(#) Sujet: { Flashback pour Jerem'}Let's roll the Dice of Destiny Buddy ! Mar 30 Déc - 16:37
Let's roll the dice of Destiny buddy !
Les geôles étaient un endroit que j'avais toujours beaucoup apprécié... contrairement au reste des miens qui ne les considéraient jamais qu'avec dédain et mépris. Après tout je pense que je ne pouvais que comprendre leur répulsion pour ces lieux étranges qui empestaient la souffrance et la sueur. C'était quand même là qu'on enfermait nos petits invités involontaires et l'idée de se retrouver face à ces êtres que nous considérions bien moins que des animaux pouvait se montrer plus que déplaisante... Du moins pour ceux qui avaient une conscience susceptible de les tarauder et de faire naître en leur caboche cette chose immonde nommée « remords » ! Parce que, même moi je me dois de l'admettre, ce n'était ni élégant ni même simplement très humain de réduire nos frères en Jésus Christ à l'état d'esclaves ou de cobayes sur deux pattes ! Mais, bon... La religion je n'y avais jamais rien compris sauf qu'elle m'ennuyait ferme et la seule fois où je m'étais aventurée à lire la Bible je m'étais assoupie en moins de deux minutes ! Alors leur Jesus Christ... Quant à ma conscience... Si j'en avais vraiment possédé une je doute que le Conseil eut accepté et encouragé l'idée de faire de moi une espionne à leur solde ! Vous imaginez un peu le souk si à chacune de mes excursion sur leur île je passais mon temps à tergiverser, hésiter ou faire montre de scrupules ?! L'angoisse absolue ! Donc, heureusement pour moi et hélas mille fois hélas pour mes nouveaux camarades les pouilleux vindicatifs – oui, j'adore donner des surnoms souvent débiles aux êtres il faudra vous y faire ! - , je n'ai pas la moindre parcelle de conscience en moi ! Et, donc aussi, les geôles sont à mes yeux comme l'un de ces endroits nommés zoos où l'on regroupe les animaux en voie de disparition... Et ça tombait bien parce que, les rescapés, moi je ne serais vraiment pas contre l'idée de les voir tous périr ! Les uns, après les autres... Comme de gentils petits dominos qui tomberaient les uns après les autres et paix à leurs âmes !
Et puis, les prisons, moi je les aimais parce que c'était là que travaillait Nemo et que, lui, je l'adorais. Inutile de nous attarder sur ce sujet qui pourrait me rendre bien trop bavarde, grognon et même limite frustrée... Enfin, je pouvais bien tenter de me farcir la tête avec toutes les excuses que je voulais, il n'empêche que ce qui me manquait le plus pendant mes séjours hors de l'Hydre, c'était bien lui hein ! Et que, malgré le manque total de prudence que cela pouvait représenter, je ne pouvais que difficilement m'empêcher de venir rôder aux alentours de son lieu de travail dès que je revenais. Comme quoi l'addiction est une bien vilaine chose et que, un jour ou l'autre et d'une façon que je n'ai pas encore trouvée, il me faudra me sevrer ! Mais pas ce jour-là... J'étais rentrée la veille, tard, et je n'avais pas eu la force de partir à la recherche de mon meilleur ami. Tout ce que je voulais c'était prendre une bonne douche bien chaude et me glisser dans un vrai lit bien douillet ! Parce que la vie à la dure, cela allait un moment mais rien ne valait le confort de ma maison ! La nuit avait été excellente et ce fut vêtue de propre et les cheveux enfin correctement lavés que je pris la décision de rejoindre le quartier des prisons. Et, un peu comme cela devait être le cas dans les fêtes foraines que je ne connaissais que par les livres, on peut dire qu'il y avait de l'animation là-bas ! Trop sans doutes même. Et ma raison me susurrait de détourner les talons et de retourner sagement chez mes parents avant que je ne commette le plus irrémédiable des impairs. Sage décision en effet. Sauf que, aussi rusée et maligne que je sois, je ne possède pas plus de raison que de conscience alors !
Je ne pus m'empêcher de grimacer en voyant les cages extérieures presque prêtes à déborder de ces adorables ouistitis humains qu'on y avait enfermés. Si j'avais été une fille monstrueuse je me serais presque amusée à leur balancer des cacahuètes histoire de voir leurs réactions, tiens ! Après tout ils étaient aussi là pour cela, non ? Nous permettre de les observer, de disséquer leurs esprits, leurs modes de fonctionnement et, parfois, leurs chairs. Mais, pour en revenir aux ouistitis, je suis espionne mais pas un monstre. Et puis je n'ai pas de cacahuètes... dommage ! J'évitais soigneusement cette zone où trop de regards auraient pu m'apercevoir et reconnaître mes traits et e me dirigeais vers l'intérieur. Les geôles y étaient plus horribles mais aussi désespérément plus vides. Quoi ? Aucun de ces fichus rescapés n'avait eu la bonne idée de se montrer insolent au point de venir croupir ici ? La grâce les aurait-elle touchés ? Ou, comme mus par le plus naturel des réflexes, auraient-ils fini par comprendre que leur unique chance de survie était de courber l'échine et d'encaisser sans même gronder ? La réponse m'importait peu et je profitais de trouver une cellule ouverte pour aller en inspecter l'intérieur comme je l'eus fait d'une curiosité touristique. La vache ! Cela puait, vraiment ! Et je me demandais comment quiconque pouvait tenir ne serait-ce que plus de deux minutes dans une telle horreur !
Sale, repoussant et avec des violents relents de choses dont je préférais ignorer la nature même... Ces geôles étaient, pour sur, l'antichambre de l'enfer sur terre ! Et les miens en étaient les gardiens implacables. Top, non ? Je sautillais gaiement comme une enfant qui se serait extasiée devant un nouveau terrain de jeu - et qui remercierait le ciel ou les enfers d'être née du bon côté de la barrière – quand je manquais d'attention et me pris les pieds dans une sorte de chaîne qui traînait au sol. Et, l'instant suivant, me voilà qui m'affalait de tout mon long dans cette crasse puante qui maculait les lieux. Un grognement sourd qui m'échappait alors que je tentais de me relever. Adieu les effets miraculeux de la douche et du shampoing ! Et niveau parfum le mien s'était enfui devant son remplaçant « Bouche d'égouts ». J'étais encore plus dégoûtante qu'à mon retour hier soir et je préférais ne pas même songer à ce qui collait sur mon visage... Alors que je me relevais et envoyais au sol ce pull maintenant fichu, me retrouvant en débardeur lui aussi souillé, j'entendis du bruit. Et aux paroles qui se murmuraient il s'agissait d'un prisonnier que l'on ramenait dans sa chambrette ! Et m*rde ! J'aurais peut-être mieux fait d'écouter ma raison pour une fois ! Un rapide coup d'oeil me fit amèrement constater que je n'avais aucun moyen de m'esquiver sans avoir à croiser la route du rescapé captif. Bon... Il ne me restait guère plus qu'une solution. Redevenir la muette de Laura. Pestant intérieurement je secouais la tête et achevais de me barbouiller de poussière et poussais même le masochisme jusqu'à prendre le premier truc pointu que je trouvais pour m'entailler profondément l'épaule. Punaise heureusement que mes vaccins étaient à jour !
