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{ FlashBack pour Aislynn } A défaut de panser nos coeurs pansons nos plaies. Vide
Message(#) Sujet: { FlashBack pour Aislynn } A défaut de panser nos coeurs pansons nos plaies. { FlashBack pour Aislynn } A défaut de panser nos coeurs pansons nos plaies. EmptyLun 12 Jan - 14:25


Le début d'une amitié  




La silhouette du camps se dessinait devant moi alors que je quittais, presque à regrets, cette jungle qui semblait être devenue mon seul et unique refuge. Cet endroit où la bêtise et la rancoeur des hommes ne parvenaient plus à m'atteindre. Ce lieu où tout me semblait alors certes hostile mais tellement plus paisible ! Ici les animaux sauvages étaient des compagnons respectueux et suffisamment malins pour m'observer à distance, tapis dans l'ombre de ces fourrés touffus. Je sentais souvent leur présence, leurs regards glisser sur ma silhouette de plus en plus frêle. Je n'étais pas une ennemie et ne leur voulait aucun mal. Les chasser ? Je savais le faire et devais parfois m'y résoudre lorsque la faim menaçait et qu'il me fallait trouver de quoi nous nourrir mes soit-disant compagnons et moi-même. Mais c'était là la première loi du monde animal : le cycle de la vie et de la mort. Et je respectais mes proies tout comme ces bêtes carnassières respectaient ce petit bout de terre dont j'avais fait mon territoire. Et j'avais de plus en plus besoin de rejoindre cette chambre dénuée de tout confort et où la mousse était mon plus moelleux matelas. Ici je pouvais respirer, oublier ce quotidien qui m'enivrait parfois, me désespérait bien plus souvent encore. Fuir ces gens qui ne m'adoptaient que bien trop et que je devais espionner pour mieux les trahir. Une espionne... Quand je repensais à tous ces livres d'espionnages justement ! Ces aventures que je trouvais fantastiques et que je rêvais presque de pouvoir vivre... Quelle ironie ! J'étais devenue l'héroïne de mon propre livre et je n'en éprouvais que trop rarement de la satisfaction. Je faisais mon devoir, cette tâche pour laquelle j'avais inconsciemment été préparée toute ma vie. Je pensais avoir devancé leurs attentes, avoir trouvé seule la manière de faire la fierté de mon père et gagner ma place au sein des miens ? Je soupirais alors que mes doigts passaient nerveusement dans mes boucles emmêlées et que je réalisais avec amertume n'avoir jamais été qu'un autre pion entre les mains de nos leaders du Conseil... et donc de ce père que j'admirais toujours autant quand bien même chaque jour qui passait et chaque réflexion égratignait son si rutilant vernis. Je mentais aux rescapés et lui me mentait... Et, à ce jeu de dupes et de bonimenteurs qui finirait par gagner ?

Si jouer la muette possédait bien des inconvénients cela avait au moins l'avantage de ne pas avoir à me lancer dans une conversation qui m'aurait pesée tant elle n'aurait été qu'un mensonge supplémentaire. Rien que le fait de leur sourire, de leur donner un coup de main dans les tâches du quotidien... Toutes ces petites choses et habitudes qui aident à tisser des liens... Tout cela était duperie, comédie mais à la fin je ne savais plus à qui je mentais le plus : à eux ? Ou à moi-même ? La question m'agaçait et me filait les pires des céphalées et je la repoussais chaque fois qu'elle revenait m'assaillir. Etant pourtant parfaitement consciente qu'il me faudrait un jour oser l'affronter et accepter d'en découvrir la réponse. Mais pas ce soir... je n'en avais pas la force. Alors que je laissais mes prunelles claires caresser ce paysage onirique du soleil disparaissant derrière le lointain horizon je sentis la tête me tourner une fois de plus et mes jambes se dérober sous moi. Avant même que je ne le réalise je me retrouvais affalée sur le sable encore chaud et le corps parcouru de frissons de fièvre. Déjà quelques âmes secourables accouraient, s'inquiétant de mon état. Il fallait peut-être que je mange quelque chose ? Ma tête qui se secoue doucement et douloureusement alors que je repousse de gestes lents mais fermes leur offre généreuse. Je n'ai pas faim, merci. En fait je crois même que si j'avais laissé la moindre nourriture toucher mon palais j'aurais fini par la vomir aussitôt après ! Une main s'était posée sur mon front brûlant et m'avait fait immédiatement relever les yeux vers celle que je découvrais se tenir près de moi. Aislynn... Je ne connaissais pour ainsi dire que de nom cette femme peut-être bien aussi mystérieuse que je ne l'étais moi-même. Un moment mes yeux se plissèrent et je dus me faire violence pour ne pas repousser violemment cette main pourtant bien douce à ma peau. Un sourire contrit et gêné qui s'esquissait à mes lèvres alors que je me reculais doucement. Le petit attroupement autour de moi éveillait en moi des relents d'agoraphobie et je n'eus pas à me forcer pour paraître apeurée cette-fois. Ils m'étouffaient, me privaient de cet air et de cet oxygène que je sentais m'échapper. Tentant à l'aide de gestes pour le moins incompréhensibles de me faire comprendre et de pardonner pour ma distance je me relevais aussi vite que je le pus et partis. Ma démarche était instable et hésitante au point que l'on eut pu m'accuser d'être ivre morte. Ce que je n'étais pas le moins du monde pourtant. J'avais l'impression de marcher sur le pont d'un bateau pris en pleine tempête et, devant mes yeux comme perdus dans un épais et étrange brouillard, les paysages dansaient, ondulaient de façon sinistre et, une fois de plus, je dus suspendre ma marche pour tenter de retrouver un équilibre qui me fit une fois de plus défaut le traître !

De nouveau je chutais et me retrouvais à grommeler sourdement tout en frappant de mes poings serrés ce sable sous moi. Je tremblais, me sentais de plus en plus mal et je me retrouvais plus frustrée que jamais de ne pouvoir hurler ma colère. Je me retrouvais là, isolée et seule, loin de tout et des rares personnes encore chères à mon cœur. Nemo... Que dirait-il s'il me voyait ainsi, malade et sur le point de rendre mes tripes ? Je soupirais un rire qui tenait plus du hoquet alors que je revoyais les traits de son si doux visage s'esquisser en mon esprit. Je voyais ses yeux venir plonger dans les miens et m'ordonner, me supplier de renoncer à toute cette folie et de demeurer auprès de lui. Sur cette île et au sein de cette communauté qui avait été toujours été nôtre... Auprès de lui qui avait toujours tant compté et dont je ne m'imaginais pas, aujourd'hui encore, pouvoir m'éloigner. Nemo... Il me manquait tellement que le manque à mes chairs était douleur. Mes paupières qui se fermaient alors que, comme toujours et aussi agaçant que cela me soit, je réalisais qu'il en était un autre qui me manquait terriblement. Celui dont je murmurais silencieusement le nom, les syllabes de son prénom se dessinant sur ma bouche alors que mes joues s'empourpraient légèrement. « Lahas »... J'aurais voulu que ce soit lui qui accoure maintenant vers moi. J'aurais voulu sentir ses bras se refermer sur moi et chasser, comme toujours, le moindre de mes maux et de mes doutes. Il n'y avait que lorsque nous étions ensemble que je me sentais en sécurité. Non, pire que cela. Je me perdais en tergiversations inutiles puisque je possédais déjà toutes les réponses à mes questions. Ma place ? Elle était auprès de lui et nulle part ailleurs. Aussi terrifiant celui puisse-t-il être.

