sethreen. si tu veux de moi, je reviens vers toi.

si tu veux de moi, je reviens vers toi

noreen && seth

L’humeur de Seth était au plus bas depuis un certain temps. Au-delà de son adorable personnalité habituelle, la vue d’autres personnes lui inspirait une colère sans nom. Certes, l’univers entier et les gens qui le peuplaient n’étaient pas responsable de la colère en question, mais bien sa propre personne. Situation fréquente qui revenait toujours après avoir été chassée, mais qui ne risquait pas de partir de sitôt cette fois-ci. En effet, le jeune homme se maudissait intérieurement pour quelque chose qu’il avait fait, une erreur monumentale qui aurait pu lui être rappelée constamment s’il avait pu apercevoir de son cou. L’ignorance, qu’elle fut feinte ou réelle de la trace qui ornait son cou, lui valait au moins un minimum de paix intérieur ou du moins diminuait la colère du moment. Ce qui clochait chez le soldat portait un nom et était une jolie blonde qui n’était pas dans les parages. Noreen lui causait plus de soucis qu’il aurait bien voulu l’admettre, elle occupait ses pensées nuit et jour, en plus de causer des battements inconstants de son petit coeur. Peut-être que n’importe qui de normalement constitué aurait pu comprendre ce dont il en retournait. L’affection qu’il éprouvait était, après tout, assez évidente. Elle se dévoilait dans des actes, dans une inquiétude constante concernant la jeune femme, mais elle restait ignorée par le principal concerné. Peut-être ne voulait-il simplement pas l’admettre, après tout, il restait celui qui avait tué le moment spécial qu’ils avaient partagés quelques temps auparavant.
Sauf que malgré cette erreur monumentale, la colère qui l’animait (ainsi qu’une frustration d’un autre type), Noreen ne quittait pas son esprit. Sans doute trop orgueilleux ou inconscient pour l’admettre, Seth n’arrivait pas à se résoudre à accepter la vérité. Pour lui, il ne s’agissait que d’une inquiétude normale au sujet de quelqu’un qui risquait constamment sa vie de par son choix de clan. Il fallait que ça revienne à ce fait, cette distinction qui les séparait. Pour se rendre à l’évidence, il ne pouvait pas accepter qu’elle ait décidé de rester avec les originaires. Peut-être était-ce le fait qu’il ne les supportait tout simplement pas, peut-être était-ce parce qu’il avait l’impression qu’elle l’avait abandonné. Certes, il en était le principal fautif, si seulement il en avait appelé à la jeune femme au lieu de fuir comme le lâche qu’il était, peut-être qu’elle aurait changé d’avis.

Enfin ressasser ce détail n’aidait en rien, non, à la place, Seth avait décidé de prendre les devants. Il devait régler les choses. Il s’agissait de stopper le lâche en lui-même. Rien de bien simple et surtout de bien plaisant, mais ça restait hautement nécessaire. Parce qu’il bloquait, parce qu’il ne pouvait pas être un minimum heureux - c’est-à-dire très peu - sans ça. Sauf que malgré tout ça, malgré cette nouvelle résolution tout juste trouvée, il restait égal à lui-même. Si bien que son plan, sa façon miracle de régler les choses étaient d’abord et avant tout foireuse. Il n’avait que très peu de chance de réussite et surtout, c’était sans même penser aux sentiments de la principale concernée, mais ça venait d’une bonne intention (peut-être). En effet, puisqu’il jugeait que le problème venait du choix de Noreen de rester avec les originaires, qu’il n’était en fait qu’inquiet pour une personne à qui il tenait énormément, la solution était simplement de changer ce détail. La solution était simple : un kidnapping ou comme Seth préférait le voir, une mission de sauvetage. Ça restait hautement discutable et franchement une très mauvaise idée, mais maintenant convaincu, il y avait peu de chance qu’il change d’idée. Il faisait ça pour les bonnes raisons, il faisait ça pour la sauver et pour retrouver un peu de paix intérieur. Ce pourquoi il s’était permis de se servir dans l’armurerie des hostiles. Il ne voyait pas pourquoi il s’en serait privé, il était l’un des leurs et il en avait besoin. S’il avait alors été tenté d’y aller en mode rambo et ainsi s’armer jusqu’aux dents. Bien sur, ça aurait été particulièrement rassurant, il aurait pu se défendre jusqu’à la fin de sa vie, mais ce n’était certainement pas l’idéal. Après tout, l’objectif de la mission était de ramener Noreen et non pas faire un suicide altruiste en entrainant une multitude d’originaires dans la mort. Une petite quantité d’arme et surtout une dose de subtilité étaient indiquées à la place. Ce pourquoi il se contenta d’un pistolet avec une bonne quantité de munitions ainsi que deux couteaux. Les armes blanches avaient le mérites de ne pas faire de bruit ce qui restait idéal dans une mission qui nécessitait une introduction silencieuse.

Se rendre sur l’île était loin d’être une partie de plaisir, c’était d’abord et avant tout, un rappel de souvenirs douloureux qu’il aurait préféré oublier, mais c’était aussi une recherche difficile d’une personne en particulier. Ce n’était pas comme s’il pouvait s’arrêter pour demander des directions à chaque individu qu’il croisait. Non, il était plutôt occupé à ne pas se faire voir alors qu’il s’approchait de l’hydre. Il fallait faire vite, rien ne lui disait qu’ils n’avaient pas des radars capables de détecter chaque intrusion sur leur territoire. Sauf qu’il fallait trouver Noreen et ce n’était pas une chose aisée dans un village qu’il ne connaissait pas du tout. Il resta donc immobile, dans l’obscurité d’une végétation quelconque, le temps de la voir. Cela dit, Seth n’avait cependant pas prévu la drôle de sensation qu’il l’aurait en l’apercevant. Son coeur se serra presque automatiquement et il dut alors se retenir d’accourir pour la voir. Il devait se rappeler d’où il était et de la mort certaine à laquelle il se condamnerait en faisant ça. Ce n’est qu’une fois sous le couvert de la nuit (qui heureusement arriva rapidement), que le jeune homme ne bougea. Il se dirigea alors vers la maison qu’il avait identifié comme étant celle où Noreen était entrée. Ce n’était pas une partie de plaisir et il dut se débarrasser d’un originaire gênant avant de le aire, mais il réussit à y entrer sans complètement alerter les alentours. Une fois à l’intérieur, il s’efforça de trouver celle qu’il recherchait et du se résoudre à trouver la meilleure façon de l’aborder. Optant pour la façon simple, il déposa sa main sur sa bouche et brisa le silence d’une voix douce et franchement faible au niveau sonore : « C’est moi Seth. Ne crie pas s’il te plait. » Après tout, si elle faisait trop de bruit, il serait sans doute découvert et de là il ne donnait pas cher de sa peau. « Je suis venu pour toi. » Pour te sauver, voilà ce qu’il aurait sans doute dire, mais peut-être que se donner un air mystérieux lui plaisait finalement. Maintenant mettre son plan à exécution, ça, c’était un peu plus compliqué.

