(#) Sujet: De l'amour à la haine il n'y a qu'un pas... l'avons nous réellement fait ? {Lahas <3} Mar 13 Jan - 2:49
We were so closed...
Le soleil s'était à peine levé que, déjà, il laissait ses plus ardents et cuisants fils de lumière venir plonger dans la torpeur et l'indolence les habitants de ce camps qui ne cessaient de voir fondre sur eux les pires des tempêtes. Il y avait d'abord eu ces périodes et ces jours si sombres pendant lesquels elle, comme tant d'autres, avaient été enlevés et réduits à l'état de vulgaires pantins entre les mains perverses de ces êtres qui se sentaient tellement supérieurs ! Les Originaires... Rien que ce nom dont ils s'affublaient empestait la suffisance et, désormais, suffisait à faire remonter à la gorge de la jeune fille la pire des nausées. Ces êtres qui semblaient tant avancés sur le plan technologique... étaient-ce eux que Lahas avait admirés au point de vouloir apporter au sein des Taykars toutes ces innovations qui avaient fini par causer leurs dissensions et la perte de leurs parents ? Etait-ce vraiment pour leur ressembler, à eux ces monstres, que Lahas avait consenti à faire d'eux des êtres monstrueux et dénués de toutes ces valeurs qui leur avaient été si chères, qui les avaient toujours guidés et protégés ? Thaïs lui en voulait encore tellement ! Et plus encore maintenant que son âme et son corps conserveraient à jamais les traces et les séquelles de ces tortures que les Originaires lui avaient infligées. Ce qu'il lui avait fait... Un énième frisson à son échine et un nouveau juron à ses lèvres alors qu'elle se saisissait de sa besace en peau et y jetait son ourson en peluche, celui qu'elle ne quittait jamais. Le dernier souvenir qu'elle ait voulu conserver de son frère. C'était lui qui le lui avait un jour offert. Et, depuis, la peluche ne l'avait jamais quittée. Et pas plus aujourd'hui où elle reposait au milieu de ces quelques fruits récoltés la veille et ces armes qui, elles non plus, ne la quittaient plus guère. Thaïs, lorsqu'elle était enfant, avait voulu devenir une chasseresse émérite. L'ironie du sort avait voulu qu'elle le soit devenue mais que ce soit les rescapés qui bénéficiaient aujourd'hui de ses talents.
Etait-ce vraiment ce qu'elle désirait, chasser, lorsqu'elle quitta le camps pour s'en aller se perdre sur l'île qui la vit naître ? C'était ce qu'elle avait assuré aux autres en tous cas et, en effet, lorsqu'elle réapparaîtrait il y aurait sûrement du gibier dans ses mains et des étoiles de fierté au fond de ses iris parfois si sombres. Se nourrir, trouver de quoi remplir leurs estomacs trop peu souvent rassasiés était l'une des principales préoccupations de ceux qui tentaient de surmonter le choc qu'avait été le départ de ce bateau qu'ils n'avaient pas pu tous prendre. Ils auraient pu partir... Elle aurait pu partir elle aussi ! Et il ne se passait pas une seule journée sans que la jeune femme ne sente monter en elle la frustration de n'avoir pas pu faire partie de ces petits chanceux qui avaient pu fuir l'enfer. Quand et comment en était-elle arriver à autant mépriser pour ne pas dire détester ces lieux magiques qui l'avaient vue naître et grandir ? Comment pouvait-on à ce point haïr ce que l'on avait aimé au point de l'adorer ? Dans son esprit les hurlements de douleurs de ses parents qui mourraient, agonisaient... Les cris de liesse de la part de tous ces enfants parricides qui célébraient leur victoire et faisaient de Lahas leur chef... Il les avait poussé à ça ! Qu'il l'ait voulu ou non importait peu ! Lahas avait causé tout cela ! Et pour cela lui aussi un jour payerait ! Mais Thaïs savait qu'elle n'était pas encore prête à l'affronter, à se perdre dans ce regard qu'elle avait trop aimé et recherché pour ne pas se laisser infléchir et adoucir. Il lui fallait d'abord panser ses plaies, gagner en détermination et, ironie aussi, égaler sur le plan de la monstruosité celui qui avait toujours été son modèle. Lahas n'avait plus rien d'humain elle, si. Du moins pour le moment. Mais quand viendrait pour eux le moment de s'affronter alors elle serait prête et lui témoignerait la même compassion et la même pitié que celles qu'il avait eues pour ceux à qui ils devaient la vie : aucune donc !
