Macaroni était malade. Ces trois petits mots tambourinaient dans esprit depuis son réveil ce matin-là. Une telle réalisation était une horreur sans nom qui ne put que le distraire pendant l’entière journée. Il fallait dire qu’il était loin d’être un expert en la matière et il s’inquiétait pour son meilleur ami à quatre pattes. Macaroni était la première présence rassurante sur cette station et il ne voulait absolument pas le perdre d’une façon ou d’une autre. Sauf que la seule chose qui était dans son lot de capacités, c’était bien ramassé le vomi que laissait la bestiole, tâche fort peu aisée à faire considérant l’environnement dans lequel il vivait. Il soupira en passant ses mains contre sa barbe. Il devait absolument demander un avis extérieur. Une option était de se tourner vers Sixtyn qui connaissait l’existence de son adorable petit compagnon à poil, mais il dut se résigner à ne pas le faire. Il serait fort étonnant qu’elle ait une quelconque connaissance dans la matière. Bizarrement, un travail de bureau ne sonnait pas comme lui donnant une compétence en matière vétérinaire. Ça impliquait donc de laisser quelqu’un d’autre dans le secret et c’était toujours risqué. Son choix ne prit pas de temps à se faire, c’était l’évidence même. Il ne connaissait pas tant de gens sur cette station et il savait encore moins vers qui il pouvait se tourner en étant certain que ça ne se retournerait pas contre lui. Faisant un léger détour par les laboratoires à la fin de son temps de travail, il chercha du regard le seul homme qui avait une pilosité faciale qui le rendait digne de confiance : Shawn. « Shawn psst. ». La subtilité était définitivement son meilleur talent, surtout qu’il ressortait du lot en grand dadet de la garde dans ce laboratoire plein de scientifique. « Tu t’y connais en biologie, non ? » La question qui n’avait rien de très précis. En même temps, il n’allait pas non plus crier haut et fort qu’il avait besoin d’aide avec son chien. Autant y aller étape par étape.

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Passer la journée avec les deux yeux dans un microscope à de quoi filer une migraine aux novices qui ne savent pas comment ajuster ce petit bijou. C'est une bête qu'il faut savoir apprivoiser, histoire de bien travailler, sauf que dompté ou non, ça ne change rien à la quantité de travail. Je regarde l'heure à ma montre, prenant une pause d'observation d'une coupe de rein. C'est joli, mais j'ai encore une montagne de trucs à faire. Soit les gens sont hypocondriaques, soit il y a un chirurgien quelque part qui a beaucoup trop de temps libres. Il se fait tard pour un citoyen ordinaire, mais j'ai la fâcheuse manie de me lever tard et donc commencer également mes quarts plus tard - faut bien un avantage d'être pathologiste -, alors je suis loin d'avoir terminé ma journée. Toutefois, je pourrais peut-être prendre une pause pour aller manger. Ça me semble être un bon plan. Je ferme la lumière de mon microscope, laissant la lame en place dont je note le numéro sur un bout de papier en ajoutant quelques colorations spéciales supplémentaires que j'aimerais avoir pour ce cas. Quittant l'espace qui me sert de petit bureau, je vais mettre la main sur la dernière personne technicienne en pathologie restante en lui remettant mon papier avec un sourire et une petite tape sur l'épaule en guise de remerciement, précisant que je veux le tout pour demain. À peine ai-je terminé de donner mes ordres que j'entends l'interpellation de mon prénom, fronçant les sourcils tout en me retournant. Dorian ? Il sort du lot avec encore son uniforme sur le dos. Sa question a tout pour paraitre suspecte, lui décrochant un regard sceptique sur sa capacité de faire des liaisons mentales. Je suis pathologiste. Si je ne m'y connais pas en biologie, ça ne va pas très bien. « Oui ? » Question idiote, réponse incertaine. Finalement, je m'approche, venant presser une main sur son épaule en lui indiquant le chemin vers mon bureau. « T'as la tête d'un gars qui a un gros problème. »