❝ écouter son coeur, ce grand orchestre, aimer de l'intérieur sans attendre un geste. ❞
Noreen avait reconstruit son petit nuage, et elle planait au dessus du monde depuis des jours. Elle se sentait légère, pleine de jolies pensées, comme vivant au beau milieu de licornes magiques sous un soleil apaisant. Elle sentait souvent son petit cœur battre la chamade dans sa poitrine, et c’était une sensation si douce et agréable qu’elle n’en devenait que plus adoucie à mesure qu’elle voyait les jours s’écouler. Noreen était mielleuse, un petit être remplie de bons sentiments et de pensées légères. Noreen était amoureuse.
Elle menait une existence des plus paisibles dans ce lieu qu’elle commençait à considérer comme un merveilleux havre de paix. Pourtant, la raison de tant de bonheur intérieur n’avait rien à voir avec l’hydre et ces habitants qui y séjournaient. L’origine de tous ces sentiments fous se trouvait bien éloigné d’elle, et c’était encore la seule minuscule ombre à son beau tableau. Mais elle ne demeurait jamais sans ressources et, ainsi, la décision s’était imposée d’elle-même sans qu’elle ait à y réfléchir une seule seconde : elle ferait tout ce qu’on lui demanderait, accepterait n’importe quel compromis, du moment qu’on consentait à lui confier une mission sur l’île principale. C’était un pari fou qu’elle avait fait avec elle-même, un drôle de défi qu’elle était prête à relever et duquel elle comptait bien tirer tous les profits. C’est ainsi qu’elle avait découpé son existence, les deux pieds entre l’Hydre et l’île principale. Elle voulait le voir, elle le savait : ce n’était pas simplement une envie banale, un désir de croiser son regard, non, c’était en train de devenir un besoin complètement envoûtant. Son image obsédante avait dansé dans son esprit à mesure qu’elle s’était baladée chez les rescapés. Et, à chacune de ses venues, elle s’était approchée un peu plus du clan des hostiles, espérant naïvement provoquer une rencontre faussement inattendue. Elle l’avait cherché sans le montrer, allant même jusqu’à se dissimuler juste en face de la grotte sigma, aveuglée par cet amoureux grandissant qui l’avait empêché de considérer le moindre danger. Oh, bien-sûr, elle n’ignorait pas les remontrances auxquelles elle aurait droit, une fois que leurs chemins se croiseraient enfin. Il n’apprécierait certainement pas sa présence de ce côté de l’île et saurait parfaitement le lui faire comprendre, mais rien ne lui importait plus que ce moment où, enfin, leurs regards se croiseraient. Cet instant où elle comprendrait, pour de bon et pour de vrai, que c’était lui et personne d’autre.
Seulement, son plan n’avait pas franchement fonctionné comme elle l’avait escompté, puisqu’elle était bien tombée sur un hostile lors de ses nombreux petits coups en douce, mais absolument pas celui qu’elle désirait. Peu importait, elle reviendrait, encore et encore, jusqu’à parvenir à lui voler quelques belles minutes tant espérées. Elle se foutait pas mal du danger qu’un epsilon pouvait bien courir à se balader librement au beau milieu d’un clan entièrement composé de psychopathes : c’était là-bas qu’elle devait être, puisqu’il y était aussi. Elle aurait pu, pourtant, se contenter de lui accorder le bénéfice du doute, mais elle avait trouvé indispensable d’aller jusqu’à lui. Sans même imaginer une seule seconde qu’il ait pu avoir la même idée. Le destin se foutait pas mal d’eux, finalement ; jamais ensemble, mais jamais vraiment loin l’un de l’autre non plus.

Son cœur loupa un battement au moment où elle sentit une force s’exercer sur son visage, et elle put à peine retenir de justesse un terrible cri. Perdue entre une réalité brutale et un sommeil encore brumeux, Noreen fut incapable du moindre mouvement pendant plusieurs longues secondes, jusqu’au moment où ses yeux furent enfin enclin à s’ouvrir. Elle observa le tableau qui se dessinait sous son regard, totalement perdue. Elle rêvait, c’était ça ? Ce n’était pas possible autrement, elle en était persuadée. Pourtant, des mots vinrent briser cette pensée, et elle sentit tous ses membres se raidir lorsqu’elle comprit ce que ça signifiait. C’était une phrase qui prenait son esprit en otage, tournant continuellement en boucle dans sa tête au point de ne faire plus aucun sens. Et, comme un électrochoc au moment précis où elle réalisa la portée de ce qu’il venait de dire, elle fronça les sourcils avant de déposer doucement sa main sur son poignet pour lui signifier qu’elle comprenait. Pas tout, loin de là, mais elle n’allait pas crier, ni s’enfuir. Il était venu pour elle, c’était ce qu’il avait dit et tout ce qu’il y avait à comprendre, alors elle esquissa un léger sourire, encore perdue entre ses rêves de la nuit, et ceux qu’elle faisait continuellement la journée. ❝ Finalement, l’idée de la douche t’a plu, ❞ souffla-t-elle doucement. C’était sa manière à elle de lui signifier, en quelques sortes, qu’il était bienvenue ici. Ce n’était pas le cas, mais elle était simplement trop éblouie par ce qu’elle avait sous les yeux pour s’en rendre compte. Elle ne sentait même pas ses doigts caresser lentement sa peau dans un geste presque instinctif, et les mots quittèrent sa bouche aussi spontanément. ❝ Mais qu’est-ce que tu fais ici ? ❞ A mesure que son cœur s’apaisait, elle eut une terrible envie de l’attirer jusqu’à elle, de l’attraper et de le serrer si fort dans ses bras qu’il ne pourrait jamais plus quitter son étreinte. Pour le garder là, avec elle, pour toujours, dans cette phase de demi-sommeil qu’elle traversait encore. Mais la réalité la frappa bien sans plus se faire attendre ; elle stoppa son geste pour se releva vivement, enfin alertée par la situation. Quelque chose clochait et elle venait de mettre le doigt dessus, alors elle attrapa le premier vêtement pour se couvrir et se tourna vers lui. Elle savait ce qu’elle devait faire, ce qu’elle devait dire et, soudainement, cette perspective ne l’enchantait plus. Elle aurait tant voulu pouvoir dépasser ces barrières, envoyer balader toutes ces histoires de guerre inutiles et profiter de ce moment, voilà ce que ses yeux racontaient à Seth alors qu’elle caressait doucement ses cheveux et contemplait pensivement son visage. C’était si simple, il suffisait qu’elle reste comme ça et peut-être que rien ne viendrait déranger ce moment qu’elle imaginait encore doux et plein d’espoir. Elle se stoppa brutalement, à peine capable d’être raisonnable quand son cœur lui hurlait de ne pas l’être. ❝ Tu peux pas rester là, c’est trop dangereux, ❞ et ils le savaient tous les deux. Elle s’empara finalement de sa main pour le guider jusqu’à la porte. Traversant vivement la maison jaune, elle s’arrêta net devant la porte et y colla son oreille pour s’assurer que personne ne trahirait sa présence. ❝ J’vais te raccompagner, mais il faut que tu partes vite. ❞ En fait elle serrait un peu trop fort ses doigts, comme si elle avait peur qu’il ne l’abandonne encore une fois, alors même que c’était ce qu’elle lui demandait de faire. Elle ne se rendait pourtant pas compte que, placée ainsi, à savoir collée à la porte et lui tournant le dos, elle acceptait inconsciemment d’être à sa merci. Mais le danger est souvent là où on ne l’attend pas.

si tu veux de moi, je reviens vers toi

noreen && seth

Peut-être avait-il commis une erreur de taille en traversant deux îles entières pour se retrouver devant cette personne. Après tout, c’était complètement idiot de croire qu’il pourrait s’en tirer facilement, qu’il pourrait sortir indemne de l’île des originaires et ça il le savait très bien. Pourtant, Seth s’en fichait éperdument. Il voulait la revoir, il voulait la savoir en sureté, ce qui était tout simplement impossible alors qu’elle était là-bas. Il fallait donc changer les choses, trouver un nouveau statu quo et pour une fois, il était prêt à faire le nécessaire pour qu’une telle chose arrive. Il suffisait d’ignorer la voix de la raison et suivre son coeur. C’était une chose assez rare de sa part et pourtant, elle lui semblait tellement nécessaire. Ça expliquait donc son départ des hostiles, ce n’était pas un au revoir, après tout, il n’était pas fou au point de rejoindre les originaires (ces mêmes qui voulaient certainement sa peau du fait de son appartenance aux rescapés qui leur opposait une quelconque résistance). Il voulait simplement la voir, la ramener, si bien que son départ n’était que temporaire. Il ne dit rien à personne, gardant pour lui-même ces intentions alors qu’il se servait dans les réserves de son clan.
Le voyage fut de courte durée, la traversée fut étonnamment simple. Seth était motivé, Seth ne voulait qu’une chose et c’était sans doute les conditions idéales pour une réussite. Ainsi, il put entrer dans le camp des originaires, puis dans la maison qu’occupait Noreen après avoir fait un brin de repérage. Tout ça était bien loin de ce qu’il avait fait lors de son passage à l’armée, mais il n’était heureusement pas un total débutant. Il savait plus moins ce qu’il faisait ce qui suffisait contre des adversaires qui ne s’attendaient sans doute pas à une incursion de ce genre de dans leur camp. Peut-être que finalement, le soldat était plus chanceux qu’il n’aurait pu croire avant.