Lorsque je relevais enfin mon minois, pâle et aux traits tirés, ce fut de nouveau elle que je vis. Aislynn... Nous ne nous étions jamais retrouvées seules elle et moi mais je l'avais observée elle aussi. Et je ne sais pas pourquoi mais il y avait derrière cette personnalité étrange une chose, comme une fêlure qui me parlait, trouvait en moi un écho bien particulier. Comme si malgré nos divergences sans doutes insurmontables, nous partagions une souffrance, une douleur indicible qui nous marquait plus encore qu'aucun fer rouge ne pourrait jamais le faire. Quoiqu'ait été sa vie avant le crash elle avait changé. Et … Une grimace alors que je me tords en deux, me repliais sur moi-même. Bon sang ce que je pouvais avoir mal ! Etait-ce cette plaie à mon flanc qui s'infectait ? Je m'étais blessée il y avait quelques jours en allant chasser et en faisant une mauvaise rencontre avec un animal un peu trop gourmand qui m'avait prise pour un rôti... Trop orgueilleuse sans doutes, je n'avais pas demandé d'aide et j'en faisais maintenant douloureusement les frais. Et lorsque ma main se leva pour demander de l'aide je ne la retins pas. J'avais besoin de soins et d'aide et allez savoir pourquoi, je savais ne pouvoir la demander qu'à elle.





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Aislynn J. Jenkins
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Message(#) Sujet: Re: { FlashBack pour Aislynn } A défaut de panser nos coeurs pansons nos plaies. { FlashBack pour Aislynn } A défaut de panser nos coeurs pansons nos plaies. EmptyVen 16 Jan - 13:48

Soyons seules ensemble ...



    Se retrouver sur une île déserte, seule, entourée d’inconnus, voilà mon enfer quotidien… certains en rêvent, de pouvoir repartir de zéro, n’importe où dans le monde, certains … mais pas moi, c’était même carrément aux antipodes de ma volonté. Comment vouloir se retrouver au milieu de nulle part, sans aucune nouvelle du monde extérieure, de la vie tout simplement, car je n’appelais pas cela vivre, bien au contraire, je survivais tout au plus. Je ne peux dire combien de temps s’est écoulé depuis que je me suis retrouvée ici, du moins pas exactement. Dès le premier jour, cela m’avait semblé beaucoup trop, mais je me disais que ce n’était que temporaire, le temps qu’ils viennent à notre recherche. On entend assez souvent parler des nouvelles technologies, et désormais, il parait qu’on sait localiser les avions sans problèmes, que tout est fait pour qu’il y ait le moins de problèmes possibles. C’est ce que je gardais en tête, que ce n’était qu’une mauvaise, très, très mauvaise épreuve à passer. Mais j’étais très loin du compte, plus les jours passés, plus cet espoir s’évaporait peu à peu. L’espoir fait vivre … il m’a fait maintenir quelques temps, mais désormais, je n’en ai plus, le reste de ma vie est voué à être un échec, à vivre au milieu de nulle part, à vivre entouré de personnes qui ne m’intéressent pas.  A croire que tout le malheur du monde s’abattait sur moi, comme si la vie me disait qu’elle avait été bien trop généreuse avec moi depuis ma naissance, et qu’il était temps que les choses changent. Et là, il s’acharnait vraiment bien, saloperie de destin ou de karma … mais dans ce cas, il faudra vraiment m’expliquer ce que j’ai fait de mal dans ma vie pour mériter tout ça, hors mis aider les autres, leur dédier ma vie ? Je ne vois vraiment pas. Maintenant, je sais ce qui peut se passer pour que des personnes changent du tout au tout, du jour au lendemain.

    Et dire que j’ai la chance d’être en bonne santé et vivante, j’en arrivais parfois à me demander si c’était réellement une chance ou si j’aurais mieux fait de périr dans ce crash, ça m’aurait évité bien des malheurs et des peines. Je sais que je suis plus qu’égoïste de penser de la sorte, mais je n’y peux rien, je ne me voile pas la face et ne fais que dire la vérité sur ce que je pense, enfin me le dire à moi-même, mes relations sociales étant plus que limitées.Je détestais cet endroit, en plus de me rendre quotidiennement d’humeur maussade, il m’avait ôté, ce dont j’avais rêvé toute ma vie, avoir un enfant. Même si les choses ne s’étaient pas exactement passées comme je l’avais toujours pensé quand je suis tombée enceinte, et même si je ne m’attendais pas à ce que ça arrive aussi rapidement, j’avais été plus que ravie de la nouvelle, et j’aimais d’hors et déjà ce petit bout qui poussait en moi. Certes dans mes songes, j’étais avec Cassidy et on était tous les deux plus que contents de la nouvelle, surtout qu’on en avait parlé plusieurs fois, et que cela faisait partie des projets futurs. Il avait beau avoir essayé de se pointer plus tôt, j’étais persuadée à l’époque que tout irait bien malgré tout. Je devais vivre dans un monde de bisounours. Quand je repense à tout ça, je me rends compte de la naïveté dont je faisais preuve, je me demande même encore comment j’ai pu être stupide à ce point là. Cet endroit avait finalement réussi à tout me prendre, ma personne, mon bonheur, ma liberté, tout … Si j’avais été, ne serait-ce qu’un minimum plus forte, je n’aurais jamais pris cet avion, et rien de cela ne serait arrivé. J’aurais tout simplement affronté ce que je fuyais, à savoir l’infidélité de Casssidy.
    Dire que je lui avais tout donné depuis qu’on se connaissait, tout, pour ça au final, finir détruite, seule, je ne sais où. Mais comme on dit, avec des si, on referait le monde, et là, je referai bien ma vie.Ma vie ici était des plus tristes, je me cloisonnais seule, il n’y a que très peu de personnes, avec qui j’avais daigné parler, elle pouvait sans doute se compter sur les doigts d’une main, et je ne me fais absolument aucune idée sur ce que les gens doivent penser de moi. Et à vrai dire, je m’en contrebalance. Je sais que la plupart ont essayé de nouer des liens sociaux et de se soutenir depuis qu’on est sur cette île, mais malgré ça je n’y arrivais. Pourtant, je ne peux pas dire que le fait de les voir heureux si on peut dire, ou du moins mieux, ne me donnait pas envie, mais c’est au dessus de mes forces. Alors je m’isolais au possible, je partais souvent seule durant la journée, j’allais où le vent me menait et découvrais un peu plus ces terres où j’étais contraintes de rester. Je partais aussi régulièrement courir, ça m’aidait à me vider et à ne penser à rien, du moins la journée. En effet, la nuit, le même cauchemar me revenait sans cesse le cauchemar, celui du crash, où je me revoyais perdre mon bébé, où mes mains étaient pleines de sang, où j’étais entourée d’inconnus me traitant d’assassin. C’était quotidiennement le même, j’arrivais parfois à dormir quelques heures, mais c’était très rare. En général, lorsque je m’endormais, je me réveillais dans l’heure qui suivait en sueur et paniquée. Bien pathétique comme vie …Ca avait été le cas cette nuit, j’avais fini par rester couchée sans essayer de fermer une nouvelle fois les yeux, ces images me faisaient bien trop mal, et à chaque fois, c’était comme si on me poignardait en plein cœur. Je m’étais levée tôt, histoire d’essayer de penser à autre chose, même si essayer était bien le mot, puisque je n’y arrivais à vrai dire jamais. Les images revenant encore et encore dans ma tête.