Les ruines étranges... Les prunelles de la demoiselle se mirent à étinceler alors qu'elle en approchait à pas si feutrés que nul ne pouvait les entendre. Elle était une Taykar, quoiqu'elle en dise, et d'eux elle avait appris le respect et les règles de survie dans cette jungle qui pouvait si vite cesser de n'être que beauté pour se révéler être la plus mortelle des natures. Ici il y avait des règles et qui voulait survivre avait tout intérêt à ne jamais les oublier et à toujours les respecter. Chasser ou être chassé... Etre le prédateur ou la proie ? Elle avait choisi et les gargouillis en son estomac eurent vite fait de chasser ses derniers doutes. Thaïs n'avait pas mangé depuis plusieurs jours, préférant abandonner ses rations à ceux qui en avaient le plus besoin. Et puis, manger, elle ne le pouvait presque plus, cachant la trop grande finesse de son corps sous ces vêtements amples qu'elle allait dénicher dans les valises demeurées dans la carlingue. A qui avait bien pu appartenir cette chemise d'homme qu'elle portait ce jour-là ? A un pauvre malheureux qui avait pris le mauvais avion le mauvais jour. Qu'était-il devenu ? Sans doutes était-il mort... Est-ce que cela la touchait ? Oui. Parce que tous ces étrangers, ces naufragés qui l'avaient recueillie et adoptée étaient devenus sa famille, son cœur, son âme. Et chacun de leur maux était devenu le sien. Chacune de leur souffrance la sienne. Chacun de leur espoir son rêve. Thaïs aussi voulait mettre à ma et sous terre plus encore qu'à terre tous ces rapaces qui rôdaient dans les fourrés et n'attendaient qu'une chose : bondir sur les membres du camps et leur faire encore plus de mal, les briser. Les Originaires... Ses poings qui se contractaient, se serraient au point d'en faire blanchir les jointures tandis qu'elle se promettait, une fois de plus, de leur faire payer à tous ! Tout comme elle aiderait les rescapés à anéantir la menace que représentaient ces hostiles qui demeuraient pour l'instant, d'ailleurs, bien trop tranquilles. Que préparaient-ils ? Et, lui, que faisait-il ? Il devait lui aussi avoir un plan ! Le contraire était juste inconcevable et, ça, Thaïs ne le savait que trop. Lui et elle se connaissaient trop bien. Lahas avait trop d'ambition pour la tribu et pour lui-même pour ne pas prendre parti à ce conflit sur le point d'exploser ! Il agirait et, le connaissant, cela serait malin, perfide et rusé. Mais quoiqu'il fasse la jeune femme priait pour que cela n'amène pas leurs routes à se croiser. Car, cette-fois, ils seraient ennemis ! Qu'il s'en prenne aux Originaires ! Cela leur faciliterait à tous la tâche ! Mais si jamais il venait à s'en prendre aux rescapés alors là... Ce serait la guerre !
Elle était arrivée devant l'une de ces habitations qui ne tenaient plus debout que par elle ne savait quel miracle et alors qu'elle n'entendait pas même y entrer ses sens se mirent soudainement en alerte. Il n'y avait pas un seul bruit et, pourtant, elle sentait une présence, une aura familière. Déjà sa dague venait s'ancrer à la paume de sa main alors qu'elle évitait la porte, sans doutes trop bruyante, pour sauter lestement et plus silencieuse qu'une ombre par l'ouverture qui servait de fenêtre. A l'intérieur c'était comme si la lumière du jour avait été bannie et il y régnait une semi pénombre qui lui arracha un frisson glacé. Elle n'aimait pas le noir, ne le supportait plus depuis qu'elle avait été maintenue bien trop longtemps dedans. Une perle glacée à sa nuque alors qu'elle sent ses mains se faire moites. De nouveau cette sensation, cette certitude qu'elle n'était pas seule. Et la stupeur alors qu'elle réalisait qui était là, avec elle. Ses doigts qui se crispèrent plus encore sur cette arme qu'elle refuse d'abaisser tandis que ses yeux azurés se plissent et fouillent l'obscurité pour y déceler l'ombre de son frère. Il est là, elle le sait, reconnaîtrait sa présence animale entre toutes ! Elle pouvait encore partir sans se retourner sans provoquer ce qui ne pourrait être qu'un affrontement. Elle pouvait. Elle devait. Mais elle ne le fit pas. Un mouvement plus léger qu'un souffle et ses doigts qui lancent cette dague qui frôle sa cible avant que de venir se ficher dans le mur derrière. Déjà sa seconde dague est ancrée à sa main alors qu'elle s'entend murmurer
Ne me pousse pas à te montrer que je suis bien plus douée une arme à la main que tu n'as jamais consenti à le reconnaître Lahas ! puis, sans abaisser sa garde et évitant le projectile que venait de lui renvoyer son aîné et qui avait aussi entaillé l'étoffe à son bras, faisant perler le sang à son bras elle avait esquissé un bien sibyllin sourire Celui qui fut jadis mon maître d'armes avant que de me rejeter comme si je n'étais rien veut-il vraiment se battre ? sa voix qui se faisait plus sourde alors qu'elle ouvrait grand les bras, offrant son corps si fin, maigre à la fureur de celui qu'elle provoquait encore A moins que tu n'aies envie de finir ce que tu as commencé il y a longtemps ? Après tout pourquoi les avoir tués eux et m'avoir épargnée moi ? Pourquoi Lahas ? Pourquoi ?!!!
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» Lahas Brody "
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(#) Sujet: Re: De l'amour à la haine il n'y a qu'un pas... l'avons nous réellement fait ? {Lahas <3} Dim 25 Jan - 23:36
De l'amour à la haine il n'y a qu'un pas... l'avons nous réellement fait ?
