(#) Sujet: Oublie ton passé et laisse moi esquisser ton futur {PV Rose} Ven 23 Jan - 1:45
Quand la mémoire te fait défaut...
Le rire du garçon à mes côtés alors qu'il tentait encore, et pour au moins la vingtième fois de la journée, de m'apprendre à confectionner un filet de pêche digne de ce nom... Et à voir la façon dont il regardait, désabusé et parfaitement hilare, mes doigts pourtant agiles se perdre dans cet amas de nœuds plus hideux les uns que les autres, je ne devais pas être la plus douée des élèves. Pendant quelques secondes j'avais froncé mon petit nez et plissé mes sourcils tandis que je contemplais moi aussi le désastre : à un endroit les trous étaient si gros que même un gros poisson pourrait en ressortir sans le moindre mal et, à un autre, j'avais tant serré les mailles que pas même le plus petit ne pourrait y entrer ! Mon malheureux maître d'ouvrage avait ri de nouveau devant ma mine plus que déconfite avant que de m'attirer à lui et d'bouriffer mes boucles dorées. Un léger haussement d'épaules de ma part alors que je soupirais et lâchait ma pathétique œuvre et lui qui passait un bras autour de mes épaules et tentait de me rassénérer de son mieux : on ne pouvait pas être doué pour tout et puis, de toutes façons, pourquoi est-ce que j'insistais autant pour jouer à la pêcheuse ? D'après lui j'en faisais déjà bien assez sur le camps et, ça, tout le monde le savait ! Et puis pourquoi ne m'essayerais-je pas plutôt à tenter la cueillette en compagnie de Jeremiah ? Je l'aimais bien le beau brun, non ? Mon regard qui se fait plus que dubitatif et inquisiteur alors que je le plonge dans celui qui me taquinait un peu plus encore en affirmant que je devais bien être l'une des seules à pouvoir encore me targuer d'être proche depuis que nous avions tous été rapatriés manu militari de l'Hydre. A l'évocation de cet épisode pour le moins trouble de nos vies, et de la mienne plus encore, je frémis et sembla perdre toute joie et tout entrain.
Sur le camps personne ne parlait jamais vraiment de ce qu'il avait bien pu vivre et endurer pendant ces périodes lugubres où nous avions tous été retenus et traîtés pire que des animaux encore. Comme si en parler eut été comme invoquer des spectres que nous tremblions tous de voir revenir à la vie. Et, aussi agaçant que cela puisse m'être, moi aussi je ne désirais plus même penser à ce moment où ma route avait en effet croisé celle du Kappa. Je ne voulais que voir Nemo et je m'étais retrouvée embarquée dans l'une de ces folles aventures que je semblais avoir un don inné pour susciter ! La course poursuite au travers du dédale de couloirs, la découverte de ce macchabée que nous n'avions pu sauver ni ramener et qui devait encore pourrir au fond de l'océan... Ce goût amer dans ma gorge alors que je me souvenais de l'expression de reddition totale et de pure souffrance que j'avais vue se peindre sur les traits de son visage déjà froid. L'envie de faire payer à ses bourreaux et assassins leur lâcheté primitive... A ce moment là je ne jouais plus à être Laura, je l'avais été. Et j'avais réagi avec mes tripes, faisant tout mon possible pour permettre à Jeremiah de s'échapper. Je ne le connaissais pas, ignorais tout de lui et pourtant ce jour-là il était devenu l'être le plus important de mon existence. Parce que le sauver lui c'était aussi un peu racheter mes fautes. J'étais une Originaire et, bien que je n'y eus pas participé directement, je savais qu'une part de responsabilité m'incombait à moi aussi dans toutes ces morts et tous ces traumas que mon peuple avait infligés à ceux qui n'avaient d'autre tort que de tenter de survivre !