L'instant d'après un garçon que Nemo et moi connaissions arriva, tenant fermement par le bras un autre que je ne reconnus pas. Peut-être était-il déjà retenu prisonnier quand j'avais fait mon entrée sur son île réserve de ouistitis ? Pour l'instant ce n'était que le cadet de mes soucis et j'aurais bien e temps de penser à cela plus tard ! Pour l'instant tout ce qui importait était que le gorille de geôlier ne s'amuse pas à faire exploser en éclats ma couverture ! Et, heureusement, ce ne fut pas le cas ! Riant en me voyant, il m'insulta copieusement – à croire qu'il avait mal encaissé le fait que je le fasse dégager après notre unique et bien pitoyable nuit d'amour et qu'il trouvait là la plus parfaite des occasions pour me dire ce qu'il n'aurait jamais le courage de faire autrement ! - il me désigna à son captif comme étant la petite poupée de ses compagnons et lui-même. Allant même jusqu'à ajouter que les rescapés avaient de bonnes … femelles... Alors , là, il allait me le payer ! A la première occasion je lui ferais voir, moi, ce qu'une femelle originaire à dans le ventre ! Et ses noisettes j'en ferais des brochettes ! Mais, pour l'instant, je jouais ma petite Laura, traumatisée jusqu'au bout de ses ongles crasseux par cette nouvelle épreuve qui lui était infligée. Reculant jusqu'à me retrouver acculée à un mur je frissonnais et me recroquevillais sur moi-même comme si j'avais craint d'être frappée. Ce qui fut d'ailleurs le cas puisque celui qui allait finir par chanter comme Farinelli, eut la merveilleuse idée de m'agripper par la tignasse pour mieux m'en coller un en pleine poire et m'envoyer ainsi valdinguer au sol. La lèvre fendue et la pommette en miettes ça aussi je le lui ferais payer ! Même si, force m'est faite d'admettre, que cela rendait les choses plus crédibles...
Après avoir jeté encore quelques insultes à mon nouveau compagnon de cellule et à ma personne plus furibonde que jamais, il se retira... et nous enferma tous les deux dans ce cloaque puant ! Magnifique... et comme je ne pouvais pas parler... Relevant un regard de biche apeurée vers le jeune homme je fus frappée par cette lueur étrange que je vis flamboyer au fond de ses yeux. Etait-ce de la colère, de la révolte ou de la souffrance ? Franchement je n'en savais rien. Mais cela me toucha. Trop. A croire que les vapeurs des immondices me montaient à la tête encore plus vite que l'alcool ! Je demeurais prostrée au sol, les genoux ramenés à moi et mes bras les entourant comme l'eut fait une enfant effrayée et je me contentais de le regarder encore quelques instants. Un sursaut alors que des pas résonnaient au loin. Et puis, de nouveau, le silence. Et un tête à tête qui commençait sous les plus étranges des auspices. Crapahutant jusqu'au mur proche du jeune homme au regard fascinant je levais les mains pour tenter de lui faire comprendre, par mime, que je ne pouvais parler. Puis, d'un doigt tremblant, je dessinais sur la poussière du mur les lettres de mon prénom. Laura. Espérons qu'il comprendrait. Et si cela ne suffisait pas, je pourrais toujours feindre de trouver ce calepin que j'avais toujours sur moi. Parce que, avouons le, parler avec une muette c'est pas toujours simple ! Et encore heureux que je n'ai pas décidé de jouer à la sourde en plus !
De mon épaule coulait ce sang que j'avais moi-même fait couler et mon visage commençait à se faire douloureux sous le coup que je venais juste de recevoir. Je grimaçais tout en me laissant lourdement retomber au sol, assise sur mes talons, et portais ma main à la plaie de mon épaule. Alors le rescapé ? Il était plutôt du genre à me regarder souffrir sans ciller ou alors il allait tenter de m'aider ?
» Jeremiah G. Archer "
❝ Success. × Forget the burdens of the past ₪ ❞
× Ma Célébrité : Dylan O'Brien × Nombre de messages : 2394 × Age du perso : vingt-et-un × Job : bonne question ! × Côté love : nada, que dalle, le vide. (sauf peut-être une petite lueur, parfois)
(#) Sujet: Re: { Flashback pour Jerem'}Let's roll the Dice of Destiny Buddy ! Mer 31 Déc - 20:04
LET'S ROLL THE DICE OF DESTINY × ft. PENOPOLINE & JEREMIAH
Un frisson parcourait son échine, tandis qu’il fermait le poing, sentant ses ongles pénétrés sa chair un peu trop profondément, la douleur laissant derrière elle son pouls au travers de sa main. Une grande inspiration, tandis que son regard parcourait les autres visages entassées dans cet espace ridicule. Il essayait de voir s’il en reconnaissait plus d’un, et se retrouva bien vite avec un gamin à côté de lui aux grands yeux terrifiés qu’il essayait de convaincre comme il le pouvait qu’ils n’étaient pas en danger – même si c’était bel et bien un mensonge. Il était doué pour mentir aux autres, moins pour se mentir à lui-même.