Et puis il l’avait trouvé. Il craignait à présent sa réaction. Noreen avait été clair quant à son opinion, quant au choix de son groupe. Peut-être qu’elle ne voudrait pas l’accompagner, peut-être ne voudrait-elle pas le voir, tout simplement. L’étonnement se lut donc sur son visage lorsqu’il sentit la main de la jeune femme sur son poignet. Il avait compris le signal et décida de lui faire confiance en retirant sa main. Elle n’avait pas tellement d’intérêt à crier et le faire sortir, après tout, ça risquait de rappeler aux originaires l’aide qu’elle lui avait apporté la dernière fois. Mais, bizarrement, rien de tout ça ne lui importait vraiment, non, lui, il attendait avec impatience, voir avec une appréhension non camouflée, la réaction de la demoiselle. Et lorsqu’il entendit ce qu’elle disait, il ne put s’empêcher de sourire très légèrement, quelque chose qui résumait bien sa personne. La douche hein. « Je ne pense pas que ce soit à l’ordre du jour. » Et par là il voulait dire tant de chose : le fait qu’ils n’avaient définitivement pas le temps, le fait qu’il n’était pas là pour ça, voir même que les originaires ne risquaient pas d’apprécier. Mais il n’insista pas. Sa voix qui pour une fois était si douce se tut, retrouvant un silence familier alors que Noreen reprenait la parole. Il ne sut pas trop quoi répondre à la question qu’elle posait alors. Il lui semblait avoir été clair quant à ses intentions et préciser n’était pas dans ses habitudes. Sauf qu’avant même qu’il n’ait la chance de le faire, il la regarda se relever et prendre des vêtements pour se couvrir. Lui-même resta interdit alors qu’elle s’affairait, puis lorsqu’elle commença à caresser ses cheveux. Il ne savait pas trop comment procéder, il ne savait définitivement pas quoi lui dire.
Finalement, c’est Noreen qui brisa le silence à nouveau en lui disant qu’il fallait qu’il parte. Seth la regarda de travers, toujours incertain de comment procéder. Il y avait toujours l’option de la manière forte, du manque total de délicatesse en l’amenant de force, mais cette manière comportait un risque considérable qu’il préférerait éviter. S’il procédait ainsi le village tout entier risquait d’être alerté et c’était sans compter le fait que la raison qui l’avait poussé à venir, cette même personne si importante lui en voudrait. Il se laissa donc entrainer derrière elle sans rien dire. Le silence était sa seule réponse et jusque là, il n’y avait rien de bien étonnant. Il se décida enfin à prendre la parole alors qu’elle l’informait de ses intentions. Il décida de faire de même en se contentant d’être bref, déterminé : « Non. Il faut que tu viennes avec moi. » À vrai dire, il ne comptait pas lui laisser le choix de venir ou non, c’était une nécessité. Il ne pouvait pas partir à nouveau en la laissant derrière lui. Cette fois, il ne comptait pas l’abandonner. D’ailleurs, peut-être avait-il à se faire pardonner pour leur dernier moment, celui qu’il avait gâché sans plus d’explication. L’idée lui avait traversé l’esprit, mais ce n’était ni la place, ni le moment pour chercher un quelconque pardon. Non, c’était le moment de fuir cette horrible île en entrainant Noreen avec lui. L’idée de la prendre de force pour la ramener, de l’assommer pour l’amener avec lui, lui avait également traversé l’esprit, mais rien de tout ça n’allait vraiment. Il préférait de loin qu’elle accepte de venir avec lui, qu’elle réalise l’erreur qu’elle avait fait, qu’elle voit ce qu’il pensait vraiment. « Je ne peux pas partir en te laissant ici. » Ça avait le mérite d’être clair, mais peut-être pas assez puisqu’il se permit de préciser : « Je ne veux pas. » Peut-être que c’était mignon comme déclaration, peut-être même qu’elle pourrait se laisser attendrir. Sauf que ce n’était rien de tout ça. Seth était dangereux quand il voulait quelque chose, encore plus quand il s’agissait de quelqu’un. Il avait rejoint l’armée faute de pouvoir être avec la personne qu’il aimait, enfin d’une certaine manière. Il venait de traverser deux îles pour être avec une autre personne qu’il aimait. Bref, il valait mieux pour tout le monde qu’il soit pris au sérieux. Sinon les choses allaient changer très rapidement et certainement pas pour le mieux.

{je m'excuse seth est pas encore un connard}

❝ And i went down, like the speed of sound. you're out of sight, but not out of mind. ❞
Noreen avait les yeux grands ouverts et une terrible impression d’être encore plongée dans un rêve. En investissant son havre de paix, elle avait pris le parti de s’accommoder de sa situation, d’en tirer le meilleur pour retrouver le chemin du bonheur. Ça n’avait pas été vain et elle le savait, puisqu’elle avait dû laisser des tas de choses derrière elle ; mais ça en avait valu la peine, aux vues du sourire constant et radieux qu’elle affichait depuis quelques temps. Sourire qui, par ailleurs, n’avait pas grand-chose à voir avec sa présence sur l’hydre, mais qu’elle considérait comme un trophée, symbole du bon choix qu’elle avait fait. Le véritable problème, c’est que Seth n’avait absolument rien à faire dans ce décor, et c’est cette pensée qui l’avait rapidement replongée dans la réalité. Il fallait qu’il s’en aille, ça ne faisait pas le moindre doute.
Et pourtant, elle perdait un temps considérable à rester plantée là, complètement immobile et apparemment prisonnière d’une espèce de douceur qu’ils n’avaient décidément pas le temps de s’offrir. Malgré l’urgence de la situation, Noreen semblait incapable de réaliser les risques qu’ils encouraient tous les deux, certainement parce qu’au fond, elle n’avait aucune envie d’y croire. Bien-sûr qu’ils avaient, comme à leur habitude, pris les pires décisions, celles qui leur permettaient d’être constamment plus éloignés l’un de l’autre. Mais toutes ces conneries ne pouvaient pas leur accorder un temps de répit ? Peut-être bien qu’elle aurait dû y réfléchir plus tôt, avant de s’assigner à résidence chez les originaires. C’était trop tard et ça ne changeait plus rien à leur problème. La vérité, c’est qu’elle n’avait pas envie de réagir parce qu’elle ne voulait pas le laisser s’en aller.