Paix à ton âme
La vie vous réserve parfois des surprises qu’elle ferait bien de garder pour elle. Je n’étais pas prêt pour ça mais pourtant elle m’en fit cadeau. Elle me lance en pleine face ce désire que je cachais au fond de mon être il y a de ça plusieurs années. Ma sœur… Je pensais ne plus jamais la revoir et pourtant voilà qu’elle se tenait devant moi et me lançait ses dagues à l’aveuglette. Elle voulait me tuer ? Pourtant c’était si imprécis et mal assuré. Pire, elle abandonnait déjà les retrouvailles et me demandais de l’exécuter comme je l’avais fait avec nos parents. C’était toujours la même rancœur qu’elle remettait sur le tapis comme si elle s’amusait à me faire revivre ce moment éternellement. Je voulais qu’elle se taise qu’elle cesse de remuer ce passé douloureux et déchirant. J’étais passé au-dessus de cela et avait fini par l’accepter. Je ne suis pas un homme ayant le meilleur fond de ce monde mais j’ai du respect et de l’affection pour ceux qui m’entourent. Certes, parfois je vend des résidents de cette île comme esclave quand ils dépassaient la frontière. Mais quel est le mieux ? Mourir ou être l’esclave à vie de quelqu’un d’autre ? À choisir je préférerais mourir. Je ne supporterais tout bonnement pas de devoir courber l’échine pour ramasser la m*rde que madame a laissé tomber sur le sol par mégarde. De plus, je n’avais jamais vu les grandes villes et je n’avais aucune envies d’y faire un tour. On me l’avait déjà proposé mais j’avais très clairement refusé. Après tout ça aurait pu être un complot pour m’emmener loin des miens non ? J’avais envie de croire à ce scénario même si ma foi je ne vois pas ce qu’ils y gagneraient. Je ne veux tout simplement pas voir ces tas de maisons empilées les unes sur les autres et être entouré d’un millier de gens… Je ne savais pas vraiment si c’était comme cela sur le continent mais rien que ce que l’on m’a raconté m’a donné une envie irrépressible de ne jamais vouloir y aller.
Je soupirais. Comment j’avais bien pu me retrouver dans cette situation plus que « gênante ». Si seulement, je n’avais pas accepté d’aller chercher ces baies à la place de Gaëd…Je suis certain qu’il aurait su quoi faire lui…Il la connait bien plus que moi et a passé énormément de temps en sa compagnie. Tandis que moi j’ai été un frère qui se préoccupait plus de son propre sort que du sien. J’avais commis cette erreur et je l’avais laissé s’empirer sans ne rien faire. À vrai dire, je ne savais pas ce que je devais faire. J’étais bien trop jeune pour être chef et en même temps m’occuper de ses problèmes qui étaient les miens aussi. Je voulais son bien mais j’étais incapable de l’aider et de lui donner ce qu’elle attendait de moi. Je pense que je ne comprends juste pas les femmes et leur façon de réfléchir. J’ai l’impression que rien n’est certain avec elles et qu’elles doivent changer d’avis irrépressiblement à chaque fois. Je l’avais laissé partir pour qu’elle se reconstruise une vie ailleurs et elle ne semblait pas accepter ce don à sa juste valeur. Qu’attendait-elle de moi alors ? Que je lui enlève la vie ? Que je m’excuse et la prenne dans mes bras pour lui dire que tout ira bien ? Je ne pense pas. Elle voulait simplement se venger de moi et me faire payer la souffrance que je lui ai causée. Mais ce qu’elle oublie c’est que moi aussi j’en ai souffert ! Pourtant elle ne semblait pas encore prête pour me confronter. Quand je l’ai vu pénétrer dans ce bâtiment dans lequel je m’étais caché pour simplement l’observer. Je repérai son inquiétude et ses mouvements incertains. Elle savait qu’il y avait quelqu’un mais hésitait. Pourquoi ? Elle laissait l’avantage à l’ennemi d’agir. J’étais depuis un petit temps dans l’obscurité et mes yeux c’était habitué à ce noir ébène épais. Mes pupilles brillaient d’impatience.
Elle avait fini par agir et elle me balança sans le moindre charme son arme. Je n’eus même pas besoin de me décaler pour éviter la lame. Avait-elle perdu la main ou ça avait été un choix purement réfléchi ? Je me saisis de cette dague et la renvoyai à l’envoyeur en prenant soin de seulement l’esquinté au niveau du bras. Elle me fit des menaces malhabiles avant de se donner à moi comme si elle se sacrifiait. Je poussai un ricanement à peine contrôlé avant de m’avancer. Mes pas résonnaient dans la pièce et sans s’en rendre compte elle recula à chaque enjambée que je pouvais faire. Elle finit par se retrouver contre le mur froid de la pièce. Je lançai deux de mes dagues de chaque côté de son visage avant de montrer seulement une partie de mon visage à la maigre lumière qui perçait la pièce. Mes yeux absorbèrent la couleur jaunâtre des rayons du soleil et la mélangea à la couleur océan de mes iris pesantes. Je la fixais sans dire un mot mais les petits plis en dessous de mes yeux indiquaient que je faisais un grand sourire. Ne sois pas ridicule Thaïs, tu es incapable de m’érafler. Tu peux toucher tout le monde sauf moi et ça on le sait tous les deux. Je poussai un court ricanement étouffé au fond de ma gorge. Quand je fus assez prêt d’elle je lui sautais au visage en lui pressant son visage entre mon pouce et mes autres doigts. Je pressai légèrement ses joues et mis mon regard dans le sien. Réfléchi un peu ! Si je t’ai laissé partir ce n’étais pas pour te traquer et te tuer par la suite. Je relâchai son visage et fis un pas en arrière. Tu oses me demander pourquoi ? Parce que tu étais trop jeune pour prendre une décision ! Parce que tu es ma sœur et que j’ai beau ne pas avoir de principes sur certaines choses, je ne pourrais pas te faire de mal. C’était dur à croire mais pourtant c’était la vérité. Elle faisait partie de ma famille, elle est mon sang. Elle n’est pas que ça non plus, elle est aussi un nom. Je n’ai aucune envie que notre nom s’éteigne à jamais. Certes c’est une femme et elle n’a pas grande importance dans ce rôle mais c’est en partie une excuse pour moi. Je me penchai légèrement pour reprendre mes armes et les rangeai à l’endroit où elles devaient être. Je la regardai et ne pu pas vraiment distinguer ses formes mais il n’était pas difficile qu’elle était en sous poids. Depuis quand tu n’as plus mangé un véritable repas ? Regarde-toi, on dirait que tu vas t’effondrer… Ca me faisait de la peine de la voir ainsi si frêle et prête à rendre l’âme à tout moment. Je la saisi par son bras fin et ouvris la porte pour que l’on aille sous la chaleur du soleil. Je n’aimais pas rester confiné très longtemps. Il faut que je prenne l’air et sente le vent caresser ma peau. C’est un peu comme si je me sentais comme un oiseau en cage. Je tournai ma tête vers elle et lui fis un sourire en coin. Tu es sûr que tu es heureuse là où tu es ? Gaëd se fait beaucoup de soucis pour toi. Ce que je pense t’es bien égale alors je préfère parler de lui. Je marquai une pause avant de soupirer. J’ai compris…Je lui dirais que tu vas bien. Je voulais partir et j’allais le faire. À quoi bon parler avec une entêtée pareille. Quoi que je puisse lui dire elle restera cantonnée dans ce qu’elle pense et n’aura jamais l’audace de le reconnaître une seule fois. J’étais fatigué de toutes ces confrontations ridicules. Elle avait besoin de grandir et moi de réconfort. Le chemin pour y arriver est encore long à parcourir.