Un mouvement d'humeur et me voilà qui abandonnait à son filet celui qui tentait de me retenir, me hurlant des excuses dont je n'avais que faire et que je feignis si bien d'ignorer. Je ne voulais plus l'entendre, plus le voir ! Ni lui ni aucun autre de ces êtres que je voyais errer un peu partout autour de moi et qui me donnaient l'impression d'étouffer. Mes jambes qui avaient chancelé alors que je tentais de courir pour m'éloigner, quitter cette foule dont je ne supportais plus même la vue et retourner à cette solitude qui parvenait encore à m'apaiser. Et, tandis que je courrais sans réellement avoir de but, je ne pouvais empêcher les idées d'affluer en mon esprit. Et ces paroles que les hommes – subitement bien nombreux- de ma vie m'avaient lancées ne cessaient de revenir me hanter. Nemo voulait me voir lui revenir sur l'Hydre... Lahas... Ai-je vraiment encore besoin de me torturer en pensant à lui ? Non, pas le moindre besoin en effet mais la plus parfaite des envies masochistes, ça oui ! Et puis il y avait Alekseï qui parvenait si bien à alléger mon quotidien et auprès de qui tout semblait si soudainement possible... Ma tête qui se secoua comme pour mieux chasser loin de moi tous ces songes et tous ces êtres qui me perdraient bien un jour ou l'autre...
Le ressac des vagues venant doucement se briser au pied de ce phare qui avait depuis longtemps cessé d'être espoir pour ne plus être que le témoin moqueur et provocateur de ces secours que les naufragés pouvaient bien attendre... Ces secours qui jamais ne seraient guidés par son étincellante lumière. D'ailleurs si les rescapés savaient seulement qui avait fait établir ce bâtiment peut-être bien auraient-ils cessé de voir en lui un allié simplement assoupi... Cette île était l'oeuvre des miens dans le moindre de ses détails et les rares lueurs d'espoir qu'ils y avaient disséminés comme pour mieux encourager leurs petits rats humains à continuer de lutter ne l'avaient jamais été qu'à dessein. Un peu comme on offre une grande et jolie roue à un hamster qui finit de crever d'épuisement à force d'y courir ! Je retins un rire moqueur alors que je m'étonnais presque de n'avoir encore entendu personne s'étonner du fait que les accidents en tous genres semblaient plus que légions dans le secteur. Les avions s'écrasaient, les navires emplis de militaires s'échouaient et quand un autre arrivait pour porter secours il repartait pour ainsi dire presque vide ! Soit tous ces hommes et ces femmes étaient des disciples du bien aveugle maître Pangloss de Voltaire soit ils étaient tous purement et simplement décérébrés ! Parce que le hasard n'existait pas. Et quand bien même l'adage qui ferait de lui la main de Dieu déguisée alors cela ne ferait que mettre Dieu dans le camps des miens, non ?
J'allais me précipiter vers l'entrée du phare, bien déciée à en gravir tous les escaliers en colimaçon afin de pouvoir atteindre son sommet et admirer la vue quand mon regard fut attiré par une silhouette longiligne qui errait seule le long de la plage. Rose ? Dire que cette fille et moi étions amies aurait été mentir et pas qu'un peu. Pour être franche ce que je savais réellement d'elle se limitait à bien peu de choses. Lorsque je m'étais faite passer pour l'une des leurs dans les geôles je l'y avais vue. Et lorsque nous nous étions tous finalement échappés il m'avait semblé entendre son prénom sortir des lèvres de Jeremiah. A ce qu'il se murmurait ici et là on la prétendait tantôt complètement à l'ouest tantôt en proie à la plus terrifiante des amnésies. Amusant et fascinante cette maladie qui efface le moindre de vos souvenirs. Au moins, et si jamais cela devait m'arriver, peut-être cesserais-je de me torturer toute seule à force de trop les ressasser, mes souvenirs ! A moins que, comme je la voyais elle en ce moment, je ne m'éreinte plus encore afin de tenter de raviver ma mémoire déficiente. Et, là-dessus, je ne savais si je la trouvais stupide de vouloir se souvenir de ce qui avait été une horreur ou si je ne lui enviais pas plutôt son courage d'oser ainsi aller à la reconquête d'un douloureux et bien traumatisant passé ! En tous cas, ce que je savais et cette-fois avec certitude, c'est que Rose m'intriguait et que j'entendais bien en apprendre plus sur la demoiselle vers qui j'avançais donc, les mains jouant machinalement avec mes longs cheveux et mon regard étincelant de cette malice qui me caractérisait si bien. Arrivant à sa hauteur je la saluais d'un geste de la main et mimais ces choses qui se voulaient indices et par lesquels je tentais d'entâmer une conversation … qui aurait eu vite fait de tourner court si je m'étais continuer d'agir de la sorte. Devant l'incompréhension de la jeune femme je levais ma main comme pour lui demander d'attendre et, fouillant dans ma besace aux merveilles, j'en extirpais mon calepin et mon crayon presque déjà usé à force que de servir autant ! Il faudrait que je songe à aller en chercher d'autre dans la carlingue de l'avion tiens...