    Comme à mon habitude, j’étais partie, marchant sans but précis, j’avais juste besoin de m’éloigner aussi loin que je le pouvais de ce campement, de tout ce qu’il comportait. Certains s’étaient tellement fait à la vie ici, qu’ils avaient fini par se fonder une famille, et même si j’adorais les enfants, aujourd’hui, ça m’est extrêmement  d’en côtoyer sans perdre pieds. J’avais passé la majeure partie de mon temps à ça, à errer comme une âme en peine, avant de reprendre la direction de ma hutte. Je me laissais guider par les bruits provenant du campement. Quand on n’a pas le choix, bizarrement, nos sens se développent et on apprend à vivre d’une autre façon. J’arrivais aux alentours du feu de camps, lorsqu’une jeune femme s’écroula devant moi. Les reflexes reprenant le dessus, je posais délicatement une main sur son front, celui étant brûlant, avant de me retourner vers l’attroupement autour de nous « Vous ne voyez pas qu’elle a besoin d’air ! » me mis-je à crier bien plus fort que je ne l’aurais voulu, mais je ne supportais pas de les voir tous attrouper autour d’elle comme autour d’un animal en cage. J’eus à peine le temps de voir son visage, et d’y déceler la peur dans son regard, elle semblait totalement perdue. Je finis par lui tendre la main, mais à peine l’eut-elle prise, qu’elle avait déjà disparu.

    Je ne pouvais pas la laisser ainsi, quelque chose m’intriguait chez elle, et elle semblait en piteux état. La laisser seule, ce serait comme la laisser mourir, hors il était impossible de la laisser faire ça. Je finis par me mettre à courir derrière elle, elle avait besoin d’aide, je le savais, et comment je pourrais encore me regarder dans un miroir si je ne faisais rien, ce serait totalement impossible. Je la rattrapai bien rapidement, mais celle-ci était à nouveau écroulée sur le sol lorsque j’arrivais à son niveau. Je la regardais sans rien dire, la laissant me dévisager jusqu’à ce qu’elle se torde de douleur sous mes yeux. Ni une, ni deux, je lui relevais la tête. « Je ne te veux aucun mal. » lui dis-je d’un ton très calme comme pour la rassurer, et lui demander en quelque sorte l’autorisation de la toucher. Je fis un signe de tête en direction de son ventre « Tu as mal là ? » lui demandai-je en approchant très lentement ma main de son corps frêle « Je veux simplement t’aider. » dis-je pour appuyer mes gestes. Cette jeune femme me faisait mal à voir, elle avait des problèmes, et de sérieux problèmes à première vue…
     

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Message(#) Sujet: Re: { FlashBack pour Aislynn } A défaut de panser nos coeurs pansons nos plaies. { FlashBack pour Aislynn } A défaut de panser nos coeurs pansons nos plaies. EmptyDim 18 Jan - 13:10


Le début d'une amitié  




Il y avait quelque chose de profondément ironique, et plus encore de cynique, à cette scène qui se déroulait maintenant et dont j'étais devenue la star plus qu'involontaire ! Autour de moi le décor si faussement idyllique de cette plage digne d'une carte postale semblait danser comme pour mieux me narguer. Le vent venait danser dans les si verdoyants feuillages des palmiers bordant cette si vaste et immaculée bande de sable fin sur lequel nous étions tous venus nous échouer, nous amarrer face à l'immensité de cet océan que nous regardions avec tantôt les plus fous des espoirs, tantôt la plus parfaite des haines. Parce qu'il était celui que nous haïssions de nous cerner ainsi, de nous retenir loin de ces terres natales que la plupart ne pouvaient plus apercevoir qu'en songes. Il était comme cet ennemi que nous ne pouvions cependant qu'aimer puisqu'il incarnait aussi notre seul espoir de pouvoir, un jour, quitter cette île de malheur. Île de malheur... Ces mots étaient ceux qui couraient sur les lèvres de tous les rescapés. Ceux qui n'auraient jamais du courir sur les miennes et pourtant... Au fur et à mesure que le temps passait, que je me contraignais à endurer et surmonter auprès d'eux les mêmes difficultés j'en étais moi aussi venue à maudire ce bout de terre qui, à sa façon mais de manière bien moins insoluble que pour les autres, me retenait éloignée de mes rêves et de ma vraie vie. Retourner sur l'Hydre était devenu pour ainsi dire impossible. Certes, Fernando mis à part, personne ne s'était jamais inquiété de mes absences les mettant sans nul doute sur le compte de mon si parfaitement feint traumatisme mais je ne voulais pas tenter le diable non plus et prendre le moins de risques possibles. Ma couverture était parfaite et j'avais réussi l'exploit de mettre quasiment tout le monde, même les militaires, dans ma poche alors, non, je ne commettrais pas l'impair qui me ferait aussi bêtement me faire chuter !