(#) Sujet: Re: De l'amour à la haine il n'y a qu'un pas... l'avons nous réellement fait ? {Lahas <3} Mer 4 Fév - 2:06
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La pénombre régnait en cette pièce bien trop close où venaient de se retrouver ceux qui ne s'évitaient jamais que pour ne pas avoir à affronter ces contentieux qui ne les avaient opposés et tenus éloignés que bien trop longtemps. Elle ne l'avait pas même vu ni même réellement entendu que, pourtant, Thaïs avait su qu'il était là. Sa présence, son aura si singulière et si familière... Tant de choses qui lui avaient été chères et qu'elle aurait pu reconnaître entre toutes ! Raphaël s'étonnait souvent de ce qu'il aimait à réduire à une sorte d'instinct qui ne trompait que rarement la jolie brune. Elle se contentait alors de le regarder une poignée de secondes, sincèrement interdite et avec sur le bout de sa langue si bien écharpée, toutes ces choses qu'elle ne lui dirait pourtant jamais. Parce qu'elle aimait énormément cet homme que le destin avait mis sur sa route sans qu'elle ne s'y attendre, sans qu'elle n'y soit préparée et surtout, sans qu'elle ne le veuille. Mais ce qu'ils avaient vécu et traversé ensemble, nul ne pouvait l'imaginer ni encore moins le comprendre. Et ce qui en était né... même les principaux intéressés ne le comprenaient pas ! Ou, au contraire, ils ne le comprenaient que trop bien ! Alors, non, elle ne lui dirait pas qu'il n'y avait guère rien d'étonnant à ses attitudes parfois bien désinvoltes, incongrues et instinctives. Elle avait appris à parler l'anglais et bien qu'il lui arrivait parfois encore de buter sur certains mots ou sur certaines expressions idiomatiques Thaïs en maîtrisait désormais les arcanes majeures. Elle avait aussi appris à museler ses instincts et ses pulsions que les autres, Raphaël en premier, qualifiaient si promptement de sauvages. Elle n'en disait rien mais, au fond, cela la blessait bien plus qu'elle ne l'admettait. Une folle, une sauvage... voilà la manière dont ils la percevaient encore ? Elle qui faisait tant d'efforts pour leur ressembler ! Elle qui ne rêvait que d'une chose : être comme eux pour mieux partir à la découverte de ce monde dont ils se languissaient tant les uns et les autres ! Raphaël le lui avait promis : il l'emmènerait et il ferait d'elle sa princesse new-yorkaise. Thaïs ne comprenait pas même ce que cela pouvait signifier, impliquer. Mais elle savait que c'était ce qu'elle désirait puisque cela signifiait ne jamais être séparée de lui. Et puis, de toute manière, que lui restait-il sur cette île et qui lui soit suffisamment cher pour la retenir ? Rien...
