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Figure du passé [Aron]  Vide
Message(#) Sujet: Figure du passé [Aron] Figure du passé [Aron]  EmptyLun 13 Juil - 20:26

Le travail de journaliste était un emploi à plein temps, avec des horaires tout bonnement imprévisibles. Par exemple, il ne fallait pas avoir peur de faire plusieurs nuits blanches dans des lieux insolites à la recherche d’informations, et aussitôt se changer pour se rendre dans un lieu extrêmement huppé pour une interview. Les tons, l’attitude, la tenue, les codes … C’était un changement constant, un jeu d’acteur à tout temps.

Et Hazel maîtrisait avec doigté tout ceci. Elle savait mimer des expressions, à changer son ton de voix pour calquer à ses traits maîtrisés ou encore adapter son discours pour brosser dans le sens de poils de son interlocuteur. Cependant, souvent, elle n’avait guère besoin de ces artifices. Plus d’un se laissait piéger par ce regard marron doux ou encore ces traits angéliques. On était bien vite en confiance. Toujours en confiance.

Habillée d’une belle robe moulante noire des plus classiques, ainsi que de quelques talons d’une couleur similaire, parée de quelques bijoux, elle conduisait tant bien que mal vers une adresse de Manhattan. On disait qu’une soirée de bienvenue à l’intention des « secourus » ou « sauvés » allaient être donnée. La fausse blonde – qui s’était teinte les cheveux en blond, en les coupant très court récemment – avait été invité mais tardé malheureusement dû au trafic new yorkais en tout heure de la journée, et de la soirée. Elle murmurait, elle psalmodiait, elle jurait, elle insultait, elle maudissait… Elle était tout bonnement dans tous ces états.

« Je déteste ce trafic ! Allez avances ! » Ordonna-t-elle mentalement à la voiture en face d’elle mais également à toute la file. Cependant, et malgré son empressement et sa hâte, elle comprit qu’elle était en retard. Devant le bâtiment, il y avait très peu d’agitation, et les fenêtres aux multiples ombres indiquaient clairement que tout le monde commençait à prendre leur place. Elle abandonna bien vite sa voiture à un voiturier et courut tant bien que mal sur ses dizaines de centimètres de talons jusqu’à l’ascenseur.

- ATTENDEZ ! Atten… dit-elle désespérément du bout du couloir.

Etait-ce de son fait et de son petit sac ressemblant plus à un portemonnaie, ou alors du fait de l’inconnu dans l’ascenseur, toujours est-il qu’elle était dans l’ascenseur, totalement essoufflée, la poitrine se soulevant au rythme de cette respiration saccadée. Sourire aux lèvres, elle releva la tête pile au moment où les portes se refermèrent.

- Je …

Elle dût s’interrompre lorsque ses yeux se posèrent sur le visage du seul homme de l’ascenseur. Tout sourire disparut, sa peau déjà bien blanche pâlie dangereusement, son corps se figea ou plutôt se raidit comme si soudainement toute vie l’avait quitté et sa bouche s’assécha, rendant inapte à parler.

- Aron … finit-elle par dire après quelques balbutiements, dans un ton des plus incertains et interrogateurs.

Ses mains se dirigèrent naturellement vers la console, à la recherche d’un bouton pour arrêter l’ascenseur et sortit de cet enfer dans lequel le destin venait de la replonger. Malheureusement, elle appuya sur le mauvais, et en peu de temps, l’ascenseur eut une soudaine secousse et s’arrêta brutalement. Bonté divine ou jeu vicieux du destin, la petite brune – enfin, ancienne brune – retrouva enfin ses esprits, passa un doigt discret sous ses yeux qui s’étaient embués de larme – et non la main, car c’était tout un maquillage qui tombait à l’eau messieurs dames ! – et inspira un bon coup.

- Excusez-moi … Vous … me faites … Vous m’avez fait penser à quelqu’un.