Rose, c'est bien cela, non ? avais-je giffonné sur un premier feuillet avant que de le lui tendre dans un geste lent et rassurant et avant que de m'en retourner poursuivre mes lignes d'écriture. Mon regard qui semblait bien plus doux mais aussi plus sérieux alors que je lui tendais ces quelques mots Je ne sais pas si tu te souviens de moi mais... On s'est « rencontrées » sur l'Hydre quand.. enfin … je feignis à merveille d'être gênée quand bien même je jubilais intérieurement. Mes doigts qui tremblent sur le papier alors que je lui tends une dernière feuille J'étais avec Jeremiah là-bas... Et, sans lui, je crois que je serais morte là-bas. Je lui dois la vie. mes joues qui s'empourprent sur commande alors que je griffonne encore J'ai eu de la chance... Jerem' est vraiment un homme merveilleux ! Et mignon en plus, non ? puis, riant nerveusement – ou pas d'ailleurs- je lui souris et lui désignais le phare d'un geste de la main avant que de la lui tendre Tu viens avec moi ? Là-haut tout paraît plus beau ! Là-haut tout paraît possible ! Là-haut je me surprends même à rêver et à espérer...
Des mots jetés à la va vite et que je ne pensais pas le moins du monde. Mais je voulais qu'elle me suive. Parce que j'entendais la ferrer et la faire tomber dans mes filets de fourbe manipulatrice et sans cœur. Sauf que, comme souvent dans ma vie, les choses ne se passent jamais comme je le souhaiterais et que, tout comme j'avais commencé à m'attacher à certains rescapés une petite voix me susurrait que ce serait encore bien pire avec celle que je regardais doucement. Rose et moi amies un jour ? Impossible ! Jamais ! « Il ne faut jamais dire jamais »
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» Rose K. Fairclough "
❝ Failure. × It's like I'm losing my mind ϕ ❞
× Ma Célébrité : Holland HOT Roden × Nombre de messages : 559 × Age du perso : 21 printemps d'un désert oppressant × Job : Déchet au milieu de la société, vendeuse éparpillée × Côté love : Torpillé, abusé, emprisonné d'une évidence qui s'est échappée...
(#) Sujet: Re: Oublie ton passé et laisse moi esquisser ton futur {PV Rose} Jeu 26 Fév - 18:55
I'm wasting my young years it doesn't matter
But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.