Vraiment ? Les certitudes ne valaient que tant qu'elles ne se retrouvaient pas confrontées à leurs talons d'Achille ! Et pour celle qui pestait de se sentir aussi maladroite et malhabile avec ces dagues qui lui venaient de sa tribu natale, la certitude s'arrêtait nette là où sa route revenait, de façon aussi inattendue qu'insidieuse, à croiser celle de celui qui, à son opposé, ne semblait pas le moins décontenancé par leurs retrouvailles. Lahas...La dernière fois où ils s'étaient vus, où leurs regards s'étaient croisés ils étaient bien plus jeunes et, elle, n'était qu'une enfant. Au fond des prunelles de la petite c'étaient l'incompréhension, la rancoeur et la haine qui flamboyaient alors. Au fond des iris de son aîné cela avait été un maelström de sentiments et d'émotions qu'elle n'avait pas su déchiffrer. Pendant longtemps, bien des nuis et parfois même aujourd'hui encore, elle se demandait ce qu'il serait advenu si, l'un comme l'autre, ils avaient su mettre des mots sur ces plaies tellement à vif que la douleur avait fini par les aveugler, les emmurer dans cette solitude et cette culpabilité qui les avaient irrémédiablement séparés. Gaëd avait été le seul à qui elle avait eu envie de faire ses adieux. Parce qu'il avait toujours été là quand Lahas, lui, ne l'était pas. Et quand l'enfant courait désespérément et en vain après son frère pour obtenir l'un de ses sourires ou l'un de ses encouragements c'était encore Gaëd qui venait à elle et la félicitait. Auprès du meilleur ami de Lahas la fillette s'était sentie importante mais, plus simplement, Thaïs avait eu l'impression d'exister. Alors, oui, elle avait voulu le voir avant de partir. Cela était un risque énorme car étant donné la relation plus que fusionnelle entre les deux hommes elle savait qu'il la dénoncerait à Lahas. Et que celui-ci, si nouvellement devenu chef de tribu,, se trouverait face à un épineux dilemme : laisser partir sa sœur en dépit de toutes leurs lois ou complaire aux siens et punir celle qui n'en demeurait pas moins sa sœur ? La contraindre à rester parmi eux et faire son malheur ou la laisser s'enfuir mais trahir ainsi un peu la confiance des leurs ? Thaïs avait beau être en colère contre son aîné jamais elle ne voulait le mettre dans l'embarras et ce fut avec le cœur lourd qu'elle était partie sans même pouvoir embrasser Gaëd une dernière fois. Quant à Lahas... Le sifflement de sa propre dague qui fend l'air pour mieux venir écharper et entailler la peau de son bras...
« Je ne verse pas le sang des miens et encore moins de ceux dont je porte toujours le nom.» s'était-elle contentée de répondre d'une toute petite voix aux relents et accents subitement enfantins et alors qu'elle le regardait, sidérée et pétrifiée, sortir de l'ombre pour mieux venir se perdre dans cette clarté diffuse qui les nimbait maintenant tous les deux. « Et sans doutes est-ce mieux ainsi pour tous les deux car, crois-moi, e ne rate jamais ma proie. J'ai eu l'un des deux meilleurs professeurs qui soient et, à mon plus grand regret, ce n'était pas toi. » avait-elle répondu dans cette langue qui était leur et qui demeurerait à jamais sa langue maternelle quels que soient les efforts que Thaïs pouvaient bien consentir à faire pour être l'une de ces femmes soit-disant civilisées. Une femme moins sauvage. Une femme dont Raphaël pourrait être fier et même, aimer ? Un grognement qui lui échappa alors qu'elle se sentait reculer tandis que son aîné, lui, avançait au point de la contraindre à s'acculer seule contre ce mur où il la maintint sans même vraiment la contraindre. Le contact de sa main sur sa peau alors qu'elle refuse d'abaisser son regard et le plonge dans celui de l'homme à qui elle énonce sans même trembler et sans plus laisser transparaître la moindre émotion. A cet instant précis le frère et la sœur se faisaient face et, malgré les années passées loin l'un de l'autre, jamais leur filiation n'avait semblé plus évidente. « Ah bon ? Je pensais que tu m'avais laissée fuir parce que tu préférais ne pas m'avoir dans tes pattes et ne pas prendre le risque de me voir, un jour ou l'autre, défier ton autorité face au reste de ton peuple. Parce que, alors, tu n'aurais pas eu le choix non plus, … Comme tu ne l'as pas eu avec nos parents, c'est ça, non ? » puis, alors qu'il s'éloignait, ce fut dans un anglais parfait ou presque qu'elle ajouta, le regard dardé d'autant de foudres que de larmes retenues « Je sais que tu ne me ferais pas plus de mal que je ne pourrais t'en faire quand bien même la tentation est parfois plus que prégnante. Mais ce que j'ignore, aujourd'hui encore, c'est si tu saurais seulement jamais m'aimer... M'as-tu jamais aimée grand frère ? . »
