« Les amitiés renouées demandent plus de soins que celles qui n'ont jamais été rompues »

Emrys-Nicholas avait retrouvé certaines personnes sur l'île de son passé, des personnes qu'il n'aurait jamais cru un seul instant revoir ici. Noreen faisait partie de l'une d'entre elles. Sur le moment, le jeune homme avait cru à une mauvaise plaisanterie de son imagination. Le plus marrant dans tout ça, c'est qu'il s'agissait d'une des personnes qu'il avait cherché à éviter ces dernières années, n'assumant pas son mariage si alcoolisé. Si ses parents avaient appris la nouvelle, il aurait été dans de beaux draps. Ce n'était pas le genre d'Emrys de faire des conneries comme cela, enfin à présent si. Ses retrouvailles avec la jolie blonde avait été des plus étrange et il ne saurait qualifier si elle le considère comme un ami ou au contraire pour un pauvre type qu'elle essaie d'éviter à vie. La seconde personne chère à son cœur fut Seth. Il fut également surpris de le retrouver ici, le monde était décidément petit, comme si tout était lié. Lors de son séjour dans une caserne militaire à Seattle, Emrys-Nicholas avait fait la connaissance de Lightfellow. Le jeune homme avait apprécié la compagnie de ce dernier. Ils étaient restés après son passage à Seattle en contact bien qu'il leur arrivait de se perdre de vue. Barnes comptait profiter de ce cloître qu'était l'île pour rattraper le temps perdu. Ils avaient le temps nécessaire pour passer du temps entre amis. Emrys-Nicholas avait appris que Seth s'était rangé dans le groupe des hostiles. Le fameux groupe que tout le monde redoute, car il y figure les pires criminels. Le militaire ne les aimait pas. Il avait horreur que l'on fasse du mal aux gens et encore plus gratuitement. S'il ne comprenait pas le choix de son ami, il le respectait quand même. Que pouvait-il de toute façon faire ? S'il faisait la morale à Seth, il savait pertinemment qu'il serait bien reçu par ce dernier qui l'enverrait sans doute bouler. Barnes se contentait seulement de s'assurer qu'il aille bien, qu'il ne perd pas pied en devant fou avec justement ces fous, ces psychopathes sans cœur. C'est pourquoi, il lui arrivait de venir directement dans l'antre de Seth ou plus précisément dans la gueule du loup. Il pouvait à tout moment se faire poignarder par l'un d'entre eux. Il lui était même arrivé de trouver des traces de sang ou encore entendre des hurlements, rien de très rassurant. Emrys avait toujours sur lui un poignard prêt à l'emploi. Heureusement pour lui qu'il savait se battre et se défendre, ce n'était pas donné à tout le monde sur l'île. En pénétrant dans la grotte des hostiles, le beau brun traversa les galeries à pas de loup, il essaya d'être rapide, de ne pas se faire remarquer. Une fois arrivé devant l'habitat improvisé de Seth, il frappa contre une paroi pour se faire entendre avant de pénétrer à l'intérieur. Son ami était bel et bien présent et seul.

« Hey c'est moi. » Dit-il pour s'annoncer bien que Seth voyait qu'il s'agissait d'Emrys. Il lui adressa un léger sourire avant de venir le saluer.

