Et puis.
« Bon, je... Je reviens, je te laisse mon siège. » La bulle de ce moment gelé s’éclate au sol et libère le rythme cardiaque affolant de Millie, qui recommence à paniquer. Elle veut se lever, l’engueuler. C’est une blague, Gabriel ? Ça te plairait que je te laisse en plan, comme ça, tout seul avec lui, maintenant ? Je croyais qu’on était dedans ensemble, mais visiblement monsieur a mieux à faire. Elle a envie de lui dire. Puis, elle a envie de le suivre. Au moment où elle se lève pour rejoindre Gabriel, dont les grandes jambes lui donnent déjà plusieurs longueurs d’avance, une force invisible la cloue au siège. Tu vas rester, Millie Kingsley, tu vas rester parce qu’une seule fois de plus avec Gabriel plutôt que Teddie, c’est une seule fois de trop. Alors elle ramène ses jambes sur la chaise longue, se positionne en tailleur, comme ça, elle a l’impression d’être un peu plus en sécurité, comme quand elle était gamine. Les mots se bousculent dans son esprit, tous ceux qu’elle a envie de lui dire, là, maintenant, tous ceux qu’elle a gardés en elle, depuis toutes ces semaines. Dans sa précipitation elle lui dit « Tu m’as manqué » et au moment où elle se rend compte qu’une fois de plus, elle l’a pensé sans le dire, elle n’ose pas le répéter.
Le silence télépathique, où chacun s’adresse à l’autre sans entendre ce que l’autre répond, se poursuit ainsi quelques instants d’éternité, qui rétablissent chez Millie cet état d’apesanteur étrange dans lequel elle n’est plus qu’une enveloppe d’elle-même. Son regard s’est détaché de Teddie depuis déjà quelques minutes, et est venu s’ancrer dans l’horizon à peine mobile d’une mer calme et d’un soleil qui se couche. La bulle intemporelle se regonfle petit à petit, mais se voit vite interrompue lorsque le bout des doigts du gamin vient se coller à la peau de la brune. Millie sursaute à peine et, si elle meurt d’envie de le regarde, même de lui sauter dessus dans l’immédiat, elle s’en empêche. Peut-être qu’elle rêve. En vérité, depuis cette soirée à la plage – qui parait si loin, maintenant – Teddie ne l’avait plus touchée. Et elle avait perdu l’espoir qu’il le refasse de sitôt. Si bien qu’elle ferme les yeux pour apprécier au maximum ce contact, priant pour qu’il ne s’arrête jamais. Mais il ne faut pas en demander trop d’un coup ; bien vite, trop vite, même, il rompt la magie de l’instant et tout redevient d’un seul coup silencieux, et terne. Puis, ça lui pèse trop. Alors elle ouvre enfin la bouche, se prépare à parler. A lui dire quelque chose, n’importe quoi. A lui dire part exemple que- « Je crois que je suis tombé amoureux de toi. »
Hein.
Quoi.
Qu’est-ce que.

Ses sourcils se froncent d’eux-mêmes et sa tête se tourne vers l’imbécile d’un mouvement plus vif qu’elle ne l’aurait voulu. Elle va l’engueuler, là, c’est clair. Sale idiot de Wadge, petit être ignare, et stupide que tu es. Peut-être qu’elle le savait depuis toujours ; peut-être qu’elle ne s’en serait jamais douté. Mais pas comme ça, pas maintenant, pas ici, alors qu’elle ne peut pas s’enfuir à moins de se jeter à l’eau. Qu’est-ce qui lui a pris, à Teddie ? Est-ce qu’elle a bien entendu ? Est-ce qu’il se moque d’elle, est-ce qu’il parle à quelqu’un d’autre ? Oui, il doit être au téléphone, hein, c’est ça ? Au téléphone. Et où est-ce qu’il aurait trouvé un téléphone, ça fait deux ans qu’on n’en voit plus, on ne sait même plus trop à quoi ça ressemble, même plus trop à quoi ça sert. Mais là, elle en est certaine : elle va l’engueuler. Ou pleurer. Ou les deux. Ça fait trop d’un coup. D’abord te revoir, ensuite d’entendre dire des bêtises pareilles. Une connerie grosse comme toi, et pourtant, la seule vérité qu’elle connaisse, dont elle soit sûre aujourd’hui, c’est qu’elle aussi. Elle aussi, elle est tombée amoureuse de toi, Teddie. Sauf qu’elle, elle le croit pas, c’est une certitude. Mais tu peux toujours crevée pour qu’elle te le dise maintenant, elle est trop énervée contre toi. T’aurais pas pu le lui dire plutôt ?! ça lui aurait évité de faire des âneries, peut-être. Peut-être que le phare, Gabriel, tout ça, c’est de ta faute, aussi.

Gabriel revient, avec un paquet de cigarettes. Lui sait comment se faire pardonner ; Millie n’y aurait jamais pensé. Il y a un tas de choses qu’elle s’apprête à lancer à la figure de Teddie, maintenant, mais il ne la regarde même pas, c’est comme s’il n’en avait déjà plus rien à faire, comme s’il n’attendait pas de réponse. Mais qui n’attend pas de réponse, après une telle déclaration ? Avant qu’elle ait pu mettre son plan à exécution, c’est encore la voix de Gabriel qui s’élève de sa grande taille de blond élancé. Il parle, il parle, et pose une question à laquelle elle n’a pas de réponse, mais à laquelle elle répond quand même, le premier truc qui lui passe par la tête, et d’une manière suffisamment véhémente pour qu’elle ne puisse pas cacher son chamboulement. « Bah on va rentrer chez nous, voilà ce qu’on va faire. » elle en oublie même son anglais correct.
Sa réponse se noie quand Teddie reprend la parole. Si son discours a vocation à apaiser les tentions, peut-être faudrait-il lui dire que Millie a envie de lui planter un couteau dans le cœur, maintenant, tout de suite. Du coup, pendant qu’il parle, et qu’il étale son beau discours et ses belles excuses, elle se saisit du paquet fraîchement ramené par Gabriel, en sors une clope, l’allume rapidement, tire une latte dessus…
S’étouffe. Elle a mal entendu ? Ou elle a bien entendu ? Qu’est-ce qu’il vient de dire ? Comment il peut oser noyer une information pareille dans un blabla fleur bleue ? Et puis, il ne s’arrête pas, il continue à parler, à déblatérer des « désolé pour ci, désolé pour ça ». Mais elle sait bien que ça n’a aucune importance. Que rien de tout ça n’en a. Mais il en dit trop, et trop d’un coup, et elle n’arrive plus à suivre, elle est noyée sous les déclarations nouvelles. Son speech se termine et Millie n’a ni bougé, ni repris la parole. Elle est encore en train de batailler intérieurement avec elle-même, mais vue de l’extérieur, elle semble particulièrement sereine. Pourtant, elle a envie de crier ; de pleurer ; de danser, de hurler, de sauter partout et dans tous les sens, de frapper sur les têtes blonde et brune qui se tiennent à côté d’elle, et de les prendre dans ses bras, de les embrasser. Son cœur palpite et se tend, mais elle ne dit toujours ; ne fait toujours rien.
Et Teddie, comme si on ne l’avait pas suffisamment entendu, pose une question de plus. Et pas des moindre. Jason. Là, le cœur de Millie explose. Au vu de la situation actuelle assez ridicule dans laquelle ils sont tous les trois, elle éclate de rire. Se lève de sa chaise tellement vite que sa tête lui tourne. Lâche un « Vous êtes sérieux, tous les deux ? » entre Teddie et Gabriel, qui se croient visiblement dans un soap-opéra petit budget. Enfin, au vu de la question atrocement triste, mine de rien, de Teddie, ainsi que des derniers temps passé sur l’île et de cette journée insupportable sur le bateau, elle éclate encore, mais en sanglots cette fois. « Et toi, toi tu crois que tu peux venir poser tes questions innocentes et dire tes bêtises innocentes comme ça, comme si de rien n’était, et que ça n’avait aucune importance ? Tu t’excuses et on devrait te prendre pour un ange mais moi j’ai été la première à te dire pardon, et tu m’as dit que c’était trop tard ! Qu'est-ce que tu veux que je te dise aujourd'hui ?! » Le rire et les larmes s’enchaînent et se mélangent, et ils auraient le droit de se moquer, ou d’avoir peur, si la scène n’avait pas pris un tournant aussi dramatique. Le budget du soap-opera actuel est encore plus ridicule qu’il y a quelques secondes. « Et toi ! » répète-t-elle, en regardant Gabriel, cette fois. « Toi avec tes grands airs et tes cigarettes empruntées au capitaine, et tes cheveux blond toujours aussi bien coiffés après deux ans sur cette saleté d’îlot de misère, t’as pas peur d’être tout seul à l’arrivée, peut-être ? C’est vrai Gabriel, m*rde, où est-ce qu’il est, Jason ? Parce que t’auras beau dire ce que tu voudras, on sait très bien que tu devrais être le mieux placé pour le savoir. » Elle reprend son souffle, le calme un peu, se laisse tomber sur sa chaise, à nouveau. « Je sais que c’est ma faute. » Elle parle de tout. « Et je sais pas où est Jason. Il devrait être là et je le trouve nulle part. » Elle renifle. Puis se remet à rire doucement. « Vous vous êtes embrassés tous les deux ? J’étais pas folle alors… Je vais vous tuer en arrivant, voilà ce qui va se passer. »
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Gabriel M. Griffin
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Message(#) Sujet: Re: there and back again (tedgabjaz) there and back again (tedgabjaz)  EmptyMar 10 Fév - 14:51

Ce qu'il a bien pu foutre Teddie, pendant son absence, avec Millie, ce qu'il a bien pu lui dire, il se l'est même pas demandé Gabriel. Il est juste revenu bredouille, son misérable paquet de blondes à la main en se disant que ça allait régler tous les problèmes, en se demandant simplement ce qui allait leur arriver une fois là bas. Quoi, c'était une question sincère. Il voulait pas remettre les pieds dans les emmerdes lui, pour une fois il l'a pas cherché, pour de vrai, il faut le croire. Il voulait juste changer de sujet, passer un coup sur leurs problèmes comme si ça allait tout régler, comme si ils pouvaient oublier juste comme ça. Il a jamais su faire face au problème de front, Gabriel. Mais là, vraiment. Tout allait bien, tout allait mieux. Et puis, tout part en vrille. Il comprend plus. Rien. Du tout. Teddie qui profère des excuses à n'en plus finir, et le pompon, le feu d'artifice final, des larmes de crocodiles qui se mettent à tomber du ciel -ah non, ce n'est que Millie, qui... pleure.

Un truc a du se passer. Et juré promis, c'est pas sa faute à lui.