Même si j'en crevais presque de me retrouver ainsi perdue au milieu de tous ces êtres dont je me jouais si bien ! Je vivais avec eux, partageais leurs repas et leurs heures de dur labeur ou d'insupportable oisiveté... J'avais appris à mettre sur chaque visage un nom et aussi bien souvent une histoire. Les rats de laboratoire des miens étaient, chaque jour un peu plus, devenus des humains à mes yeux et aussi égocentrique et teigne puis-je être cela finissait immanquablement par me toucher, ébranler si légèrement ces convictions que j'aurais voulues impénétrables. Jeremiah et sa façon de se perdre entre cette humanité qui lui demeurait et l'envie oppressante de renoncer à tout espoir... Maverick le cuisinier loufoque qui tentait toujours de venir en aide à tous y compris cette sale gosse de Thaïs... Jusqu'à cette femme qui était venue à moi, visiblement sincèrement inquiète de mon état et qui m'avait tendue cette main secourable que je n'avais tout d'abord pas voulu saisir. Aislynn... Au travers du rideau de cette fièvre que je sentais m'assaillir je l'avais regardée cette femme aussi belle et fière que l'étaient les sœurs amazones de mon amie Noëlynn... Cette femme qui ne parlait que peu sur le camps et que je voyais souvent s'éclipser, s'enfuir elle aussi... Les gens pensent et prétendent courir pour entretenir la mécanique de leur corps... Moi, j'affirme qu'ils ne le font que pour courir après une chose qu'ils se désespèrent de jamais pouvoir rattraper ou parce qu'ils tentent vainement de fuir une chose qui finira toujours par les rattraper. Et Aislynn, elle, pourquoi courait-elle vraiment ? Peut-être sa vérité se trouvait-elle quelque part entre ces deux hypothèses... Fuir cette réalité qui ne pouvait pas l'être et tenter de rattraper une histoire qui ne serait pourtant plus jamais la même... Si c'était le cas alors elle et moi nous ressemblions un peu. Moi aussi je voulais fuir ce camps où je m'étais moi-même condamnée à échouer. Et j'aurais tout donné pour pouvoir retrouver une vie dont, pourtant, je ne pourrais jamais retrouver l'innocente et si douce candeur. L'Hydre me manquait. Mon île me manquait... Mes parents et mes amis aussi... Et je faisais tout ce que je pouvais pour leur prouver ma loyauté et ma dignité... Mais... Le vent qui souffla à mes oreille, comme s'il avait voulu me murmurer le prénom de cet homme qui avait tout bouleversé et pour qui je me perdais volontairement...

La... has...

Cela avait été plus fort que moi et les syllabes c'étaient échappées doucement de mes lèvres de muette. Bruits étranges et presque incompréhensibles qui relevaient presque du grognement ou du gémissement plaintif que du mot prononcé involontairement. Lahas... alors que la douleur me submergeait au point de me faire chuter et recroqueviller sur moi-même c'était lui que j'appelais. Lui que je voulais voir surgir devant moi pour mieux me prendre dans ses bras et chasser de ses caresses et de ses mots cette indicible douleur qui m'arrachait maintenant des perles salines. Mais Lahas n'était pas là et je me retrouvais seule ! Seule sur cette île maudite ! Non, pas seule. Aislynn était venue à moi et, cette-fois, ce fut moi qui lui demandait son aide. Mon regard se faisait presque implorant alors que ma main tremblante était venue se tendre de manière désespérée vers celle qui respectait ma douleur et ma peur. Et, allez savoir pourquoi, j'appréciais cela. Ce regard qu'elle m'offrit... Ce magma d'émotions patinées de détermination qui était alors le sien... Je le reconnaissais, le connaissais... C'eut pu être le mien. Aislynn elle aussi semblait perdue mais, là et maintenant, nos deux solitudes venaient de se trouver et cela m'apaisa quasi instantanément. Au point que je la crus lorsqu'elle m'assura ne pas me vouloir de mal et juste chercher à m'aider. Ironie encore... dans cette histoire c'est elle qui aurait du se méfier de la fourbe et traîtresse que j'étais ! Pourtant l'impression fugace mais sincère que jamais je ne pourrais la trahir, elle, me traversa alors. Et je sais que mes impressions ne me trompent que rarement. Quelque chose, j'ignorais encore quoi, me touchait profondément chez elle et je savais déjà que, quoiqu'il arrive par la suite, Aislynn serait l'un de mes plus cinglants échecs sur l'île des rescapés. On ne trahit pas celle qui ne veut que vous aider. Certains l'auraient fait, pas moi. Du moins je ne le ferai pas avec elle.

Déjà ma tête opinait aussi doucement que possible alors qu'elle me demandait où j'avais mal et en désignant d'un geste qu'elle avait sciemment voulu lent et rassurant, ce ventre qui me brûlait, me dévorait de l'intérieur et menaçait d'exploser. Idiot sans doutes mais c'est néanmoins ce que je ressentais ! Alors que d'autres faisaient mine de vouloir nous rejoindre j'avais reculé brusquement tout en abaissant la tête et en me recroquevillant plus encore sur moi-même. Je feignais la peur pour mieux dissimuler mon envie furibonde de leur déchiqueter la gorge à ces curieux ! Ils se délectaient de ma souffrance ? Je me jurais de devenir la leur ! Enfin... si je parvenais à survivre à cette énième épreuve que je ne maudissais que plus encore tant elle me faisait presque pleurer comme une enfant ! J'avais mal et je ne pouvais pas même le hurler... Je souffrais et j'étais condamnée à demeurer, de surcroît, murée dans le plus parfait des mutismes. Etait-ce Aislynn qui les avait faits partir ou avaient-ils eu un regain de pudeur ces macaques bourrés de poux ? Je l'ignorais et, franchement je m'en fichais éperdument ! Tentant de mon mieux de me calmer et de garder encore un peu ma raison et mon corps éveillés, j'opinais de nouveau de la tête comme pour mieux reprendre notre étrange conversation et revenant prudemment vers Aislynn je relevais doucement mon haut et lui montrais cette très vilaines blessure à mon flanc. Les traces de crocs étaient encore bien visibles et le sang s'écoulait me faisant plus grimacer encore. La fièvre gagnait en puissance et je n'étais plus qu'une feuille tremblante comme sous un vent d'automne que je ne connaissais pourtant pas. Je sentis mes poings se serrer alors que j'en martelais le sol sous moi et que je laissais échapper un énième gémissement. Mon corps que je sentais tomber à la renverse alors que je convulsais comme une vulgaire poupée de chiffons perdue entre les mains d'un marionnettiste de destin plus pervers que jamais. Et alors que je perdais connaissance mes lèvres avaient soupirés ces mots éraillés et à peine audibles

Aide-moi... ma main avait saisi celle d'Aislynn alors que mon regard s'ancrait à celui de la jeune femme. Et puis, un mot, le dernier. Son prénom à lui Lahas...

Je perdis connaissance et plongeais dans un océan sombre et terrifiant où se mêlaient les spectres de ce passé que je ne pourrais changer et les esquisses de ce futur qui se dessinait à l'horizon de ma vie et qui ne semblait que plus sinistre encore. Je n'étais plus consciente et pourtant, je pouvais presque sentir mon corps trembler, mes os s'entrechoquer et mes chairs dévorées par un feu mortel. Et puis ce cœur que je sentis se mettre à palpiter furieusement avant que, d'un coup, se mettre à ralentir. Un battement... un autre... Palpitations si lentes que je me demandais si elles existaient encore.. Un battement... et puis... plus rien. Ni douleur ni conscience. Ni joie ni peur. Le néant. Vraiment ? Alors c'était ça la mort ? Finalement c'était plutôt doux...





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Aislynn J. Jenkins
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Message(#) Sujet: Re: { FlashBack pour Aislynn } A défaut de panser nos coeurs pansons nos plaies. { FlashBack pour Aislynn } A défaut de panser nos coeurs pansons nos plaies. EmptyDim 25 Jan - 18:51

Soyons seules ensemble ...