Malgré le fait que Seth s’entêtait à rester chez les hostiles, il lui arrivait parfois de douter de son appartenance à ce groupe. Il était un tueur, la question ne se posait pas à ses yeux, mais il sortait parfois du lot. Après tout, il n’avait jamais eu particulièrement envie de blesser les rescapés, tout ce qu’il voulait, c’était avoir des combattants un peu plus menaçants pour s’opposer aux originaires. Ce n’était donc pas les objectifs des hostiles, mais ils pouvaient bien servir la cause en cas de besoin. Sauf que voilà, ce qui le faisait douter, c’était une toute autre chose à savoir le fait que tous les gens qu’il appréciait (ou presque) se trouvaient dans d’autres clans sur l’ile. Et ça lui pesait, plus qu’il ne l’aurait cru à la base. Wendy, Noreen, Edge et même Emrys étaient tous ailleurs. Évidemment, ça ne changeait rien à sa décision, Seth était suffisamment têtu pour rester avec les hostiles dans une vaine idée de prouver qu’il n’avait pas eu tord. C’était idiot, mais pas très étonnant venant de lui.
Cela dit, alors qu’il était installé dans ce qui pouvait être considéré comme « chez lui », le soldat ne s’était pas du tout attendu à avoir de la visite. La majorité des rescapés évitaient la caverne des hostiles (et avec raison) si bien qu’il y avait un nombre restreint de personne qui pouvait venir cogner. « Oh, Emrys-Nicholas. » Il était content de le voir, il ne fallait pas croire l’inverse, sauf que Seth n’était pas la personne la plus expressive. En plus, Emrys était un vieil ami de l’armée, l’avoir retrouvé sur l’île avait été une chance toute particulière. C’était différent de Wendy qu’il avait cherché activement ou Edge qui était un peu venu en lot avec sa soeur. Emrys c’était une surprise, c’était une présence rassurante provenant d’un passé plus ou moins lointain. Il fallait dire que malgré les réticences de l’ancien capitaine de parler de son expérience à l’armée, il y avait bien certains points dont il gardait des bons souvenirs et son amitié avec Emrys était souvent le premier point sur cette liste. Ce pourquoi, Seth finit par esquisser un sourire et se relever pour aller vers l’autre jeune homme. « Qu’est-ce qui t’amène ici ? » Généralement les visites de son ami signifiait une discussion au sujet des hostiles, souvent camouflé. Ça le dérangeait nettement moins avec l’autre soldat qu’avec quiconque, les autres ayant tendance à tenter d’être moralisateur, ce que ne faisait pas Emrys. Un autre bon point pour son ancien camarade. « Tu sais, je sais m’occuper de moi, je n’ai pas besoin que tu me rende visite comme ça. » C’était une manière de montrer son désaccord avec la présence de son ami, non pas parce qu’il n’était pas content de le voir, mais bien parce que c’était dangereux pour lui. Seth ne courait aucun danger parmi les hostiles (ou du moins pas trop) parce qu’il faisait parti des leurs, on ne pouvait pas en dire autant de l’autre militaire qui n’était évidemment pas dans le même camp.

« Les amitiés renouées demandent plus de soins que celles qui n'ont jamais été rompues »

Emrys-Nicholas avait pénétré à l'intérieur du coin qui servait d'habitat à son ami. Il sourit lorsque celui-ci le salua en l'appelant par son prénom. Le jeune homme le regarda se redresser et s'approcher de lui. A en croire son allure, Seth semblait bien se porter, c'était déjà ça et c'était plus fort lui de se soucier de ce dernier. Néanmoins, Barnes évitait à chaque fois de le montrer, il préférait être plus discret, c'est en tout cs ce qu'il espérait à chaque visite. Le militaire allait répondre à sa question lorsque Lightfellow rétorqua aussitôt qu'il n'avait pas besoin de lui rendre visite, car il savait prendre soin de lui. Après une inspection rapide de l'endroit, Emrys-Nicholas laissa échapper un rire :

« Voyons Seth j'ai autre chose à faire que de te chaperonner ! » Il reprit son sérieux après avoir étouffer son rire : « Je n'ai pas le droit de rendre visite à un vieil ami ? » Il sourit amusé : « L'avantage d'être sur une île déserte en plein milieu de l'océan, c'est qu'il n'y a plus de problème de distance pour se rendre visite mutuellement. »

Après son séjour à Seattle, Emrys n'avait pas cessé de voyager, acceptant un peu partout les missions que l'on lui proposait. Il adorait ça voyager, mais il avait longuement regretté de ne plus voir certaines personnes aussi facilement comme son vieil ami Seth ou tout simplement Noreen. Le soldat ne craignait en aucun cas pour sa vie. Il savait que ce lieu était dès plus dangereux de l'île, mais après tout il avait déjà vu pire sur le front. Il avait souvent frôlé la mort de très près et ce n'était pas comme s'il ne savait pas se battre, ce n'était en aucun cas une petite fille fragile. De plus, Emrys-Nicholas est une vraie tête de mule, son ami savait que se serait perdu d'avance de lui faire changer d'avis. Le soldat observa son ami avant de reprendre :

« Quoi de neuf ? Pas de copine en prévision ? Aucun homme à torturer ? »

Dit-il toujours avec humour et voilà sa première remarque concernant les hostiles. Ce n'était bien évidemment pas sous un ton de reproche, juste de l'amusement et peut-être parce qu'il attendait que Lightfellow s'empare de cette perche volontaire pour déballait des choses, des discussions s'il en avait à dire. Le secouer pour mieux entrer dans le vif du sujet comme ce dernier était bien loin d'être expressif comparé à lui et bavard. Le soldat se dirigea ensuite vers ce qui lui servait de siège pour s'y asseoir tranquillement, il n'envisageait pas de rester debout tout le long de cette visite improvisée.