Ne faisait-elle donc pas de lien entre la soirée, les survivants et Aron qui était dans cet avion ? En temps ordinaire, son esprit des plus vifs aurait pu le faire mais le choc de revoir une figure qu’elle avait définitivement enterré tant dans son cœur que dans son esprit avait éradiqué toute notion de logique, et de vivacité.

- Quelqu’un de mort, se murmura-t-elle, encore perdue dans ses pensées ou plutôt souvenirs enterrés revenant avec force.

Elle se retourna, tentant de taper sur les touches de la console pour refaire marché l’appareil. Rien n’y fait, c’était définitivement bloqué.

- La sécurité devrait se charger de cela rapidement. D’un moment à un autre …

N’est-ce pas ?
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Figure du passé [Aron]  Vide
Message(#) Sujet: Re: Figure du passé [Aron] Figure du passé [Aron]  EmptyLun 31 Aoû - 13:17

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Les fantômes n’existent pas. Voilà ce qu’on raconte aux enfants pour les aider à mieux fermer les yeux le soir, aux ados pour qu’ils cessent leurs jeux débilement dangereux, à certains adultes pour qu’ils arrêtent de poser trop de questions. La vérité fait souvent peur et ce qu’on ignore encore plus. Bien-sûr que les fantômes existaient. Ils étaient beaucoup, avec ou sans preuve avérées. Mais les vrais fantômes n’étaient pas les plus effrayants. Ceux qui hantaient manoirs, forêts ou vieilles bâtisses n’étaient décidément pas ceux qui faisaient le plus peur. Les pires fantômes sont de ceux qui disparaissent du jour au lendemain sans dire adieu, sans laisser de traces, juste une plaie à la place du cœur, un trou béant causé par leur départ. Ceux qui ne donnent plus aucun signe de vie, qui disparaissent entre deux nuages pour ce qu’on croit être toujours. Et ceux qui, du jour au lendemain, retrouvent notre chemin, se glissent sur les pavés et nous font face. Ceux qu’on ne pensait jamais revoir, ceux qui font peur et dont on a envie de s’éloigner au maximum. Mais ceux qu’on est vraiment incapable de quitter, finalement. Parce qu’on espère, on veut des explications, des réponses. On voudrait rattraper le temps perdu, c’est impossible, alors on fait comme si les quelques années d’écart n’avaient jamais eu lieu, et on recommence là où on en était. Dans la dispute, avant les larmes, avant la même peine qu’au départ. On avait dit, une fois le fantôme devenu ombre, qu’on aurait tout échangé pour revivre les derniers instants et les rendre meilleurs, pauvres en reproches et remplis de bonne volonté. Puis, le fantôme devient tactile, visible et alors la haine, la peine et tout le reste reviennent au galop. Difficile d’oublier ce qui a bien pu se passer, avant que le fantôme ne soit de retour.

Le fantôme n’allait pas bien. A vrai dire il était probablement aussi pâle qu’une entité et c’était pour ça qu’il n’avait pas voulu sortir ce jour-là. Se terrer dans un trou, s’y enfoncer et y rester, voilà ce qu’il voulait faire. Mais il n’avait rien oublié de cette soirée à laquelle il était plus que convié. Mentir, sauver les apparences, faire semblant, voilà ce à quoi on allait encore l’obligé. Comme à son habitude, il avait décliné l’invitation, une première fois. Mais les appels s’étaient fait insistants et, alors qu’il réalisait à quel point sa vie n’avait plus aucun sens, il avait dû se rendre à l’évidence : il devrait y aller, quoi qu’il en coûte. Alors il était sorti, car même sans s’en apercevoir, il devait prendre l’air, l’inspirer très fort dans ses poumons et penser à autre chose. Il ne voulait simplement pas, mais le bruit des oiseaux dans ses oreilles apaisait doucement son cœur. Il avait marché comme il avait pu le faire sur l’île, et il s’était perdu, non entre deux immenses troncs mais entre deux gratte-ciels moches comme l’industrialisation elle-même. Les mains dans les poches, il avait traversé des rues, échangé quelques regards, attendu que quelques feux deviennent verts. Et puis, il avait trouvé son chemin, tout droit vers cette réunion, ce piège qu’on tendait indéfiniment aux anciens rescapés. La torture deviendrait vite réelle. Il n’avait simplement encore aucune idée de l’erreur qu’il avait pu commettre. Sortir, aujourd’hui, pour aller à cette foutue réunion. Prendre cet ascenseur, à ce moment précis. Et vivre cet instant.