    J’avais tout vu ici, le meilleur comme le pire. Cette île aurait pu être un rêve, oh oui, un joli rêve, un super endroit, où passer des vacances ou bien une lune de miel. Mais dans notre cas, dans mon cas, c’était tout l’inverse. Certes, l’endroit était des plus merveilleux, qui m’ait été donné de voir dans ma vie. Pourtant, j’en avais vu des merveilles en travaillant pour Médecins sans Frontières, j’avais voyagé aux quatre coins du Monde et avait vu des endroits à vous faire tomber amoureuse, mais là, il est vrai que cette île dépassait tous ces endroits de par sa beauté. Cependant, c’est tout ce qu’il y avait de beau ici, les paysages. En dehors de ça, cette île représentait vraiment l’enfer pour moi. Certes, de jolies choses s’y étaient produites, on avait pu assister à quelques naissances en deux ans et demi, et parfois même à des mariages, mais ce n’était rien en comparaison de tout ce qu’on avait eu à affronter, toutes ces choses affreuses qui avaient pu se produire. Le crash avait déjà bien marqué les naufragés, mais toutes les histoires qu’il y avait eu après avaient été loin d’être faciles à supporter. Ça avait commencé par l’arrivée des hostiles. Ils avaient fait régner la peur sur l’île et fait devenir fou plus d’une personne. Ils avaient fait régler une réelle psychose, qui persistait toujours, même si l’effet de peur s’était quelque peu atténué. On avait aussi eu le droit à un deuxième crash, celui-ci avait causé pas mal de dégâts et les survivants s’avéraient bien souvent être dans un sale état, avec pour certains de très grosses blessures. Leur arrivée n’avait fait que nous enlever à nouveau l’espoir qu’on pouvait avoir de partir d’ici. Il y avait également les originaires, qui n’avaient pas apprécié qu’on prenne place sur leur île, et ils ne s’étaient pas gênés pour nous le faire comprendre, et pas de la façon la plus douce qui soit. Et comme si tout cela n’était pas suffisant, il avait fallu que l’histoire du compte à rebours du bunker s’ajoute à tout cela. Il était impossible de savoir si on devait prendre ou non cette menace au sérieux, mais avec tout ce qu’on pouvait voir ici, il ne valait mieux pas prendre de risques, après tout, on ne sait jamais. Cette île pouvait vraiment définir comme étant l’enfer. Il n’était pas étonnant avec tout cela qu’il y ait eu plusieurs suicides sur l’île.

    Cette vie était vraiment difficile à mener au quotidien, et cela ne faisait que s’accentuer au fil du temps.Cet endroit allait finir par tous nous détruire, de n’importe quelle façon que ce soit. Il allait en pousser certains à mettre fin à leur vie, d’autres allaient quant à eux, se laisser aller, sans chercher à survivre et aller de l’avant, comme ils avaient pu le faire durant des mois avec de l’espoir. D’autres encore finiraient sans doute dans les mains des hostiles ou des originaires ; et pour ceux-là je ne donnais pas cher de leurs vies et du temps qu’il leur restait. On se devait d’être fort sur cette île pour continuer à exister. Malgré tout ce que j’avais pu vivre et traverser depuis mon arrivée ici, je gardais cette force que j’avais toujours eue en moi et je faisais tout pour vivre, ou plutôt survivre. Ce serait me montrer plus que faible de me laisser dépérir ou de me retrouver prise au piège par les malveillants de cette île. Je luttais quotidiennement pour m’en sortir, et en plus de tout ça, j’avais la chance d’être en bonne santé, ce n’était pas donné à tout le monde. En dépit du fait que je n’avais aucune envie de connaître les autres rescapés, ou de m’attacher à quelqu’un ici, je ne pouvais pas laisser les gens souffrir sans les aider. Ça avait été mon métier, ce que j’aimais faire et aider les autres faisait partie intégrante de moi. Alors, même si je pouvais renvoyer une image d’une personne très froide, et ça m’importait peu, mais je ne laissais jamais une personne en détresse sans intervenir.

    C’est exactement ce qui venait de se passer, cette jeune femme, elle semblait tellement fragile, presqu’à l’agonie. Les autres n’avaient rien trouvé d’autre à faire que de s’agrouper autour d’elle. C’était tout ce qu’il ne fallait pas faire, ça ne pourrait en rien l’aider ou arranger les choses. Si bien, qu’à peine eussè-je le temps  de lui tendre ma main, qu’elle avait déjà disparu. Malgré sa fuite, je n’avais pas pu la laisser seule dans cet état. Elle était en pleine détresse, il n’y avait aucun doute sur ça. Je l’avais retrouvée très rapidement, un petit bout de femme frêle, qui ne demandait qu’un peu d’aide à travers son regard. Je la reconnus après un certain temps, il s’agissait de Laura, une amazone, qui avait perdu ou n’avait jamais eu l’usage de la parole. C’était la rumeur qui courrait sur elle ici. Je n’avais jamais pris le temps d’essayer d’en apprendre davantage sur elle. « Laura, c’est ça » finis-je par lui dire de façon très calme, tout en la regardant gentiment. Néanmoins, elle me surprit rapidement, puisque avant que je ne puisse rajouter quoi que ce soit, un son parvient à mes oreilles, tout comme un murmure. Je n’avais pas rêvé, elle venait bien de parler. « Laura, il faut que tu m’aides… » Je me devais de comprendre ce qui n’allait pas avec elle. Il était évident que c’était bien plus grave que tout ce qu’on pouvait penser. Cette jeune femme, que beaucoup craignaient, ne m’avait vraiment pas l’air dangereuse. J’avais plutôt l’impression d’être face à quelqu’un qui avait besoin de hurler à l’aide, mais qui ne pouvait pas le faire, face à quelqu’un qui n’avait pas été épargnée par les épreuves qu’elle avait dû traverser. Je n’arrivais pas à ressentir de la pitié pour elle, non c’était plutôt de la compassion que j’avais pour elle. Je pense que si je m’étais retrouvée à sa place, il y aurait eu des chances que je me retrouve aussi seule qu’elle. « Lahas ? C’est un ami à toi ? » Lui demandai-je comme pour essayer de la rassurer et de lui montrer qu’elle n’avait rien à craindre, que je n’étais pas là pour lui faire du mal, mais juste pour l’aider et vu l’état dans lequel elle semblait être, elle en avait vraiment besoin.