Si Seth témoignait ouvertement du fait qu’il n’avait pas besoin d’une quelconque surveillance de la part de son ami, ça ne voulait pourtant pas dire qu’il n’était pas content de le voir. Bien au contraire et il le témoignait en ne l’envoyant pas balader directement. Lui reprocher sa visite si elle était dans un but particulier était une chose, ne pas avoir envie de le voir en étant une autre. Visiblement, ses manières faisaient rire l’autre soldat ce qui n’était pas plus mal. « C’est sur qu’on est très occupé sur une île déserte. » C’était le complet opposé de la vie d’armée où il y avait toujours quelque chose à faire. Lorsque Emrys lui demanda s’il avait le droit de visiter un vieil ami , Seth ne put qu’hocher la tête légèrement. Bien sur que si, seulement, il ne fallait pas trop s’attendre de la part du soldat. Il devait néanmoins concéder le fait que c’était beaucoup plus simple de se rendre visite maintenant. « C’est vrai qu’on n’est plus retenu dans des coins différents du monde. » Contrairement à l’armée où ils pouvaient être envoyés partout dans le monde en mission, la plus grande distance qu’il pouvait y avoir entre eux maintenant était la grandeur de l’île. Elle était certes assez grande, mais ce n’était tout de même pas comparable.
À la question d’Emrys, Seth ne put s’empêcher de froncer les sourcils. Oh, il savait bien qu’il s’agissait d’une plaisanterie, mais il n’était pas non plus réputé pour son sens de l’humour. Enfin, ça ne valait sans doute pas la peine de s’énerver pour si peu. « La torture ce n’est pas avant demain… » Ou plutôt pas avant jamais, le jeune homme avait son lot de défaut, mais la torture n’était définitivement pas dans ses cordes. Donc oui, c’était bel et bien une tentative de blague de la part du naufragé. Cela dit le sérieux revint au galop pour ce qui était des autres questions. C’était difficile parce qu’il n’était pas de ceux qui s’ouvrait facilement. Sauf qu’il y avait bien un jeune femme qui, selon toute appréciation normale, pourrait entrer dans la catégorie de ‘copine en prévision’ ou du moins qui était digne d’être mentionnée. Seth le savait à quelque part, seulement, c’était tout de même bien difficile à admettre. La seule femme qui méritait d’ordinaire une mention facile était Wendy, mais disons que c’était évidemment dans un autre ordre d’idée. « Il y a peut-être quelqu’un qui… » Ce n’était pas facile pour lui et il se sentait idiot d’en parler maintenant. Il resta silencieux pendant un court moment avant de se réinstaller sur un siège pour poursuivre : « Qui me plait. » Ça ne semblait peut-être pas si crédible considérant le sérieux et la neutralité dont il faisait preuve, mais c’était sans compter son coeur qui tambourinait dans sa poitrine. « Enfin c’est compliqué. » Compliqué parce qu’ils passaient généralement leur temps à se disputer, compliqué parce que s’il avait du mal à admettre à Emrys, un ami de longue date, ce genre de chose, il se voyait mal l’admettre à la principale concernée. « Et ça n’arrivera probablement jamais. » Éternel pessimiste, il ne fallait pas s’attendre à autre chose de sa part.

« Les amitiés renouées demandent plus de soins que celles qui n'ont jamais été rompues »

« Oh oui énormément ! » Emrys-Nicholas pouffa de rire après avoir fait dans l'ironie et il ajouta : « Je commence à m'y ennuyer comme un rat mort et encore, même les rats ne s'ennuient pas autant. » Barnes était d'humeur joueuse et joyeuse. Seth avait l'habitude de le voir comme ça, il n'arrêtait pas et il lui en fallait beaucoup pour avoir le moral zappé. Le jeune homme s'installa sur un siège tout en l'écoutant lui répondre. C'est vrai qu'ils n'étaient plus aux quatre coins du monde, ils avaient du temps pour se retrouver.