Jeremiah n’avait jamais connu les originaires de près. Ils étaient une rumeur parmi tant d’autres, une rumeur effrayante qui courrait sur l’île, un murmure qu’on expliquait rapidement en regardant par-dessus son épaule pour s’assurer que personne de suspect ne nous écoutait. S’il avait eu à parier sur qui serait le prochain à se faire enlever, il n’aurait pas mis sa monnaie sur lui. Lui, celui qui servait à peu près à rien, si ce n’était créer plus de problèmes au campement. Le jeune homme dont le seul talent semblait d’être capable de se détruire à petit feu un peu plus à chaque jour. Comme s’il aimait bien ajouter du bois à son propre bucher. En même temps, sa vie était tellement problématique depuis ces dernières semaines; ce n’était qu’une péripétie de plus, au final. Un soupir. Personne n’était venu crier ‘Nous sommes les originaires, nous sommes là pour tous vous tuer’ avec un grand rire diabolique, ou quoi que ce soit. En fait, depuis qu’il s’était réveillé, confus, étourdi, le soleil qui tapait fort sur son crâne, personne n’était venu leur adresser un quelconque mot. Ils s’étaient contentés de les regarder avec ce genre de regard qui dit ‘tu dis un mot de trop, je te fais bouffer de la terre’. Mais il suffisait d’un regard sur leurs apparences pour savoir qu’ils n’étaient pas des leurs. Voilà longtemps déjà que Jeremiah avait eu l’air décent. La cascade, les lacs, les loques qu’ils avaient pour s’habiller et les quelques fourrures et cuirs qu’ils avaient réussis à récupérer d’animaux morts étaient loin de rivaliser avec des douches et des vêtements bien entretenus. Il avait la désagréable impression d’être un animal en cage. Une pensée pour ces pauvres bêtes enfermées au zoo lui passa par la tête et il se jura que s’il retournait un jour en Amérique, il ne mettrait plus jamais un pied dans un tel endroit. Il n’y avait pas une minute qui passait dans cet endroit où il n’avait pas l’impression d’être observé, épié, ses moins mouvements suivis du regard, comme s’ils attendaient qu’il fasse un mouvement de trop.
Certains commençaient à s’énerver, ça se voyait dans leurs épaules raides, leurs regards fixes, leurs poings serrés. D’autres étaient plus nerveux, leurs corps en entiers semblaient incapables d’arrêter de bouger, tremblants, tandis que leurs regards se mouvaient dans tous les sens, cherchant à tout voir, sans ne rien voir du tout. Mais les pires, ceux dont le jeune homme se tenait le plus loin, c’était ceux qui ne cessaient de pleurer, qui s’enveloppaient dans ce désespoir sans fond et n’en ressortiraient probablement plus jamais. Il ignorait combien de temps il avait passé à dormir, mais voilà déjà quelques heures qu’il était là, et il sentait toutes ses émotions environnantes déteindre sur lui. La nervosité, la colère, le désespoir, c’était des émotions qu’il connaissait, qu’il ne pouvait pas vraiment gérer, mais qu’il pouvait au moins essayer de contrôler. Il se connaissait bien, une fois que les émotions prenaient le dessus, il était incapable de se contrôler. Trop souvent, le cœur avait raison de la raison. Et plus les minutes coulaient dans le creux du sablier, plus le jeune homme avait l’impression qu’on riait d’eux. La façon dont on les avait divisé, Jeremiah voyait à peine l’autre cage, pourtant il savait au fond de lui qu’il n’avait pas été seul lorsqu’on l’avait enlevé, que l’autre moitié de son duo ne pouvait pas être très loin. Il se sentait devenir nerveux, ses efforts pour ne pas trop y penser, pour ne pas laisser les émotions prendre le dessus de plus en plus vain, tandis que des larmes de plus coulaient sur le visage de certains et d’autres commençaient à frapper l’air, comme si ça allait vraiment aider qui que ce soit.
Voilà des semaines déjà qu’ils étaient tous captifs. Captifs de cette île, coincés là où ils étaient tombés, obligés de s’y faire et de survivre. Survivre ou mourir, ça avait été le choix qu’ils leurs avaient été offert. La liberté était devenue un concept forain, alors que chaque individu comprenait qu’il n’avait vraiment que lui-même pour se tenir debout. On s’y faisait, comme on se faisait à n’importe quoi, mais on n’y était pas vraiment heureux, jamais vraiment. On pouvait oublier, pendant un instant, puis la réalité revenait, comme pour leur rappeler qu’ils étaient encore loin de tout, coincés sur cette île où le pire arrivait à chaque jour. Certains avaient été capables de s’y faire plus facilement, de s’endurcir un peu plus, de continuer à voguer sur cette île sans trop s’en faire. D’autres, par contre, avaient eu plus de difficulté. Jeremiah n’avait jamais été très doué pour survivre, et là c’était pire que pire. Un cri, un cri résonna de l’autre cage, frappant contre les barreaux de la leur. Le jeune homme aurait pu mettre sa main au feu qu’il savait qui criait, que c’était la voix de son autre moitié, de celle qu’on n’avait pas pris en même temps que lui, mais qui avait toujours été celle qui comptait plus que les autres.
La panique, c’était ça le sentiment qui se construisait en lui depuis le début. Il paniqua, se releva de là où il était assis, attrapant des barreaux brûlants, réchauffés au soleil depuis très tôt ce matin-là, et cette fois il ne contrôlait plus rien. De vieilles habitudes refaisaient surfaces, criant pour qu’ils fassent quelque chose. C’était de la colère aussi, de la colère d’être coincé dans cet endroit pareil, alors qu’il n’avait absolument rien à leur offrir. Il en avait marre de se laisser faire, de se laisser marcher dessus. Il remarqua un des originaires qui marchaient d’un sens à l’autre depuis qu’il s’était réveillé et il n’hésita pas une seconde de plus avant de l’accoster. « Hey. Hey, toi, là. » il le pointa du doigt à travers les barreaux. « J’ai une blague pour toi. » qu’il lui dit, avec un sourire forcé. Le mec ne semblait pas plus prêt que ça à l’écouter et il allait continuer sa marche, mais ça n’arrêta pas le jeune homme. « Alors, hum, c’est l’histoire d’un originaire qui entre dans un bar et commande une bière. – tu sais ce que c’est, un bar, j’espère? – Il va aux toilettes et pour qu'on ne touche pas à son verre, il met un petit papier avec écrit: "j'ai craché dedans", et s'en va. Au retour, il peut lire sur son papier : "Moi aussi!" » L’originaire s’était arrêté, semblant chercher ce qu’il y avait de si drôle dans ce que le jeune homme lui racontait et celui-ci sauta sur l’occasion pour lui cracher au visage.