C'est limite s'il en oublie pas de fumer, le regard échoué quelque part entre ses deux pieds, fixant une faille dans le parquet du pont. C'est drôle comme ce détail le passionne, soudain, alors qu'il se perd dans les sonorités familières de sa voix à lui. Il ne s'était pas attendu à ce que Teddie leur reparle de sitôt. Il s'était encore moins attendu à ce qu'il soit désolé, à ce qu'il le formule à voix haute devant eux deux. Il voudrait le secouer un peu, Gabriel, lui rappeler que la dernière personne responsable de toutes ces conneries, c'est bien lui. Que eux, eux les deux silencieux, ne sont que des crétins apeurés, trop intimidés (ou trop stupides) pour oser s'aventurer sur ce chemin : des excuses. La bête noire de Millie, sa bête noire à lui. C'est à cause de leur absence que tout ça a dégénéré, ça aurait pu être réglé très vite s'ils avaient été capables de simplement communiquer. Mais non. Il faut encore que ce soit Teddie qui se paye le sale boulot, qui dise « désolé » à leur place. Il en sait rien Gabriel, que Millie a essayé de recoller les morceaux de son côté, mais lui il a rien fait, rien de rien. Il serait encore temps de le couper, de continuer à sa suite, de dire que oui, oui il est désolé, qu'il regrette, qu'il voudrait faire machine arrière et puis tout effacer, et puis ne pas être celui qu'il est tant qu'à faire. Que c'est vraiment trop bête, qu'il espère qu'ils pourront oublier tout ce qui s'est passé et repartir d'un bon pied. Tout juste s'il s'imagine ouvrir la bouche pour dire des trucs pareils, alors il la ferme, il continue de regarder le sol en laissant la clope cramer au bout de son filtre sans réagir. C'est ça, il réagit pas. Il réagit jamais Gabriel, pas quand il faudrait qu'il bouge son cul pour améliorer les choses. Par contre, quand il s'agit de tout foutre en l'air, il est toujours au rendez-vous. Désolé de vous avoir embrassés. C'est vrai, c'est parti de là, il se souvient bien maintenant qu'il en reparle. De leur drôle de baiser qui n'en était même pas vraiment un. Il se souvient avoir eu peur qu'un jour Millie l'apprenne, mais maintenant, ce que ça peut bien leur foutre. On en est plus là. On a passé ce cap. Pas vrai ? Il relève la tête, ne peut s'empêcher un vague regard en direction de ses deux « amis », aussi étrange soit leur amitié. Il capte la curieuse immobilité de Millie, qui ne se trahit qu'en tirant si fort sur sa cigarette qu'elle n'a même pas le temps de tomber en cendres, avant de s'étouffer. L'information n'est pas passée inaperçue, non, il lui jette un regard inexpressif, un peu tendu, sans trop savoir s'il doit se cacher ou lui rire au nez. En fin de compte t'avais raison Kinglsey, pas vrai, tu vas pas manquer de nous le rappeler. Fais-toi plaisir. Mais ça n'excuse rien. T'avais quand même pas le droit d'être bête à ce point, t'entends. Et puis qu'est-ce que ça change, hein. Il ne se souvient même plus de quand c'était, ça lui paraît si loin ce soir où il était parti trouver son meilleur ami pour lui parler de... et leur baiser. A peine un -ou deux.

Et puis même à la fin de sa tirade, il est incapable de répondre quoi que ce soit. C'est vrai Teddie, t'as raison de A à Z, t'as toujours eu raison dans le fond. Mais t'étais pas là pour nous le dire parce qu'on a été bêtes au point de te laisser nous haïr et nous éviter. Il relève la tête, il croise son regard, échappe au contact visuel une nouvelle fois en entendant la question qu'il balance comme une tong à la fin de sa petite tirade, un truc pas important dont on se fiche pas mal, finalement. Ou. Est. Jason. Gabriel hausse les épaules, fait mine de n'en avoir rien à faire. Il n'a pas reparlé à Jason depuis un bail, il a tout fait pour rester loin de lui, et pour une fois, il a plutôt bien réussi. Dommage que ça arrive les dernières semaines avant le retour inattendu sur le continent. Il a espéré, oui, le trouver parmi les rescapés. Et puis il s'est souvenu, que même s'il avait été là, il n'aurait eu aucun droit d'être ravi de le compter parmi eux, ni de lui adresser de nouveau la parole pour lui demander cordialement comment il vivait son petit sauvetage. C'était complètement débile. Mais ça faisait surtout très mal. Autant que de se prendre un mur à pleine vitesse. « J'en sais rien, j'ai p... » il commence, sans terminer. « Vous êtes sérieux, tous les deux ? » Craindre le pire, s'enfuir, tous aux abris. Il l'observe, Millie, qui semble avoir repris vie. A son expression, ça pue l'hystérie à plein nez. Il revoit brièvement la furie qui a tenté de le réduire en miette en lui rendant visite la dernière fois. Coup de pied dans la chaise longue, qui envoie valser le siège un peu plus loin alors qu'elle se lève (on dirait un diable jaillissant de sa boite). Elle l'agresse carrément, maintenant, Teddie, elle le noie de reproches, jette presque ses excuses par dessus bord comme si elle n'en avait rien à faire, comme si ça l'avait mise en colère. Bien sûr que tu peux pas tout comprendre, Gabriel. C'est lui, et elle, pas toi. Pas ici. De toute façon ton tour viendra. « Et toi ! » Deux minuscules mots, qui le frappent de plein fouet avec la force d'une gifle. Pour un peu il aurait reculé. « Toi avec tes grands airs et tes cigarettes empruntées au capitaine, et tes cheveux blond toujours aussi bien coiffés après deux ans sur cette saleté d’îlot de misère, t’as pas peur d’être tout seul à l’arrivée, peut-être ? C’est vrai Gabriel, m*rde, où est-ce qu’il est, Jason ? Parce que t’auras beau dire ce que tu voudras, on sait très bien que tu devrais être le mieux placé pour le savoir. »  Millie, on avait fait une trêve. Si on pouvait juste la garder encore un peu. Son rire l'effraie un peu, on dirait une folle. Il voudrait lui répondre que non, non ça ne lui fait pas peur de ne retrouver personne à l'arrivée, qu'il sait que de toute façon, ça n'arrivera pas. Il sait bien lui, que son propre père ne peut avoir bougé de New York, qui sera probablement à la même place que le jour où il a du partir pour Tokyo. Il sait bien que ses anciens amis, au moins une partie, seront toujours là, parce que comme lui, leur vie ne se résume qu'à ça : leur petit quotidien confortable et stable dans la grande ville. Celle-ci, et pas une autre. Il pourrait lui dire encore bien des choses, lui prouver par A plus B qu'en plus de tout ça, il se fiche pas mal d'être tout seul tant qu'il n'est plus sur l'île, mais sa dernière remarque lui fait oublier cette partie. Ne demeure dans son esprit que l'accusation de Millie, tellement culottée qu'elle lui fait monter le rouge aux joues. Elle se fout de sa gu*ule, clairement. « Je serais peut-être le mieux placé pour le savoir si t'avais pas été fourrer ton nez dans ce qui te regardait pas ! J'en reviens pas que t'oses me demander ça, à moi, alors que si je suis incapable de te dire dans quel p*tain d'endroit il est, c'est bien à cause de toi. » Il s'est penché en avant, comme s'il allait se relever, mais la tentation serait trop forte de recommencer comme l'autre fois. Il se radosse calmement à la rambarde, essaye de retrouver son calme. p*tain, mais tout allait si bien, on allait vers du mieux, t'as encore tout pété. Elle se rassoit, elle renifle d'un air pathétique, et finit pas leur dire ce qu'il s'attendait à ce qu'elle dise, quelque chose dans le genre je vous l'avais bien dit, bah ouais, super, tu veux une médaille ? « J'compte pas me battre de nouveau avec toi Millie, mais s'il te plaît, ferme là. Parce que oui, c'est de ta faute, c'est entièrement de ta faute même. Il me semblait que t'étais sa meilleure amie, alors pourquoi t'es pas avec lui bordel ? Ce serait plutôt à toi de répondre à la question. » Il lui reproche presque de ne pas l'avoir amené par la main avec eux pour s'assurer de sa présence, là, elle a juste le don de le faire sortir de ses gonds. Sérieusement, personne sur terre ne l'énerve plus qu'elle, et peut-être bien que c'est pour ça qu'il commence aussi à bien l'aimer. On pourrait presque dire qu'il la comprend. Millie, elle a peur de perdre, de se faire oublier et de perdre les pédales. « Et on en a rien à foutre qu'on se soit embrassé, regarde un peu où on est, qu'est-ce que ça va changer ? Qu'est-ce que t'aurais fait si tu l'avais su ? C'était rien du tout ! » Hein Teddie, c'était rien, on en a déjà parlé, on se l'est déjà dit que c'était rien, fallait qu'on se le dise pour aller mieux même si dans le fond, on savait pas vraiment si on le pensait à ce moment là. « Pas vrai ? » Gabriel cherche son approbation, mais ça compte pas vraiment. Cette histoire ne compte plus vraiment. « Tout ce qui va se passer en arrivant, c'est que vous allez enfin ouvrir les yeux, et que toi -il point son doigt sur Millie- tu vas arrêter de me les briser avec ta jalousie à deux balles ! Et vous allez vous réveiller, une bonne fois pour toutes, et vous parler comme des gens normaux, au lieu d'inventer des stratégies de m*rde pour vous faire entendre par des moyens détournés que vous avez des choses à vous dire. » Là, il parle pour elle, pas pour Teddie, ils comprendront. Ils comprendront aussi qu'après ça, Gabriel aura parlé pour l'année entière. Voir même pour toute la vie. Gabriel a bien été capable d'avoir une conversation sensée avec Jason, alors pourquoi pas eux, il serait largement temps de s'ouvrir un peu, et de grandir. Ce qui paraît insensé, finalement, c'est que ce soit à lui de le leur dire. Il sait pas que Teddie a déjà fait le premier pas, qu'il en a déjà un peu fait. Que c'est déjà beaucoup, en soit, pour un début. « Teddie, je suis désolé, désolé désolé désolé. Je le dirai jamais assez, et ça suffira pas pour effacer ce qu'on a fait, mais voilà. » Comme si ça suffisait, il n'y aura jamais assez d'excuses mais Teddie comprendra l'effort, l'intention primaire, il espère. Il attrape le paquet de blonde, tire une troisième clope, et il l'allume d'un geste brusque. Sa colère commence à retomber, à s'essouffler. Alors il reprend, d'une voix plus calme, plus posée. « Alors non je ne sais pas où est Jason, et à mon avis il est resté là bas. Donc si on pouvait arrêter de parler de lui, voir même de parler tout court, ce serait génial. Vous m'avez gâché ma traversée. »
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Message(#) Sujet: Re: there and back again (tedgabjaz) there and back again (tedgabjaz)  EmptyLun 16 Fév - 21:46

    Peut-être que Teddie avait senti l’orage arriver. Le silence, le calme presque assourdissant, annonce toujours la plus effroyable des tempêtes, la plus diluvienne des pluies, le plus glacial des coups de tonnerre. Peut-être qu’il l’avait prévu, oui, mais il n’aurait su le dire. Ses pensées ne formaient plus qu’un brouillard gris, lourd, et à travers duquel il ne pouvait plus rien distinguer. Il ne disait plus un mot, il ne regardait plus personne, plus rien. Il ne pensait rien non plus, il se contentait de rester dans le vague, dans une sorte d’état liturgique, bourdonnant. Ses doigts trituraient sans soin le paquet de cigarettes ramené par Gabriel alors qu’il tentait encore de comprendre à quoi tout ça pouvait bien rimer. Pourquoi avait-il ce besoin profond de dire les choses, maintenant que c’était trop tard ? Ça n’avait jamais été son genre de parler – enfin, de parler vraiment – : Teddie avait seulement eu l’habitude d’être là pour combler les blancs, les silences gênés, les secrets tus et puis les inavouables. Il avait toujours parlé d’autre chose que de la chose en elle-même, quelle qu’elle soit, pour éviter la gravité de ce dont il aurait réellement fallu parler. Il avait toujours ouvert la bouche pour éviter que quelqu’un d’autre le fasse avant lui et dise n’importe quoi, quelque chose de dangereux, quelque chose de trop lourd, de difficile à entendre, qu’en sait-il. A force, c’était devenu sa seule raison de communiquer et il n’avait jamais éprouvé le besoin de se confier, de dévoiler ses secrets, de parler de lui, de ce qu’il était vraiment, de ce qu’il pensait, voulait et ressentait vraiment. Mais là, c’était différent. Dans trois heures, ils seraient arrivés à New-York. Teddie imaginait sans peine ce que ça serait : la cohue de journalistes, les caméras, les micros, les bruits et puis tous ces gens du passé et des larmes, de joie, de tristesse, de perte, et encore des éclats de voix, des sourires, des étreintes, des regards éteints qui se rallument, un peu d’espoir qui revient et beaucoup d’amertume. Tout ça l’angoissait terriblement parce qu’il savait, lui, et lui seul, il savait qu’il les perdrait pour toujours. Il savait que Millie et Gabriel étaient quelqu’un pour quelqu’un là-bas aussi ; il savait qu’ils partiraient dorloter leurs souvenirs perdus depuis deux ans ; qu’ils s’engouffreraient à nouveau dans les méandres de leur vie d’antan ; qu’ils oublieraient l’île, au moins un peu ; qu’ils changeraient, qu’ils redeviendraient les Mille et Gabriel d’avant, d’avant lui. Peut-être, d’ailleurs, qu’il était si terrifié à l’idée, aussi, de redevenir le Teddie d’avant eux. Il avait oublié ce que c’était, d’être seul, parce que même s’ils n’avaient jamais véritablement parlé du passé entre eux, c’était comme si, quand même, parce que Millie et Gaby, au fond, savaient tout de lui sans qu’il n’ait rien dit. C’était ses amis et ça ne le serait bientôt plus.