La réponse de Shawn le laissa perplexe. S’il s’y connaissait en biologie, ne devrait-il pas être un peu plus affirmatif ? Oui bon, la question était peut-être idiote à la base, mais il méritait tout de même une réponse plus claire que ça. Parce que ça n’enlevait pas la possibilité qu’il ait réussi à venir sur cette station en… mentant son chemin jusque là ? Sans doute que ce n’était pas faisable, mais il ne fallait pas non plus écarter cette possibilité. Enfin, là n’était pas la question, Shawn restait la seule personne vers qui il pouvait se tourner. Dorian ne se fit donc pas prier pour le suivre en direction de son bureau. Il ne perdit pas plus de temps pour répondre au commentaire fait par le scientifique. « Plus que ça, c’est un drame. » Une vague façon de mettre un peu de suspense (totalement inutile) dans la conversation. D’un autre côté, il ne pouvait pas non plus afficher ses problèmes devant toutes les personnes de ce laboratoire, ce serait affirmer haut et fort qu’il enfreignait le règlement de la station. « En fait, hypothétiquement, tu sais t’occuper d’animaux ? » À peine plus précis comme explication quant à la demande qu’il voulait faire, mais bon, il fallait être certain que Shawn pouvait se montrer digne de confiance quant à la présence de Macaroni. « Je peux te demander un service ? Entre hommes barbus. » Oui la précision était importante, parce que c’était bien en raison de cette pilosité faciale que le scientifique méritait sa confiance presque totale et donc qu’il se voyait confronté aux demandes peu claires du garde. En même temps, il lui fallait d’abord un minimum de garantie avant de lui montrer le tout (en espérant que Macaroni n’avait pas encore gracier le plancher d’un vomi). « Ce serait sans doute plus simple de te montrer, mais tu dois me promettre de ne rien dire. » Tant de sérieux, quelque chose qui n’arrivait que très rarement venant de Dorian. Aux grands maux, les grands moyens après tout !

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J'ai l'habitude des questions idiotes, mais là Dorian remporte le premier prix. Je veux bien que certains mentent leur chemin jusqu'à un poste, sauf qu'il faudrait être assez débile profond pour engager un personnel médical n'ayant pas les qualifications requises. Avec la gueule qu'il tire, je m'attends à tout tandis que je le dirige vers mon bureau, fermant la porte derrière nous. Mes sourcils se froncent à la mention d'un drame puisque je suis incapable de faire un lien quelconque entre ce qu'il me veut et ce qui peut être aussi terrible. Dorian est encore plus étrange à me parler d'animaux, se méritant un regard sceptique de ma part. « Je ne suis pas vétérinaire, mais je suppose que le principe organique ne diffère pas entièrement. Donc, je dirais que ça dépend à quel niveau. Je sais remplir le bol de croquettes d'un chat. » Chose malheureusement pas permise ici sinon mon chez moi serait agrémenté d'un félin à coup sûr. Un lézard aurait pu faire stylé aussi. L'évocation de notre pilosité commune me fait porter la main à la mienne, frottant celle-ci des doigts avant de venir croiser les bras. « Tu peux toujours demander et je vais voir ce que je peux faire pour toi. » Il est louche avec ses secrets et ses questions loufoques. « Si tu caches une portée de chatons, j'en veux un noir et blanc. » Je lève un index des plus sérieux dans sa direction, bien que je ne crois pas avoir tapé dans le mille. Ç'aurait été trop simple. Si Dorian a ses secrets, j'ai les miens aussi, alors je ne vois pas pourquoi j'irais m'ouvrir la bouche quand le karma pourrait aisément se retourner conte moi. « T'as ma parole, aller. Montre. »

Bon peut-être qu’il avait un peu trop poussé en doutant des capacités de Shawn. Ça avait été plus fort que lui en raison de l’inquiétude qu’il ressentait pour son pauvre Macaroni. Enfin, maintenant qu’il s’était fait jugé par son ami, autant profiter de l’aide qu’il pouvait lui offrir. Bien sur, il fallait au moins s’assurer qu’il s’y connaissait un minimum dans les animaux. « Même moi je sais que remplir le bol de croquettes d’un chat tu sais. » Même pas besoin d’une quelconque connaissance en la biologie ! S’occuper d’un animal c’était dans ses capacités, en prendre soin quand il était malade… un peu moins. D’où la nécessité de se tourner vers l’autre barbu pour de l’aide. En entendant l’idée que ce que ce dernier avançait arracha un franc sourire à Dorian qui pouffa pendant un moment. « Malheureusement je n’ai pas de chaton à t’offrir. » Si seulement, la vie serait tellement mieux s’il pouvait avoir des chatons desquels s’occuper. Bon, il ne se plaignait pas de l’adorable compagnie de Macaroni, bien au contraire, mais des chats en plus ce ne serait pas si mal ! Enfin, sur le coup il ne put s’empêcher d’hésiter jusqu’à ce qu’il ait une confirmation de la part de son ami. Sa parole lui suffisait, mais il fallait maintenant quitter le bureau du scientifique pour se rendre jusqu’aux dortoirs. « Suis moi. » Se dirigeant vers les dortoirs, il s’arrêta devant la porte de sa chambre après avoir fait un trajet de quelques minutes. « Fais attention où tu mets les pieds c’est peut-être sale. » Dorian n’avait aucune idée de si Macaroni avait été à nouveau malade sur le plancher. Enfin, il l’avait prévenu, maintenant, il suffisait à entrer. « Il est malade depuis hier. » Puis, il fallait voir ce que Shawn aurait à dire sur la condition de son chien.

