she'll lie and steal and cheat, and beg you from her knees,
make you thinks she means it this time.

Jaylan était dérangé. Ça faisait dix bonnes minutes qu’il tournait là, en rond, et ne trouvait pas quoi faire. Ça l’emmerdait au plus haut point d’être bloqué comme un rat mort, avec rien à faire à l’horizon. Lui, il voulait bouger, courir, sauter dans tous les sens, ne pas s’ennuyer un seul instant. A la place, il se retrouvait là, bloqué, censé assurer la surveillance des prisonniers. Mais quelle surveillance, hein ? Ces connards n’avaient besoin de personne pour tourner en rond dans leurs enclos, ça il en était persuadé. Il avait simplement compris, parce qu’il n’était pas si con, qu’on lui avait confié cette mission ridicule et complètement inutile simplement pour le maintenir éloigné de la salle commune, où un conseil se tiendrait prochainement. On ne voulait pas qu’il y soit. Oh, bien-sûr, il ignorait pourquoi, mais ça, il s’en foutait pas mal. Il était curieux, un véritable petit fouineur, mais cet état d’inutilité latente le rendait dingue. Il aurait été prêt à échanger à peu près n’importe quoi pour qu’on lui confie une mission un peu plus… Utile. A la place, il était posé là, adossé à ce mur froid et occupé à compter les secondes. Il était fatigué, las de ne rien faire. Il ne réalisait en fait pas qu’il était en train de devenir ceux qu’il détestait, à savoir, les survivants. Il commençait à prendre la mesure de sa propre situation et, même s’il se refusait à les comparer, il fallait se rendre à l’évidence : Jaylan était aussi piégé que ceux qu’il était censé surveiller.

L’hyperactif se releva d’un geste simple, prêt à tout pour abandonner ce statut de gardien qu’on lui avait conféré sans trop de raisons. Il avait cru entendre des bruits vers le fond et ça lui donnait bien envie d’aller voir ce qui se passait – au moins, ça ferait un peu d’animation. De sa démarche naturellement rapide, il traversa le long couloir et n’entendit plus le moindre bruit. On se foutait de lui, c’était ça ? Ou alors, il était simplement en train de tourner fou. C’était pas donné à tout le monde d’entendre des bruits, alors il s’arrêta et laissa son regard effectuer un tour complet de la pièce avant de se poser sur une fille. Plus précisément, une masse capillaire plutôt épaisse et blonde. Il inspira bruyamment, c’était elle, la responsable de ce bordel ? Il avait traversé ce long couloir pour l’entendre chouiner dans son coin ? C’était pas la première, ce serait pas la dernière non plus, voilà ce que l’originaire pensa tandis que les yeux glissaient sur son corps. Il fronça un sourcil et tenta de lire au fond de son regard – impossible. Tant pis. Il recula d’un pas, prêt à s’éloigner de nouveau, jusqu’à ce qu’elle lui pose une fameuse question. C’était pas habituel, qu’ils chialent pour avoir une cigarette. A vrai dire, c’était même la première fois qu’on lui faisait le coup. Il resta de glace le temps d’une bonne minute, complètement con devant tant de fierté apparente. Elle se prenait pour qui, au juste ? Seulement, il pouvait tenter de le cacher, au fond, il ne savait que trop bien que ça lui faisait plaisir, un peu de mouvement. Il se recula encore pour pouvoir mieux l’observer et conserver la fameuse distance de sécurité établie par les espilon, puis la fixa avec un instance, comme s’il essayait de sonder son esprit. Impossible, il ne devenait pas où elle voulait en venir. Mais, peu importait, au fond. « Si, j’en ai une, » qu’il lâcha, autant impassible qu’elle. C’était probablement la réponse qu’elle attendait, mais il se recula à nouveau et attrapa son paquet de cigarettes bien planqué au fond de la poche arrière de son jean, avant d’en saisir une avec la force de l’habitude. Il s’approcha de nouveau de la prisonnière et, sans la regarder, commencer à tender l’objet dans sa direction… Avant d’en sortir un briquet, de la caler entre ses lèvres et de l’allumer. « Bonne idée, ça va m’faire du bien. » Il n’avait pas vraiment fait exprès, d’être si con avec elle. Ceci dit, c’était pas demain la veille qu’elle risquait d’avoir un quelconque cadeau, encore moins un dont les réserves commençaient à sérieusement diminuer. « C’est toi qui chiales comme ça depuis t’a l’heure ? » Il releva un regard légèrement plein d’arrogance vers elle, en réalisant qu’il la voyait pour la première fois. Ce n’était certainement pas le cas, mais c’était bien la première fois qu’il faisait attention à elle. « J’vois pas ce qu’il peut t’manquer ici. J’veux dire, il fait bon, t’es à l’abri du mauvais temps, t’es nourri et en plus t’as même des chiottes ! Y’en a qui se plaindrait pour beaucoup plus que ça, franchement, » lui lança-t-il avant de tirer sur sa clope. Finalement, elle tombait peut-être bien, si elle était capable de l’occuper un moment.