    Alors il était temps de parler, de dire les choses, même si c’était grave, même si ça mettait Millie en colère et que ça la faisait pleurer, même si ça lui ferait mal aussi, d’entendre des mots comme ceux-là, même si ça allait être dur, d’assumer, de les regarder en face et de dire la vérité, pour une fois. Il était temps parce que c’était la toute dernière fois qu’il se retrouvait face à eux, qu’on lui donnait une chance d’essayer. Et puis, il n’y avait plus rien à perdre, à part eux, à part les deux silhouettes qui s’agitaient à côté de lui, mais il les perdrait de toute façon : ça avait déjà commencé sur l’île et ça finirait bientôt. Dans trois heures, exactement. Alors autant tout dire, Teddie, même ce qu’il faudrait taire, même ce qui ne sert à rien. Dis tout ce que t’as besoin de dire, tout ce que t’as jamais dit, tout ce que tu veux qu’ils sachent, avant que la bulle éclate à l’arrivée, avant qu’ils ne remontent à la surface de l’eau après deux ans d’apnée. Parle encore, tu t’en fous s’ils gueulent, de toute façon c’est de leur faute, ils pourront pas t’en vouloir, pas te blâmer pour ça. Allez, il en faut au moins un qui se décide à être honnête et même si c’est pas ton genre, même si t’es toujours celui qu’on n’a pas envie d’entendre ou qui n’a rien à dire, il faut que tu parles encore, parce que t’as pas fini et pour une fois que tu veux en venir quelque part, pour une fois que ça va te servir à quelque chose d’ouvrir la bouche, fuis pas encore derrière des blagues ou des mensonges, parle, et après tu pourras partir.

    Teddie ne réagit à rien alors tandis qu’il attend son tour. Il écoute Millie sans réellement l’entendre, il écoute ses cris, ses pleurs, ses rires, sa voix cassante, et ses mots, malheureusement, s’emparent de lui si fort qu’il est obligé de relever les yeux vers elle, avec une incrédulité sincère dans les yeux même. Il le fait inconsciemment, un peu follement aussi parce que c’est vrai qu’il pourrait la craindre, en ce moment, Millie, mais il la connaît trop bien pour ça et puis qu’est-ce qu’elle ferait, hein ? Qu’est-ce qu’elle répondrait encore ? Elle n’a rien à dire, de toute façon, elle non plus. Elle crie beaucoup mais c’est parce qu’elle s’en veut, qu’elle comprend pas, qu’elle sait pas quoi faire d’autre. Seulement, non, elle a pas le droit de parler comme ça, elle a pas le droit d’être de si terrible mauvaise foi alors que ses excuses, à Teddie, c’était même pas de vraies excuses, c’était juste… C’était juste parce qu’il avait eu besoin d’en entendre, des pardon, alors il l’avait dit et voilà, c’était fait. Il s’était excusé pour lui-même mais n’avait pardonné personne, ni lui ni les deux autres et s’ils avaient cru le contraire, alors... Alors, c’est qu’ils le connaissaient mal, parce qu’il ne pouvait rien pardonner : sa fierté personnelle, son amour propre et toutes ces choses stupides l’empêcheraient toujours de comprendre les autres et de pardonner, d’oublier le tort qu’on avait osé lui faire. Il aimait toujours Millie, il aimait toujours Gabriel, mais c’est à croire qu’il s’aimerait toujours davantage parce qu’il était comme ça, parce que personne n’avait vraiment le droit de le toucher là où il ne fallait pourtant jamais mettre la main.

    Alors oui, ça fulminait en lui, ça faisait mal, ça brûlait fort, mais il se taisait encore parce que Gabriel, évidemment, c’était prévisible, avait réagi au quart de tour, surtout quand elle avait parlé de Jason. Ah, Jason, c’était toujours aussi difficile d’en parler, pas vrai, Gaby ? Il secoua mollement la tête pour lui-même en y pensant et aurait pu en rire si vraiment leurs voix à tous les deux ne l’agaçaient pas à ce point. C’était douloureux, en réalité, douloureux d’entendre tout ça, d’un seul coup, d’entendre tous ces mots qui venaient le frapper au visage comme ça, sans prévenir. D’abord Millie, dont l’hypocrisie l’avait vraiment mis en colère ; et puis Gabriel et son grand final, ses reproches à la brune que Teddie ne prenait pas en compte, – il ne souhaitait défendre ni l’un ni l’autre, après tout c’était leurs problèmes et puis, très égoïstement, il préférait de loin les voir s’entretuer verbalement que flirter sans discrétion aucune -, ses rappels discrets à ce fameux soir qu’il semblait vouloir oublier autant que lui ; et puis les reproches qui lui étaient adressés à lui, directement, ou en tous cas que Teddie prit pour lui bien que Gaby disait vous pour, en réalité, dire un tu qui visait toujours Millie. Il aurait pu répondre du tac au tac s’il avait été malpoli, - ce qu’il était, en général -, mais il préférait se taire encore et parler après, sans hausser le ton, sans s’énerver, parce qu’il n’avait pas envie de s’énerver, de perdre pied, de rentrer à son tour dans la ronde des reproches et des non-dits. Il voulait seulement parler, lui, alors il attendait que les autres aient fini de s’insulter pour le faire.

    Il ne regardait plus Millie, ça lui faisait mal aussi, de la voir. Il ne regardait pas Gabriel non plus, il ne regardait rien, à nouveau. Il avait simplement échangé un regard avec lui quand il avait parlé d’eux, de cette soirée, de ce baiser qui n’en était pas un mais qu’ils ne pouvaient appeler autrement, de ce ça que Teddie avait lancé dans l’air quelques minutes plus tôt, sans trop y faire attention. « Pas vrai ? », avait demandé Gaby. Teddie avait relevé les yeux une nouvelle fois et sans doute que Gabriel aurait préféré qu’il ne le fasse pas, qu’il ne fasse rien, voilà, qu’il continue à ne rien faire encore un peu plus longtemps. Mais trop tard, Teddie avait voulu le regarder. Ça n’avait duré qu’une seconde parce que le discours de Gaby avait rapidement repris. Mais il avait eu le temps de lui dire, rien qu’avec les yeux parce qu’il n’aurait pas pu le prononcer, de lui dire quelque chose qui, sans doute, à l’oral, aurait ressemblé à : « me demande pas de mentir encore, j’ai plus envie, j’en sais rien au fond, j’suis fatigué ». Dans un haussement d’épaules, il avait aussitôt rebaissé les yeux et Gabriel, alors, avait repris mais déjà, Teddie ne l’écoutait plus. C’était vrai, il n’avait plus envie de mentir. Il l’avait fait, en assurant à ce qui était encore son meilleur ami qu’effectivement, ce n’était rien, rien du tout. Il n’aurait pas du paraître si sûr de lui alors qu’au fond, il n’avait jamais su si vraiment, ce n’était rien, et il ne le saurait probablement jamais. Gabriel pouvait savoir ça aussi, maintenant, puisque ça n’avait plus d’importance.

    « Teddie, je suis désolé, désolé désolé désolé. Je le dirai jamais assez, et ça suffira pas pour effacer ce qu'on a fait, mais voilà. ». Là, Teddie ne put plus s’empêcher de sourire. Ils se fichaient vraiment de lui, tous les deux. Ils avaient chacun un culot monstre, déplacé même. Ils n’allaient pas dans le même sens, bien sûr : tandis que Millie s’évertuait à lui reprocher mille choses, Gabriel s’excusait enfin. Mais ça restait déplacé dans les deux cas : Teddie valait plus que ça, plus que de vulgaires reproches, infondés en plus, et plus, bien plus que tous les milliers de pardon que Gaby aurait pu prononcer. Il se sentit vexé que ses amis l’aient oublié, mais il en voulait tout de même moins à Gabriel qu’à Millie parce qu’il se rappela à quel point c’était difficile, de s’excuser, pour quelqu’un comme Gaby, et tout de suite alors, les désolé eurent une saveur un peu moins amère, suffisamment moins en tous cas pour que Teddie abandonne l’idée de lui renvoyer ses excuses à la figure.

    Par contre, c’était l’insolence de trop que de prétendre que lui et Millie avaient gâché sa traversée. Qu’est-ce qu’il aurait dû dire, Teddie, alors ? Ils avaient gâché deux ans d’amitié, à ses yeux. De plus que de l’amitié, même. Ils avaient gâché quelque chose de précieux, brisé en mille morceaux ce qu’il s’était évertué à protéger, à sa manière. Mauvaise manière, sans doute, parce qu’au final, il avait tout perdu en essayant de tout garder pour lui. Et Jason, Jason qui devait être là et qui ne l’était pas, bien sûr, ça inquiétait tout le monde, ça. Mais franchement, quelle bande d’égoïstes. Se sont-ils demandé un instant ce que Jason aurait pu foutre au milieu de ce bordel, si seulement il avait été là ? C’est bien fait, au final, que Jason les ait lâchés. Ils l’avaient mérité mais ça, Teddie préféra ne pas le dire, parce qu’il se rendit compte que c’était méchant et un peu trop empreint de jalousie, et qu’il ne voulait être ni méchant, ni jaloux.

    Il attendit une minute ou peut-être deux, juste le temps que le silence reprenne, de droit, son trône. Peut-être, aussi, pour être certain qu’ils aient fini. Il ne laissa pas plus de temps s’écouler cependant parce qu’il savait que Millie ne se taisait jamais bien longtemps, une fois qu’elle avait commencé. Et il ne voulait pas passer son tour, il fallait qu’il parle. C’est pour ça qu’il était venu. Oui, c’était pour ça, qu’il se disait maintenant qu’il était là, avec eux. Pour quoi d’autre sinon ?

    - Vous êtes juste incroyables. Millie, Millie, tu te rends compte de ce que tu dis ? T’oses me faire des reproches, à moi ? Tu me demandes si je croyais pouvoir venir avec mes bêtises comme si de rien n’était, c’est ça, hein ? T’as pas compris que pour une fois justement, c’était important ce que je disais ? Puis, et toi, toi tu croyais que tu pouvais te la couler douce, là, tranquillement installée à côté de mon meilleur ami que tu t’es tapé d’ailleurs, soi-dit en passant, alors que je suis juste à cent mètres de toi.