Il y a parfois tout un monde entre ce qu’on désire et ce qui doit être fait, et Noreen en prenait la mesure à force qu’ils s’approchaient de la porte. C’était tout ce qu’elle pouvait faire, pas vrai ? En vérité, il y avait tout un tas d’autres choix qui s’offraient à elle, mais une seule finalité à chacune d’elle : que Seth s’éloigne de l’hydre, l’endroit où il était probablement le moins en sécurité – juste après la grotte des hostiles. Son oreille collée à la porte permit à Seth d’ignorer sa réaction, mais elle ne put retenir un soupir de lassitude. Encore une fois, elle n’y comprenait pas grand-chose, et probablement que si ses mots étaient sortis d’une autre bouche, elle se serait énervée. Seulement, cette méthode n’avait jamais fait ses preuves avec le militaire, alors, sans le moindre mouvement, elle se contenta d’ironiser pour mieux faire passer son refus évident. ❝ Et tu veux m’emmener où ? Visiter les souterrains de l’île, et après on se mange un mcdo au bord de l’eau ? ❞ Oh non, c’était pas drôle. Il n’avait pas fait tout ce chemin, de nuit, pour attendre avec elle le lever du soleil et la ramener dans sa maison jaune au petit matin. Si elle ne comprenait pas bien ses intentions, il ne faisait cependant aucun doute qu’elles n’étaient pas si simples qu’elle l’avait escompté. Il n’était pas simplement venu ici pour voir ses beaux yeux et repartir les mains vides.
Elle ne put que lui faire face lorsqu’il lui annonça la suite de ses projets. Ne pas la laisser ici, ça voulait dire quoi, au juste ? Qu’il comptait l’emmener quelque part en particulier ? Elle aurait pu le lui demander, si seulement ils n’avaient pas déjà eu cette discussion, encore et encore. Et, devant son acharnement, elle ne pouvait que lui reconnaitre une force qui le rendait un peu plus spécial encore – mais ce ne serait pas assez, parce qu’il ne suffisait malheureusement pas de quelques jolis mots pour la faire changer d’avis. Il lui suffit cependant de poser son regard dans le sien pour retrouver une certaine plénitude, et l’idée de s’énerver quitta son esprit à une vitesse folle tandis qu’un léger sourire, un peu las, se dessinait sur ses lèvres. ❝ On t’a jamais dit que ton disque commençait à se rayer ? ❞ Malgré tout, elle ne pouvait lui reprocher un certain effort, une différence qui commençait à se faire sentir dans ses mots : celle entre ce qu’il ne pouvait, et ce qu’il ne voulait pas faire. Une distinction dont elle se souvenait encore trop bien, puisqu’il la lui avait déjà sortie, quelques temps auparavant. Elle ne put retenir un autre sourire à cette pensée, tandis qu’elle se demandait déjà pendant combien de temps il avait l’intention de s’amuser avec ces mots – qui, en vérité, n’avaient jamais vraiment plu à Noreen.

Les yeux encore petits d’un sommeil interrompu, elle l’observait silencieusement sans plus s’interroger sur les véritables raisons de sa présence. Elle avait simplement l’impression de commencer à réaliser le plus essentiel de l’histoire : il était là, avec elle. C’était très grave, parce qu’il n’avait certainement pas gardé de bons souvenirs de son dernier séjour passé ici. Et, surtout, parce que si on le voyait sur l’hydre, il risquait de rapidement se retrouver dans une position bien pire que celle qu’il avait déjà pu connaitre. Cette fois, elle ne pourrait plus rien pour lui – et le fait qu’il puisse la mettre en danger ne l’effrayait pas plus que ça. Elle pouvait s’en sortir, parce qu’elle connaissait des gens et qu’elle croyait en leur sincérité illusoire. Seth aurait besoin de quelqu’un, et il faudrait que ce soit Noreen – probablement parce qu’elle était sa seule connaissance sur l’hydre, et certainement aussi parce que c’était un rôle qu’elle était maintenant totalement prête à assumer, et qu’elle ne pouvait pas à céder à quelqu’un d’autre. Ou, peut-être bien qu’elle ne le voulait pas ?
Dans tous les cas, il devait dégager, aussi vite ou plus encore qu’il n’était venu. Ce n’était même pas une question, aujourd’hui ils ne pouvaient plus négocier. Elle était prête à se laisser amadouer ailleurs, et sûrement qu’elle était suffisamment folle pour retourner le voir chez les hostiles, mais lui ne pouvait pas être ici. ❝ T’es grand Seth, tu peux partir, et tu dois le faire. ❞ C’était le seul discours qu’elle pouvait lui offrir, à présent. Et pourtant… ❝ Mais bon, puisque t’es là, t’es peut-être pas obligé de partir tout de suite… ❞ Au milieu de toutes ses contradictions, une réalité s’imposait à elle plus forte encore que toutes les autres : elle n’avait absolument aucune envie qu’il s’en aille. Elle voulait croire qu’ils pouvaient profiter de tous ces kilomètres parcourus, juste le temps de réaliser encore qu’ils vivaient beaucoup trop loin l’un de l’autre. Sans y réfléchir, elle se glissa doucement dans ses bras, comme si son étreinte la protégerait de tout ce qui pourrait bien lui arriver. C’était faux, mais son cœur battait suffisamment vite pour qu’elle commence à y croire. Elle s’accrochait à lui bien plus fort qu’elle ne l’aurait voulu, parce qu’elle commençait à réaliser qu’elle avait vraiment peur de le voir s’en aller.
Seulement, encore faut-il posséder quelque chose pour pouvoir le perdre.

oh bah c'est pas grave, ça m'change un peu c'est agréable futfut

si tu veux de moi, je reviens vers toi

noreen && seth

« Pourquoi pas ? » Il répondait n’importe quoi, on pourrait même croire que Seth jouait le jeu, mais ça, c’était bien mal le connaitre. Il n’était pas de ceux qui embarquaient dans quoi que ce soit les yeux fermés. Il n’était même pas quelqu’un de drôle à la base. Seulement, même une blague, même une vague hypothèse d’éloignement, de départ de chez les originaires lui convenaient. Il se sentait limite prêt à consentir à l’idée de s’installer sur une nouvelle île, loin de tous les autres. Il voulait qu’elle soit saine et sauve, peu importe le prix qu’il devait payer. Bien sur, il était loin de considérer ce qu’elle pouvait penser, elle. Non, lui il était dans un état d’esprit bien particulier, il était en train de chercher la méthode infaillible pour qu’elle s’éloigne cette maudite hydre. Rien de bien étonnant venant du soldat. On parlait tout de même de quelqu’un qui avait traversé la moitié du monde et s’était échoué sur une île bien reculée perdue au beau milieu de nulle part pour retrouver sa jumelle. Il ne fallait donc pas s’étonner qu’il ignore totalement l’avis de la personne qu’il venait sauver. Il avait le beau rôle, il était le preux chevalier et il comptait bien s’acquitter de sa tâche avec brio.
Sauf que toutes ses belles paroles, ses belles intentions se heurtaient au mur de la demoiselle en détresse. Parce qu’elle n’était pas en détresse justement, parce qu’elle était bien où elle se trouvait. Peut-être ne s’était-il pas préparé à cette éventualité, peut-être n’en avait-il pas eu l’envie. Il se rendait bien compte qu’elle n’avait pas spécialement envie de le suivre. Il avait fait fi de son premier refus, celui où elle avait affirmé qu’il fallait absolument qu’il parte, mais le second, bien que doux, se faisait sentir. Autant dire que Seth n’était pas heureux. Peut-être avait-il mis les boeufs avant la charrue, peut-être s’était-il imaginé devant elle à lui déclarer qu’il voulait la protéger et elle, qui acceptait tout bonnement la chose. Peut-être s’était-il trompé. Pas que cette possibilité lui venait vraiment en tête, à vrai dire, il faisait tout pour ne pas y penser du tout. Il ne voulait tout bonnement pas le faire. Il voulait qu’elle accepte ses attentions, il ne voulait pas une remarque sur le fait qu’il se répétait. « Peut-être, mais c’est la vérité. » Pas le fait que son disque se rayait, mais bien que ce qu’il disait était la vérité. Il ne pouvait pas la laisser là.