Les yeux perdus dans le vide face à l'immensité de ce ciel ombragé laissait Rose pensive, loin des rescapés. Elle fixait sans but, sans raisons, depuis une demi heure le bleu si clair de cet horizon lointain. Le clapotis des vagues accueillant ses pensées et lui faisant oublier ses plaies... Inerte et paralysée, son corps s'étendait sur la rive, le sable attrapant ses courbes ingénues. Depuis quelques mois, elle se cachait loin du campement, se retrouvant chaque matin à contempler cette vie qui la contentait. Le vide certain, le silence ambiant et le calme plein d'une bombe à retardement... Cette île n'était plus cette familiarité outrepassée, elle était une nouvelle étape à affronter, à se confronter pour recouvrir la mémoire. Ces gens paniqués, ces personnes égarées, et eux... Les hostiles. Rose fermait les yeux à leur remémoration. Que faisait-elle avec eux? Pourquoi avait-elle rejoint leur rang? Voilà des semaines, qu'elle s'était perdue près de ces fous, de ces tarés aux envies singulières. Pourtant près d'eux, la jeune femme exerçait une nouvelle pression sur ses valeurs. Jonglant entre la monstruosité d'âmes apeurés et l'humanité des survivants. Mais cet îlot, cet équilibre... p*tain. Aucune liberté! Que des liens qui seraient de plus en plus sa gorge jusqu'à la broyer. Respirer. Tout aurait du s'effondrer autour d'elle, pourtant le contraire la désarçonnait. A force de porter un masque, elle commençait à croire ce qu'elle était vraiment. Une tueuse de sang froid, un monstre... La culpabilité ne l'avait pas quitté depuis ce fameux jour, où ses doigts s'étaient recouverts du sang d'une étrangère. D'une pauvre femme à la langue trop déliée... Son visage la hantait chaque nuit, ses réveils irréguliers la rendant nerveuse. Personne n'était au courant sauf lui... Lui qui avait montré ces faiblesses à la rousse sans rechigner malgré les mots pesants entre eux. La rousse se relevait de sa position couchée, attrapant son visage dans le creux de ses paumes. Elle n'arrivait à défaire ses pensées de son regard angoissé, de ce baiser tremblant, véhément... Rose se mordait la lèvre inférieure, fixant à présent la ligne des vagues démontées. Cet océan à perte de vue... Elle sentait encore ces mains qui descendaient le long de ses bras. Son souffle court se mélangeant au sien. La jeune femme commençait à divaguer, à se perdre. Il était le seul en qui elle avait une confiance aveugle, malgré le manque de souvenirs. Jeremiah n'était pas n'importe qui ou n'importe quoi... Il avait un impact sur ses gestes, sur sa conscience. Mais également sur ses peurs. S'il ouvrait sa bouche, Rose ne serait plus qu'une proie parmi tant d'autres au milieu des rescapés. Les hostiles risquaient de la broyer et les survivants de la rejetter. Et sa confiance tout d'un coup se fissurerait. C'était impossible! De toute manière. La jeune femme tentant de se rassurer, se répétant des mots futiles, se relevait marchant le long de la plage, pour effacer ses doutes faciles. Le clapotis des vagues ne suffisant plus...
Au bout de quelques minutes, le paysage changea quelque peu. Les rochers s'invitant au milieu de ce dépaysement total, mais également ce phare. Signe d'un espoir déconfit. Cette tour à la signification de sécurité à présent n'était qu'un ornement du passé. Rose resta plantée là quelques instants, sourde et muette face à ce spectacle navrant. Les vagues caressant la roche violemment, tombant en éclats de gouttes sur l'aigre silhouette. Ce phare semblait si haut, si supérieur. Surplombant cette île de sa liberté mais également de sa captivité,à jamais murer à cette place sans but. La jeune femme divaguait naïvement perdant son regard sur l'état délabré de celui ci. Ne se souciant plus de rien , ne se préoccupant plus de ses soucis omniprésents, ne pensant plus à Jeremiah, ni aux rescapés, et encore moins aux Hostiles. Elle en oubliait même l'existence des