Un rire s’échappa de sa cage thoracique, tandis que le visage de l’originaire passait par une gamme d’émotions, de surprise à colère. « Oh, mec, t’aurais dû voir ta tête! » Jeremiah ajouta, un sourire arrogant sur le visage. Le jeune homme ne semblait pas trouver la blague aussi drôle que lui, tandis qu’il appelait un autre garde et entrait dans la cage. Il s’y attendait, et il s’attendait tout autant à voir le poing du jeune homme d’un peu trop près, il ne fut donc pas pris de surprise lorsqu’il se retrouva une fois de plus à terre, de nombreux captifs autour d’eux regardant la scène, tandis qu’il grimaçait sous la douleur, les minuscules vaisseaux se déchirant, lui donnant l’impression que des milliers de petites aiguilles s’infiltraient sous sa joue et lui perçaient la peau. L’originaire l’attrapa par le bras, approchant son visage du sien, serrant suffisamment fort pour que le brun sache pertinemment qu’il aurait des ecchymoses pour les prochains jours. Il avait l’impression que des fourmis lui dévoraient le bras et il hésita, se demandant si cette sensation n’était pas pire que celle de son visage qui enflait. « On va voir si tu vas autant rigoler à l’intérieur. » lui dit-il, avant de littéralement le trainer hors de la cage et de l’emmener dans un endroit de plus que Jeremiah ne connaissait pas. Rapidement, le brun réalisa qu’il n’aurait plus l’occasion de voir Rose de sitôt et il la chercha du regard dans l’autre cage, souhaitant s’assurer qu’elle allait bien, sans la voir. Il espérait vraiment que le cri qu’il avait entendu n’était pas le sien, tout en sachant pertinemment que ce l’était, son instinct se trompait rarement.
C’était au tour du garde de bien rigoler tandis que le jeune homme essayait tant bien que mal de se libérer de sa poigne, même s’il savait bien que ça ne valait pas vraiment la peine. Où irait-il? Cet endroit grouillait d’originaires à tous les coins, surtout en pleine après-midi comme ça. On le jeta dans une cage qui, honnêtement, lui semblait encore pire que l’autre beaucoup trop pleine de tout à l’heure, l’odeur et la température bien plus froide que celle extérieure. Il bouffa de la terre, tandis que le garde s’amusait d’une autre captive. Celui-ci lui fit des remarques absolument dégueulasses sur la blonde, allant jusqu’à dire que les rescapés avaient de ‘bonnes femelles’, une observation qui fit grincer des dents le jeune homme, celui-ci retenant avec misère une insulte. Le mec alla jusqu’à frapper la jeune femme, ce qui énerva encore plus le rescapé qui ne se gêna pas cette fois pour parler. De toute façon, est-ce que tout ça pouvait être pire encore? Il commençait à en douter. « Si tous tes petits copains originaires te ressemblent, ça m’étonne pas que vous ayez à capturer des femmes, il n’doit pas y en avoir qui aient envie de vous volontairement. » répliqua-t’il, avant que le mec ne commence à nouveau à leur jeter des insultes de plus, Jeremiah faisant une croix sur l’idée de quelconque bouffe aussi longtemps qu’il serait là. La porte de la cage se referma et il tourna aussitôt le regard vers la blonde qui le regardait avec de la peur pleins les yeux.
Furieux. Comment pouvaient-ils faire naitre ce genre d’émotions chez d’autres humains et vivre avec leurs consciences ? Elle lui semblait avoir à peu près son âge, mais la terreur qu’il voyait dans ses yeux lui en donnaient quelques années de moins. Il ne l’avait jamais vu ailleurs et il ne pouvait s’empêcher de se demander depuis combien de temps déjà elle était captive chez ces gens qui lui semblaient plus sauvages encore que les rescapés. Recroquevillée, elle donnait l’impression d’être beaucoup trop fragile pour un tel endroit. Il soupira, ressentant l’envie de la protéger, mais se demandant tout autant s’il arriverait à se protéger lui-même. Des pas se firent entendre, instinctivement, il espéra voir un rescapé de plus. Le silence était pesant, et il crevait d’envie de le détruire, mais les questions se bousculaient dans sa tête et il ignorait par laquelle commencer.
Puis, elle s’approcha, faisant des signes qu’il eut de la difficulté à comprendre. Puis, il ouvrit grand les yeux. « Ahhhhhhh, tu peux pas parler, c’est ça? » s’exclama-t’il. Le jeune homme songea à comment cela devait être difficile à vivre dans un tel endroit. Ne pas pouvoir crier, ne pas pouvoir faire savoir qu’elle était là. Si aisément oubliée. Lui qui usait trop souvent de sa voix ne pouvait s’imaginer s’en passer. Il remarqua qu’elle dessinait du bout de doigt et il baissa les yeux vers le sable. « Laura? Tu t’appelles Laura? Moi, c’est Jeremiah. » Il ne songeait même pas à murmurer, songeant que s’ils avaient envie de lui en mettre pleins la gu*ule une fois de plus, ils n’attendraient probablement plus qu’il fasse un pas de trop du mauvais côté. Remarquant son épaule lacérée, le jeune homme fit une grimace. Ne réfléchissant pas vraiment à ce qu’il faisait, il déchira instinctivement un morceau de son t-shirt qui, de toute façon, était déjà trop déchiré pour être porté à nouveau. Il le frotta pour enlever la poussière, avant de l’attacher pour faire quelque chose qui osait ressembler à un garrot autour de l’épaule de Laura. « Ce sont des vrais connards, marmonna-t’il pendant qu’il finissait le nœud. Si ça peut te faire plaisir, j’lui ai craché au visage, c’est pour ça d’ailleurs que j’ai la chance de te tenir compagnie dans cet endroit haut de gamme. » Il lui fit un sourire, et un clin d’œil. Il ria un peu à nouveau. « T’aurais dû voir sa tête, ça valait tout l’or du monde. » Il passa un pouce sur la joue de la jeune femme. S’il fallait connaitre le brun, il fallait savoir qu’il connaissait aussi peu le tact qu’il connaissait la notion d’espace personnel. « Ça, je peux pas rien faire pour. On est tous les deux mignons avec nos joues mauves, ça nous donne du style, au moins. » ajouta-t’il, tandis que sa propre joue l’élançait.
La douleur, il commençait déjà à s’y faire. Les ecchymoses guériraient, avec le temps et du temps, ils en avaient sans aucun doute devant eux. Jeremiah ne pouvait s’empêcher de réfléchir à comment sortir de là, s’enfuir et récupérer la rousse qui était enfermée dans une autre des cages extérieures. Il n’était jamais libre sur cette île, mais être dans une cage lui semblait pire encore que d’être au camp et il serait hors de question qu’il manque la moindre occasion de partir très loin d’ici. S’il pouvait sauver Laura de cet endroit en même temps, ce serait plus que gagner.
(#) Sujet: Re: { Flashback pour Jerem'}Let's roll the Dice of Destiny Buddy ! Ven 2 Jan - 22:07
Let's roll the dice of Destiny buddy !