    « Il faut que tu me laisses voir ce qui te fait si mal… » Je la regardais, maintenant qu’elle avait décidé d’affronter mon regard, et rapidement, mes yeux se dirigèrent vers son ventre, alors qu’elle relevait lentement son tee-shirt, laissant dévoiler ses côtes. Enfin, j’aurais préféré que ce ne soit que ça, mais ce n’était absolument pas le cas. Elle était blessée, vraiment blessée, je la regardais calmement avant de demander « Je peux ? » tout en m’approchant doucement de sa blessure, ce n’était vraiment pas beau à voir. J’aurais aimé qu’elle puisse m’expliquer ce qui lui était arrivé, quelle bête avait pu lui faire ça, afin de pouvoir la soigner du mieux que je ne le pouvais. C’est alors qu’elle saisit ma main, avec un regard rempli de désespoir, elle me demandait de l’aider. J’allais l’aider, le contraire ne me venait même pas à l’esprit. Je ne pourrais jamais l’abandonner ici dans cet état, je ne pourrais pas prendre le risque de la laisser mourir et d’avoir ça sur la conscience. Je lui adressais un sourire sincère avant d’ajouter « Je vais aller chercher de quoi te soigner, je reviens rapidement, je te le promets ! », j’avais besoin de matériel pour la soigner, à commencer par de quoi stopper son sang qui s’évacuait peu à peu de son corps, à mesure que le temps passait. J’eus à peine le temps de me relever, qu’elle sembla perdre connaissance. Et m*rde pensais-je « Laura ! Reste avec moi Laura ! ». Les choses semblaient réellement se compliquer d’un coup, je n’avais pas halluciné, elle allait vraiment mal, bien trop mal. J’avais rapidement retiré le gilet que je portais pour compresser sa blessure, il fallait qu’elle arrête de se vider de son sang au plus vite. Elle ne venait pas seulement de perdre connaissance, je me rendais compte qu’elle était en train de faire un arrêt cardiaque, et que sa vie était en train de s’échapper à chaque seconde. Heureusement, mes réflexes étaient toujours présents et je me précipitai pour lui faire un massage cardiaque. « Allez Laura, reste avec moi s’il te plait ! », je ne cessais de masser sa poitrine, aussi fort que je le pouvais. Il fallait que son cœur reparte, plus cela prendrait de temps et plus cela allait s’avérer dangereux pour elle. J’avais déjà du pratiquer ce genre de massage, durant mes différentes missions avec Médecins sans Frontières, mais je n’étais jamais seule. Je ne me laissais pas aller à mes doutes, je me devais d’être réactive et de faire tout ce que je pouvais pour l’aider.  

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Message(#) Sujet: Re: { FlashBack pour Aislynn } A défaut de panser nos coeurs pansons nos plaies. { FlashBack pour Aislynn } A défaut de panser nos coeurs pansons nos plaies. EmptyDim 1 Fév - 5:44


Le début d'une amitié  




Il suffisait parfois de presque rien... De ce si peu qui pouvait, en un ridicule et si court moment d'inattention, tout faire basculer une fois de plus... Un simple grain de poussière, de sable sur cette île maudite qui n'en comptait déjà que trop... Un simple grain de sable venu enrayer la mécanique de ce corps que je n'avais de cesse de croire plus fort qu'il ne l'était réellement. Comme si pour mieux palier à la faiblesse de ce cœur que j'aurais tant voulu pouvoir m'arracher, j'avais pris la décision de faire de mon corps une arme aussi infaillible que destructrice. Une arme que je voulais forger pour la rendre d'airain avant que de la laisser pourfendre mes adversaires et mes ennemis et les laisser exsangues et morts. Joli discours et parfaite utopie ! Et je découvrais, réalisais aujourd'hui et dans la plus atroce des douleurs, que cette arme que j'avais pris tant de soin et d'attention à façonner je ne l'avais jamais rendue létale que pour ma propre personne. C'étaient mes chairs que j'avais soumises, le plus sciemment du monde, aux pires des régimes et des privations. C'étaient elles aussi que j'avais martyrisées lors de toutes ces expéditions que je faisais, seule, au milieu de cette jungle aussi belle que dangereuse. Je prétendais aller chercher tantôt du bois, tantôt des baies ou des petits gibiers pour mes camarades mais, en réalité, n'était-ce pas plutôt la mort que je m'en allais provoquer, la mettant chaque jour un peu plus au défi de venir m'offrir son funeste baiser ? Oui, je voulais mourir. Pour ne plus mentir ni tricher. Pour ne plus souffrir, aussi. Pour ne plus jamais penser à lui, plus sûrement encore ! Mais il n'est jamais bon de se prendre pour une déité que l'on ne sera jamais nous qui sommes nés simples mortels. Et, là et devant cette femme qui semblait vouloir m'aider, je sentais commencer à flotter autour de moi ce parfum âcre et rance de cette mort qui répondait enfin à mes appels.

Oh oui la mort aurait pu me sembler douce et je me sentais peu à peu glisser entre ses bras aussi intangibles que venteux quand mon instinct de survie se rappela à moi Et il le fit de la plus traîtresse des manières, amenant à mes lèvres ce mot, ce prénom que je n'aurais jamais du ne serait-ce que murmurer. Parce que je ne devais pas parler... Parce que je n'étais pas supposée pouvoir parler... Et, plus encore, parce que j'exécrais me retrouver ainsi, souffrante et perdue, encore en train de l'appeler. Lui... Lui qui ne hantait que trop mes pensées et ne faisait que trop palpiter ce cœur que, curieusement, je sentais aussi devenir las. Fatigué de ne battre que pour celui qui ne s'en préoccupait sans doutes pas même... Epuisé de me voir me mentir à moi-même lorsque j'affirmais ne pas souffrir de cet amour que j'aurais tant voulu ne pas éprouver. Las, enfin, de me voir devenir cette ombre méprisable qui ne vivait plus guère que pour une mission qu'elle accomplissait sans même réellement y croire encore. Une femme qui ne savait plus même où se trouvait sa vérité et qui s'était tant et tant perdue qu'elle ne semblait envisager d'autre issue possible que la mort ! Méprisable ! Détestable ! Et parfaitement pitoyable... Voilà donc ce que l'amour, plus encore que ma sacro sainte mission, aura réussi à faire de moi ! Non, cela ne me ressemblait pas ! La jeune femme en qui le Conseil avait placé tous ses espoirs... Celle-là même que Nemo rêvait de voir lui revenir pour ne plus jamais le quitter... Penopoline ne se serait jamais ainsi laissée aller ! Jamais elle n'aurait renoncé et, après avoir balayé d'un geste furibond de la main ce prénom et l'homme qui allait trop bien avec, Penopoline se serait reprise en mains. Et, que je le veuille ou non, j'étais Penopoline et non cette poupée tremblante de Laura. Si la femme face à moi avait su qui j'étais réellement... aurait-elle vraiment consenti à me tendre cette main secourable que je lui réclamais ? J'en doutais fortement. Aislynn aurait haï et honni Penopoline. Et, l'inverse était d'ailleurs parfaitement véridique. Mais puisque Laura possédait ce don étrange de se faire aimer et aider de tous, alors c'est Laura qui pousserait cette fort jolie brune à la soigner. Laura serait sauvée … mais de ses souffrances et de ses douleurs ce serait Penopoline qui ressurgirait et, pareille à un sombre phénix, reprendrait les rênes de mon existence.