Et alors qu’il réalisait peu à peu qu’il aurait peut-être droit à un refus, un véritable refus, une idée folle germait en lui. Sachant que Noreen ne pouvait tout bonnement pas rester là où elle était. Parce que c’était trop dangereux, parce que c’était trop loin de lui. Si le problème c’était qu’elle ne voulait pas, c’était un problème aisément résolu, il fallait simplement lui ôter la possibilité de choisir. C’était une mauvaise décision, peut-être qu’à quelque part, il était bien conscient que c’était une terrible idée que de considérer les choses ainsi, mais pour lui c’était la chose à faire. Peut-être aurait-il fallu que quelqu’un lui indique qu’il faisait une grave erreur. Il n’aurait probablement pas écouter, mais ça aurait tout de même été une nécessité parce que maintenant qu’il était laissé à lui-même (et à ses mauvaises idées) les choses risquaient de prendre une direction dangereuse. Ce n’était pas pour tout de suite, ce n’était pas un plan immédiat que de suivre cette direction. Seulement, maintenant que l’idée avait trouvé l’esprit du jeune homme, elle ne partirait pas de sitôt. Il fallait trouver le bon moment et ça, il était capable de le faire.

Peut-être que le plan fut encouragé parce qu’elle disait alors. Elle qui lui disait qu’il fallait qu’il parte, elle n’aidait en rien, elle ne comprenait pas. Bizarrement, être confronté à l’idée que Noreen pouvait ne pas le comprendre en outre mesure ne lui faisait pas plaisir. À croire que lui aussi se faisait rattraper par la réalité, ce qui expliquait son désarroi. Il était pratiquement blessé dans son orgueil, alors qu’elle le chassait. Heureusement pour tout le monde, et surtout pour elle, elle calma la chose en changeant diamétralement de direction. Bien sur, elle ne lui disait pas qu’elle acceptait soudainement de partir avec elle, elle ne voulait pas soudainement se laisser faire, sauf que c’était tout aussi bien. Parce que même s’il était le seul responsable de la catastrophe de la dernière fois - à savoir le moment où il avait lâchement fui son désir pour la demoiselle, il en vivait tout autant les conséquences. Dans l’absolu, il souffrait de son erreur stupide, de sa crainte, de sa lâcheté et elle lui offrait quelque chose qui pouvait apaiser cette douleur. Si bien que Seth se laissa aller, si qu’il baissa sa garde alors qu’elle se rapprochait pour se serrer contre lui. Doucement, il passa ses bras autour de la jeune femme pour la tenir un peu plus près.
Il serait alors bien faux de dire qu’il n’avait pas considéré cette étreinte comme étant le moment parfait pour mettre son plan à exécution, pour la forcer à l’amener avec lui. Même que l’idée s’était fait violemment entendre dans son esprit à un tel point qu’il ne pouvait pas l’ignorer et pourtant, il avait bien fallu le faire, pour la simple raison que mettre le tout en oeuvre était hautement périlleux alors qu’il était encore sur l’hydre. À cet instant, il paraissait évident que le soldat n’avait pas très bien planifié la chose, que ce serait de prendre un risque monstre que d’essayer de faire le trajet inverse et tout particulièrement la partie qui impliquait l’hydre en tant que tel. Si bien qu’à nouveau, il fut celui qui interrompit le moment, celui qui agissait en lâche. « On devrait peut-être sortir. » Et par là, il ne voulait pas dire simplement de la maison, il voulait aussi dire quitter le village, s’éloigner de l’hydre. Il ne voulait pas partir, il ne voulait pas la quitter et il n’en avait tout simplement pas l’intention. Pourtant, il savait bien qu’il valait mieux garder le silence en ce sens. « Viens avec moi. » Il restait vague, volontairement sans doute, alors qu’il ouvrait la porte pour s’assurer de l’absence d’ennemi à l’extérieur. S’il arrivait à éloigner Noreen de ce village maudit, il aurait une chance. Il fallait qu’elle vienne avec lui. C’était presque un voeux, une prière qu’il faisait alors (ce qui encoure une fois ne faisait que le rendre encore plus dangereux) alors qu’il l’amenait avec lui à l’extérieur, un peu en forçant la chose, mais avec une douceur qui ne lui ressemblait pas tellement. Il voulait qu’elle le suive, il fallait qu’il fasse en conséquence.

{ non mais de toute façon ça viendra hein c'est qu'une question de temps futfut

puis je sais pas si je t'ai donné assez pour répondre donc dis moi si jamais zuut

}

❝ And i went down, like the speed of sound. you're out of sight, but not out of mind. ❞
Elle aurait dû réaliser, qu’il avait fait tout ce chemin pour elle, qu’il était simplement là pour la voir, et accessoirement la récupérer. Elle aurait dû se rendre compte de tout ça, et peut-être bien que ça aurait pu faire une différence. Peut-être bien qu’elle aurait été capable de le suivre, les yeux fermés et le cœur léger. Mais, sans en connaitre la raison, son esprit se bornait encore. Peut-être qu’elle n’arrivait en fait simplement pas à y croire. Qu’on puisse faire une chose pareille, juste pour ses beaux yeux. Que Seth ait pu faire ça, simplement pour elle.
Elle voulait croire qu’il pouvait bien y avoir quelque chose de plus entre eux, parce que même si elle ne voyait pas cette étincelle illuminer son regard à chaque fois qu’elle l’observait, elle avait remarqué à quel point son cœur s’emballait sans la moindre raison logique dès qu’il était dans le coin. Ça aurait dû lui suffire, être assez pour ne pas lui laisser le temps de réfléchir, et la forcer à lui emboiter le pas et aller vivre un semblant de quelque chose, quelque part loin de cet endroit. Quelque chose l’en empêchait, une chose presque aussi compliquée que stupide. Elle ne croyait pas en sa chance, ni plus en sa bonne étoile. L’univers n’allait pas dans son sens, et elle ne pouvait plus se berner à s’imaginer un avenir meilleur, loin de cet endroit. Tout ce qu’elle avait, finalement, c’était l’hydre et des promesses de bonheur à portée de main. Oh, bien-sûr, elle ne voulait pas d’un tableau sur lequel Seth ne serait pas dessiné – mais quitter cet endroit, c’était tirer un trait son seul espoir d’être vraiment heureuse quelque part, et elle était loin de s’en sentir capable.