Son fantôme à lui était apparu. Et il avait fini par voir, au fond de ses yeux, que c’était lui, le vrai fantôme de l’histoire. Presque tout en elle avait changé et, pourtant, il lui suffisait d’un regard pour capturer cette beauté qu’il avait su adorer pendant de longues années. Peut-être que la vie passe à une plus grande vitesse, quand on n’est plus là. Il n’en savait rien, mais il ne remarqua pas de bague qui aurait pu la trahir. En fait, il ne l’imaginait pas déjà remariée, pas si tôt. Probablement aussi qu’elle lui en avait voulu suffisamment, ou peut-être qu’elle lui en voulait encore assez pour ne jamais vouloir avoir de nouveau la bague au doigt. Dans tous les cas, il comprendrait, mais ça ne le regardait pas. Ça ne le regardait plus depuis un moment, et le regard de la jeune femme terminait de l’en convaincre. Elle semblait perdue, étonnée, comme à peine sortie d’un songe étrange. Mais ce n’était pas un rêve et c’était probablement ça qui était le plus effrayant. Elle avait toujours su sauver les apparences, gardait la face en toute circonstance et, encore aujourd’hui, ça étonnait Aron. Il aurait voulu lui dire que c’était bien lui, qu’elle ne se trompait pas, que même s’il n’avait pas trouvé le courage de raser son immense barbe, même si sa peau était beaucoup plus foncée, ses yeux ternes et son regard las, c’était bien lui. Il ne le fit simplement pas, garda le silence et tenta de dissimuler ses émotions. C’était probablement mieux ainsi. Qu’elle s’imagine avoir croisé un fantôme, plutôt que de connaitre la vérité.
Il aurait pu se contenter de ce moment, de ces fausses retrouvailles, la laisser filer là où elle devait aller, mais comme un vilain joueur, le destin en décida autrement. Il observa les doigts de celle qui avait été sa femme danser sur la console et il crut apercevoir, dans sa précipitation, une certaine crainte. Elle savait. Oh oui, elle savait que c’était bien lui. Les yeux d’Aron ne quittait pas le corps d’Hazel, cette Hazel qu’il avait connu par cœur et dont il se souvenait encore si bien les yeux fermés. Il n’avait pas le droit de lui cacher la vérité. Alors, tant pis. Il se sentait plus prêt que jamais à faire face à sa colère, ses reproches, et sûrement sa tristesse. ❝ Non, t’as raison, j’étais bien mort, ❞ souffla-t-il sereinement. Il ne pouvait plus lui cacher sa présence, il était là, maintenant. coincé avec elle dans ce foutu ascenseur, obligé de faire face à toutes ces conneries qu’il avait bien pu faire. ❝ Ca te va bien, cette couleur. ❞ Il fallait bien avouer que parler des cheveux était plus simple que d’évoquer le reste. Mais il n’était pas si lâche, alors il profita d’un moment de courage pour faire avancer les choses. ❝ C’est marrant, j’ai l’impression d’être rentré depuis une éternité, et t’es la dernière personne que je croise. Mais je suppose que je suis la dernière personne que t’avais envie de voir. ❞ Sa phrase mourut dans un léger sourire alors qu’il réalisait l’ironie de la chose. Il aurait pu l’éviter s’il en avait eu l’occasion, et le contraire était probablement aussi vrai. Et pourtant, le destin les réunissait encore aujourd’hui. Foutu destin qui fait ce qu’il veut.
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Message(#) Sujet: Re: Figure du passé [Aron] Figure du passé [Aron]  EmptyMer 2 Sep - 0:22

« Pourquoi parle-t-il de mes cheveux ? » se demanda-t-elle, se tâtant soudainement le crâne comme une amnésique, triturant au passage quelques petites mèches. Seulement à cet instant-ci, elle se souvint qu’elle était une petite brune au long cheveux, et non une blondinette aux cheveux courts. Les temps avaient changé effectivement, et si elle avait embelli de jour en jour, ce n’était guère le cas de cet homme. Beaucoup de choses avait changé en lui, brouillant que davantage les repères si bien établis de la journaliste.