La petite princesse qui était née sur l'Hydre avait cessé d'être au moment même où j'avais réalisé à quel point ma situation pouvait être précaire. Si je n'avais pas réagi au plus vite alors c'en eut été fini de ma couverture et de cette mission à laquelle je ne savais plus même pourquoi j'y tenais autant. Elle m'avait été confiée et ce fut avec une amertume patinée d'ironie que je me souvins de l'enthousiasme qui avait alors été le mien. Je me souvenais d'avoir sauté au cou de mon père pour le remercier de cette preuve de si haute confiance qu'il daignait enfin m'accorder ! Et, à cette époque en parfaite petite égocentrique privilégiée que j'étais c'était bien tout ce qui importait. Servir la cause des miens, défendre nos secrets et parvenir à faire scintiller au fond des prunelles si dures de mon père cette fierté qu'il n'offrait que si rarement ! Mais ce que j'avais découvert en plongeant dans cet autre monde où des êtres luttaient pour survivre... Rien n'aurait pu m'y préparer ! Et j'avais découvert le fossé qui sépare la théorie de la réalité ! Là-bas, chez ces rescapés dont j'avais fini par me faire accepter, la vie était un combat de chaque instant. Dormir dans un lit, prendre une douche ou s'attabler devant un repas tout droit sorti du frigo... autant de choses qui, pour moi, étaient des plus naturelles mais qui, pour eux, relevaient de la lutte. Et j'étais demeurée longtemps pantoise et interdite devant cette énergie, presque cette rage, que certains mettaient à rivaliser d'ingéniosité et de malice pour parvenir à apporter aux autres membres du groupe un tant soit peu de confort de d'espoir... Moi qui n'avais jamais voulu voir en eux que des ombres, que des bêtes curieuses qui menaçaient la survie des miens je découvrais une toute autre facette de la réalité et le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'était pas très joli...
Car si ces rescapés avaient parfois tout l'air d'animaux ils ne l'étaient jamais autant que lorsqu'ils tombaient entre nos mains ! Ces corps entassés derrière les barreaux de ces cages de fortune m'avaient faite rire à plus d'une reprise mais, maintenant que je me retrouvais dans l'une de ces geôles moites et crasseuses je commençais à comprendre l'horreur de leur situation. Et quand bien même mon « gardien » avait retenu son coup, la douleur encore cuisante à ma joue me donnait un très bon aperçu de ce que ceux que j'avais si sournoisement infiltrés devaient essuyer au quotidien, eux ! J'avais pris ma mission comme un jeu ? C'était très loin d'en être un ! Ou alors il était bien plus pervers et malsain que je n'aurais jamais pu le soupçonner quand bien même l'idée en m'avait même jamais effleurée. J'étais tellement sur de la noblesse de la cause que je défendais ! J'étais tellement persuadée que seuls les miens détenaient la vérité que j'en étais devenue aveugle et terriblement partiale. Mais il avait suffi d'une inconséquence de ma part pour que je ne commence à se fendiller le masque protecteur de ma candeur et que, par l'entremise d'une rencontre fortuite, ne se dévoile à moi une autre perspective. J'avais eu de la peine à masquer ma surprise de voir ce garçon qui ne connaissait rien de moi prendre si inconsidérément ma défense face à celui qui ne s'était pas privé pour le lui faire payer. Ce rescapé avait défendu mon honneur ? Pourquoi ? Je les pensais des bêtes incapables de loyauté et de compassion. Des animaux plus dangereux encore que les fauves dont regorgeait notre brousse locale. Ce que l'on m'avait dit, répété au point de le rabâcher était-il donc faux ?
Lorsqu'il s'était approché de moi je n'avais pu m'empêcher de me reculer. Cela passerait sans nuls doutes pour un réflexe on ne pouvait plus normal étant donné les circonstances... mais j'avais surtout peur de le laisser venir à moi, de le laisser me toucher et, plus encore, d'entendre ses mots venir menacer d'ébranler un peu plus ces convictions que je sentais devenir de carton. Et il l'avait fait. Il avait parlé. Tout en tentant de panser et de bander de son mieux et avec ses moyens de fortune cette blessure que je m'étais moi-même infligée. J'avais ressenti un frisson glacé remonter à mon échine alors que je le laissais faire, ne le quittant pas un seul instant du regard. Il me prenait pour l'une des siens... Et dans sa voix et ses gestes je sentais comme une douceur et une envie sincère de me venir en aide qui me déstabilisa sincèrement. Il voulait m'aider... Il le voulait vraiment ! Alors qu'il portait sa main à ma joue et accompagnait le geste d'un trait d'humour, je pus presque sentir mon sang se glacer dans mes veines. Jeremiah... L'animal pas si sauvage ou dangereux que cela avait un prénom et celui-ci tournoya encore quelques secondes dans mon esprit. Jeremiah... Il avait un nom et, je semblais presque m'en étonner, il avait du avoir une vie bien à lui avant qu'il ne soit condamné à ne plus être qu'un rescapé. Y avait-il des parents qui l'attendaient quelque part ? Une fille qui comptait à ses yeux et pour laquelle il devait parfois trembler ? Et que serait-il en train de faire si le destin n'en avait pas décidé autrement ? Autant de questions que je brûlais de poser … quand bien même je savais cela inutile ! Et je remerciais l'idée que j'avais eue de me faire passer pour une muette ! Car, sans cela, j'aurais été bien trop tentée de le questionner, de le comprendre... peut-être même bien de l'aider ! Et, ça, je n'en avais pas le droit ! Je ne l'aurais jamais... Et, en ce moment, je le regrettais presque.
Alors je me surpris à laisser ma main venir, si doucement et lentement, se glisser dans le fond de ma poche et en sortir cette papaye bien mûre que j'avais emportée ce matin, bien inconsciente de ce que la journée me réserverait. Elle était parfaite et serait sûrement délicieuse à déguster. Et, Jeremiah, semblait pour le moins famélique... Prenant le temps de l'essuyer sommairement je la lui tendis en un geste amical, comme pour le remercier de sa prévenance à mon égard. Oh, une partie de moi escomptait bien que ce geste altruiste jouerait en ma faveur si jamais nos routes devaient se recroiser un jour sur l'île des rescapés. Mais... une toute autre, et infime, partie de mon être, voulait simplement et sincèrement le remercier. Le voir se nourrir et reprendre quelques forces. C'était sans doutes si peu que cela en devenait dérisoire mais c'était tout ce que je pouvais faire. Du moins pour l'instant. Comme il semblait hésiter à la saisir j'insistais encore un peu et finis par la glisser doucement dans ses mains et par refermer celles-ci dessus. Puis, du bout de mes doigts, je traçais maladroitement dans la poussière du sol ces quelques lettres qui formaient ce simple mot « Merci ». Je n'eus pas même le temps de juger de sa réaction que déjà notre gardien revenait et ouvrait à grande volée la porte. Cette-fois il n'était pas seul et le regard de son compagnon délaissa bien vite la silhouette de mon compagnon de cellule pour s'ancrer à la mienne. Evidemment, il m'avait reconnue et ne semblait pas franchement heureux de ma présence entre ces murs ! D'un pas rapide il surgit devant moi et agrippa violemment mon poignet pour me contraindre à me relever tandis que son complice jugulait toute velléité de rébellion de la part de mon compagnon d'infortune. Comme il menaçait de le frapper je grognais et sautais sur celui qui me tenait pour mieux le mordre. Jusqu'au sang.