    Jalousie. Pour l’un, l’autre, les deux mais d’une façon différente, et pour des raisons différentes ? Sa tête lui tourna soudainement.

    - Tu crois que tu peux faire ça, Millie, comme si de rien n’était, comme si ça n’avait pas d’importance ? Comme si c’était normal ? Ouvre les yeux, m*rde : ça n’a plus d’importance parce que ça n’en a jamais eu pour toi.

    Il ne la regardait toujours pas. Il triturait toujours le paquet de cigarette entre ses doigts. Sa voix restait calme, presque douce en fait, en parfait désaccord avec les mots qu’elle était pourtant en train de prononcer.

    - Pour quoi j’me suis excusé, p*tain, Millie ? Pour quoi ? Pour être là, avec toi, vous, encore, alors qu’y en a aucun des deux qui l’mérite ? Pour t’aimer, toi, vous, trop, mal, pour pas avoir su le dire ? Et toi, toi alors ? Tu crois que t’es douée pour parler, peut-être ? Tu crois que t’es douée pour aimer les gens ? C’est toi qui as tout foutu en l’air, je te rappelle, et t’avais cru qu’un « pardon », ça suffirait ? Ca suffit pas, Millie, ça suffira jamais, rien ne suffira jamais.

    Elle le savait, ça aussi. Elle l’avait dit elle-même, sans qu’on lui demande quoi que ce soit. « C’est ma faute », qu’elle avait dit. Mais ça non plus, ça lui suffisait pas, à Teddie. Il fallait qu’elle comprenne.

    Puis là, brusquement, il releva les yeux vers elle et la regarda, vraiment.

    - T’as voulu dire quoi par « j’étais pas folle alors » ? Tu vas pas oser me dire que t’as couché avec ce connard – oui parce que bon, malgré tout, Teddie avait toujours la haine contre Gabriel, et puis, jalousie, encore ? Mais vers qui ? Bonjour la migraine... – parce que tu pensais qu’il y avait quelque chose entre lui et moi ?

    Teddie n’avait pas l’esprit aussi tordu que Millie, et heureusement, mais lorsqu’elle avait finalement prononcé ces mots, ça avait été la seule chose qu’il avait bien pu comprendre entre les lignes. Depuis l’instant où il avait su ce qui était arrivé entre elle et Gabriel, il avait cherché à comprendre pourquoi, à connaître la raison de tout ça parce que, clairement, ça rimait à rien, mais aucun de ses deux amis n’avaient pris le temps de lui en parler.

    Ça ne lui semblait pas si clair que ça cependant : pourquoi Millie aurait-elle pensé comme ça ? Et en quoi aurait-il pu être la cause et le point de départ de ce qu’elle avait fait, choisi de faire alors, avec Gaby ? Non, non, il ne comprenait toujours pas. Ca ne pouvait pas être ça, mais il demandait quand même, il demandait pour qu’elle dise non, et qu’elle se sente obligée de lui expliquer, enfin, parce que c’était bien beau de dire pardon mais il s’en fichait bien, Teddie. Ce qu’il voulait, c’était des explications, des putains d’explications parce qu’il n’y avait rien compris et que ça avait fini par le rendre dingue, ce beau bordel.

    - Millie, me dis pas que c’est un truc aussi foireux que ça parce que p*tain, j’y croirais pas. T’es pas, t’es pas aussi c*nne quand même, pas vrai ? Je sais pas, t’as couché avec lui parce que t’en avais envie et c’est tout ?

    Il marqua une pause. Se rendit compte que c’était exactement la même raison qu’il avait donnée à Gabriel quand ce dernier avait voulu comprendre le baiser. Se rendit compte, alors, surtout, que c’était une raison complètement absurde, qu’il y avait toujours plus que ça.

    - Non, ça peut pas être ça non plus. Dans tous les cas, m*rde, t’as couché avec lui, t’as sûrement pas oublié ça ? Alors clairement, t’as même plus intérêt à me reprocher de l’avoir embrassé parce que, oui, je l’ai fait, mais j’avais des raisons de le faire – se rassurer, toujours se rassurer – et puis m*rde, j’ai aucune raison de me justifier devant toi. Tu te justifies, toi, peut-être ? m*rde, p*tain, vous me faites ch*er tous les deux.

    C’est vrai, il n'avait pas voulu s’énerver, et il avait tout fait pour mais sa voix avait finalement changé malgré lui. Il ne supportait pas de ne pas comprendre et Millie ne répondait pas assez vite à son goût. C’était stupide de sa part de s’impatienter parce que si elle ne répondait pas encore, c’est simplement qu’il ne lui en laissait pas l’occasion. Il ne voulait plus s’arrêter de parler, il voulait occuper le temps jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour qu’elle réponde parce qu’il craignait ce qu’elle pouvait dire autant qu’il craignait qu’elle ne dise rien. Alors finalement, épuisé de lui-même, il se laissa aller contre le dossier de la chaise qu’il occupait et passa sa main sur son front dans un geste plutôt agacé.

    - p*tain, ouais, j’aurais aussi aimé que Jason soit là, au moins les conversations auraient été vite faites. Pas vrai ?

    Là, c’était clairement Gabriel qu’il agressait, et il lui fit comprendre par un regard. Pas vrai, Gabriel, que quand Jason est là, y’en a que pour lui ? Ah voilà, c’est bien, on y arrive. Pas vrai que t’avais peur, Teddie, peur de le perdre, de le laisser partir ? Oh, bien sûr que c’est stupide, Gabriel est idiot mais pas à ce point : il n’aurait pas quitté un ami pour Jason, simplement parce qu’il n’aurait jamais eu à faire de choix entre lui et toi. Parce que Jason et toi, vous ne remplissez pas vraiment la même fonction, tu le sais ça ? T’as pas envie d’être à la place de Jason ? Non, bien sûr que non, ça t’en es encore certain. C’est déjà bien. Alors pourquoi, pourquoi t’as eu peur, pourquoi t’as été jaloux ? Tu sais, les gens, ils peuvent pas t’appartenir. Il faut que t’arrêtes ça, Teddie, il faut que t’arrêtes d’essayer de les emprisonner parce que t’as constamment peur qu’ils disparaissent. Puis quand bien même, y’a d’autres manières de le faire, tu crois pas ? Tu penses encore qu’il aurait pu comprendre tout ça, le petit Gaby, alors que t’as agi de manière complètement irrationnelle ? T’es pas si différent de Millie, en fait : vous avez tous les deux les mêmes méthodes débiles pour garder les gens auprès d’vous. Puis c’est intelligent de les regarder souffrir en parlant de lui, hein ? C’est ça que tu fais ? C’est ta petite vengeance personnelle ? T’as bien dû deviner que ça devait aussi être la m*rde avec Jason, tu crois que c’est pas un peu trop cruel, ça ? Teddie ?

    Mais Teddie était retourné dans son mutisme vagabond. Il ne regardait plus Millie, il ne regardait plus Gabriel. Il ne regardait plus rien, à nouveau. Il attendait que le verdict tombe. Il retint même son souffle quand, du coin de l’œil, il la vit ouvrir la bouche.
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Millie Kingsley
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Message(#) Sujet: Re: there and back again (tedgabjaz) there and back again (tedgabjaz)  EmptyJeu 19 Fév - 17:45

Tout briser, puis tout reconstruire, pour mieux l’anéantir. Château de cartes incessant. Ça s’arrête quand ? C’est un monde entier qui vogue à sa perte. Comment on annule, comment on efface ? Revenir en arrière, sans laisser des traces. Modifier le passé, pour un présent plus beau. Bout d’aveux fracassés contre la coque d’un bateau. Oublier tout, tirer un trait. Se pardonner, revenir à nous. Taire les hurlements, écraser la haine, abattre les mots qui pèsent fort sur leurs peines. Et sourire à nouveau. Se jeter à l’eau. Cesser d’avoir peur. Sortir de sa cachette. C’est l’heure, Millie, t’es prête. C’est Gabriel qui a pris le relais, dans les cris, dans l’hystérie énervée, la colère déversée, Millie sait qu’elle l’a mérité, elle dit rien, elle l’a cherché donc elle se tait, elle fait bien. Elle écoute, bizarrement, ses larmes séchées par le vent. Gabriel, tu sais, elle est désolée aussi pour Jason. Peut-être que c’est aussi à cause d’elle que ça a jamais marché. Parce que lui aussi, tu le voulais pour toi, parce que lui aussi, elle te l’a enlevé. Les accusations quittent les lèvres de Gabriel à cent à l’heure pour venir s’éclater contre Millie, elle peut pas les éviter. Son cœur qui bat à tout rompre, elle peut même pas l’interrompre, et vaut mieux pas qu’elle essaie. « C'était rien du tout ! Pas vrai ? »

Bien sûr que c’était rien, et elle le sait. Elle le croit, elle s’en persuade en tout cas et puis, elle se le demande même plus à cette heure-ci, c’est dépassé. Elle le sait : c’était rien. Elle le savait déjà tout à l’heure, ça paraissait dérisoire, quand Teddie l’a annoncé comme si de rien n’était. Ça l’a interpellée, confortée dans son idée, mais elle en a certainement pas tiré parti, c’était trop tard, trop gros pour la blesser. Alors, elle souffle, comme ahurie, comme pour elle-même, comme pour le monde entier « Je sais, j’plaisantais, je pensais pas que… » et puis les mots se perdent, quand Gabriel poursuit sans l’écouter. Elle pensait pas qu’il l’engueulerait sur ça. C’est rien, c’est pas grave, c’est du passé. Ça comptait peut-être, par le passé. Au présent, c’est différent. Plus rien ne compte, et rien n’est important. Son discours continue et les mots sont sensés. Déferlement de blabla agacé, vacarme étonnant de responsabilités, bribes de « pardons » envolés. On dirait que Gabriel est le père de deux enfants à problèmes, c’est étrange. On aurait cru que les rôles auraient été échangés, entre lui et Teddie. Et puis, à un moment, il a fini. Conclusion détonante, presque salut au public. Gosse-de-friqués retrouve ses habitudes de east-costien, vacances aux Hamptons, vivre dans un hôtel sur les toits de l’Upper East Side, et maintenant, embarquer sur un paquebot cinq étoiles pour que la croisière s’amuse. Millie est interloquée. Gâcher la traversée, comme s’il avait dû en profiter. Pourtant elle ne relèvera pas ; parce que ce qui compte, c’est ce qu’il a dit avant, et que ce qu’il a dit avant, ça n’était pas si con. C’est vrai, Gaby, que la trêve aurait pu durer un peu plus longtemps. Mais va falloir qu’elle reprenne, j’te jure, si j’ai plus Jason, si j’ai plus Teddie, j’aimerais au moins t’avoir toi. Comme ça, sous le bras, au cas où j’voudrais parler de ces deux ans : je pourrai le faire qu’avec toi.