Ils s’étaient toujours battus à ce sujet, sans que Noreen ne se demande jamais pourquoi c’était comme ça. Si elle y avait réfléchit, elle aurait pu remarquer que ça n’avait rien de normal. Qu’il aurait pu se contenter de désapprouver son décision, puis changer de sujet. Ça n’avait jamais été le cas, et Seth s’était toujours opposé à son choix, comme elle avait escompté de le faire avec le sien. Il y avait, dans leurs différents constants, la preuve formelle d’une relation qui promettait plus que ce qu’elle n’offrait encore. Au milieu de tout ça, les protagonistes étaient simplement de misérables aveugles, conscients de quelque chose qu’ils tentaient misérablement de dissimuler. Il en était la preuve vivante, aujourd’hui devant elle, et encore une fois elle était complètement incapable de le voir. Elle ouvrirait les yeux, un jour ou l’autre – mais probablement trop tard.
Pourtant, elle était bien capable de comprendre que ce moment qui s’offrait à eux n’était qu’un instant de répits au milieu du courant de leurs existences et, si elle avait essayé de se raisonner, elle n’avait pas su résister à la folle envie d’en profiter, même un peu. C’était probablement une très mauvaise idée, et peut-être qu’elle s’en voudrait ; simplement pas autant qu’elle pouvait en profiter. Lovée au creux de ses bras, elle se sentait soudainement invincible. C’était une accalmie bien illusoire qui présageait plus qu’elle ne le laissait paraitre, mais Noreen se sentait prête à écouter Seth et plus seulement à l’entendre. Peut-être bien que la chaleur de son cœur réveillait en elle quelque chose qu’elle avait essayé d’enfouir trop loin – et peut-être même qu’à cet instant, elle se sentait prête à tout, simplement pour conserver un peu de cette flamme qui commençait sérieusement à briller. Au fond, son idée n’était probablement pas si déplaisante que ça. Elle en rêvait sûrement plus qu’elle ne voulait bien l’admettre, d’un moment où ils ne seraient que tous les deux et ne penseraient plus à tout ça. Elle était si loin, la dernière fois qu’ils avaient pu simplement profiter de l’instant… Elle releva à peine les yeux quand il annonça qu’ils devraient peut-être sortir, et ne put retenir son corps de le suivre silencieusement alors qu’il guettait l’extérieur. Au fond, il avait toujours eu la tête sur les épaules quand elle perdait le cap à force de se noyer dans ses yeux. C’était pas forcément agréable comme perspective, celle de l’imaginer s’en aller mais, au fond, il avait raison : c’était trop dangereux, ici. ❝ C’est plus fort que toi hein, faut toujours que tu fasses le contraire de ce que je dis ! ❞ Dans un dernier geste désespéré, elle s’empara encore une fois de sa main, comme persuadée qu’ils passaient leurs derniers instants ensemble avant un bon bout de temps. Elle n’était pas loin du compte, mais ça, elle ne pouvait que le supposer.

Et, enfin, elle réalisa. Qu’il n’avait pas parlé pour lui seul, non, il avait utilisé un autre pronom qui rendait la chose un peu moins désagréable. On. Cette seule pensée lui tira un sourire qu’elle fut bien incapable de dissimuler, et son esprit s’envola déjà à une hauteur folle tandis qu’elle prenait conscience que, peut-être, il voulait l’emmener quelque part en particulier. Quelque part où un on pouvait avoir sa place. Elle avait toujours été comme ça, du genre à vivre d’espoir et de désirs vains – c’est probablement ce qui l’avait gardé en vie si longtemps. Mais, il avait dit sortir, pas partir, alors il voulait la trainer quelque part, et profiter de l’instant – ça ne pouvait décidément pas être autre chose. Elle devait y mettre du sien, l’aider à accomplir sa tâche, pour qu’ils atteignent au plus vite cet endroit, et profitent au maximum du temps que Seth leur avait offert. Le vrai problème, c’est qu’il signifiait, une nouvelle fois, quelque chose de plus profond que ce qu’il disait, et Noreen ne semblait pas en prendre conscience. Son petit mirage ne pouvait pas n’en être qu’un, non, elle en était persuadée : pour une fois, ils étaient exactement sur la même longueur d’onde. Peut-être qu’elle l’aurait, finalement, son mcdo au bord de la mer. ❝ Tu veux aller où ? J’connais sûrement des raccourcis où on croisera personne, dis-moi juste où tu veux qu’on aille. ❞ Le pire, c’est qu’elle était totalement sérieuse. Bien-sûr, elle se jetait tête baissée dans la gueule du loup. Un loup qu’elle était, à cet instant précis, totalement prête à suivre, dans n’importe lequel de ses pièges tordus.

si tu veux de moi, je reviens vers toi

noreen && seth

Il fallait se rendre à l’évidence, l’idée de partir était plus que plaisante, même pour Seth. Oh bien sur, il n’était pas du tout conscient de cette réalité, il n’osait même pas y penser. Tout ce qu’il croyait vouloir, c’était qu’elle ne parte avec lui, qu’elle l’accompagne loin de cette maudite île. Une idée qui lui revenait constamment et qu’il laissait tourner dans son esprit. Ce n’était certainement pas pour le mieux puisque ça le rendait encore plus dangereux, mais pour l’instant le tout restait camouflé, limite comme un chasseur qui observait sa proie. Oui bon c’était sans doute bizarre de voir le jeune homme sous cet angle, mais il fallait se rendre à l’évidence. Toutes les plus belles intentions du monde ne pouvait pas l’excuser pour ce qu’il comptait faire. Enfin, pour l’instant rien ne se déroulait comme prévu, autant parce qu’elle refusait de l’accompagner que parce qu’il n’avait pas pris des mesures drastiques (ce qui ne saurait tarder).
Il ne fallait pourtant pas s’étonner du fait qu’il s’était laissé aller pendant un bref moment. Après tout, c’était quelque chose qu’il voulait, lui aussi. Quelque chose qui lui avait manqué depuis qu’il y avait mis fin la dernière fois. Bien sur, il n’assumait en rien ce qui pouvait se passer avec son coeur qui se mit à battre plus rapidement. Il pouvait plus facilement assumer les pensées obscures qui lui venait en tête. Ce pourquoi il stoppa le moment net. Ce pourquoi il lui proposa de sortir, une nécessité en soit. Il fallait savoir que même lui aurait sans doute préférer resté blotti à ses côtés pendant un long moment (si seulement il pouvait assumer ses sentiments), mais bon c’était impossible. Il ne pouvait pas rester dans la maison comme il ne pouvait pas rester sur l’île et quand il pensait à lui-même, il pensait aussi à Noreen. Elle qui lui fit alors remarquer qu’il la contredisait encore et toujours. Rien de bien surprenant, mais pour cette fois ce n’était pas (totalement) de mauvaise foi. Il aurait bien voulu rester avec elle dans ses bras mais, ce n’était pas vraiment une possibilité pour eux.

Sentir la main de Noreen prendre la sienne le rassura pendant un bref moment. Après tout, il aurait pu penser qu’elle ne voudrait pas le suivre. C’est ce qu’il avait fait, considérant la possibilité où il devrait changer de plan pour l’emmener de force. Heureusement la réalité était tout autre et le trajet se passa sans grande difficulté. Il n’était pas allé très loin, n’osant pas encore prendre la direction de la caverne des hostiles. Il comprenait la nécessité d’y aller doucement (ce qui était d’ailleurs bien surprenant de sa part) et il fallait donc retenir toute ardeur qui viendrait gâcher la chose. Il fallait aussi trouver un plan, mais malheureusement cette partie était plus douteuse. Les paroles prononcées par Noreen fut alors un nouveau baume sur son coeur, comme si ça le confortait sans sa décision, comme si ça justifiait ce qui risquait fort bien de se passer. Sauf que ça posait aussi un problème, une question à laquelle il ne pouvait pas vraiment répondre. Après tout, il avait assumer que la ramener avec lui suffirait à faire la chose, qu’il pourrait ensuite aviser au gré du temps parce qu’elle aurait alors réaliser qu’il faisait ça pour elle, pour être avec elle. Il s’arrêta donc dans sa marche et se mit à réfléchir. Répondre de travers lui couterait sans doute plus qu’il n’en avait envie. Ce qui ne l’empêcha pas de répondre instinctivement : « Je ne sais pas. » C’était la stricte vérité même si elle ne semblait pas très enviable. Il n’avait pas planifié jusque là, il n’avait pas imaginé l’hypothèse où elle lui demanderait, voir même celle où tout irait bien. « Je veux juste qu’on parte loin d’ici. » Partir hors de l’île serait même une possibilité, si seulement ça n’impliquait pas une chose tabou à ses yeux. Enfin, autant ne pas y penser, un obstacle supplémentaire n’était pas le bienvenu. Il fallait se concentrer sur le présent, sur la seule chose qui fonctionnait assurément à cet instant précis.