« Après avoir pris l'habitude des longs déplacements un peu partout, rester dans un endroit fixe n'est pas facile, les voyages me manquent. »

Si on lui offrait une mission, il serait le premier à l'exécuter, il n'aimait pas rester toujours au même endroit, il avait besoin de s'évader. Il espérait d'ailleurs qu'ils ne finiraient pas à croupir sur cette île jusqu'à leur mort. Comme tout bon ami qui se respecte, Emrys-Nicholas demanda des nouvelles de ce dernier. Il souhaitait s'assurer qu'il aille bien et le tout en s'amusant à lui rappeler qu'il était dans le camp des originaires. Barnes avait confiance en Seth, il espérait effectivement qu'il ne se mettait pas à tuer des gens par pure sadisme comme ces grands fous d'hostiles.

« Ah ça va alors si ce n'est que demain, je pourrais y assister ? »

Dit-il toujours en plaisantant avant de reprendre son sérieux. Il observa son ami. Celui-ci finit par se confier concernant une jeune femme. Emrys-Nicholas savait que son camarade militaire était un mec plutôt discret et qui ne parlait pas comparé à lui qui était tout le contraire. Il avait su s'adapter et il était toujours ravie de faire partie de ceux qui avaient une place suffisamment importante dans sa vie pour qu'il puisse lui parler de sa vie privée. Il l'écouta attentivement tout en remarquant qu'il avait des difficultés à parler ouvertement jusqu'à ce qu'il aboutisse au fait que sa relation avec cette fille était compliquée et que ça risquait de ne pas se faire.

« Il ne faut jamais dire jamais. » Avant que Seth se défende face à ce qu'il venait de dire, Emrys reprit : « Qu'est-ce qui est compliqué entre vous ? L'amour c'est toujours compliqué. » Il soupira en y pensant puis il reprit son sérieux : « Tu sais, si tu tiens à elle, tu devrais continuer à espérer et ne pas baisser les bras, c'est qu'elle en vaut la peine. » Emrys ne savait pas s'il était de bon conseil, mais une chose est sûre, c'est qu'il souhaitait que son ami ait le droit au bonheur, surtout si cela pouvait l'éloigner des hostiles.

Le manque de chose à faire sur l’île pouvait être difficile à subir pour bien des gens. Emrys était un exemple de cette réalité comme il le faisait lui-même remarqué. Seth lui-même n’appréciait pas particulièrement le fait d’être coincé à un endroit sans pouvoir s’occuper de manière suffisante, mais il s’en accommodait d’une façon ou d’une autre. Sans doute grâce au fait qu’il pouvait être certain que Wendy était saine et sauve. « C’est pour ça que tu viens me voir en fait. C’est que tu t’ennuies et ça te permet de voyager un peu. » Une nouvelle tentative de blague, tout aussi nulle que la première avouons-le. Cela dit, il ne pouvait que comprendre l’ennui que ressentait son ami. C’était sans doute le lot de bien des militaires. Une façon de s’en sauver serait sans doute de trouver une occupation valable, mais elles étaient bien limitées. Au moins, Seth pouvait se réconforter dans le fait que si un jour il s’ennuyait un peu trop, il pourrait toujours se tourner vers des occupations dignes des hostiles, comme par exemple la torture. Il avait beau plaisanter à ce sujet, il était évident que ce n’était pas dans ses plans et qu’il ne le ferait sans doute jamais. Si bien qu’en entendant ce que Emrys disait, il ne put s’empêcher de sourire - toujours aussi subtilement - avant de lui répondre : « Ce serait à tes risques et périls, mais tu peux toujours essayer. » Le soldat lui-même préférait éviter tout moment où les autres hostiles décidaient de faire une telle chose. D’abord parce qu’il détestait être impuissant face à une telle situation, mais aussi parce qu’il n’avait aucune envie d’y participer que ce soit en tant que bourreau ou en tant que victime.