A une « lointaine » époque, il aurait été le garçon a toujours vouloir une autre vie, une autre sensation ou une autre aventure. Il n’avait jamais été conscient, mais son regard était toujours porté ailleurs, son attention toujours loin d’elle … A sa façon, il avait toujours été un petit enfant, un gamin qu’il fallait toujours et toujours surveillé pour qu’il ne s’égard pas. Il lui avait échappé, et s’est réfugié dans les bras d’une gamine qui était son élève. Cependant, elle ne trouvait plus cet « enfant » en lui. Son regard avait gagné en maturité, mais également en inexpression –ne brillant plus pour une raison mystérieuse, ne captivant plus continuellement -, il dégageait un certain calme … Physiquement, également, c’était un autre.

Lorsque vous vous rendez compte de ces années passées, que vous retrouvez ce que vous pensiez perdu … La haine que vous éprouviez pour la personne ou la chose disparaissait au profit de la nostalgie ou d’un sentiment de manque dans le cas où un peu d’amour restait dans les cœurs. Malgré tout ce que cet homme avait pu lui faire, durant de longues années, il lui avait fait vivre de merveilleuses aventures. Si les mauvais souvenirs persistaient, et persisteront, ils n’étaient que poussière face aux rires, aux baisers et aux larmes de joie.

Après une claque, due davantage à une nervosité ou encore au choc, elle se jeta à ses bras, l’enserra fortement, enfouissant son visage dans les épaules même.

- T’es bête ! T’es complètement bête !

Oui il allait lui faire mal les prochains jours. Oui il était la dernière personne qu’elle souhaitait voir. Oui son cerveau lui disait de courir loin. Malheureusement, son cœur disait tout autre, comme pour les souvenirs du « bon temps ». Et elle resta ainsi plusieurs minutes. Non, elle ne fondait pas en larme – il ne fallait guère exagérer avec notre Hazel – et non, elle ne s’accrochait pas à lui tel une amante en peine, mais davantage comme une amie de très longue date et avec qui beaucoup de choses avait été partagé.

- Comment ? finit-elle par dire en se détachant de lui. Tu … tout le monde te disait mort.

Comment les morts pouvaient-ils ressusciter ? Etait-ce bientôt le jugement dernier, où l’on prétendait que les morts se relèveront de leur tombe ? Est-ce que le ciel allait se mettre à pleurer des larmes orangées ? Est-ce que la terre allait gronder de colère ? A l’heure actuelle, elle avait l’impression que tout, et absolument tout, pouvait arriver.

Car à l’instant, un miracle – ou l’inverse – venait de se produire : elle venait de retrouver ce qu’elle ne pensait jamais, ô grand jamais, retrouver en ce bas monde mortel.
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Message(#) Sujet: Re: Figure du passé [Aron] Figure du passé [Aron]  EmptyMar 8 Sep - 13:20

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Il avait connu les reproches. Les cris. Les vilaines boutades. Et même quelques larmes. Il avait dû faire face à tellement de sentiments négatifs depuis son retour qu’il avait fini par s’y habituer. T’es un paria, Aron, voilà ce dont il avait fini par se convaincre. Parce que c’est ce qu’on lui avait dit, répété et rabâché sans cesse, tellement qu’à la fin, il y avait cru lui-même. Il avait espéré si fort et si longtemps que la descente n’en avait été que plus rude. Lui, il avait cru qu’on lui pardonnerait ses erreurs, qu’on lui en reparlerait une ultime fois puis qu’on finirait par passer à autre chose. Qu’on lui dirait que c’était cool, qu’il soit de retour, et qu’il avait manqué, plus qu’il ne croyait. Mais il n’avait pas eu droit à tout ça. Tous s’étaient levés comme une muraille immense face à lui, cachant son soleil et l’obligeant à se placer dos au mur. Il fallait se rendre à l’évidence : ils ne voulaient plus de lui, maintenant qu’il était parti. Il n’avait pas le droit de revenir tout chambouler comme ça, comme si ça n’avait pas d’importance, comme s’il n’avait pas brisé quelques cœurs avant de disparaitre.