Silence s’installe, et elle veut presque relayer l’idée : se taire à jamais. Parce qu’à ce moment, qu’est ce qu’elle pourrait dire de plus ; qu’est-ce qu’elle pourrait dire de mieux. Est-ce qu’il faut se justifier, encore ? est-ce qu’il faut s’excuser ? Alors, d’accord, non, Millie se tait, Millie refait le monde par la pensée. Si j’avais compris, elle se dit, si j’avais seulement compris, à ce moment là. Si tu m’avais « je t’aime » plutôt que « je ne joue pas ». Si tu m’avais pas attirée malgré la haine que j’ressentais pour toi, si j’avais pas voulu ce qui s’est passé là-bas. Si j’avais pas été aveuglée, maladive, de jalousie, si j’avais vu en toi le bon que je peux voir aujourd’hui. Si je t’avais pas trahi, toi, le meilleur ami que j’ai eu au monde, si je t’avais pas menti. Si t’avais accepté mes excuses, quand je suis venue te les présenter. Si tu m’avais pas dit que tu me pardonnerais jamais. Et puis, et puis. Si on s’était jamais rencontrés. Ça va aller mieux, au final, parce qu’on n’imagine pas que ça puisse aller plus mal. Elle est fautive de tout, eux sont fautifs un peu. Mais ça, ça elle l’assume, et eux n’assument rien. Parle, et lance tes reproches, accuse-moi du monde qui s’effondre, accuse-moi de tout. Gabriel. Si t’avais pas cédé, si tu m’avais stoppée. Si tu m’avais seulement dit « Millie, arrête de faire la c*nne, et va le retrouver. » Mais dans ta tête, qu’est-ce qui s’est passé ? T’avais Jason amère, t’as voulu ta vengeance, mœurs et raison à la mer, y aura p’t-être pas de conséquences ; au pire, on attendra la sentence.
Et puis quand elle tombe, il reste quoi de nous.

Ouais, Jason est pas foutu d’être là. Pile au moment, pourtant, où elle en aurait eu besoin. Là, elle aurait pu lui dire que c’était elle, que c’était lui aussi un peu, mais surtout elle, et qu’il fallait qu’il l'excuse, parce qu’il l’aurait compris ; aussi sans doute parce qu’il hurlait sur tous les toits que c’était rien, il l’aurait sûrement admis, cette fois. Qu’il avait menti. Que ça le vexait, un peu, mais qu’il pouvait pas lui en vouloir, pas à elle, pas à Millie. Il lui aurait prouvé, à ce moment, qu’il tenait plus à elle que l’autre zigoto qui ne les regarde déjà plus. Qu’il tenait plus à elle qui ne tenait aux autres, aussi. Mais il n’est pas là, et Gabriel veut que ça aussi, ce soit sa faute. Mais ça, elle ne prend pas. Il a disparu, il s’est volatilisé. Une seconde, il est là, et celle d’après… Qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce qu’il est ailleurs, est-ce qu’il l’a raté ? C’est pour lui, qu’elle est là, peut-être pour elle que lui ne l’est pas ? Peut-être qu’il est au bar, qu’il sirote sa victoire. Peut-être qu’il les voit, qu’il ne veut pas s’y mêler, qu’il veut en rester loin ? Peut-être qu’on le reverra. Peut-être pas. Mais ce n’est pas sa faute, à Millie, dans tous les cas. Elle l’a attendu. Elle l’a cherché partout. Et s’il est resté sur l’île, on retournera le chercher ; on peut, maintenant, pas vrai ? On sait où c’est. Oui, des erreurs ont été faites. Oui, certaines ont été pardonnées. Oui, les plus grosses pèsent encore, et on ne peut pas simplement les gommer. Je suis loin d’être parfaite, vous êtes loin d’être parfaits, c’est sûrement pour ça, qu’on est loin d’être ensemble. Elle en tremble. De ce silence de sourd qui la calme, qui la prend, revolver sur la tempe, presse la détente, attends. C’est Teddie qui tient l’arme, Teddie qui va tirer. Teddie, finalement, qui se décide à rompre le traîté, obligé de parler ; et tant pis, Gabriel, si ça gâche davantage, ta jolie traversée.

Elle reprend son écoute, sans poser un seul regard sur ses lèvres qui se meuvent au ralenti. Tu te rends compte… Tu oses… Tu crois que tu peux faire ça… Qu’il lui dit. Le sermon l’atteint davantage que celui de Gabriel, parce que c’est Teddie, mais pas autant que ce qu’il devrait, parce qu’elle est presque immunisée. Y a rien que tu puisses dire qui me refera craquer. Tu m’as tellement manquée, tellement haïe, tellement aimée. Tu peux tout dire, je peux tout encaisser. Teddie l’enfant parfait. Il est là pour la réprimande, il est là pour remontrance ; où est-ce qu’il était, quand elle était seule, qu’elle avait besoin de sa présence. Dans sa tente, à faire la tête, à ne vouloir voir personne, à refuser le dialogue, à fuir la communication. Où est-ce que t’étais Teddie ? Pas là, parti. Et ça, tu crois que je vais te le reprocher, quand ça va être à moi de parler ? Non. Je vais plus rien te reprocher, je peux plus. Je devrais, pourtant, parce que t’es chiant. Tu parles trop calmement, comme si tu avais tout prévu. Comme si déjà, tu m’aimais plus. Et tu m’accuses, encore une fois, de ne pas être amoureuse de toi. Tu feins de savoir l’importance que ça a, pour moi. T’en sais rien. Parce que je te l’ai jamais dit, ou que t’as jamais voulu l’entendre, le comprendre. T’étais tout pour moi, c’est de la pacotille, pour toi ? T’entends que ce qui t’arranges, t’es aussi foireux que moi.

- T’as voulu dire quoi par « j’étais pas folle alors » ?
Enfin. Enfin on en arrive là où tout se resserre, et où tout se complique. C’est vrai. Ils auraient pu continuer à tout mettre sur elle, mais Millie est là, depuis tout à l’heure, elle voit tout, entend tout, observe tout, capte tout. Et oui. Elle a fait ça parce qu’elle croyait qu’il y avait quelque chose entre Teddie et Gabriel ; pardon, parce qu’elle savait. Et qu’il n’aille pas jurer le contraire, ce petit imbécile, quand elle a parfaitement vu son regard, perçu son silence, à la demande de Gabriel. « Pas vrai ? » qu’il lui avait dit. Comme s’il avait besoin d’être sûr, et Teddie avait tout infirmé, sans même parler, sans même bouger le petit doigt. Et Teddie s’offusque, s’insurge ; Teddie l’ahuri, Teddie l’abasourdi. Tu crois qu’elle a fait ça pourquoi, Millie ? Et arrête de lui en parler comme si elle n’avait pas le droit : elle l’a eu, elle l’a pris. Fin de l’histoire. C’était bête et méchant, comme eux à cet instant. Millie vacille, Millie flanche, elle a envie d’exploser. Contre lui, contre l’autre, contre l’absent, contre elle-même, contre ceux qui les ramènent, contre ceux qui sont restés, contre ceux qui les attendent, contre ceux. Elle a envie qu’il se taise, qu’ils se taisent tous les deux, qu’ils arrêtent de parler, qu’il la laisse s’expliquer. C’est ce qu’il demande, non ? Une justification.

Sans qu’elle ne l’ait remarqué, des larmes acides sont montées à ses yeux, comme on remplit une piscine ; et elles ne coulent pas. Elles sont là, lui brouillent la vue, et c’est tant mieux, elle ne veut plus rien voir. Elle ne clignera pas des yeux, il ne faut plus pleurer. Elle a beaucoup encaissé, aujourd’hui. Certaines critiques, plus dures que d’autres, résonnent encore dans son esprit au rythme des battements irréguliers de son palpitant ; preuve qu’il n’est pas de pierre, en passant. Et puis, alors, quand le temps lui est venu de répondre, elle ne sait plus par quoi commencer. Peut-être que tout ce qu’elle veut dire va sortir de travers, peut-être qu’ils auront de nouveau de quoi l’accuser. « C’est pas. » Une peur panique s’empare d’elle : sa voix tremble ; elle ne s’y attendait pas. Millie joue toujours les femmes fortes, jusqu’à ce qu’il redevienne évident qu’elle est trop fragile pour ses frasques puériles. « Je sais pas, je. » Et se perd. Le sol se dérobe sous ses pieds, la précipite dans un vide infini, une tornade qui la gifle à droite, à gauche, partout. « J’voulais. » Elle y arrivera pas. Parce qu’ils ont raison tous les deux, et qu’y a rien d’autre à dire, même s’ils veulent qu’elle en dise plus. Alors, malgré l’effort, malgré la détermination, elle cligne des yeux. Lâche une larme qui dégringole, vient se poser à la commissure de ses lèvres ; là où celles de Teddie étaient, il n’y a pas si longtemps. Elle s’excuse, télépathiquement, de craquer toujours, même quand les autres résistent. S’excuse à elle-même et puis à Teddie aussi, pour la suite, qui risque de ne pas être claire. Mais il faut la dire.
Prends ton souffle, et dis tout d’un coup.

« Je te reproche rien. » Bombe : amorcée. « Je m’en tape que vous vous soyez embrassés, c’est le cadet de mes soucis. » Voix chevrotante, mais tant pis. « On a couché ensemble. On. Pas juste je. » Doucement, pas à pas, tout bas. « J’le trouvais. » Faire gaffe à pas dire de connerie, et puis s’en foutre, parce qu’on n’est plus à ça près. « Beau. » Regretter la connerie, parce qu’on est peut-être à ça près, en fait. Et puis poursuivre « Ouais. Il avait ce truc que j’aurais pu aimer. Mais je l’ai pas aimé. Je l’ai détesté parce qu’il était tellement souvent avec toi. A t’accaparer. C’était comme ça que j’le voyais. Alors ouais, j’ai voulu. Et puis, j’ai plus voulu, mais je l’ai fait quand même. J’ai pensé qu’il viendrait plus t’voir, après ça. Qu’il oserait plus. » Et toujours s’adresser à Teddie. Pour lui montrer qu’il y a que lui, qu’il y a plus que lui, même si y a plus rien de lui. « J’ai foiré mon coup. » Sourire un peu triste, un peu désolé, haussement d’épaule, minuterie : enclenchée. « Et t’as pas le droit de dire que c’était important, ce que t’avais à dire, cette fois. Moi, la dernière fois que je suis venue te voir, quand je me suis excusée. » Elle s’arrête, pour marquer le coup. Oui, Teddie, je me suis excusée. « bah c’était tout aussi important ce que j’avais à dire. Et t’as juste donné l’impression que t’en n’avais rien à faire. » Reconnais tes torts, toi aussi. Je le ferai pas pour toi. Reconnais juste le peu de torts que tu as.

Prendre une grande inspiration, faire attention, à ne pas dire que bêtises, se tourner vers Gabriel. « Je veux plus qu’on se fasse la guerre. Je te déteste pas. Je suis désolée de t’avoir embarqué dans cette idiotie. Fallait pas me dire oui. Alors, pourquoi ? C’était à cause de Jason ? C’est quoi, lui et toi. Vous êtes amoureux, c’est ça ? Pourquoi tu lui as pas dit, si c’est le cas ? » Et à la place, ne dire que des bêtises. Tant pis. 9, 8, 7. L’idiote s’agenouille, pour être à la hauteur de Teddie. « Ce que tu m’as dit tout à l’heure. » Encore trop présents, les papillons dans son ventre, pour qu’elle puisse le répéter ; mais il saura de quoi elle parle. « Le seul garçon qui m’a dit quelque chose d’à peu près similaire, il est parti du jour au lendemain, sans dire au revoir et sans demander ses restes. C’est une excuse de m*rde Teddie, je l’sais. C’est même pas une excuse, d’ailleurs. C’est juste que ça me fait peur. » Elle attrape sa main. Puis celle de Gabriel. Regarde l’un, puis l’autre. Puis l’océan, la distance qu’il leur reste encore à parcourir. 6, 5, 4. « Il reste plus que nous trois. Ce qui va se passer en arrivant ? Je sais pas. Si on va rester ensemble ? Non plus. Mais. Si on est seuls, à l’arrivée… Faites la paix tous les deux. Ça vaut pas le coup. Ce sera plus le temps des rancœurs quand on aura posé le pied sur le bitume. » Millie se rappelle le bitume.