Enfin rien de tout ça n’avait vraiment d’importance face à la suite. En temps normal, Seth préférait éviter de parler de lui-même ou de toute émotion qu’il pourrait avoir. Cette fois était donc une exception, l’exception à la règle. Et c’était parce qu’elle concernait une autre exception : Noreen. Il ne l’avait pas nommé, préférant de loin en parler vaguement. D’abord en admettant qu’il l’appréciait plus qu’il ne l’aurait voulu avant de laisser son pessimisme habituel prendre le dessus pour dire ce qu’il pensait au fond : que ça n’arriverait jamais. Emrys ne semblait pas apprécier cette conclusion et il lui reprocha d’avoir dit jamais. Les questions qui suivirent n’aidèrent pas la chose, le soldat se demandant pendant un moment s’il n’avait pas fait une erreur en parlant de la jeune femme. Certes, son ami ne pouvait que l’aider, mais le sujet le gênait tout de même. « Elle est avec les originaires. » Et que dire du fait qu’elle ne portait absolument pas les hostiles dans son coeur. Seth préféra taire ce détail en enchainant sans s’y attarder : « Le problème ce n’est pas d’espérer, c’est plus que j’ai l’impression de la décevoir à chaque fois. » Après, il fallait admettre qu’il était de nature décevant. Il faisait une chose puis repartait sur une autre et il ne fallait pas s’attendre à quelque chose de lui sans risquer de voir l’inverse. « Je ne pense pas qu’elle pourrait m’aimer quoi. » Le noeud du problème à vrai dire et encore il ne savait pas que la demoiselle était en fait mariée à son ami, une belle découverte à faire sous peu.

« Les amitiés renouées demandent plus de soins que celles qui n'ont jamais été rompues »

Décidément son ami Seth ne manquait pas de faire de l'humour. Ce qui était drôle dans cette situation, c'était que Lightfellow était trop sérieux et froid, alors les blagues pouvaient facilement passer à la trappe lorsque l'on ne le connaissait pas. Barnes pouffa de rire, elle était pas mal et encore plus avec ce contraste, non pas qu'il se moquait de son ami, mais un peu. Cependant, c'était toujours bienveillant de sa part.

« Exactement, en plus pour venir ici c'est comme partir faire la guerre, on est pas à l'abri de tomber sur un champ de mines ou d'affronter un ennemi. »

Lui aussi tentait de faire dans l'humour pour poursuivre le délire de son ami. Puis, il valait mieux en rire qu'en pleurer de cette situation non ? C'est ce que semblait faire Seth en tout cas. Emrys-Nicholas lui adressa un sourire amusé lorsqu'il lui rétorqua qu'il pouvait y assister. Jamais de la vie, il ne ferait du mal à quelqu'un, pas même à une mouche. C'est en tout cas ce que pensait le jeune homme à ce moment précis, il était bien loin de se douter que très prochainement, il reverrait son jugement en se retrouvant à la place de Seth. À présent, les deux hommes faisaient place à la confidence. Le militaire arrivait à tirer les vers du nez de Lightfellow sans pour autant l'avoir forcé. Il se confiait sur cette femme aussi mystérieuse qui semblait l'être tout autant que son ami. Il l'écouta attentivement comme pour l'aider, même si des belles paroles n'y feraient rien.

« Et pourquoi la déçois-tu ? Si toi-même tu sais ce qui ne va pas, pourquoi ne cherches-tu pas à y remédier ? »

Emrys-Nicholas souhaiter aider son ami, le conseiller et lui faire comprendre qu'il était là pour ça, pas seulement pour faire des blagues pourries. Barnes grimaça et il ajouta :

« Les femmes sont compliquées ! »

Dit-il en riant. Il en avait vu des vertes et des pas mûres avec les femmes. Même à présent, il ne comprenait pas la réaction de Noreen à le fuir comme la peste. Certes ils étaient mariés et ils ne pouvaient pas divorcer, mais il n'y avait pas de quoi en faire un drame non ? Ce n'était pas comme si Emrys prenait cette situation au sérieux.


HJ : je parlerais bientôt pour Noreen:laugh :