Il lui aurait été facile de poursuivre sur cette voie qui les aurait poussés à, encore et encore, s'affronter et se déchirer. Mais la phrase qu'il eut alors et dans laquelle il remarquait cette maigreur qu'elle s'efforçait si bien – et avec un succès aussi frustrant que jouissif- de cacher aux autres. Elle l'avait regardé, se figeant sur place et baissant les yeux sur sa silhouette en effet de plus en plus fine ? Un frisson qui lui parcourut l' échine alors qu'elle se laissait maintenant entraîner dehors et qu'il consentait à la relâcher, déjà prêt à l'abandonner derrière lui. Un instant sa main avait commencé à se lever et à se tendre vers celui qu'elle aurait voulu pouvoir retenir comme elle désirait, d'un autre côté, le laisser s'en aller. Qu'il parte et ne se retourne surtout pas ! Qu'il s'en aille et s'en retourne à cette tribu qui n'était plus rien pour elle ! Là-bas elle était née et avait grandi. Là-bas et avant que tout ne bascule dans l'horreur, elle avait été heureuse. Vraiment. Et puis tout avait basculé et sa bulle d'innocence avait volé en éclats. Et Thaïs, encore trop jeune et inconsciente pour savoir ce qu'elle faisait, avait décidé de tenter sa chance. Ailleurs, n'importe où mais loin de celui qui laissait percer sa propre amertume et sa propre rancoeur au travers de ces mots qui firent frissonner un peu plus encore celle qui se surprit à murmurer, toujours en anglais
« Lahas ! » son regard qui se relevait alors qu'elle courait vers son frère et posait une main timide sur son bras « Je ne me suis jamais fichue de ce que tu pouvais penser .. Au contraire, même... Tu n'as pas compris ? C'est parce que je ne me souciais que de cela et que, toi, tu semblais si bien ne pas le voir que je suis partie. Parce que j'avais déjà perdu nos parents et que je n'avais plus que toi. Toi qui, en revanche, ne voyait plus que cette tribu qui te volait à moi. » sa main qui s'ôtait doucement alors qu'elle se reculait, s'en allant se percher sur la première branche de cet arbre tout proche et sur lequel elle grimpa avec agilité et souplesse. Accroupie sur la branche, ressemblant alors à l'une de ces Taykars dont elle faisait encore partie quoiqu'elle en dise ou pense... Le sang des Brody coulait dans ses veines et, en elle, c'était la flamme de la tribu qui flamboyait. Un feu qui jamais ne pouvait s'éteindre. Lançant, par jeu cette-fois, sa dague au pied du jeune homme demeuré encore au sol elle l'avait regardé « J'étais seule parmi les nôtres. Et j'en crevais. » puis elle s'était suspendue par les jambes, son buste pendant dans le vide alors qu'elle laissait son regard se perdre dans la direction de ce camps où il lui faudrait bientôt retourner. Son doigt qui le désigne avant qu'elle ne se laisse choir lestement au sol, se réceptionnant avec grâce. Se relevant tout en ramassant sa dague, celle-là même que Gaëd lui avait offerte pour célébrer sa première grosse prise « e vis avec les rescapés maintenant. Ils sont devenus ma nouvelle tribu... C'est grâce à Fernando que je parle si bien l'anglais... Il est gentil et, quand les autres me prennent pour une folle et une sauvage, lui me protège et m'aime. Un peu comme un père. » ses joues qui s'empourprent alors que ses doigts tremblèrent quelques secondes et qu'elle sourit d'un air un peu trop béat pour être innocent « Et puis il y a Raphaël... Lui c'est...spécial... Enfin je crois... Je sais pas... » puis elle avait soupiré tout en passant nerveusement ses mains dans ses cheveux. Ramassant sa besace posée contre le mur de la maison elle avait sorti ce nounours que Lahas lui avait offert un jour et qu'elle ne quittait plus. Le prenant entre ses bras comme à chaque fois qu'elle était stressée ou triste, elle était venue s'asseoir par terre, contre le tronc de l'arbre et avait regardé son frère « J'aime beaucoup Gaëd et, souvent, il me manque. Tu sais que quand j'étais toute petite je me disais qu'un jour, quand je serai grande, alors lui et moi on se marierait ? Comme ça, et puisque c'était ton meilleur ami, nous formerions tous une seule et même famille et on se quitterait jamais. »un rire nerveux et désabusé qui lui échappait alors qu'elle ajoutait en un haussement d'épaules « J'étais une enfant rêveuse et heureuse... mais j'étais naïve, non ? » un regard à son frère alors qu'elle lui dit dans leur langue à eux « Gaëd s'inquiète pour toi. Il n'en dira jamais rien parce que sa loyauté t'es acquise jusqu'à sa mort mais il a peur pour toi je crois. » une hésitation alors qu'elle ajoutait d'une voix douce qu'elle n'avait plus eue pour son aîné depuis longtemps « Fais attention à toi Lahas... S'il-te-plaît... La tribu serait perdue sans toi... Et, moi, je n'aimerais pas partir en te sachant en danger . » son regard qui se trouble alors qu'elle ajoutait, d'une petite, toute petite voix et les yeux baissés « J'étais heureuse au camps des rescapés. Mais les Originaires de l'Hydre sont venus un jour et... Nous avons été plusieurs à être capturés et emmenés sur l'Hydre. Et ce qu'ils nous ont fait alors... Je... » sa voix qui se fêlait alors qu'elle se recroquevillait sur elle-même et tremblait de tous ses membres « T'imagines même pas ce que j'ai vu, entendu, enduré là-bas ! Ces êtres sont des monstres ! Et sans Raphaël... Il m'a sauvée la vie. Et c'est pour ça... enfin pas seulement mais... C'est pour ça que quand il trouvera enfin le moyen de rentrer chez lui je partirais avec lui. Parce que, ici, je n'ai jamais eu ma place, non ? »
Ou comment avoir envie, besoin d'entendre de sa bouche à lui que, si, elle avait sa place. Sur cette île que les avait vus naître. Au sein de leur tribu aussi ? Peut-être...
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(#) Sujet: Re: De l'amour à la haine il n'y a qu'un pas... l'avons nous réellement fait ? {Lahas <3} Mer 11 Fév - 1:46
De l'amour à la haine il n'y a qu'un pas... l'avons nous réellement fait ?