La suite... alla pour le moins bien vite. Et je crois que mon esprit se refuse encore à affronter ces actes que je commis sans la moindre hésitation. Devant le Conseil je plaiderais le fait que je devais protéger ma couverture mais la réalité n'était peut-être pas aussi limpide que ce que j'affirmerais pourtant haut et fort. Quand j'avais commencé à griffer, mordre et ruer entre les bras de celui qui en fut plus que décontenancé, je n'avais qu'une seule idée en tête : aider celui qui m'avait protégée, moi. L'autre homme, celui qui m'avait frappée quelques instants plus tôt, était venu nous rejoindre et tentait de me maîtriser de son mieux mais j'étais comme possédée, habitée par une fureur sans pareille. Je ne jouais plus Laura. J'étais Laura ! Et avant que je réalise ce que j'avais fait, sans doutes aidée par Jeremiah, nos deux geôliers se retrouvaient au sol, inconscients.. et la porte de notre geôle ouverte. Et, là, je sentis le malaise m'envahir ! Je venais ni plus ni moins de donner à l'un de mes ennemis l'opportunité sans pareille de fuir son enfer. Celui que mes compagnons à moi avaient créé... Si cela n'était pas totalement volontaire ce n'en était pas moins un pas assuré vers une chose qui empestait la plus haute des trahisons ! Oh je savais qu'il y aurait bien quelqu'un pour nous stopper si jamais nous tentions de réellement fuir mais, d'ici là, il y avait tant de choses que nous pouvions faire ! Et, quelque part, cela ne tenait qu'à moi, reposait entre mes mains. Je connaissais cet endroit comme ma poche et j'aurais pu lui indiquer le meilleur des moyens de fuir, de rejoindre la côte et même un endroit où il pourrait trouver une pirogue avec laquelle il pourrait rejoindre les siens. Je savais aussi où se trouvaient certaines de nos armes et il m'eut été aisé de le lui indiquer. Mais, si jamais je cédais à l'une de ces tentations, alors je me perdrais à tout jamais. Et, ça, je ne le pouvais pas. Quels que soient mes doutes ma loyauté était acquise à l'Hydre ! Quoiqu'il puisse, en cet instant, m'en coûter ! Alors que je sentais monter en mon compagnon des envies de liberté, somme toute bien naturelles, je me précipitais vers lui et, posant avec douceur ma main sur son bras je secouais la tête de gauche à droite. Non. Nous ne pouvions pas fuir. Est-ce que j'avais peur ? Evidemment ! Mais certes pas pour les raisons qu'il devait croire !
Remontant ma main le long de sa pommette, effleurant paisiblement les bleus à sa peau, je soupirais. Puis, sans plus réfléchir, je pris sa main dans la mienne et nous emmenais sur le seuil de la porte. Au bout du couloir nous pouvions entendre les voix de ces hommes qui ne tarderaient pas à s'inquiéter de l'absence de leurs petits camarades. Et ils se précipiteraient … et nous trouveraient ! Et nous puniraient aussi, cela je n'en doutais pas. Enfin, Jeremiah serait puni. Moi, sermonnée et rendue à mon père qui en rajouterait une couche. Alors, au point où j'en étais... Autant tenter de jouer ma dernière carte. Je savais qu'il y avait entre ces murs bien d'autres rescapés prisonniers. Des êtres qui ne m'avaient jamais vue et qui pouvaient peut-être être aidés. Libérés aussi. Je lâchais la main de camarade de galère et retournais vers les deux hommes évanouis. Me penchant je fouillais leurs poches et j'en extirpais un trousseau de clés. Celles de certaines cellules. Je les lui lançais tout en lui adressant mon plus espiègle sourire. Quitte à prendre des risques autant que cela en vaille la peine, non ? Moi, j'étais prête à tenter ma chance. Et lui ? De toutes façons, s'il était aussi lucide que moi, Jeremiah devait bien savoir que notre cas était d'ors et déjà réglé. Il était trop tard pour nous. Pas forcément pour les autres... A lui de voir. Attendre sagement ici et endurer le courroux des autres geôliers ou aggraver un peu plus notre cas en tentant l'insensé ? Je savais ne rien risquer, la décision m'était par conséquent facile à prendre. Mais lui... Marrant mais quand je le regardais mes prunelles luisaient d'une étrange aura. Je voulais qu'il décide ! Parce que, de sa décision, découlerait bien des choses. Notamment ce que je penserais de lui. Et, jusque là, je me détestais de l'apprécier autant ce rescapé sauveur !