Pour une fois, Seth préféra ne pas se vexer en voyant que Emrys pouffait. Il se doutait bien qu’il se moquait de lui - gentiment - et normalement, il aurait sans doute mal pris la chose. Sauf que l’envie de s’offusquer lui était passée étonnamment et il préféra continuer dans la légèreté. C’était, par ailleurs, un exemple que l’autre soldat était, en quelques sortes, privilégié. En attendant, ils plaisantaient sur la dangerosité de son choix de camp. Et au commentaire de son ami, il ne put qu’arquer un sourcil. « Oh, donc c’est que tu manques de stimulations en fait ? » Ce n’était pas plus étonnant que ça vu leur ancien - et actuel - métier de militaire. Ils étaient habitués à un peu plus d’action. Seth s’en accommodait au final, mais il ne serait pas plus étonnant de dire qu’Emrys avait besoin d’être plus occupé que lui. Ce pourquoi il ne serait pas plus mal qu’il vienne assister à une séance de torture. L’idée était en soit, complètement idiote, mais c’était une bonne plaisanterie. Après, les deux étaient sans doute conscient que torturer des innocents ne faisait pas partie de leur activité respective. Seth avait beau être avec les hostiles, ce détail de changeait pas.
Puis, au final, il fallait avouer que le soldat avait l’avantage - ou pas - d’être bien occupé par ses problèmes de coeur. Quelque chose qu’il n’aurait sans doute jamais pu prévoir, lui qui évitait ce genre de chose comme la peste. En parler avec son ami lui faisait étonnamment du bien même s’il ne sut pas exactement quoi lui répondre. Il savait instinctivement qu’il décevait Noreen, la question ne se posait pas, mais précisément quoi était quelque chose d’un peu plus complexe. « Elle n’aime pas mon choix de camp, pour commencer. » Rien de bien étonnant à ce niveau là, tout le monde le lui reprocher constamment. Après, il voyait mal comment il pouvait expliquer pourquoi il décevait autant la jeune femme, autre qu’il s’agissait d’une évidence. À la place, il se contenta de renchérir sur le commentaire d’Emrys : « À qui le dis-tu. » Il ne l’avait jamais réalisé auparavant, sa relation avec Wendy étant trop particulière pour qu’il puisse s’en rendre compte, mais maintenant que son coeur battait pour Noreen, il s’en rendait pleinement compte. « Mais pourquoi tu dis ça ? T’as une dame en vue toi aussi ? » Le toi aussi sonnait bizarre venant de lui, mais bon si son ami avait quelqu’un en vue autant le savoir. Puis bon, il pouvait avouer que ça l’intéressait à quelque part.

hrp : je t'ai un peu aidé

« Les amitiés renouées demandent plus de soins que celles qui n'ont jamais été rompues »

« Je crois que c'est ça. »

Dit-il en plaisantant avant de reprendre son sérieux. Il était décidément ravie de revoir son ami. Il y a des journées comme ça, simple qui peuvent égailler la journée et la faire passer plus rapidement. La conversation qui était dans un premier temps légère commença à être sérieux. Comme des mecs, ils parlaient des filles. Il savait que Seth n'était pas du genre à se confier alors il était touché par cette initiative. Lorsqu'il l'écouta, le militaire eut un sourire amusé. Il ignorait connaître Noreen, mais d'après ce que lui en disait son ami, il l'appréciait déjà. D'ailleurs, il saisit une perche, car il décida de le taquiner :

« En même temps elle n'a pas tort, tu as choisi le mauvais camp qu'il soit. »

Il rit légèrement. Il sous estimait les hostiles pour plaisanter. Il est clair, qu'ils étaient de très bons guerriers, ils étaient sanguinaires et prêts à tout pour se battre, tuer des gens comme si tout ceci était vital pour eux. En tout cas une chose est sûre, c'était que Seth partageait son avis concernant les femmes. Ce fut autour de son ami de lui demander s'il avait une femme en vue. Emrys-Nicholas et les femmes, c'était tout simplement une longue histoire. Il était un vrai cœur d'artichaut et il avait le chic de tomber sur des femmes qui le faisaient toujours souffrir. Barnes se mit à rire rien qu'à l'idée de lui raconter ses péripéties, il en avait toujours à dire. Notamment, qu'il avait deux histoires : une avec sa femme et une avec sa belle amazone. Emrys-Nicholas décida de commencer tout simplement par le commencement, c'est-à-dire sa rencontre avec Noreen :

« Figure-toi que le monde est petit ! J'ai retrouvé ma femme sur cette île, je ne sais pas si tu la connais, elle s'appelle Noreen, c'est vraiment un sacré bout de femme ! »

Dit-il en souriant et sans se douter une seconde du quiproquo qui allait en découdre. Sa relation avec la jeune femme était bien plus compliquée que ça. D'ailleurs, il allait sans doute devoir se justifier face aux aveux et à la future réaction de son ami.