Paix à ton âme
Nos regards surfaient l’un dans l’autre sans jamais se quitter. Nos yeux océan me faisaient penser à la mer sauvage qui s’écrasait sur nos récifs tranchants et empli d’histoire. Nous étions sérieux et semblions indomptables comme cette nature dans laquelle nous vivons. Elle me reprocha que contrairement à moi, elle, ne faisait pas couler le sang de sa famille. Je l’avais à peine éraflée et c’est à peine si elle ne me traitait pas de meurtrier. Je pense surtout qu’elle faisait encore une fois référence à nos parents et non à sa propre personne. Elle ne se cacha pas de le me dire que j’avais été absent pour elle et que malheureusement ce n’est pas moi qui a fait son éducation en matière de combat. C’est évident qu’elle m’en voudra toute ma vie pour les actes que j’ai pu commettre par le passé. Parfois, j’ai la nette impression qu’elle m’en veut plus de l’avoir laissée s’enfuir que d’avoir tué nos parents. Eux, ils sont mort et ne sont plus que des esprits qui errent sans but, il est plus facile de faire son deuil. Tandis que moi je suis toujours là, je suis toujours là pour poser mon regard sur elle, pour exprimer mon exaspération et ma rage. Je sais que sa colère envers moi est réelle mais son amour l’est aussi et elle a du mal à faire le bon choix entre « Est-ce que je lui pardonne ou le hais tout le restant de ma vie ? ». Je ne lâchai pas son regard semblable au mien et lui répondis dans le plus grand calme et sérénité qui existe. « Pourtant tu m’as manqué. Aurais-tu tremblé ? Ou est-ce que tu te sents incapable d’aller au bout de ta haine ? ». Je posais ma main sur sa joue et me contentai d’écouter ses phrases qu’elle ne croyait pas elle-même. Comment elle avait pu penser une seule seconde qu’elle aurait pu défier mon autorité. J’avais envie de pouffer de rire à ce moment-là mais je me contentai de penser que sur ce point elle avait été bien idiote. Je ne la craignais pas et quel qu’aurait été son opinion, j’aurais pris soin de la faire taire avant que cela revienne aux oreilles des autres. Je savais étouffer des affaires et comme par hasard elle aurait réussi à s’enfuir. Je l’aurais laissé partir quel que soit la situation ou le niveau de sa rébellion contre moi. « Tu es tellement aveuglée par ta haine que tu n’es même pas capable de voir ce que j’ai faits pour toi ! Je ne te crains pas aussi bien au combat qu’avec tes mots. Je suis un chef, je suis formé à entendre des choses durs, les résoudre sans aucunes émotions apparentes ou presque. Ce n’est pas toi qui peut me faire peur ». Je m’éloignai quelque peu d’elle et soupirais sans retenir mon souffle alors que je relevais la tête au ciel en me disant que les femmes commencent réellement à m’agacer. J’avais l’impression que ces tas d’estrogènes ne savaient pas faire autre chose que de se la jouer victime à mon égard. Elles attendent toutes de moi que je leur fasse un grand sourire en leur montrant mon amour pour elles. Mais p*tain de Gravagah ! Est-ce qu’on me prend pour un prêcheur de l’amour ou quoi ? Je vends des femmes en esclavage, je tue des gens parce qu’ils passent ma frontière et parfois les relâche pour les chasser. Est-ce que je ressemble à la sainte vierge ? Parce que si c’est le cas, je ne vois pas ce que je vais devoir faire pour prouver que j’ai rien d’un saint.
Je tournai la tête vers elle en prenant soin de faire le geste le plus lentement possible. « Je t’en prie ne me la joue pas en mode petite fille en manque d’amour. Tu sais très bien ma réponse et je te l’ai déjà dite un bon nombre de fois et je ne compte pas encore me répéter. Si ce n’étais pas le cas, je ne perdrais pas mon temps à essayer de te protéger. » J’avais toujours voulu la recroiser un jour mais j’ai bien l’impression que ce n’était pas une si bonne idée finalement. Je la sentais malheureuse et je n’avais pas envie d’ouvrir mon cœur. J’en avais déjà assez avec Peny qui me submergeait sans cesse de questions et de phrases qui parfois m’énervaient au plus haut point. Mais je gardais mon calme en tentant de lui expliquer mais il ne faut pas s’attendre à des miracles venant d’une femme amoureuse. Je n’ai jamais été amoureux d’une femme -ou d’un homme- et ne ressent pas le besoin d’exprimer ce sentiment. Je ne pense pas pouvoir aimer une seule femme durant toute ma vie mais si cela plait à certaines alors qu’elles pensent ce qu’elles veulent du moment qu’elles sont en paix avec elles. J’aime ma « stabilité » d’esprit et je n’ai aucune envies qu’elle soit « polluée » par le sourire, les cuisses chaudes et les mains douces d’une femme. Je ne me sens pas prêt pour ça et cela ne risque pas d’arriver d’aussitôt. Mais on ne sait jamais ce que l’avenir peut nous réserver ! Ce n’est pas pour autant que je suis impatient de le découvrir… Je soupirais une nouvelle fois en me disant que je n’aurais pas la force de continuer ce dialogue. Je voulu prendre la fuite mais elle me rattrapa en posant délicatement sa main sur mon bras. « Je n’étais pas aveugle mais feintais avec minutie. Je me suis dit que si je te donnais moins d’attention et que tu partais, tu serais plus heureuse ailleurs que dans la tribu. Elle ne m’a jamais volé à toi, je ne t’appartiens pas et cette tribu avait besoin de quelqu’un pour remettre de l’ordre. C’est ce que j’ai fait. Pour moi la tribu c’est toute ma vie et aucuns sentiments ne viendront briser mon amour pour elle qui m’a vu naître, détruire, reconstruire et me verra mourir. Tu n’étais pas seule tu t’es isolée sans même t’en rendre compte. » Elle fit quelques acrobaties sur une branche qui était non loin de nous et encore une fois je n’y prêtais pas plus attention que cela. Ce n’était pas volontaire mais j’étais distrait par mes pensées les plus obscures. Je m’assis sur un reste de ruine en face d’elle et portai une oreille demi-attentive sur ce qu’elle disait. « Tu n’as plus de père ! Personne ne pourra le remplacer ! ». J’avais haussé le ton et il avait été plus qu’hostile. Je ne supportais pas qu’elle tente d’essayer de se trouver un substitut pour essayer de faire son deuil. Je trouvais ça trop facile de sa part et jamais elle n’apprendra à panser ses blessures de cœur si elle essaye toujours de la remplacer par une autre. « Quand est-ce que tu grandiras ? ». Mon ton se fit plus doux. « Tu es une femme maintenant et es une Taykars ! Nous ne sommes pas faibles et c’est ce qui fait notre force. On s’aime tous entre nous mais aucunes émotions n’est partagées avec les étrangers ! Quoi que tu en dises on est ta famille et si tu veux céder et offrir tes sentiments fais le mais ne m’en fait plus jamais part. En plus, je n’ai pas envie de parler chiffon avec toi. J’ai l’air d’avoir un vagin et de vouloir parler garçons ? ».