Originaires, l'ironie même lorsqu'une se situait non loin d'elle en observation également. Seulement, le silence ne laissait percevoir aucune présence. Le vent glissant une légère brise au creux de la tempe de la rousse qui se renfermait sur elle même. Ses cheveux s'envolaient irrégulièrement, virevoltant au dessus de son crâne. Le calme perçant, désobligeant, froissant... Rose profitait de cet instant de vide, pour ne plus penser, pour rester indemne à des souvenirs cumulants. Depuis son "éveil", les seuls qui s'étaient formés n'étaient que des cauchemars irréels, des contrastes illogiques. Un meurtre puis un baiser. Un commencement et une fin. Un souffle amaigri et un souffle défoncé. Rose glissait sa main sur son front, soupirant longuement. Le froid environnant la rendait tremblotante et la ramenait également sur terre. Elle allait devoir rentrer même si l'envie la laissait pantelante à sa place. Elle ne voulait plus jamais affronter les regards curieux de ces inconnus qui souriaient sadiquement à chacun de ses passages. Elle ne comprenait pas pourquoi ces gens la jugeaient sans même chercher à la comprendre. Cette vieille rumeur avait la dent dure. " Salope" Ce mot résonnait dans son crâne inlassablement. Le dernier mot de cette femme. Rose eut une nausée soudaine, son estomac se cramponnant dans son bas ventre. Jeremiah, elle devait aller voir Jeremiah. Se retournant vivement, elle tomba net face à une jeune femme. Surprise, elle recula de quelques pas, reprenant son souffle qui venait de perdre sa stabilité. Respires, ce n'est rien, pensa t'elle. Depuis quelques jours, Rose était susceptible à la panique, son coeur s'éreintant sans raison particulière, lui donnant cette même impression: celui de l'agonie. Se reprenant en vitesse, malgré ses traits tirés, Rose fixait cette étrangère si entreprenante, sa joie légèrement contagieuse. Elle levait la main en guise de bonjour, un sourire aux lèvres, entamant une série de gestes incompréhensibles. La rouquine tentait de discerner le moindre sens avec attention, mais ce language des signes lui était complètement inconnu. Ou peut être lui était-il auparavant? Rah, amnésie de m*rde! Rose fronçait les sourcils, se mordant la lèvre furieusement avant de capituler. La blonde semblait se rendre compte de son incompréhension et sans tarder, elle sortait un calepin ainsi qu'un crayon de son maigre sac. Griffonnant nerveusement sur le bout de papier, elle s'attardait sur son écriture avant de me montrer doucereusement et calmement ces mots.
Rose, c'est bien cela, non ? La jeune femme fixait douteuse cette blonde, d'un oeil averti, acquiesçant d'un geste de tête à sa question. Qui était-elle? Rose feintant une certaine compréhension, son visage se détendant, pourtant ses pensées étaient toute tournées vers cette jeune femme. Dans un monde comme celui ci, la confiance était une vertue pour laquelle il fallait se battre. Je ne sais pas si tu te souviens de moi mais... On s'est « rencontrées » sur l'Hydre quand.. enfin … Son regard était intime, doux, d'un calme certain. La rousse n'arrivait pas à se décoincer de cette méfiance hagarde. Non elle ne cessait de ne voir qu'une étrangère parmi tant d'autres malgré ces mots. Mais à l'énonciation de l'Hydre son sang se glaça. Son visage perdant de sa contenance, elle avalait sa salive bruyamment. Ce nom était un poison, qui infiltrait dans ses veines une adrénaline fragile. Ses pensées se consumant de cette haine vive. Pour les Originaires, pour cette brune, cette femme qui l'avait... Une deuxième envie de vomir lui remonta le long de la gorge. Rose attrapa son ventre rapidement, se retenant. Alors elle aussi était... ? Prisonnière? Elle avait envie d'y croire, mais il était tellement difficile de croire quelqu'un de complètement inconnu. Pourtant, cette dernière semblait encore atteinte de ce mal, de cette peur de la captivité, tremblant, cette gêne