Bien que c’était une conversation légère pour plaisanter, Seth ne doutait pas que l’hypothèse n’était sans doute pas très loin de la réalité. Eux qui étaient habitués à une vie d’action n’était pas fait pour une vie ranger sur une île déserte. Bien sur, il y avait une multitude de problèmes sur cette ile, notamment la guerre de clan ou les différentes missions de sauvetage qui avaient échoué. « On n’a pas ce genre de problème, ici. » Il fallait dire que devoir être sur ses gardes constamment au cas où un hostile décidait de s’en prendre à lui. Ce n’était pas quelque chose qui occupait constamment l’esprit du soldat, mais on ne pouvait pas non plus oublier cette réalité. C’était un de seuls désavantages de son choix de clan, du moins ça et le fait que ça venait avec une tonne de reproche en plus. Emrys en rajoutait une couche, sous la forme d’une plaisanterie. Seth en lui en tenait pas rigueur, signe de l’affection qu’il lui portait après tout. « Mon clan est très bien. » C’était digne d’une argumentation de gamin en mode ‘mon clan est meilleur que le tien’, mais bon on ne pouvait pas tellement s’attendre à mieux de Seth qui commençait à avoir marre de tous ces commentaires. Emrys était préservé par le lien qui les unissait, mais ça n’empêchait pas la merveilleuse répartie du soldat.
De toute façon rien de tout ça ne comptait vraiment parce qu’il y avait un sujet plus important. Après tout, malgré le fait qu’il s’était ouvert au sujet de Noreen, il n’allait pas manquer une occasion de changer le sujet, d’autant plus qu’il était réellement intéressé - à quelque part. Cela dit, il ne s’attendait pas à recevoir une véritable claque en lui demandant qui était cette mystérieuse inconnue qui causait des problèmes à son ami. (Du moins c’était ce qu’il avait cru déduire, tant il semblait difficile de croire qu’Emrys avait réellement des problèmes avec la gente féminine.) Et pourtant, il eut l’impression que quelqu’un lui assena un coup dans le ventre en entendant la nouvelle. Oh c’était génial que l’autre soldat ait retrouvé sa femme, mais… « Noreen ? » Il était bien surpris d’entendre un tel nom, mais c’était plus que ça, il se sentait mal. Il retrouvait sa vieille amie la jalousie et ça faisait particulièrement mal lorsqu’elle était causée par Emrys. Seth commença à serrer le poing sans vraiment s’en rendre compte. Il avait envie de tout briser, de se dire qu’il avait été bien con de croire que ça pourrait peut-être fonctionné avec Noreen. Elle était mariée et lui était un idiot. « C’est une blague, hein ? » Le ton de la conversation avait soudainement changé. Après tout, le jeune homme commençait à s’énerver et son ami risquait d’être la cible de cette colère. « Dis moi que tu plaisante. » Ce n’était sans doute pas le cas et probablement que son interlocuteur ne comprendrait pas le soudain changement, mais Seth n’y pouvait rien. La nouvelle l’avait choquée certes, mais surtout, elle lui rappelait des souvenirs bien précis tout en éteignant tout espoir qu’il aurait pu avoir. Un brin dramatique, mais il fallait dire qu’il voyait mal une femme qui avait Emrys comme mari s’intéresser à lui.

« Les amitiés renouées demandent plus de soins que celles qui n'ont jamais été rompues »

« ça je n'en doute pas. » Dit-il en souriant amusé, conscient des réalités présentes lorsque l'on pénétrait l'antre des hostiles. Barnes, toujours de bonne humeur, sourit amusé concernant sa remarque sur le fait que son clan était bien, sans autre argument. Emrys-Nicholas n'ajouta rien de plus, il ne souhaitait pas lancer un débat sur les clans et du moment que son vieil ami s'y sentait bien, c'était tout simplement le principal. Le sujet dériva sur Noreen puis indirectement encore sur Noreen. Le soldat était bien loin de se douter qu'ils parlaient de la même et unique femme depuis le début. C'est pourquoi, le beau brun avait parlé à Seth en toute amitié, parlant de ses tracas relationnels du moment.

« Ouais Noreen, tu l'as connais ? »

Très vite, Emrys-Nicholas eut la réponse à son interrogation, car son ami lui demanda s'il s'agissait d'une blague. Barnes le dévisagea. Il avait l'air sérieux nan quand il avait raconté le début de son récit nan ? Le jeune homme aurait aimé plaisanter là-dessus, mais il ne pouvait pas. Au fond, il avait merdé, ses parents avaient même dû le savoir maintenant qu'il était sans doute considéré comme mort, car son héritage, son salaire militaire devait à présent revenir aux proches de Noreen. Néanmoins, il préférait en rire qu'en pleurer, après tout il aurait pu se marier avec pire ?