Si j'avais pu, un instant un seul, espérer qu'elle n'avait rien entendu de mon trouble et de ce prénom désormais détesté, sa réaction eut tôt fait de me détromper. Elle m'avait entendue et, bien que cela l'eut surprise, elle ne fut pourtant pas soupçonneuse au point de me refuser cette aide dont je sentais ne pouvoir, hélas, me passer. Mon corps, quelques instants plus tôt si douloureux, semblait peu à peu sombrer dans une cotonneuse et bien douce léthargie. Et alors que je tentais d'expliquer, à l'aide de bruits étranges et entrecoupés de sanglots et de gémissements de douleur, ce qui m'était arrivé... La douleur, elle, se faisait lancinante mais tellement plus tolérable aussi. Paradoxe qui fut alors le mien et où je réalisais, perdue quelque part entre la terreur et le soulagement, que ma vie m'échappait bel et bien. A mes doigts comme à ceux de ma sauveuse en devenir, ce sang que je regardais, presque fascinée, s'écouler de mes plaies et déserter, si lâchement, mon corps. Mon sang s'en allait, évacuant avec lui la douleur et ma conscience. Je mourrais ? Sans doutes en effet. Déjà les battements de mon cœur qui se ralentissent eux aussi et un soupir presque alangui qui m'échappait alors que je tentais de retenir de mes doigts déjà si froids, ceux de celle dont je pouvais presque sentir la panique et la farouche détermination à me retenir parmi les vivants. Aislynn voulait sauver, préserver l'ultime étincelle de ma misérable vie comme si cela avait pu donner un sens à la sienne. Elle voulait me voir vivre pour ne pas laisser une autre part d'elle-même et de son humanité périr avec moi. Je mourrais mais, pour la première depuis longtemps pour ne pas dire la toute première fois de toute ma vie, je découvrais la sérénité la plus totale. Mon corps et mon esprit s'engourdissaient de plus en plus et je me sentais comme délivrée de tous ces tracas, de toutes ces contingences et de tout cet amour qui m'étouffaient si bien avant. La mort était douleur ? Peut-être mais, après, elle n'était que délivrance et douceur. Et jamais je n'avais trouvé expression plus juste que celle-ci «  Le repos éternel »... Quelle belle maxime, non ? Un sourire flottait sur mes lèvres alors que je me sentais arriver près des rives de ce fleuve sombre ou Charon m'attendait déjà sur sa barque.

Mais le passeur n'avait pas voulu de mon obole et il s'était éloignée, me laissant sur cette rive où je sentais déjà les ténèbres se fendre pour mieux laisser revenir à moi cette lumière qui ne nimbait jamais que les vivants. Les portes du royaume des morts se refermaient devant moi, me condamnant à subir encore et encore les affres de ma vie. Un douleur atroce, pire encore que toutes les autres, alors que je sens mon cœur repartir violemment. Mon corps que je sens s'arquer au point que mes os crissaient bruyamment, menaçant de se ployer pour mieux se briser. Mes muscles bandés dans cette douleur qui dut se peindre sur mon visage alors que l'air revenait emplir mes poumons en feu. Etait-ce donc cela que l'on ressentait lorsque l'on venait au monde ? Si oui alors je comprenais mieux pourquoi les nouveaux nés hurlaient à en exploser leurs toutes petites cordes vocales. Vivre était douloureux ? Renaître était pire encore ! Renaître était supplice et je ne pus que verser cette larme unique et de sang, alors que je sentais mon corps retomber lourdement sur ce sol où ma sauveuse et moi étions maintenant rejoints par tous ces si « braves » gens morts d'inquiétude pour ma petite personne. Déjà je sentais des bras me soulever avec précaution et la sensation du vent sur mon visage, frais et léger, alors que l'homme qui me tient court jusqu'à cette infirmerie de fortune où il m'installe. Mes yeux qui papillonnaient alors que mon esprit encore perdu dans les limbes séparant le monde des vivants de celui des morts, cet esprit torturé peinait à me permettre de comprendre ce qui se disait autour de moi. La voix, douce et bienveillante, de cette femme à qui je sais devoir ma renaissance. Pour ça j'aurais pu la haïr et même la tuer mais, pourtant, je glissais ma main dans la sienne et nouais mes doigts aux siens et lui sourit. Avant que de replonger dans la plus parfaite des inconsciences. Sauf que, là, je ne mourrais pas. Je dormais paisiblement ou presque. Lorsque je me réveillais en sursauts et en panique, Aislynn et moi étions seules. Et sans doutes cela valait-il mieux alors que je murmurais, terrifiée et en larmes, ce prénom qui me poursuivait.

Lahas ! ma main tremblante qui vint se porter à cette poitrine où je sentis battre mon cœur. M'apaisant à son rythme pourtant encore saccadé j'essuyais d'un geste rageur de ma main libre ces larmes que je versais sans même plus savoir pourquoi et reposais immédiatement mon regard vers celle à qui je souris avec sincérité avant que de lui dire Merci. Vraiment. Je te dois la vie. Et je ne l'oublierai jamais.

En me sauvant Aislynn avait fait de moi son éternelle obligée. Je possédais nombre de défauts mais l'ingratitude n'en faisait pas partie. Et j'avais une dette éternelle envers celle à qui je venais de dévoiler mon plus grand secret. Que je parlais. Allait-elle me trahir ?





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Aislynn J. Jenkins
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Message(#) Sujet: Re: { FlashBack pour Aislynn } A défaut de panser nos coeurs pansons nos plaies. { FlashBack pour Aislynn } A défaut de panser nos coeurs pansons nos plaies. EmptyJeu 5 Fév - 13:38

Soyons seules ensemble ...



    Cette île nous avait tout fait vivre, enfin, c’est ce que je me disais à chaque fois, et la fois d’après, un nouveau coup frappait et encore plus fort que le précédent. C’était donc à ça qu’allait se réduire nos vies ici ? A affronter et lutter contre tout ce que cet endroit peut nous apporter de néfaste ? A tenter de survivre malgré tout ? Et tout ça pour quoi ? Je me le demandais constamment et de plus en plus … par moment, j’en arrivais à me poser la question de pourquoi je m’attachais autant à la vie ici ? Après tout, il me suffirait de ma laisser aller, ou encore plus simple, d’arrêter de lutter contre tout cet environnement hostile, pour enfin trouver la paix. Je n’arrivais pas à m’y résoudre, je n’étais pas ce genre de personnes, j’avais toujours été un temps soit peu forte. Je ne m’étais jamais laissée aller ou abattre, et même quand je tombais, je relevais toujours la tête pour continuer à avancer, à avoir la tête haute et ne pas être celle qu’on peut détruire facilement. Plusieurs fois j’aurais pu sombrer, que ce soit ici ou à New York. Je pense qu’à ma place, ça aurait été le cas pour la plupart des personnes, mais personnellement, je préférais accuser encore et encore les coups, on ne pourrait pas me reprocher d’être faible ou d’avoir cédé à la facilité.