» Jeremiah G. Archer "
❝ Success. × Forget the burdens of the past ₪ ❞
× Ma Célébrité : Dylan O'Brien × Nombre de messages : 2394 × Age du perso : vingt-et-un × Job : bonne question ! × Côté love : nada, que dalle, le vide. (sauf peut-être une petite lueur, parfois)
(#) Sujet: Re: { Flashback pour Jerem'}Let's roll the Dice of Destiny Buddy ! Jeu 8 Jan - 2:14
LET'S ROLL THE DICE OF DESTINY × ft. PENOPOLINE & JEREMIAH
On s’habituait étrangement à n’importe quoi, même au pire. Voilà longtemps déjà qu’il avait eu accès à un minimum de confort et cette vie qu’il avait vécu auparavant lui semblait bien lointaine et floue. Il n’était pas certain de ce que ça faisait, de s’endormir sous les bruits des voitures et des bruits d’appareils effacés qu’on oubliait si facilement, considérés comme acquis, de choisir la température de son eau d’un simple mouvement de doigt, de se sentir coupable de manger quoi que ce soit. Maintenant, s’il se sentait coupable d’avaler quelque chose, c’était parce qu’il avait l’impression d’avoir pris plus que sa part. Parfois, il se rappelait comment il était persuadé qu’il n’arriverait jamais à survivre sans caféine, à croire qu’il avait bien réussi ses deux dernières années. Pourtant, il respirait toujours de la même façon, les douleurs qu’il ressentait étranglait ses nerfs comme elles l’avaient faits il y a longtemps déjà, son esprit courrait dans tous les sens encore. Il était le même, mais il était différent, sa vision du monde avait changé, lorsqu’il regardait quelque chose, son premier réflexe n’était plus le même, il voyait tout avec un autre œil… et il ne savait pas si c’était pour le meilleur ou pour le pire. Il avait aussi appris beaucoup, à travers ces quelques mois sur cette île aux allures plus sauvages qu’elle ne l’était. Sur lui-même, sur les autres, sur la vie, sur les êtres humains en général. Il avait vu la folie dans les yeux d’autres rescapés et il avait connu le goût de l’injustice lorsque l’on était de l’autre côté. Il avait perdu énormément et il apprenait lentement à accepter que tout n’était pas possible, en vrai. C’était beau de rêver, mais, parfois, il fallait voir la réalité en face. Il apprenait chaque jour, et pas de la façon facile, pas dans les livres, ni dans une lente adaptation. On l’avait poussé dans la mer et on l’avait obligé à apprendre à nager. Tu nages ou tu crèves. Il nageait à tous les jours, se battait pour survivre, mais, parfois, il sentait l’eau pénétrer ses poumons et la panique l’étouffer. Ces jours-là étaient de plus en plus rares, heureusement pour lui.
Aujourd’hui était un apprentissage de plus, à sa façon. Il ne le voyait pas de cet œil-là, lui coincé entre des murs qui suintaient la puanteur d’une inégalité douloureuse. Il était obligé et il devait subir, s’il voulait réussir à se sortir de là. Il avait les épaules solides, mais fragiles, trop pleines déjà pour réussir à supporter un tel poids de plus. C’était tellement, tellement frustrant. Il ignorait combien de temps il pouvait frôler la folie des doigts sans qu’elle ne finisse par les lui mordre. L’inconscience devenait de la haine, plus les minutes ne passaient et qu’il était traité tel un animal désobéissant qu’on n’arrivait pas à comprendre. Il se comptait chanceux de ne pas être effrayé des endroits clos, à ce moment-là, tandis que les murs de la cage lui semblaient étonnamment serrés, le regardant d’un œil moqueur. Le temps était toujours plus long lorsque l’on ne pouvait le compter, et les minutes qui s’apprêtaient à défiler devant lui étaient une torture de plus. Le pire, c’était qu’il n’avait rien pour eux. Il voyait tous ces gens captifs, ceux qu’il connaissait et ceux dont il ignorait même le nom, d’autres des amis, d’autres des ennemis. Il voyait tous ces gens-là et il se demandait pourquoi, mais il savait qu’il n’aurait jamais une véritable réponse. C’était toujours comme ça. Des gens se persuadaient qu’ils avaient une raison, et cette raison-là semblait prendre des allures exponentielles, alors qu’elle perdait tout son sens. Il regardait Laura, à ce moment-là, se désolant de ses blessures, tâchant, en vain, d’empêcher son imagination de voler trop haut sur l’histoire de la blonde. Il ne la connaissait pas, mais peut-être que d’autres la connaissaient. Peut-être qu’il la cherchait, sur l’île, ou sur le continent. Elle n’était qu’une victime de plus et il préférait ignorer la petite voix au creux de sa tête qui lui demandait combien il y en avait en tout. Si ce n’était que de Jeremiah, il se serait caché depuis longtemps déjà la tête dans un trou, ce serait obligé à regarder de l’autre côté et à ignorer qu’ils existaient même, ces gens appelés les originaires. Il était comme ça, le jeune homme, il fermait les yeux quand c’était trop difficile d’y penser. Mais, maintenant, il n’avait plus d’autre choix que de les ouvrir, de voir les dommages, de subir les douleurs qu’il avait tant voulu oublié. Il était confronté à, non seulement sa propre douleur, mais celles d’autres personnes qui lui semblaient particulièrement innocents.
Son regard était bleu, et dénué d’une once de méchanceté. Elle était sans voix dans un monde où tout le monde criait. Pourquoi? Pourquoi elle? Pourquoi lui? Pourquoi eux? Il serrait instinctivement les poings face à ses questions, ses yeux ouverts maintenant le forçant à affronter cette colère face aux injustices qu’on leur faisait subir, au pied d’inégalité dont ces inconnus, ces agresseurs, profitaient. La cage était muette, pendant un instant, tandis qu’il perdait son sourire après sa blague idiote, s’éloignant un peu de la blonde, sans trop, ses instincts le poussant à chercher un peu de chaleur humaine là où il pouvait. Il remarqua qu’elle fouillait dans sa poche et il se méfia pendant un instant. C’était comme ça, maintenant, le moindre geste pouvait devenir dangereux, il fallait se méfier de tous les coins sombres, de tous ceux qui vous souriaient. Jeremiah n’avait jamais eu la confiance facile, et même s’il avait cette envie de la protéger, elle qui avait les yeux d’un animal blessé, la peur qui coulait de chacun de ses mouvements, il était prêt à changer de position si elle se révélait différente de ce qu’elle lui semblait. Elle en sortit un fruit, une papaye qu’il reconnut. Le jeune homme retint un grognement, ne se rappelant même pas la dernière fois qu’il avait mangé, s’attendant à la voir croquer le fruit d’un moment à l’autre, tandis qu’elle le nettoyait comme elle pouvait. Mais Laura le lui tendait, soudainement, le faisant agrandir les yeux. Il ne voyait pas en quoi il méritait le fruit, jugeant que la nourriture devait déjà se faire rare par ici et qu’elle devait avoir tout autant faim que lui. Après un moment, on ne remarquait même plus qu’on avait faim, si ce n’était l’énergie qui diminuait et les muscles plus facilement fatigués. Il fit non de la tête, ajoutant : « Non, garde-le, c’est le tiens… » ce qui, en soit, lui demanda tout de même un sacré effort, car le jeune homme sentait son ventre gronder à l’idée du goût de la papaye dans sa bouche. Il serrait les dents, mais la blonde insistait, pressant le fruit dans sa main et fermant ses doigts autour. Il resta muet, regardant le fruit mûr entre ses doigts et soupirant. La jeune femme écrivait à travers la poussière un simple mot de gratitude et, pour une des rares fois, le brun n’avait simplement pas de mots à répondre. Il garda la papaye entre ses doigts, adressant à la blonde un sourire tout simple, qui, pour la première fois ce jour-là, atteignait probablement ses yeux.