sur son visage... Rose était sérieusement partagée entre la croire ou lui faire avouer ce mensonge faussé qu'elle tentait de lui faire gober. J'étais avec Jeremiah là-bas... Et, sans lui, je crois que je serais morte là-bas. Je lui dois la vie. Tout revenait forcément à lui, Rose était restée silencieuse jusqu'à présent, pourtant son visage se détendit un instant. Quelques secondes, juste assez pour montrer une faiblesse, une vulnérabilité. Mais les joues rosées de cette jeune femme la ramenait sur terre, tout comme les quelques mots qu'elle griffonna. J'ai eu de la chance... Jerem' est vraiment un homme merveilleux ! Et mignon en plus, non ? Ok là, Rose devint tout simplement blanche, perdant de ses couleurs en une paire de seconde. Serait- ce de la jalousie? Certainement pas voyons... Juste de la méfiance pure. Ou du moins ce qu'elle essayait de s'en persuader. L'idée qu'une fille puisse se rapprocher dun brun sous ses propres yeux la révoltaient, une partie au fond d'elle étant touché par une trahison sourde. Non Jeremiah ne ferait jamais ça, de toute manière Jeremiah ne lui devait rien. Enfin, il ne se passait rien entre eux, à part ce baiser là. Rien qu'à cette pensée, Rose devient rouge flou. Petite c*nne, pensa t-elle. Tu ne dois pas t'attacher, pas après ce que tu as fait. Le rire nerveux de la jeune blonde ne la bernait pas. Pour rattraper la situation, elle décida d'interrompre ce silence nerveux. "C'est vrai que c'est une bonne personne. Ce n'est pas vraiment mon style..." FAUX! Menteuse de pacotille! C'était définitivement son style, même plus c'était pile poil le profil qu'elle cherchait pour un gars, mais ça elle le gardait sous silence avec un but fixe, savoir à quel point cette fille était intéressée à son sujet. Rose pouvait être vicieuse par instant et cette enquête qu'elle préparait déjà dans sa tête prouvait bien son attachement pour le brun.
Tu viens avec moi ? Là-haut tout paraît plus beau ! Là-haut tout paraît possible ! Là-haut je me surprends même à rêver et à espérer... Rose la regardait toujours avec un air distant, mais à cet instant, elle semblait si insouciante, si innocente. Comme si cette île n'était qu'une futilité. Comme si elle n'avait jamais perdue espoir... La rousse avait besoin de ce genre de personne pour reprendre le contrôle de sa vie, besoin de se raccrocher à cette innocence pour sortir la tête de l'eau. Alors elle la suivait, un sourire léger à la commissure de ses lèvres. Curieuse de cette vue mais également curieuse de cette jeune femme, qui malgré cet air guilleret semblait cacher bien de nombreux secrets. "Je suis désolée, mais je me rappelle plus de ton nom..." Rose manquait de repères, cette fille pouvait en être un de plus. Une aide à son amnésie, ou au contraire un pieu à ses souvenirs. Dans le doute, elle ne pouvait se permettre de simplement tomber dans un piège enfantin. Non elle n'en avait aucun droit. Mais la tentation était si grande. A peine arrivée dans le bas des escaliers, Rose se détendait quelque peu fixant d'un air de défi la blonde. "La première en haut a gagné." Ne perdant pas de temps, Rose s'élança dans la cage, manquant de trébucher un nombre incalculable de fois, elle et sa maladresse légendaire. Pourtant elle fut la première à arriver en haut, son souffle par contre lui en voulait. Elle sifflotait dangereusement, tentant de reprendre sa respiration. Elle marcha lentement jusqu'à la fenêtre contemplant cette vue spectaculaire. "Sans être indiscrète, comment tu fais pour te réadapter à tous ça? Après... tu sais, les Originaires..."Rose avait cette voix distante qui trahissait une fragilité, cette peur toujours dans le creux de son ventre. Elle n'arrivait plus à penser à autre chose que cette île voisine. Ces ennemis si loin et pourtant si près. Eux qui étaient la raison de cette panique incontrôlable. Eux qui étaient responsable de cette amnésie insupportable.