    Beaucoup de personnes ici, avaient fini par s’accommoder du mode de vie dont on dépendait. On pourrait même penser que pour certains, ça avait été une chance ce crash, que ça leur avait permis de repartir de zéro et de réinventer leur vie.  J’aurais sans doute dû réagir ainsi, ça m’aurait facilité les choses, mais j’en avais été incapable. Je trouvais même tout ça difficilement supportable. Comment, alors qu’on est censé avoir tout perdu, on peut se refaire une vie au milieu de nul part, certains s’étaient mariés, je n’en voyais pas vraiment l’intérêt, sachant que ça n’avait absolument aucune valeur ailleurs, et que ce n’était pas réellement un mariage, bref, ils s’unissaient devant leurs « amis », parce que je ne pense pas que ce soit ce type de relations qui soit régi ici, et s’ils retournaient sur le continent, je ne suis pas sure que les différents mariage qu’avait connus l’île tiennent plus de quelques semaines. D’autres encore avaient même fondé une famille. Je veux bien concevoir qu’il n’y ait pas de réel moyen de contrôler ce genre d’incident, mais on peut toujours essayer de limiter les dégâts, même si avoir un enfant, était censé être la plus belle chose qui puisse arriver, je ne me sentirais pas capable d’en avoir un ici. Cette île n’avait rien de bon à offrir, et je ne voulais pas contraindre un petit être sans innocence à grandir ici, à lutter tous les jours dès son plus jeune âge pour rester en vie, mais aussi en bonne santé. Je voulais des enfants, je devrais en avoir un, mais pas dans ces circonstances … Et face à ceux-là, il y a les autres, nous, ceux qui ne veulent qu’une chose, partir d’ici pour retrouver un semblant de vie normale. Alors on faisait ce qu’on peut pour rester debout et « en bonne santé » avec l’espoir, quoi que de plus en plus éteint, qu’on partirait d’ici un jour ou l’autre. Le plus tôt serait le mieux, il n’y avait aucun doute sur ça.

    Cependant, en voyant Laura ainsi devant moi, je me disais que je m’en sortais bien et qu’il y avait bien pire que moi ici. J’avais la chance d’avoir la santé, chose qui semblait cruellement lui manquer, c’était l’image qui s’en dégageait à cet instant précis. Elle apparaissait comme une jeune femme frêle, des plus fragiles. Pourtant, j’en avais vues plus d’une femme mal en point avec mon métier, mais là, Laura m’inquiétait réellement. La voir ainsi m’avait fait instantanément oublier mes petits problèmes, rien n’était comparable à la santé de quelqu’un, sans elle, on n’est plus rien ici. Je ne connaissais pas réellement la jeune femme, j’avais juste eu le droit aux ragots qui pouvaient circuler ici, et Dieu sait qu’ils sont nombreux. Les gens n’ont rien à faire, alors ils passent leur temps comme ils le peuvent, et souvent dans ces cas là, c’est en parlant de sur les autres, de ce qui peut semblait être un minimum intéressant, ou alors assez pour donner envie d’en savoir plus, et de ce fait, inventer ce qu’on ne savait pas.  Ça faisait partie d’une des activités principales ici, et je préférais très clairement me passer de ce genre de distraction, je n’avais jamais été ainsi et je ne voulais pas le devenir. J’en avais donc entendu qu’elle s’appelait Laura, et que par-dessus tout, elle était muette. En y pensant, elle n’avait vraiment pas de chance, c’était déjà compliqué ici, mais en étant muette, cela devait s’avérer bien pire encore. Elle se tenait devant moi, et encore, se tenir était un bien grand mot puisque ses jambes la supportaient à peine. Pourquoi personne n’avait réagi avant ? Je n’arrivais pas à comprendre qu’on puisse voir une personne aussi mal et ne rien faire pour l’aider. Je sais que je ne suis pas la fille la plus ouverte et sympathique de l’île, mais je ne pourrais pas me résoudre à laisser quelqu’un aller aussi mal sans réagir.

     Et à en juger par la suite des évènements, j’avais vraiment bien fait de ne pas la laisser, tout simplement pour la simple et bonne raison que sans moi, elle ne serait plus de ce monde à l’heure qu’il est. J’étais bien contente de n’avoir rien perdu de mes réflexes d’infirmière, ils avaient vite repris le dessus en voyant l’état de détresse dans lequel Laura se trouvait, et je savais qu’il n’était pas question de quelques minutes, mais il s’agissait bien de secondes. Je ne disposais que de quelques secondes pour faire qu’elle reste en vie, après, il serait bien trop tard. Personne ne méritait ce sort là, j’avais donc fait tout ce que je pouvais pour la sortir de cette situation, surtout que je ne disposais d’aucun matériel médical pour essayer de la réanimer par la suite. Tout s’était passé très rapidement, bien plus vite qu’il n’en fallait de temps pour le dire. Je fus soulagée lorsqu’elle revint avec moi, je soupirais longuement. Ça faisait un moment que je n’avais pas vécu une situation aussi intense et je m’en serais bien passé. Je la regardais avec un regard tendre et rassurant, alors que le même prénom sortait une nouvelle fois de sa bouche, Lahas. C’est dans des moments comme celui-ci que mon manque de relations se faisait ressentir, je n’avais aucune idée de qui il pouvait bien s’agir. Pourtant, nous n’étions pas non plus des milliers ici, peut-être une centaine, et je n’étais même passure d’en connaitre la moitié, ne serait-ce que de nom. Je me concentrais, malgré tout, d’avantage sur ses gestes que sur ce qu’elle pouvait dire à cet instant, elle avait des besoins vitaux et c’était ce qu’il fallait voir en priorité. « Tu as besoin de boire, de te nourrir et de te reposer Laura, tu en as conscience ? ». J’ignorais comment réellement me comporter avec elle, ses réactions avaient été tellement étranges depuis que je l’avais aperçue.  

    Je lui souris alors qu’elle entremêlait ses doigts aux miens, ça pouvait paraître être un geste anodin, mais je savais discerner que ce n’était pas le cas pour elle. Peu importe tous les « on dit » , je préférais avoir sa version des faits. « Tu n’as pas à me remercier tu sais ! » , ça faisait tellement partie de ma vie autrefois d’aider les gens, que je n’en avais jamais rien attendu en retour, je le faisais tout autant pour moi que pour eux. Ça me procurait un bien-être de me sentir utile dans ce monde, et d’une façon vraiment importante, en donnant de ma personne. Je ne comptais pas la laisser repartir aussi rapidement qu’elle était arrivée sans aucune explication « Je pense que j’ai le droit à une explication non ? » je la regardais fixement avant d’ajouter « sur ton mutisme … » mimai-je en même temps des guillemets. Ça me semblait vraiment peu probable qu’elle ait trouvé l’usage de la parole par miracle et qu’elle la pratique aussi bien. Libre à elle de m’en parler ou non, mais vu la situation, je ne pense pas en demander beaucoup, même s’il est certain qu’elle se fait passer pour muette pour une raison bien précise. Je finis par m’assoir à ses côtés en attendant qu’elle daigne me répondre ou non. Après tout, j’avais tout mon temps devant moi et je ne comptais pas la laisser repartir seule ainsi. Si elle ne voulait rien me dire, je ferais avec, mais dans tous les cas, je la forcerais à se nourrir un peu, et je devais aussi soigner sa plaie assez rapidement. C’était bien trop risqué de la laisser repartir ainsi et elle risquait de ne pas avoir deux fois la même chance qu’à cet instant.  



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