« J'aurais aimé te dire qu'il s'agit d'un beau troll de ma part, mais ce n'est pas le cas, crois-moi j'aimerais pourtant. »

Barnes le dévisagea de plus belle avant de remarquer que son ami était énervé. Il ne comprenait décidément pas pourquoi jusqu'à ce que ça monte au cerveau....la fille en question, celle que Seth lui parlait depuis tout à l'heure....et si c'était Noreen ? Il grimaça, roh la merde ! C'était vraiment une belle merde qu'il venait de faire.

« C'est la fille dont tu me parlais à l'instant ? C'est elle ? C'est Noreen ? Merde....je ne savais pas qu'elle et toi....vous étiez si proches.... »

Emrys-Nicholas ne savait pas où se mettre. Il était gêné et embarrassé. En soit, cette situation ne le gênait pas dans la mesure où il ne ressentait que de l'amitié à l'égard de Noreen, c'était du passé. Par instinct, Barnes se leva du siège venant de voir que son ami avait les poings fermement serrer. Ils n'allaient pas se battre ? Si ? Seth était devenu un véritable hostile ? Il allait le savoir très prochainement. En attendant, il préférait reprendre son souffle avant de se justifier et expliquer qu'il n'y avait plus rien entre elle et lui si ce n'est un fichu bout de papier.

Apprendre que Noreen était mariée était déjà un choc en lui-même, avouons-le Seth ne s’était pas exactement attendu à une telle nouvelle. Sauf que ce n’était rien en comparaison du fait qu’elle n’était pas uniquement mariée, mais qu’elle l’était à Emrys. Le moins qu’on puisse dire, c’était qu’il était sans mot, préférant lui demander s’il s’agissait d’une blague. Ça aurait été un soulagement sans nom que d’entendre son ami lui affirmer que oui, qu’il n’avait dit cela que pour l’embêter légèrement même s’il était douteux que l’autre soldat ait pu apprendre le lien qui s’était développé entre Noreen et lui. Donc c’était sans doute sérieux, quelque chose qu’il pouvait voir confortée par la tête de son ami. Emrys était donc sérieux, il était marié à Noreen. Une fois la surprise passée, Seth sentit la colère monter en lui. C’était sans raison si ce n’était de la jalousie qui se faisait sentir. Il se sentait horrible à l’idée d’en vouloir à son ami, après tout ce n’était pas comme si ce dernier aurait pu prévoir qu’un jour la situation tournerait ainsi. Pourtant, l’entendant fanfaronner sur le fait que c’était sérieux ne fit qu’empirer le tout. Regretter d’être marié à Noreen semblait bien étrange et n’aida sans doute pas l’humeur de Seth qui glissait dangereusement.
Heureusement - ou pas - Emrys sembla réaliser ce que Seth n’avait pas dit ouvertement. Qu’ils avaient parlés de la même personnes, que celle qui faisait battre son coeur était la même que celle qui était mariée à l’autre soldat. La conversation tourna donc à nouveau alors que son ami s’excusait - sans qu’on puisse savoir pourquoi ce n’était tout de même pas un crime d’être mariée à la jeune femme. Le soldat ne se calma pas pour autant, gardant le poing serré au point de s’en faire mal. « Visiblement, nous ne sommes pas si proches. » Le ton de voix qu’il venait d’emprunter n’encourageait sans doute pas une poursuite de la discussion. Voir son ami s’approcher n’aidait d’ailleurs pas la chose. Il fronça les sourcils davantage, ne bougeant pourtant pas. « Elle n’a rien dit. » Oui parce qu’il avait beau en vouloir à Emrys, sans raison toujours, il en voulait aussi à Noreen qui n’avait pas cru bon de mentionner ce léger détail. Par-dessus tout, il s’en voulait à lui-même. « Mais qu’est-ce que je suis con. » C’était bien la morale de l’histoire, il n’était pas si proche de Noreen que ça, tout ce qu’il avait pu croire était donc faux. « Merci, au moins je sais que je me faisais des idées. » finit-il par lâcher en poussant légèrement l’autre jeune homme pour aller se poster à l’autre bout de la « pièce ».