J’avais encore été sec mais c’était plus fort que moi…Quoi que j’en dise, je n’en pensais pas moins. J’étais quelque peu jaloux de son aisance. Sans qu’elle s’en rendre compte, elle était déjà libre et avait remplacé les siens si facilement. J’en étais un peu dégouté et déçu de ses dires. « Ces gens sur nos plages ne prennent pas soin de notre mère à tous, la nature. Ils ne méritent même pas que je leur prête la moindre attention mais si tu es bien là-bas et bien tant mieux. Mais un jour, je les ferrais tous partir de ce qui est mes terres ». J’étais dur avec elle mais c’était pour son bien. J’avais envie qu’elle s’affirme et devienne assez forte pour savoir quand partager son cœur. Elle s’attache facilement sans s’en rendre compte et arrive à accorder sa « confiance » à un étranger et je trouve que cela est une faiblesse d’esprit. C’est en se méfiant et testant les gens qu’on arrive à se construire des bonnes relations. Par contre la suite ne me plut pas le moins du monde. Enfin encore moins que le reste. Elle comptait partir un jour ? Avec un pur étranger ? Partir de son habitat naturel pour aller dans une ville crasseuse puant la pisse et emplie de gens mal odorants ? C’est ça qu’elle veut ? Elle a une vie sur une île paradisiaque et cherche à vivre dans un environnement qui fait jaillir le béton autant que nos cascades. Sur ce coup, j’avais du mal à la comprendre et je n’étais pas du tout d’accord avec son point de vue. « Tu as toujours été naïve mais que tu le sois toujours autant me déçois un peu. Un homme que tu connais à peine ne te rendra pas heureuse là-bas ! Tu es une femme de la jungle et la seule végétation qu’ils ont là-bas c’est Central Park. L’air est vicié, les gens sont malheureux, alcoolisé et volent les autres. Je hais la ville et si tu parts un jour là-bas n’essaie même pas de revenir ou je te tue de mes mains. Cesse de t’apitoyer sur ton sort et ouvre tes yeux. Tu as toujours eu ta place et jamais tu ne pourras oublier tes origines. Elles te rattraperont toujours et te rappelleront à elle et là tu te diras que tu aurais préféré crever. » Je pouvais comprendre ce qu’elle avait pu vivre dans ces laboratoires mais j’avais envie de lui dire que c’était entièrement de sa faute et qu’elle l’avait un peu cherché. « Si tu n’étais pas partie, jamais tu n’aurais vécu cela. Je vais t’épargner mes plans politiques mais chacun aura droit à sa part du couteau ».
Je ricanai en me relevant de ce rocher qui me faisait mal à mon cul. J’ai beau aimer la nature, j’apprécie moins bien le fait qu’elle me rentre dans les fesses…Ma loyauté a des limites. « Réfléchi bien à tes actes Thais car la moindre erreur te sera fatale. Ce n’est pas une menace venant de moi mais plutôt de toute la tribu en entier. Ils te portent toujours dans leur cœur mais s’ils apprennent que tu joues avec leur sentiments et fait confiance à n’importe qui que tu crois ton père de substitution. Tu peux me croire qu’ils te réserveront le sort de l’arbre. » Elle n’avait vu qu’une fois ce genre d’exécution dans notre tribu. Elle consistait à attacher la victime à un arbre, de lui entailler le ventre légèrement, d’engouffrer ses doigts par cette entaille et de se saisir lentement de ses boyaux. Ensuite, on les utilise pour les enrouler autour des arbres à proximité. Ça un aspect décoratif assez intéressant et c’est tellement tendu qu’on pourrait y mettre sécher son linge. Ce n’était pas ma préférée mais elle m’amusait toujours. C’est un grand honneur d’étendre les restes de sa victime. On nourrissait ainsi la nature et les oiseaux de ce sang profanateur. Je lui fis un sourire et croisai mes bras en prenant un air assuré. « C’est plutôt à toi que je devrais dire de faire attention. Moi, je sais ce que je fais alors tu n’as pas à t’inquiéter de mon sort.» Cela sonnait en un avertissement mais aussi en un conseil. Elle est sauvage pour eux et qui sait ce qu’ils pourraient lui faire à cause de sa différence. Pourquoi c’est si dur d’avoir une petite sœur ? Pourquoi je n’ai pas eu un petit frère loyal ? Je soupirais mentalement et posai mon regard sur elle pour attendre la moindre de ses réactions. Je l’avais un peu brusquée avec mes mots mais je ne suis plus prêt à lui ouvrir mon cœur comme quand on était enfant. Cela devra se faire avec le temps et la patience.