S’étendre sur l’asphalte quand il fait mille degrés en été. Elle veut plus voir la mer, elle veut plus voir le sable. Elle veut voir la ville. Les immeubles. Les voitures. Elle aura jamais cru que ça lui manquerait un jour. Pourtant ça lui manque fort. Plus que tout, mais pas autant que Teddie. Millie lâche la main de Gabriel. Garde la deuxième dans la sienne. Gabriel, m’en veux pas, je te mets de côté, un moment. Bizarrement, c’est elle qui semble la moins en colère des trois ; peut-être parce qu’elle ne se sent plus légitime de gueuler sur les deux zouaves qui à eux seuls forment sa vie, à présent. Elle porte toute son attention, toute sa concentration sur Teddie. Le force presque à la regarder. 3, 2, 1. « Moi aussi. » bombe : explosée. Je sais, j’ai mis du temps, pardon, pour ça également. J’peux pas vraiment dire autre chose, tu comprends, j’arrive pas à le tourner autrement. J’pourrais si j’essayais, je devrais me rappeler qu’entre nous, quand c’est pas clair, on s’y perd. Mais t’as compris, pas vrai Teddie, que t’as compris ? Ce qu’il voulait dire, mon « moi aussi », à quoi il répondait. Tu le sais. Maintenant, tu m’attends plus, c’est moi qui t’attends. Sa main se lève doucement, vient se poser sur sa joue, lui caresse à peine. « Moi aussi » elle répète, presque imperceptiblement.

Quelques minutes plus tard, Millie revient d’une énième excursion pour trouver Jason. En vain. Elle se pose à côté des deux bonhommes. Comme si tout allait mieux, maintenant. Illusion des premiers instants. « J’suis désolée. Pour l’avoir quitté des yeux. » Elle lance à Gabriel. « Je voudrais qu’il soit là, aussi. »

Le calme après la tempête.
Le calme, avant la tempête.
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Gabriel M. Griffin
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Message(#) Sujet: Re: there and back again (tedgabjaz) there and back again (tedgabjaz)  EmptyJeu 2 Avr - 15:37

Pour Gabriel, la tempête est passée. Aussi vite qu'elle est arrivée. La colère s'essouffle, s'estompe avec le flot de paroles assassines qui finit de se déverser de ses lèvres comme de la bile. L'amertume s'efface. Ne reste plus qu'une fine pellicule de regret, de lassitude. C'est bon, j'en ai assez. Assez d'me battre. Assez de te détester Millie, pour ce que tu nous as fait faire tous les deux. Assez de t'en vouloir, Teddie, pour ne pas savoir nous pardonner. Assez de me haïr moi, pour n'pas savoir parler quand il le faut, ni de savoir m'excuser alors que c'est tout ce qu'il faut pour guérir les maux. C'est con les gars. Tout aurait pu si bien se passer. On aurait pu apprécier ce retour à la réalité à trois, peut-être même à quatre, et on aurait pu, pourquoi pas, se retrouver ensemble à l'arrivée et soigner nos cœurs ensemble. Comme un tout. C'est pas arrivé. Ça s'est pas passé comme ça. Mais maintenant ça suffit, ouais. C'est bon. On a assez donné dans la rancœur et les accusations, et puis toutes ces horreurs qu'on se dit, ça mène à rien. Maintenant qu'elles sont dites, il s'en rend (enfin) compte. Teddie rebondit lui aussi. Il l'a jamais vu aussi énervé. Aussi près de crier. Teddie le doux, le calme, celui qui rit pour tout et surtout pour rien, ça lui fait du bien de l'entendre à nouveau, puis il préfère ça plutôt que de devoir faire face à un silence buté. Et puis, ce regard glaçant de doute quand il l'avait apostrophé d'un « pas vrai ? » qui demandait un « oui » criant, un « bien sûr » évident. Pas cette incertitude, cette lassitude. Il voulait quelque chose de clair, de simple. Y'en foutu marre des complications. Des sentiments mélangés. Marre.

Au moment où Teddie se met à s'énerver, pas un petit peu non, pour de bon, Gabriel se promet de ne rien dire. De ne rien répondre. Simplement d'écouter et d'absorber les reproches parce qu'il les a mérités. Il est presque heureux d'entendre le brun évoquer cette soirée au phare, entre Millie et lui. En parler avec des mots on ne peut plus équivoques. Si ça peut te guérir Teddie, vas-y. Sur ça, t'as tous les droits. C'est pas grave. Et nous, on aura rien à redire à ce que tu pourras nous balancer à la tronche. T'as même le droit de me traîter de connard. Ça aussi. Gabriel accuse chaque coup porté avec sérénité. Il attend la rédemption, le pardon qui n'arrivera sûrement jamais. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent tous les trois. Dire tout et n'importe quoi. Il restera toujours des traces, des marques indélébiles. Des cicatrices éternelles qui finiront forcément par s'estomper mais qui ne disparaîtront jamais. Oui, Teddie leur en voudra toujours pour ça. Et ils s'en voudront toujours eux aussi, Millie et lui, pas vrai ?

Des enfants. Voilà ce qu'ils sont tous les trois, là à se gueuler dessus pour laisser éclater tous ces non-dits après des mois de souffrance. Ouais, de souffrance. Exactement. En y repensant, il réalise à quel point c'était dur. A quel point le départ lui a suffi, aussi, pour se dire que tant pis si sa plus belle amitié, si sa plus belle histoire d'... devaient se finir de cette façon puisque de toute façon : il rentrait à la maison. Gabriel n'a même pas essayé d'arranger les choses. Il n'a pas tenté de réparer les pots cassés. Il a juste poussé les débris du bout du pied pour les dissimuler à sa conscience. Tu parles d'une conscience. Les deux autres ont l'air d'avoir autant de mal que lui à faire face à la leur. Sans parler de leurs sentiments. Et Gabriel qui s'est permis de leur faire la leçon, vous imaginez. C'est quasi inadmissible qu'il se soit permis de leur dire des trucs pareils. Il saurait pas dire si c'est à cause de lui que les reproches se mettent à voler dans tous les sens autour de lui, parsemés de petits éclats de vérité tant attendue. Il était temps qu'elle soit révélée, les gars. Il était grand temps. Un peu plus et on aurait franchi le point de non retour. Alors Gabriel, il se sent presque mieux, presque bien, à les entendre se hurler dessus, à les voir pleurer, à les entendre dire des horreurs. Vraiment, je suis heureux que vous le fassiez. Crever l'abcès pour mieux le guérir. « On a couché ensemble. On. Pas juste je. » T'as raison Millie. C'est vrai. C'était pas juste toi. C'était un peu moi aussi. Un peu nous trois, à différents degrés. On se l'est déjà assez dit, assez ruminé. On a retourné mille fois le problème dans nos têtes, j'voudrais qu'on arrête aussi de parler de ça, vous voulez pas ? De ça, de Jason, de cette p*tain d'île. J'en ai ma claque de ces deux dernières années. Je me sens vidé. Crevé. A plat. Gabriel ne compte plus décrocher un mot. Il n'y a plus rien à dire, de toute façon, pour l'instant. Dans l'absolu, ce n'est pas vrai, il y en aurait encore des choses à dire. Il le sait, Gabriel. Et pas qu'un peu. Seulement, pour l'instant, c'est bien suffisant. Ça fait déjà beaucoup à digérer il pense. On a qu'à garder le reste pour plus tard, quand on se reverra, là bas à New York, parce qu'on se reverra, moi je ne vois que ça. Qu'un avenir avec vous, qu'on se soit pardonné ou pas. Après tout, Gabriel ne pense pas savoir faire autrement maintenant. Autrement que sans eux. Même sans Millie, c'est bête.
« P*tain, ouais, j’aurais aussi aimé que Jason soit là, au moins les conversations auraient été vite faites. Pas vrai ? » Gabriel lève les yeux. Un peu étonné, surtout blessé. Ok. C'est bien mérité. Il préfère pas répondre. Se contente de lui lancer un regard blasé. Teddie, tu dis que t'avais des raisons de m'embrasser. En y repensant, moi je les vois pas les raisons. Il y a pensé des milliers de fois à ce baiser. Il a jamais trop compris, il a préféré faire comme si ça n'avait pas d'importance dans le fond. Parce que ça n'en a pas. Il a jamais cherché à avoir des explications. Il a juste essayer de rétablir leur amitié comme elle était. En écrasant toutes ses chances au passage en révélant sa bourde avec Millie. Alors ok, t'as le droit d'être mauvais. Mais t'as pas le droit de m'attaquer de ce côté là, c'est pas juste. Soupir. Il hausse les épaules, fataliste, défaitiste. Il voudrait bien que le silence dure encore un peu. Il voudrait bien que Millie n'ait rien à dire non plus... trop tard. Millie parle doucement, avance par petits pas. S'adresse à lui ; il aurait préféré qu'elle ne le fasse pas. « Je veux plus qu’on se fasse la guerre. Je te déteste pas. Je suis désolée de t’avoir embarqué dans cette idiotie. Fallait pas me dire oui. Alors, pourquoi ? C’était à cause de Jason ? C’est quoi, lui et toi. Vous êtes amoureux, c’est ça ? Pourquoi tu lui as pas dit, si c’est le cas ? » Les sourcils se froncent, Gabriel préfère regarder ailleurs. Fuir la question. C'est trop difficile d'y répondre. Il saurait pas quoi lui dire à Millie. Tout juste s'il le sait lui-même. Il jette quand même un regard à teddie, parce que, toi, tu sais. Tu comprends. T'avais déjà compris avant moi, y'a des mois de ça. Et c'était bien le but de tout ce chambardement, me faire comprendre. Un jour je te remercierai vraiment Teddie. Millie enchaîne, de toute façon. Tant mieux. Elle lui dit des mots, des choses qui ne regardent qu'eux deux et qui le font songer à tout ce temps qu'ils ont perdu. Il espère bêtement qu'ils ne se lâcheront pas à l'arrivée. Qu'ils resteront liés. Au moins vous, même si je n'y suis pas. Ce sera déjà ça. Millie leur prend la main à tous les deux. Il se retient d'enlever la sienne ; lui la laisse, ils ont fait une trêve tous les deux, c'est ce qu'ils se sont dit un peu plus tôt. Faut l'honorer, faire des efforts. Il l'écoute vraiment Millie, c'est comme s'il n'entendait plus qu'elle. Ses jolis mots, sa voix apaisante, alors qu'elle lui avait toujours été déplaisante. Les choses changent. Les gens changent. Et moi je prie pour qu'on ne change pas, qu'on reste tous les trois, au moins. Il sait qu'il ne voudra pas les lâcher à l'arrivée. Qu'il voudra les retrouver, même si eux ne le veulent pas. Je vous hanterai jusque dans les rues de New York s'il le faut. « Il reste plus que nous trois. Ce qui va se passer en arrivant ? Je sais pas. Si on va rester ensemble ? Non plus. Mais. Si on est seuls, à l’arrivée… Faites la paix tous les deux. Ça vaut pas le coup. Ce sera plus le temps des rancœurs quand on aura posé le pied sur le bitume. » Le regard s'écrase au sol. J'en sais rien Millie. T'as peut-être raison. On aura sans doute mieux à faire une fois là bas. Peut-être même qu'on aura plus aucune raison de penser à tout ça. Il y a toutes les chances pour que ça arrive, d'ailleurs. Le bitume, vous imaginez. Le bitume, les immeubles, le confort moderne. Les foules pressées des grandes avenues. La musique. La folie des soirées étudiantes. Non. Ce ne sera plus le temps des rancœurs. Alors Gabriel lève les yeux. Crève la distance qui le sépare de Teddie d'un simple regard. Il dit toujours rien. Rien avec sa voix, mais tout avec ses yeux. Elle a raison Teddie. Faudrait qu'on oublie. Qu'on se réconcilie. Qu'on fasse de notre mieux pour retrouver ce qu'on avait avant que tout ça n'arrive. Qu'on redevienne comme avant : deux entités séparées mais complémentaires. Faites pour coller. J'voudrais te le dire avec des mots, tu sais. J'voudrais être capable encore de parler, de l'ouvrir comme elle, d'avoir sa verve et ta justesse. Mais je peux pas. Je veux pas. Je veux plus.