Alors, il avait fui, et fait de son mieux pour éviter son dernier obstacle. Si les autres n’avaient pas été franchement doux avec lui, il s’était douté que tout ça n’était que les prémices de ce qu’il l’attendait, lorsqu’il croiserait le chemin d’Hazel. Le hasard finirait par les réunir, il le savait, mais il avait tout de même espéré qu’il lui laisserait encore un peu de répits. Il n’était pas prêt à affronter son flot de reproches, sa peine et cette douleur qu’il lirait dans ses yeux lorsqu’elle se rendrait compte que son fantôme était de retour. Peut-être qu’elle savait déjà. Dans tous les cas, il faudrait y faire face un jour, et ça l’effrayait beaucoup plus qu’il ne le laissait paraitre.
Elle avait planté ses yeux dans les siens et il était de nouveau capable d’y lire beaucoup de choses, comme avant. Elle avait changé et était à la fois si semblable à celle qu’il avait laissé que s’en était troublant. Il s’était attendu à tout : une gifle, des cris, un regard noir ou même qu’elle feigne l’ignorance. Et puis, elle se jeta dans ses bras. Il demeura immobile sous le coup du choc pendant plusieurs longues secondes avant de réaliser ce qui était en train de se passer. Elle ne le rejetait pas. Elle était contente de le voir, de le savoir vivant. Malgré tout. Après un instant, il ne put s’empêcher de la serrer à son tour dans ses bras, toujours un peu plus fort – c’était comme s’il n’avait plus l’intention de la laisser s’en aller après tout ce temps, alors même que c’était lui qui était parti. Il ne put prononcer le moindre mot, à la fois trop surpris par la tournure inattendue que prenaient les choses, et trop heureux pour briser ce moment. Il se souvenait, maintenant qu’elle était là. Qu’elle avait toujours été capable de le surprendre, à sa manière, parce qu’elle était spéciale et imprévisible.

Il ne put s’empêcher de sourire à sa question, qui n’en était même pas vraiment une. Elle était bien la seule à la lui avoir posé, d’ailleurs. Comment il avait fait pour revenir, voilà ce qu’elle voulait savoir quand les autres s’étaient simplement bernés à fermer les yeux sur la réalité. Il était bien là, face à elle. Il la laissa s’éloigner, non sans une légère difficulté, parce que ça faisait un bien fou d’être enfin accepté par quelqu’un. ❝ Honnêtement, je crois pouvoir dire que je l’étais, ❞ souffla-t-il presque sereinement. Il avait un drôle de sourire au visage, parce qu’il était ravi de la situation. Il avait imaginé le pire et, contre toute attente, ça paraissait beaucoup plus simple. ❝ J’ai tout fait pour revenir, pour vous revenir. J’ai sauté sur le paquebot à la seconde où j’ai pu. Je pouvais plus rester là-bas une minute de plus. ❞ Ca avait été courageux, et aussi particulièrement égoïste. Mais, maintenant, il se souvenait. Il avait fait tout ça pour arriver à ce moment précis, cet instant où, enfin, il retrouverait cette flamme abandonnée. ❝ Alors, dis-moi… Qu’est-ce qui t’es arrivé, pendant tout ce temps ? T’es radieuse, j’ai l’impression que quelque chose de bien t’es tombé sur le coin du nez. ❞ Il ne mentait pas. Il l’avait toujours trouvé belle mais, aujourd’hui, quelque chose de plus illuminait son regard. Il était simplement incapable de dire quoi.
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