Sauf que voilà, c’était bien beau de profiter du moment, mais il restait le problème de fond. À savoir comment amener Noreen avec lui. Elle était partante pour l’instant, mais elle ne le serait pas toujours et cette seule pensée l’inquiétait plus qu’il ne le fallait. Que tout allait bien ne faisait qu’accentuer la crainte que ce ne soit plus le cas à un moment où un autre. Normalement la logique aurait dicté qu’il prenne les choses en main mais quelque chose l’en empêchait. Après tout, elle n’avait pas dit non, elle ne le repoussait pas et lui, il ne pouvait que l’aimer. « Je ne veux pas partir sans toi. » Il se répétait, encore et toujours, mais cette fois c’était plus qu’une simple affirmation, parce qu’il fallait entendre ce qu’il ne disait pas. Parce qu’il sous-entendait la raison qui expliquait ce refus, cette raison qu’il n’arrivait pas à dire, qu’il ne pouvait pas admettre. Elle était pourtant bien présente et elle expliquait cet entêtement, cette soudaine visite pour la soustraire d’un environnement qu’il jugeait dangereux pour elle. Et si la raison pouvoir être belle, mignonne même, elle servait surtout à obscurcir le danger que la jeune femme pourrait courir si jamais elle refusait. Bien sur Seth lui-même ne voyait pas les choses ainsi, mais il restait conscient qu’entendre un refus ferait écrouler le château de carte et que les choses se passeraient plutôt mal. Il était bien à la limite entre l’adorable jeune homme qui ne voulait que la sécurité de celle qu’il aimait (parce que c’était bien de cela dont il s’agissait) et le type complètement effrayant qui avait un problème de taille au cerveau. (et nous penchons pour que la seconde soit vraie). Réalité qu’il prouva à nouveau en disant : « Je ne peux pas te laisser retourner là-bas. » Ce qui voulait dire, en somme, qu’elle viendrait avec lui de gré ou de force. Comme quoi l’option mec avec des problèmes commençait à sérieusement prendre le dessus.

❝ I had a dream that i kissed your lips and it felt so true. ❞
Noreen était le genre de personne qui croyait que le monde était beau. C’était une certitude bien ancrée dans son esprit, et même ses connaissances sur le monde et les horreurs qui s’y commettaient chaque jour ne pouvaient changer ça. Elle y croyait, à son monde qui pouvait s’améliorer, à ces gens qui pouvaient changer. A tel point que, parfois, il lui arrivait de se construire une sorte de bulle hermétique et de s’y enfermer. Peut-être bien qu’elle s’y sentait mieux, parce que c’était un univers édulcoré qu’elle imaginait bien plus beau qu’il ne l’était réellement. Le vrai problème, c’est qu’elle ne remarquait jamais ces parois de verre derrière lesquelles elle perdait incommensurablement son souffle. Elle manquait toujours d’air, quand la réalité revenait trop brutalement faire éclater son rempart.
Son petit cœur s’était mis à battre un peu plus vite alors qu’il lui avait prononcé ces quelques mots encore jamais sortis de sa bouche. Et alors oui, elle avait sentie tout son corps se remplir d’espoir et elle n’avait rien pu faire pour l’en empêcher. Il avait traversé tous ces kilomètres qui les séparaient, pour une seule et unique raison et Noreen s’en sentait frissonner à mesure qu’elle y pensait. Il avait fait ça pour elle, simplement pour elle. Ça lui paraissait fou, complètement dingue à imaginer, et pourtant les preuves étaient là, se glissaient d’entre ses lèvres comme dans ces films niaiseux où le garçon et la fille finissent forcément ensemble à la fin. Là, au fond de ses pupilles qu’elle redécouvrait au fil des secondes, tandis que son corps émergeait encore doucement. Elle avait quitté son sommeil pour retomber dans un rêve, voilà ce à quoi elle ne pouvait s’empêcher de penser tandis que sa main serrait fort celle de Seth et qu’elle se laissait guider. Il pouvait bien l’emmener n’importe où, c’était pas franchement important. Du moment qu’il était là, avec elle, ça n’avait pas la moindre. Enfin, presque… ❝ Tu sais pas où on va ? ❞ se surprit-elle à répéter, bien plus pour elle-même qu’autre chose au final. Elle dut le dévisager pendant plusieurs secondes, pas bien certaine de le comprendre. Il fallait qu’il lui en dise plus, même si c’était une surprise, il n’avait pas le droit de lui faire croire qu’il ne savait pas où ils allaient. Parce qu’elle, au fond, voyait déjà le tableau : un endroit où il ferait chaud, probablement près de l’océan, loin de la civilisation, où ils seraient éclairés par des allées de bougies entre deux montagnes de pétales de roses et… Elle écouta la suite d’une oreille distraite tandis qu’un air confus assombrissait déjà son visage. Il avait tout préparé, hein ? Il ne pouvait pas en être autrement, parce qu’elle lui faisait confiance et qu’il ne pouvait pas l’avoir éloigné de sa maison jaune pour rien. Pas vrai ?

Elle l’observa avec un peu plus d’insistance, le regard plein d’incompréhension. Il fallait qu’il lui explique, parce qu’elle n’y comprenait rien. Ou alors, peut-être qu’au final, elle comprenait un peu trop bien ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux. Interdite, elle demeura immobile pendant plusieurs longues secondes, avant de trouver ses premiers mots. ❝ T’es pas venu ici pour me compter fleurette à la lueur de la lune, hein ? ❞ Ça avait été tellement simple qu’en fait elle n’avait rien vu venir. Naïve, elle l’avait toujours été, mais ce soir plus que jamais, elle était presque tombée dans son propre piège : celui qui laisse croire à de bons sentiments, qui remplit le cœur d’espoir et susurre des promesses à l’oreille. Le même qui s’écroule toujours un peu trop rapidement. Elle ne voulait plus l’écouter, parce que de toute évidence, tout ce qu’il disait ne faisait plus aucun sens. Elle l’observait de ce regard qui s’assombrissait chaque seconde un peu plus, l’écoutait d’une oreille distraite. Elle aurait tant aimé ne pas entendre ses mots, parce qu’alors elle aurait pu se contenter de s’énerver – elle ne le pouvait simplement pas, parce qu’au fond, c’était la première fois qu’il lui disait de telles choses. Bien-sûr, ils s’étaient disputés un nombre incalculable de fois, mais jamais il ne lui avait dit qu’il ne voulait simplement pas la laisser ici.
Seulement, il avait beau avoir de bien belles paroles, malgré tout le message restait toujours le même. Son intention ne changeait pas, il n’avait jamais été question d’autre chose et la demoiselle venait de le comprendre. ❝ Alors c’est pour ça que t’as fait tout c’chemin, Seth ? Sans blague ? ❞ Il y avait certainement à cet instant un peu plus de tristesse qu’autre chose au fond de ses yeux, qu’elle tenta de dissimuler en baissant la tête. En accompagnant son geste, elle lâcha brutalement la main de Seth, et fit un pas en arrière, comme frappée par la lucidité. Sa bulle venait d’éclater, probablement au plus mauvais moment.