Gabriel s'enfuit en pensée quand Millie le met de côté. Instant de répit qu'il met à profit. Pour ne penser à rien. A tout. Pour regarder les kilomètres d'océan qu'ils avalent. Cette distance qui se creuse entre leur passé et leur futur. Ou entre leur futur et leur passé, commet savoir. Gabriel va revenir à la vie qui lui sied. Il va pouvoir retrouver tout ce qu'il était, tout ce qu'il avait. Sans aucun projet précis, si ce n'est d'oublier un partie de ces deux dernières années, même s'il sait que c'est impossible. Il songe à tout ça. A ce qu'il va se passer quand ils poseront le pied à terre, une fois de plus. Ça l'obsède plus que tout. Tellement qu'il n'a pas vu Millie s'en aller, faire quoi avec qui, il sait pas. Son regard accroche celui du brun en face de lui. Longuement. Et puis... « Je sais pas ce que tu comptes faire à l'arrivée. Je sais pas où tu comptes aller. » Il brise le contact visuel une fraction de seconde, reprend. « Je sais pas non plus ce qu'elle va faire. Mais je crois qu'elle a raison. » Pour une fois. « Je voudrais qu'on fasse la paix. Pas maintenant si tu l'veux pas, je comprendrais. Plus tard, quand on sera là-bas ? Je veux dire, ce serait cool qu'on se perde pas de vue. C'est la dernière chose que je veux. » ça me ferait trop mal. Il lui assure, il lui jure, lui promet de toute la force de son âme qu'il le veut. « Tu disais qu'on aurait plus qu'à assumer nos actes, là-bas... » Teddie ne sait pas à quel point c'est vrai. Gabriel, il partait pour ça, à la base. Pour quitter les émules médiatiques, les problèmes, les ragots. Il s'éloignait des problèmes dont il était l'origine. Un instant, il se demande s'il en a jamais parlé à Teddie. Il lui semble que si, une fois. Il se souvient qu'il n'y avait pas si longtemps, il se sentait libre de lui parler de tout. Ou de se montrer tel qu'il était, aussi. Oui. Il a du lui dire. Qu'une fille est morte, un peu par sa faute. Pas vraiment, mais un peu. De toute façon Gabriel, à chaque fois qu'il y a une emmerde quelque part, t'as forcément un pied dans l'histoire. Alors ouais. Il devra assumer, à son retour. Même si ça fait deux ans. Même si les choses ont changé depuis, même si les tensions se sont apaisées : d'autres se sont crées entre temps. « Y'a pas mal de choses à assumer, de mon côté, ouais. L'histoire avec Millie. Je. J'assume, complètement. J'assume d'avoir été le pire ami de l'univers en faisant ce que j'ai fait. Et je regrette. J'assume simplement pas le fait que tu risques de jamais me pardonner. » S'il te plaît, pardonne-moi. Donne moi ce ticket de retour dans ta bulle privée. Enième soupir. « Millie ferait tout pour toi. Elle en ferait même un peu trop, mais peu importe. Elle tient vraiment à toi. » Autrement dit. Ne la lâche pas. J'ai eu un mal fou avec elle au début, c'est vrai, je l'aimais pas. Elle était pas assez bien pour toi. Maintenant je crois qu'elle est celle qu'il te faut. Et que si tu veux pas me garder, tu devrais au moins essayer avec elle. Les derniers mots ne sortent pas, mais Teddie comprendra, il espère. De toute façon Millie revient déjà. Avec ses derniers mots coups-durs. « J’suis désolée. Pour l’avoir quitté des yeux. Je voudrais qu’il soit là, aussi.  » Alors Gabriel lui prend la main, comme elle l'a fait plus tôt. Serre ses doigts, un tout petit peu. Et puis les relâche. « Je sais. C'est pas grave. »

Gabriel se lève et s'éloigne pour ne plus revenir avant l'arrivée. Il saurait pas dire si c'est un besoin, une envie, une nécessité. De toute façon, il n'a plus rien à leur dire. Tout a été dit. Ce qui n'est pas encore leur cas, à tous les deux.

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Teddie A. Wadge
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Message(#) Sujet: Re: there and back again (tedgabjaz) there and back again (tedgabjaz)  EmptyMar 25 Aoû - 21:56

Le vide. Encore. Dès que Millie ouvrit la bouche, tout devint désespérément vide à l’intérieur de Teddie, aussi vide qu’à l’extérieur qui n’avait, quand la demoiselle se taisait encore, quand ni lui ni Gabriel ne reprenait le flambeau, qui n’avait que ses jolies vagues molles et son vieux vent marin comme seuls habitants. Ce n’était pas à cause d’elle ni même à cause de ce qu’elle disait, non. C’était juste parce qu’il était temps, que ça soit vide. Teddie pensa juste à quel point tout ce cirque était inutile. A quoi bon ? Chacun avait de quoi se plaindre et de quoi se sentir coupable. A chacun aussi ses raisons de haïr l’autre ou de l’aimer, et même de faire les deux à la fois. C’était pénible pour les cœurs, tout ce foin de sentiments mélangés, contrits, toutes ces fanfares de reproches et puis d’excuses, d’excuses et puis de reproches, de reproches encore et puis de silence, et puis quelques insultes qui reprenaient, juste pour la forme, avant de s’éteindre, et puis encore des reproches, et puis finalement, plus rien. Voilà, il était temps, qu’il se disait. Ca faisait combien de temps qu’ils parlaient pour ne rien dire ? Qu’ils dépeignaient leurs vieux fantômes, soulevaient des problèmes qui n’en étaient plus, dévoilaient des secrets qui n’auraient jamais dû en être ? Teddie comprit tout cela, désormais. Sur l’île, sa vie se résumait à ses entrevues avec Gabriel, suivies de celle avec Millie ou inversement. Ils étaient redevenus, par la force des choses, des enfants égoïstes qui pensaient, chacun dans leur coin, avoir la souffrance la plus immonde de tout l’univers. Pourquoi ? Parce qu’il s’était considérablement restreint, leur univers. Quatre petits êtres, en comptant Jason, qui était là sans l’être. Quatre petits êtres, sur un bout de terre en plein milieu d’une eau, rien d’autre.

Qu’auraient-ils pu faire à part s’aimer et se déchirer ? Le premier n’aurait pas suffi non, ce n’était pas assez divertissant, il avait bien sûr fallu trouver des conflits, des comptes à rendre, histoire de retrouver un peu de consistance. C’était stupide. Aujourd’hui, les trois petits êtres, et même peut-être les quatre, il l’espérait – oui, il l’espérait, pour les deux autres et pour cet être numéro quatre lui-même –, étaient sur un bateau qui les ramenait dans le monde réel, où les attendaient des millions d’êtres, que Teddie avait presque oubliés pendant ces années passées sur l’île. Il avait voulu les oublier, il y était arrivé. Il avait pensé que ça serait mieux sans eux, sans rien, mais il avait su se retrouver des passions, des désastres, des doutes et des sentiments. On n’est tranquille nulle part tant qu’on reste avec soi-même. Parce qu’il se souvenait d’avoir dit, un soir, et non plus ce soir-là, à Gabriel que le problème, c’était pas chez les autres, c’était chez lui. Et il savait très bien que la maxime s’appliquait tout autant à sa propre personne, parce que c’était lui son propre problème, c'était pas les autres. Et là, dans l’immédiat, ça n’était même plus un problème. Les baisers échangés ou volés, les tromperies à raison ou à tort, qu’est-ce que ça faisait ? Mal, oui, ça avait fait mal. Mais ils n’avaient plus le temps pour ça. Ils venaient de perdre leurs derniers instants ensemble à en parler, par besoin, par illusion d’en avoir besoin, de croire que ça soulagerait les cœurs et les consciences. Rien n’est soulagé, rien n’est à l’être. Tout doit s’éteindre.

Il fallait pardonner ? Non, même pas. Il fallait effacer, ce n’était plus cette vie-là qu’ils allaient mener. Qu’est-ce que Teddie pensait faire ? Aller voir Gabriel un soir, dans un bar, et de nouveau lui cracher à la figure un truc dans le genre « oui mais tu te souviens, sur l’île, t’as couché avec elle et ça, c’est mal ! ». Non, Teddie, non. On n’aura plus le temps pour ça, faut grandir un peu. Tu peux pas te plaindre de si petites trahisons alors que tu vas de nouveau être enseveli dans cet autre monde de traîtres. Tu peux pas faire ça. Tu sais qu’ils t’aiment alors arrête d’avoir peur. Arrête de vouloir ouvrir la bouche, tu as juste à l’écouter. Elle a le droit de dire ça, Millie, elle a même le droit d’avoir le dernier mot parce qu’elle le dit si bien, on s’en tape, tout ça n’a plus d’importance. Bien sûr que tu as mille choses à rétorquer, et pourquoi faire ? Pour lui montrer que t’en as encore, de la répartie, que c’est toi qui as raison ? Allez, t’as plus cinq ans. C’est pas parce que tu te tais que tu t’avoues vaincu. Et puis, vaincu de quoi d’ailleurs ? Y’a pas de gagnant à ce jeu-là.

Alors, juste, il acquiesça. Il espérait toujours qu’elle ne prenne pas ça pour un « bien sûr, tu as raison » parce qu’il ne pouvait se résoudre à assumer ses torts, quels qu’ils soient. Il voulait juste qu’elle comprenne que lui, il comprenait ce qu’elle disait en ce moment, et que c’était bon, c’était fini, il avait compris. C’était pas grave, tant pis. Il avait déchargé son lot de petites horreurs et ça allait mieux, ça faisait tout creux au fond de lui. Il avait encore des choses à dire, peut-être les plus importantes. Il voulait lui dire que certes ils ne s’étaient pas compris mais qu’au fond, ils avaient les mêmes façons d’essayer de garder les autres auprès d’eux, et puis qu’ils s’aimaient alors c’était l’essentiel, et que si tous ces problèmes leur avaient enfin permis de se le dire, alors que c’était de chouettes problèmes. Mais non, il ne parla plus parce qu’il avait déjà assez parlé et qu’elle le savait, tout ça, Millie. C’était des évidences, qu’ils savaient tous les trois, que Ted voulait dire seulement pour se les entendre dire, mais qui n’auraient pas plus de poids qu’autre chose. Les mots ne valaient plus rien, il fallait juste s’étreindre, se faire des promesses d’amitié éternelle, de soutien solidaire, de lien indestructible, il fallait garder les mains liées en regardant la terre ferme à l’horizon, et puis encore en garder l’empreinte ensuite, quand on sera assaillis à l’arrivée, quand on seras seuls dans nos appartements ou sur un banc dans un parc, pour pas oublier qu’on est pas vraiment seuls, qu'on est encore ensemble en fin de compte.

