Eliza était dans les cellules depuis une douzaine de jours. Elle ne supportait plus cette situation. Régulièrement, Zacharia la faisait amener à lui pour la torturer. Coups de fouet, coups de pieds et pire, tout y passait.
Le pire, c’était le soir, lorsqu’ils la ramenaient ici, dans la cellule. C’était probablement la plus atroce des tortures. L’obscurité y était si présente que lorsqu’elle sortait enfin, elle avait l’impression que ses yeux brulaient sous la lumière du soleil. La toute première fois, elle y était restée presque dix jours sans voir la lumière, tant et si bien, qu’à la fin, elle était incapable de dire si c’était le jour ou la nuit. Tout se confondait. Ne parler à personne était aussi insupportable et elle avait eu l’impression de devenir folle. Maintenant, ses seuls interlocuteurs étaient les gardes qui l’amenaient et la ramenaient de la salle des tortures mais qui n’étaient pas vraiment bavards et Zacharia. Et puis, tout était si humide et l’odeur n’était pas des plus agréables, mêlant odeur de renfermé et d’humidité. Le sol était de terre et un banc était la seule possibilité pour s’allonger si on ne voulait pas dormir à même le sol. Il avait même semblé à Eliza, entendre des grignotements comme-ci des rats ou des cafards se promenaient dans les environs.
Et puis, depuis quelques jours, Eliza se faisait torturer régulièrement par l’originaire. Du coup, ses journées se ponctuaient par des séances de torture et des moments seules dans les cellules. La jeune femme était fatiguée, mentalement et physiquement. Elle portait de nombreuses traces de ses tortures. Son corps était couvert d’hématomes divers et sa blessure par balle à l’épaule saignait de nouveau. Chacun de ses mouvements étaient douloureux, tout son corps souffrait. Pourtant, elle ne se résignait pas et tenait bon face à Zacharia. Elle refusait de baisser les bras.
Les gardes l’avaient ramené dans sa cellule il y a quelques heures et Eliza, épuisée, s’était endormie. La porte s’ouvrit et Eliza eut un petit sursaut, se réveillant aussitôt. Ça y est, ils venaient probablement encore la chercher pour que Zacharia puisse la torturer encore et encore. La jeune femme n’en pouvait plus, elle n’était dans la cage que depuis quelques heures à peine, ne pouvait-elle pas avoir enfin un peu de répit ? Bizarrement, personne ne s’approcha de sa cage mais elle entendit distinctement une autre porte s’ouvrir, se refermer et des clés bouger dans la cellule non loin d’elle. Quelques instants plus tard, la porte des cellules intérieures se referma aussi dans l’obscurité. Eliza se redressa, elle entendait une autre respiration venant des autres cellules. Elle n’était plus seule. Doucement, tout bas, Eliza demanda :

❝ Il y a quelqu’un ?❞

Etait-ce un autre prisonnier ? Peut être quelqu’un qu’elle connaissait ? Peut-être Evan ? Non, la respiration était trop faible pour être celle d’un homme. Un instant, elle imagina que c’était une autre façon de Zacharia de la torturer, l’enfermer avec quelqu’un qu’elle connaissait ou même lui faire imaginer qu’elle n’était plus seule ou autre stratagème machiavélique dont lui seul pouvait être capable. Non, il s’agissait probablement d’un autre prisonnier, et si c’était le cas, ce serait quelqu’un qui subirait le même sort qu’elle.

La jeune femme avait déjà fait le tour de la cellule de nombreuses fois, tentant de repérer dans l’obscurité une faille, un moyen de s’échapper mais c’était peine perdue. Elle avait passé ses doigts dans chacun des coins les plus tortueux, grattaient chacun des murs à la recherche d’un point faible mais il n’y en avait pas. La seule issue était la porte fermée à double tours dont les clés étaient accrochées à la ceinture d’un des gardes. Les prisons semblaient être faites pour anéantir le moral de tous prisonniers. Déjà que les tortures les minaient beaucoup, être enfermés ici était un véritable supplice. L’odeur était désagréable et une chaleur moite étouffait l’atmosphère. Une désagréable humidité semblait te pénétrer jusqu’aux os et le sol poussiéreux rendait la respiration difficile. Non, les conditions ici n’étaient pas des meilleures et c’était probablement une volonté des originaires de les traiter ainsi. D’ailleurs celui qui avait créé ces cages devait être un vrai malade.
Lorsqu’Eliza interpella l’autre prisonnière, elle vit cette dernière se relever tant bien que mal. Elle ne distinguait pas les traits de son visage mais pouvait dire que c’était une jeune femme qui avait l’air mal en point. Elle avait probablement été torturée elle aussi. Une bouffée d’espoir envahit Eliza. Enfin, elle n’était plus seule, peut-être que les nuits et les journées ne lui sembleraient plus aussi longues et peut être qu’à deux, elles seraient plus fortes.. Rien que l’idée de pouvoir discuter avec quelqu’un lui remontait un peu le moral.
La jeune femme lui dit qu’elle s’appelait Lydia et lui demanda si elle était aussi une rescapée. Eliza en déduit que cette Lydia devait être aussi une rescapée bien que son nom ne lui dise rien, peut-être s’étaient-elles déjà croisé sur l’île..

❝ Je m’appelle Eliza et oui je suis une rescapée.❞

La jeune femme se demanda si Lydia était également une prisonnière de Zacharia et si c’était le cas qu’est-ce qu’elle pouvait avoir bien fait pour qu’il ne la kidnappe et l’enferme ici. Mais peut-être y avait-il d’autres originaires aussi fous que Zacharia et qui s’amusaient à torturer de pauvres rescapés ? Peut être également passait-il son temps libre à torturer des personnes uniquement pour le plaisir.. ? Après tout, Zacharia avait évoqué lors d’une de ces tortures, combien de temps avaient tenus ses autres prisonniers. Elle n’était donc pas la première et ne serait surement pas la dernière. Non, elle ne serait pas la dernière et à cette pensée, elle eut un frisson. Zacharia finirait-il par la tuer lorsqu’il se serait lassé de son jouet ? Eliza demanda tout bas :

❝ Pourquoi es-tu là Lydia ?❞

Eliza se plia légèrement en deux, elle avait toujours cette douleur au ventre, probablement un mauvais coup qu’elle avait pris. Tout son corps était si douloureux. A chacune des nouvelles séances de torture, elle en sortait plus affaiblie, plus douloureuse alors qu’elle pensait que ce n’était pas possible. A chaque fois, elle se disait qu’elle ne pouvait pas souffrir plus mais si, c’était possible, Zacharia le lui prouvait à chaque fois. Combien de temps tiendrait-elle encore avant qu’il ne la brise définitivement ? Combien de temps tiendrait-elle encore avant qu’elle ne baisse les bras, qu’elle n’est plus la force de lutter pour sa vie et pour ceux qu’elle aime ?

❝ Est-ce Zacharia qui t’a torturé toi aussi ?❞

Si c’était le cas, Eliza n’aurait surement pas le courage de lui dire que tout ceci n’était que le début, que Lydia n’avait fait que commencer son long chemin vers l’enfer, un chemin long dont elles n’étaient pas sûre de voir un jour la fin..