Elle était certainement autant déçue que triste d’avoir tant espéré pour si peu, finalement. Ils n’y arrivaient jamais, à se comprendre avec des mots, et même la plus belle des intentions ne suffirait plus à les rapprocher. Elle pouvait sentir son cœur battre un peu moins fort à mesure qu’elle commençait à arrêter d’espérer : ça ne les mènerait à rien. Ni ça, ni tout le reste, finalement. Elle y avait cru, à sa soirée romantique et pleine de promesses, jusqu’au moment où il avait fallu se rendre à l’évidence : elle n’avait jamais existé que dans sa tête. C’était toujours la même chose avec eux, et elle était fatiguée de se battre contre des moulins sans jamais voir le moindre signe d’une quelconque amélioration. Il fallait qu’ils arrêtent d’essayer de changer les choses alors qu’ils n’en étaient clairement pas capables. Ainsi, elle prit, comme souvent, la décision à leur place. Parce que c’était tout ce qu’elle pouvait faire, et probablement la meilleure chose qui lui venait à l’esprit à cet instant. ❝ Je vais rentrer, ❞ finit-elle par affirmer avec une assurance qui ne laissait plus sa place au doute. Elle ne pouvait pas rester, parce qu’elle venait de tomber de haut et qu’elle était simplement bien trop exténuée pour essayer de lui expliquer son point de vue. Leur dialogue de sourds ne les mènerait plus à rien ; qu’il retourne chez ses fous et Noreen rentrerait chez les siens. Sans attendre de quelconque réaction, elle commença à s’éloigner, lentement mais sûrement. Rentrer signifiait retrouver le chemin de sa petite maison jaune, au fond la seule où elle avait vraiment le droit de se sentir en sécurité sans crainte d’être jamais déçue.

sorry pour le retard chaton han

si tu veux de moi, je reviens vers toi

noreen && seth

Bien rapidement, Seth se rendit compte que tout ce qu’il avait pu s’imaginer, que tout ce qu’il avait pu croire n’était que poussières d’étoile. L’image avait commencé à craquer quand elle avait été surprise de l’entendre affirmer qu’il ne savait pas où ils allaient. Pourtant, ça avait toujours été une évidence pour lui. Même si son plan avait été réalisé avec une réussite assez impressionnante, lui-même en était surpris, il n’était pas planifié pour autant. Peut-être qu’à quelque part, il s’était sous-estimé en croyant qu’il ne réussirait pas à la ramener en dehors de l’Hydre, si bien qu’il n’avait même pas pensé à la suite. Après tout, si sa tentative de secours (et de kidnapping) n’avait pas fonctionné, la planification d’une suite aurait totalement été inutile. Cela dit, maintenant qu’elle participait volontairement à son kidnapping, Seth se voyait floué. Son manque de planification le rattrapait à grande vitesse et il redescendait tout aussi rapidement de son petit nuage. Ce qui se passait n’était pas ce qu’il avait prévu, mais visiblement, ce n’était pas ce qu’elle avait prévu de son côté. Là était bien le problème, parce que si tout s’était bien déroulé jusque là, la réalité allait les rattraper bien rapidement. Lui qui ne savait rien, qui se rendait compte que ni son plan, ni ce qu’il avait pu imaginer ne se déroulerait comme il pourrait bien le souhaiter et elle qui réalisait soudainement que ce ne n’était pas une histoire de conte de fée et qu’ils étaient bien loin d’un moment de romantisme. Noreen faisait d’ailleurs un commentaire en ce sens. Seth secoua légèrement la tête en guise de réponse avant de baisser les yeux. Il sentait parfaitement la déception venant de la jeune femme et ça venait le chercher plus qu’il ne l’aurait voulu. C’était d’ailleurs ce qui le rendait si dangereux, parce qu’il n’acceptait tout simplement pas cette déception, il ne comptait pas la laisser s’en tirer si facilement (alors que somme toute, il restait le seul coupable de ce malentendu).

S’il avait été différent, peut-être qu’il aurait pu l’amener avec lui en lui susurrant ce qu’elle voulait entendre. Ce n’était malheureusement pas possible, il avait beau ressentir quelque chose pour elle, ce n’était pas suffisant pour éliminer ses autres traits de personnalités moins charmants. Après tout, ce qu’il pouvait ressentir pour elle ne faisait qu’augmenter les risques qu’elle encourait. Il voulait la protéger, seulement, ça ne s’appliquait pas vraiment contre lui. Elle n’aidait pas à désamorcer la situation vu ce qu’elle disait. Les sourcils froncés, le soldat releva le regard en sa direction. Elle avait lâché sa main et elle se dérobait maintenant à lui, une réaction qui était sans doute bien normale, mais qui n’était pas idéale vu Seth. Non parce que c’était bien là tout le risque, il basculait, lentement, mais surement, vers quelque chose de bien dangereux. Comme si toute l’aventure s’était déroulée pour arriver à ce moment bien précis. « C’est trop dangereux » Bien sur, même s’il n’avait pas tord puisque l’Hydre était réellement un endroit hostile pour les rescapés - il avait lui-même eu droit au meilleur de leur hospitalité, mais elle était tout aussi en danger avec lui. Enfin, ça, bien sur, il n’allait certainement pas le dire. Il essayait de trouver la suite de l’altercation, parce qu’il sentait bien qu’il n’avait plus le contrôle. Noreen avait été déçue, elle lui était donc hostile. Ça se sentait bien maintenant qu’elle avait lâchée sa main et rien qu’à la réaction globale. Peut-être aurait-il pu se sentir mal à cet instant précis, parce que même s’il n’était pas un prétendant convenable (oui parce que kidnapper des gens n’étaient pas quelque chose de très digne), il n’avait jamais voulu la décevoir. Il s’était peut-être dit qu’elle comprendrait les raisons derrières son comportement, peut-être qu’il avait imaginé une toute autre réaction, quelque chose de bien loin de la réalité.

« Je vais rentrer. » Les mots prononcés par Noreen tombèrent comme une sentence, comme la fin de toute possibilité de fin heureuse. Il avait été bien naïf - et surtout dangereux - mais maintenant qu’il tombait lui aussi de haut, c’était terminé. « Non. » Il n’avait pas parlé particulièrement fort, il n’avait rien dit de plus. C’était son opposition à ce qu’elle avait, à la possibilité qu’elle retourne sur l’île après qu’il se soit donné tout ce mal pour la ramener en sureté. Non, elle ne pouvait pas y retourner, parce qu’il y avait une chance que les originaires aient réalisé quelque chose et il ne pouvait pas accepté qu’elle se mette encore plus en danger. Et puis, au fond, il ne voulait pas qu’elle parte et cette fois, il comptait bien écouter cette envie plus grande que tout. Si bien qu’il franchit l’espace qui les séparait, ces pas qu’elle avait mis entre eux alors qu’elle se dirigeait vers l’hydre. Seth n’eut pas de mal à la rattraper, il n’eut pas plus de mal à l’immobiliser en attrapant son bras. La suite était plus ardue, plusieurs options s’offraient à lui, mais il ne savait pas laquelle prendre. « Je ne peux pas de te laisser partir. » C’était un exemple d’honnêteté en fait ! Parce qu’il lui disait clairement ce qui allait arriver, mais ça ne laissait rien augurer de bon pour la jeune femme. Non, parce que Seth avait complètement basculé, il ne faisait plus preuve de retenue comme à l’habitude. Il hésitait : soit qu’il l’amenait de force chez les hostiles (qui ne s’y opposeraient sans doute pas, ils n’étaient pas scrupuleux) soit qu’il s’assurait qu’elle ne se débatte pas. Ce serait sans doute plus simple ainsi, mais il répugnait à l’idée de s’en prendre. C’était une réticence de courte durée puisque la crainte de voir Noreen partir lui revint rapidement. Il franchit donc le peu de distance qu’il restait entre eux et apposa sa main sur son cou. L’instant d’après, il démontrait ses connaissances du combat au corps à corps en lui faisant la prise du sommeil ~~(je me rappelle plus comment on fait alors je décris pas)~~. Il ne pouvait pas la laisser consciente sans risquer qu’elle ne lui échappe. À quelque part, il se disait qu’il avait fait le bon choix, tant pis pour les éventuels scrupules ou pour les conséquences futures, peut-être qu’elle comprendrait.