Quand Millie s’adressa à Gabriel, là-aussi Teddie voulut parler à sa place, lui répondre que oui, il était amoureux, que c’était de là que tout était parti. Teddie, lui, il est pas amoureux, enfin si mais pas de Gabriel, c’est juste qu’il l’aimait beaucoup Gabriel, il avait besoin d’être le seul, et puis y’a eu Jason, et oui, Gabriel est amoureux de Jason. Teddie voulut garder Gabriel, Gabriel a couché avec Millie, Millie voulut garder Teddie, Teddie a perdu Millie et Gabriel, Gabriel est amoureux de Jason, Jason aussi, Jason est pas là. C’était la merde dans toutes les têtes mais ça s’arrangeait maintenant. L’accalmie était forcée, là-bas ça n’aura plus de sens. Il voulait dire encore à Gabriel que c’était bon, qu’il pouvait être amoureux de Jason, que c’était pas grave. Il lui avait déjà dit, il voulait le répéter, différemment cette fois. Dire que c’était pas grave, d’être amoureux d’un garçon, et dire aussi que c’était pas grave, qu’il voulait bien partager maintenant, maintenant qu’il allait devoir le faire avec un million de population. C’était pas grave, tant pis. Mais là non plus, il n’intervint pas. Il soupira et ferma les yeux une seconde. C’était toujours aussi vide. C’était toujours aussi long, ce voyage. Le dernier.

Quand il rouvrit les yeux, ce fut pour les poser sur Millie qui s’était agenouillée devant lui. Elle était toujours magnifique Millie, même dévastée. Elle parlait encore : « Ce que tu m’as dit tout à l’heure »...

« Je t’ai dit que je t’aimais ». Là, il n’eut pas le temps de répéter dans sa tête et puis de se résoudre au silence, il le dit, c’est tout. Parce que ça, ça comptait et qu’il avait déjà tellement tu qu’à présent, il fallait qu’il le répète. Pour que ça soit ailleurs que dans sa tête et dans son cœur, pour que ça soit dans l’air et dans l’eau, pour que ça soit partout, nulle part, ici, là-bas, où on sera bientôt. Pour que ça soit à elle. Alors il avait parlé précipitamment, il l’avait coupée, encore, pour qu’elle s’en rappelle bien, de ce qu’il avait dit, pour lui montrer aussi qu’il avait plus peur de le dire, qu’il allait être clair maintenant. Il avait plus peur parce que ce n’était plus si grave. Il avait plus peur parce qu’il fallait lui dire avant qu’elle parte dans d’autres cœurs, ou que d’autres le lui disent. Il fallait lui dire, sans cesse. Et il aurait aussi aimé lui dire qu’elle non plus, fallait pas qu’elle aie peur. Il partait pas lui, c’était elle qui allait partir. Pas forcément avec un autre, non, partir tout court. Dans toutes ces rues. Et puis parti aussi, ce bout d’elle qui était resté sur l’île, avec un bout de lui, un bout de Gabriel, un bout de tous ceux qui l’avaient quittée, cette île. Tout partait, tout reviendrait peut-être, mais changé.

Il serra sa main avec douceur puis regarda sa main, mais l’autre, avec celle de Gabriel. Il allait pas le toucher, Gabriel. C’était jamais simple de le toucher, il savait plus comment faire Teddie. Alors juste, il fit ce qu’il put et, encore, encore parce que c’était comme ça depuis des mois, depuis qu’ils ne s’adressaient plus rien d’autre que des regards en chien de faïence quand ils se croisaient par hasard, encore il le toucha avec les yeux et, par le regard, c’était comme s’il serrait sa main, lui-aussi.

« Faites la paix tous les deux. Ca vaut pas le coup ».Bien sûr que non ça vaut pas le coup, ça vaut plus le coup. Le problème c’est qu’il n’y a pas de paix avec Gabriel. En tous cas, Ted avait du mal à croire que ça pourrait être calme un jour, entre eux. Ca ne l’avait jamais été, c’était comme avec Millie. Bien sûr, avant cette fois, il n’y avait jamais eu ni conflits ni malentendus, mais ça n'empêche que ce n’était pas calme comme amitiés. Comment ça pouvait l’être, entre des êtres tempêtes comme eux ?

Il jouait sur les mots mais non, il ne pouvait pas faire la paix avec Gabriel. D’ailleurs, il n’y avait pas de paix à faire. Il fallait juste parler d’autre chose. Plus de ce soir-là, plus de Millie, tout ça était passé. Teddie sent des comptes à rendre mais personne ne les lui demande, si ce n’est sa conscience. Pourquoi avait il besoin de penser à ce soir-là dès que Gabriel était dans les parages ? Pourquoi ça revenait toujours à la surface ? Pourquoi est-ce que, dès que Gabriel posait les yeux sur lui, il avait envie de s’écrier « non je te promets c’était pas grave ! » alors que personne ne lui demandait rien et que c’était fini, vendu, puisqu’il l’avait déjà dit ça, au bon moment en plus, quand Gaby avait demandé. T’attends quoi, Teddie ? Tu veux le répéter pour pas qu’il oublie, que c’était pas grave, ou plutôt pour qu’il finisse par croire que si tu le dis autant, c’est que t’as un truc à te reprocher et que, si, c’était grave ? Peut-être que t’essaies les deux approches, histoire de voir celle qui te permettra le mieux de le garder en suspens, de l’empêcher de t’oublier ? C’est ni l’un ni l’autre, on s’en moque. C’est rien, tout court. C’est Gaby, tout juste comme avant. C’est comme Millie. C’est eux, y’a rien d’autre autour.

Millie, Millie qui l’oblige à relever les yeux, à la voir, encore. C’est toujours aussi beau alors il resserre sa main dans la sienne. Et puis, y’a ses mots. Deux. Tout simples. Plus c’est important, plus elle fait court, Millie. C’est court et c’est tout facile mais c’est beau et l’espace d’un instant, ça le rend heureux, ça lui suffit, pour toujours. Il esquisse un fin sourire et rebaisse les yeux quand il sent ses doigts, à elle, contre sa joue, à lui. Il la laisse faire puis reprend sa main, embrasse ses fines phalanges du bout des lèvres et même moins que ça, la laisse à nouveau. Se lever, partir. Jason, évidemment. S’il ne rentre pas avec eux, ça va être l’enfer. Il faut qu’il soit là. Mais dans l’immédiat, du coup, y’a plus que toi Teddie, toi et ton petit drame personnel, à savoir Gabriel. C’est dans ta petite tête qu’il est, le drame. Regarde, c’est toujours le même, c’est toujours ton meilleur ami. Allez, imagine ce voyage sans toutes vos complications. Tu serais sans doute en train de rire en te penchant sur la rambarde à côté de lui. Qu’est ce qui tourne pas rond, là ?

Teddie se lève. Il va pas aller rire sur la rambarde parce que ça serait pas naturel et puis il arrive pas à en avoir vraiment envie. Il se lève mais Gabriel parle. Alors il va s’appuyer contre la rambarde, quand même, glisse une main dans sa poche, recommence à triturer le paquet de cigarettes de l’autre. Il l’écoute parler et là non plus il n’a plus envie de répondre. Il sait pas ce qu’il fera à l’arrivée ni même après. Il comprend pas pourquoi cette soudaine obsession pour la paix. Il comprend pas non plus quand Gaby parle de ne pas se perdre de vue. Ca peut pas arriver, ça, Gaby. Ca peut pas, hein ?

Alors il acquiesce à nouveau. C’est dingue, il fait plus rien d’autre, Teddie. C’est pas comme s’il avait rien à dire pourtant, mais il a plus envie de parler. Il aurait pu répondre que non, il n’avait pas été le pire ami de l’univers, presque mais pas encore, et quand bien même il l’aurait été, ça changeait rien. C’est vrai, tu sais, ça change rien Gabriel. J’en ai voulu au monde entier mais maintenant, ça compte plus. Regarde, on va bientôt arriver. Tu te rappelles, de toutes ces fois où tu m’as parlé d’un retour potentiel, auquel tu croyais fort, que t’espérais même un peu trop par moment ? Tu te rappelles, quand tu me parlais de ton père, de tous ces gens de chez toi, là-bas ? C’était rare, on parlait pas souvent de ça mais ça t’arrivait, à toi plus souvent qu’à moi. Rappelle-toi et regarde maintenant, on y arrive. Tu vas rentrer chez toi. C’était tellement ce que tu voulais. J’ai jamais eu à te pardonner quoi que ce soit j’crois, c’est juste que ça fait mal tu vois, mais ça va mieux, ça ira mieux. T’es toujours là et puis, oui, Millie aussi. Moi aussi, je tiens à elle tu sais, si fort. A toi aussi.

Alors voilà, Teddie se tourna vers Gabriel, tenta un sourire à peine visible et passa son bras, bien que frêle, autour des épaules de celui qui était toujours son ami. Il ne serra pas vraiment, se contenta d’une accolade pseudo virile mais pas trop quand même, c’était pas son truc de toute façon, mais les câlins fleur bleue non plus à vrai dire, le contact c’était pas sa tasse de thé et avec Gabriel, c’était difficile. Il en profita pour parler, enfin, pour dire un truc, pas grand-chose, mais l’essentiel, même si c’était niais, parce que c’était tout ce qu’il pensait. « Ne redeviens pas quelqu’un d’autre, Gabriel ». Autrement dit, reste toi, quoi que les gens en disent là-bas. « J’serai encore là, je le promets ». Puis il reprit une distance raisonnable et laissa Millie revenir entre eux, et puis Gaby partir, sans rien ajouter de plus. Ils n’allaient pas se faire des adieux, quand même. Ted était sans doute le seul à penser qu’ils finiraient par se perdre une fois de retour à New York mais c’était peut-être parce qu’il savait ce qui l’attendait. C’est ça aussi, qui l’empêchait de se réjouir à l’idée d’y retourner, là-bas, en enfer. Il avait voulu oublier, il avait oublié, et maintenant tout revenait. Voilà pourquoi il ne fallait plus rien casser entre eux trois, c’était la seule chose qu’il lui restait, c’était pas grand-chose, trois gosses immatures qui passent leur temps à se gueuler dessus, mais c’était tout ce qu’il lui restait et il ne comptait pas les laisser disparaître de sa vie. Faudra qu’il s’habitue au changement, qu’il mette au clair pas mal de choses, mais eux-aussi avaient des trucs à faire. Leur relation allait se transformer elle-aussi et c’est vrai qu’il avait peur de ça. Il savait qu’il ne les reverrait jamais comme il les voyait encore ici, sur ce bateau. Il savait que c’était la fin de quelque chose, et ne parvenait pas à comprendre qu’il s’agissait aussi d’un nouveau début. Ce qu’il voyait, lui, c’était juste un nouveau naufrage.

Il regarda Millie, lui tendit une main. Reposa les yeux sur l’horizon qui devenait plus clair, moins flou. Attendit de sentir ses doigts froids se serrer contre les siens, sourit. C’était près, on y arrivait. Millie était là, Gaby parti, mais pas si loin. Jason quelque part aussi, certainement. Il n’avait pas pu rester là-bas.

« Tu te souviens qu’on avait voulu jouer Jack et Rose l’autre fois, à la plage ? ». Il serra sa main un peu plus fort. « Je veux qu’on reste comme ça. Même à New York. Je veux que ça soit toujours "si tu sautes, moi je saute" ».

Et alors tout ira bien. Pas vrai ?
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