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Me voilà rassuré d'apprendre que Dorian sait au moins comment s'occuper des besoins basiques d'un animal de compagnie et c'est une vraie honte que ces bêtes soient interdites. « Ravi de savoir que tu n'es pas empoté, même si ton esprit de déduction laisse parfois à désirer. » Je parle ici du fait qu'il vient tout juste de me demander si j'étais calé en biologie. Il me prend pour qui ? Un imposteur ? C'est une insulte pour mes longues années d'universitaire. En prime, je suis déçu d'apprendre que ce bon vieux Dorian ne cache pas une contrebande de chatons, situation qui aurait pu mettre un peu de vie dans mon domicile un peu vide en dehors des quelques visites de mes parents qui semblent parfois croire que j'ai encore seize ans. « Triste. » Après, je suis toujours prêt à aider un ami, aussi louche soit-il présentement avec ses cachoteries et ses questions bizarres. Je me prends un ordre, suivant ses pas après avoir quitté mon bureau et verrouillé la porte derrière nous. Je glisse les mains dans les poches de mon blouson, trainant des pieds derrière Dorian jusqu'à la porte de ses appartements, fronçant légèrement les sourcils en le jaugeant du regard. J'ai la nette impression que je vais aimer et détester la suite. Sans plus attendre, j'entre avec lui tout en baissant la tête vers le sol pour voir que l'endroit me parait propre. « Faire le ménage peut t'aider si c'est sale, hein. » La porte se ferme, nous coupant du monde extérieur et je relève le menton pour apercevoir une boule de poils. Malade, selon les dires de Dorian. J'ignore comment réagir, alors c'est tout naturellement que je jette un regard accusateur vers mon ami tout en parlant à voix baisse juste au cas où. « T'as apporté un chien ?! » L'envie de lui mettre une claque derrière la tête est forte, mais je m'abstiens par respect pour notre amitié. « J'ai l'air d'un vétérinaire ? » Une main désigne sèchement ma personne avant qu'un soupire irrité traverse mes lèvres, roulant des yeux en passant une main sur ma tête. Bordel. Dans quoi je me suis embarqué ? « Tu vas tellement m'en devoir une, Fawkes. » Par politesse, j'enlève mes chaussures, puis m'aventure en direction du chien qui ne semble pas au top de sa forme. « Balance tout ce que tu sais. Combien de temps, son âge, son alimentation, s'il a déjà eu quelque chose de similaire et ce que tu veux dire précisément par 'malade'. » J'ai définitivement connu des chiens en meilleure santé puisqu'il ne tente même pas de s'évader lorsque je saisi doucement sa tête entre mes mains pour l'observer visuellement.

Face à Shawn, il n’y avait pas de doute quant au fait que Dorian était définitivement un idiot en comparaison avec avec ce dernier. Si bien qu’il ne se formalisa pas le moindrement lorsque l’autre jeune homme critiqua ses capacités de déductions. « Peut-être. » De toute façon, il devait bien avoir d’autres belles qualités à quelque part, une chose comme une autre, par exemple le fait de pouvoir s’occuper très très vaguement d’un animal de compagnie. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il avait besoin de l’aide d’un biologiste, ce qu’était Shawn selon ses propres confirmations. Il lui demandait donc cette aide, même sans avoir d’adorable chatons à lui donner en retour. « J’aimerais bien avoir des chatons, crois-moi. » Bon notons qu’il ne se plaignait pas du tout du fait d’être coincé avec un chien (même qu’il adorait son toutou), mais avoir des chatons en prime ne pourrait qu’être un plus. Haussant légèrement les épaules en entendant le commentaire que faisait le biologiste, il ne répondit pas pour autant, ne voulant pas commencer à le dégouter en lui disant qu’il pourrait potentiellement marcher dans du vomi. En entendant la question que lui posait alors Shawn, Dorian ne put s’empêcher de se gratter légèrement la joue, gêné. « Je sais que tu n'es pas un vétérinaire, mais je ne vois pas à qui d’autres je peux m’adresser. » Après tout, rien que le fait d’avoir un chien n’était pas tellement permis alors il ne se voyait pas vraiment demander de l'aide à quiconque d’autre que Shawn qui était au moins un ami. Hochant la tête, il répondit tout de suite à l’affirmation de ce dernier. « Merci infiniment. » Puis vint le temps de répondre aux questions pour essayer d’aider Shawn à aider macaroni. Ce n’était sans doute pas une chose aisé à faire, mais c’était oh combien important. « Il fait ça depuis deux jours, il vomi, couine. Il ne veut pas dormir, ni manger. C’est la première fois qu’il fait ça depuis que je l’ai amené avec moi il y a deux ans. Et sinon, il mange des croquettes, tout ce qu’il y a de plus normal. » Passant une main dans ses cheveux, il se mit à se demander s’il n’avait pas oublié quelque chose dans cette description. Probablement pas ou du moins, c’était ce que Dorian espérait.