Des bruits se firent entendre, mais, cette fois, plutôt qu’un seul gardien, ils étaient deux et ils n’avaient pas l’air très contents. Cela ne surprit pas Jeremiah, qui s’attendait à un peu plus de représailles de la part des gardes depuis qu’il avait mis les pieds dans une cellule un peu plus privée. Ce n’était pas un traitement de faveurs, et il eut à peine le temps de mettre le fruit dans la grande poche sur le côté de sa jambe, les rescapés aimaient bien ajouter diverses poches à leurs vêtements grâce à ceux qui étaient trop usés, lorsque l’un des deux gardes se jeta sur Laura et l’autre retint son mouvement pour se mettre en les deux. Il lui avait attrapé les bras, les tenant ensemble dans une proximité inconfortable, serrant suffisamment fort pour qu’il sente des fourmis à travers ses poignets et ses mains. Il ne réfléchit pas beaucoup, tandis qu’il se débattait de sa poigne, essayant, en vain, de donner des coups de pieds, de faire quelque chose, bon sang. Il entendait le garde s’énerver derrière lui, le menacer de le frapper et Jeremiah allait rigoler, parce que, franchement, à ce moment-là, son sens de survie était assez débalancé, lorsqu’au même moment, Laura mordit le garde qui la tenait. Cela donna un peu de vigueur au jeune homme, qui profita de la distraction que la blonde provoquait, tandis qu’elle se transformait en véritable furie, pour se départir de la poigne de l’autre garde. Elle frappait, elle mordait et il n’hésita pas à l’imiter, sachant qu’il n’aurait pas si souvent que ça l’occasion de mettre un poing au visage de l’un de ces foutus originaires. Il ne ressentit absolument aucune culpabilité à donner des coups de pieds à un homme à terre, se rappelant tous les trucs horribles qu’il avait vu déjà aujourd’hui, ceux qu’on lui avait fait subir, aussi. Tous ces gens qui souffraient à cause d’eux. Il crevait d’envie de les achever, et c’est tout son self-control qui intervenu, tandis qu’il se rappelait un moment dans sa vie où il s’était astreint de tuer un hostile, où il s’était juré qu’il n’était pas comme ça, que ce n’était pas lui. Il n’était pas comme eux, et ce n’était pas aujourd’hui que ça allait commencer. À bout de souffle, il se tourna vers Laura et remarqua alors la porte de la cellule, grande ouverte. Il ouvrit grand les yeux, regardant la blonde avec un sursaut, avant de se jeter sur l'endroit découvert observant le couloir pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’autres gardes. La liberté, il la sentait à travers tous ses muscles et Jeremiah était prêt à courir pour sa vie, à tenter de libérer tout le monde, ou Rose du moins, et partir de cette île. Il se foutait du danger à ce moment-là, jugeant qu’entre mourir dans une cage ou en tentant de s’échapper de celle-ci, il préférait la deuxième option. « Laura? Tu viens? Faut s’grouiller avant qu’un autre garde débarque. S’il voit ses petits amis comme ça… » Il fit une grimace, préférant ne pas penser à une des quelconques représailles que pouvait avoir ces monstres en réserve.
Mais elle ne bougeait pas. Elle ne semblait pas excitée, pas heureuse. Au contraire, elle semblait bouleversée, effrayée. Elle lui faisait non de la tête et le brun ne comprenait pas. Pourquoi ne voulait-elle pas l’accompagner? Ne voyait-elle pas que c’était la seule solution qui leur restait? Il n’avait pas l’espoir qu’ils les laissent partir un jour d’ici, vivants. Celui-ci pensa qu’elle avait peut-être peur. « Ça sert plus à rien de rester… » essaya-t’il d’expliquer, mais les mots lui manquaient. Elle passa sa main le long de sa pommette, là où la douleur se choquait contre sa joue. Il allait parler à nouveau, prêt à traîner la blonde jusqu’à…. ailleurs que dans ces cages, si c’était nécessaire. Jeremiah était un étrange mélange d’égoïsme et de solidarité, prêt à sacrifier beaucoup, mais aussi à tout faire pour sauver les autres. Il affirmait qu’il savait simplement quand c’était impossible de faire autrement, mais il ne parlait pas de la culpabilité qui le rongeait parfois lorsqu’il se laissait aller à ses élans. À ce moment-là, il n’avait pas envie d’abandonner la blonde, elle qui lui rappelait étrangement ce qu’il avait déjà été. Elle entrelaçait ses doigts aux siens, laissant un soupir de soulagement s’échapper du jeune homme, mais rien n’était jamais beau et des voix se faisaient entendre au bout du couloir. « D’autres gardes. » il murmurait, sachant que ce qu’il disait n’était absolument pas nécessaire, mais bouillant beaucoup trop pour retenir son flot de paroles. Il s’imaginait déjà leur punition, serrant un peu plus la main de la blonde, avant de la lâcher. Il parlait encore. « Peut-être l’autre direction? On peut pas rester ici. » Il s’empêcha d’imaginer des scénarios, observant la blonde se pencher vers l’un des gardes et fouiller dans ses poches. Elle en ressortit un trousseau de clé et le brun hésita. Il savait instinctivement ce qu’elle pensait, tandis qu’elle lui lançait les clés et qu’il les attrapait au vol. Il baissa les yeux vers les objets de métal, eux qui pouvaient être l’occasion parfaite pour non seulement sortir d’ici, mais amener avec lui tous les autres rescapés, tous ceux qui ne méritaient pas d’être là. Ils étaient aussi un risque, risque de pire, risque de représailles, pour lui, mais pour d'autres aussi. D'un autre côté, pouvait-il vraiment faire autrement que de tout donner ce qu'il lui restait, de faire cet effort pour ceux qui étaient de son côté? Il ne les aimait pas à tous les jours, mais ils étaient le plus près de ce qu'il avait d'une famille, maintenant. Le choix semblait clair. Il ria un peu, relevant un regard pleins d’espoir sur Laura qui se tenait face à lui. Il la serra pendant un court instant dans ses bras, mettant ses mains sur ses épaules. « Je remercie le ciel de m’avoir mis dans la même cellule que toi. » qu’il dit, voix basse, sachant que les voix lointaines s’approchaient de plus en plus. Puis, son regard prit un air plus sérieux, tandis qu’il faisait un signe dans la direction de la cage. « Il faut qu’on aille les aider, tant qu’à tout risquer, autant y aller à fond. » Il pensait à certaines personnes en particulier, qu’il savait qu’il aurait donné n’importe quoi pour avoir à nouveau à ses côtés. Jeremiah s’approcha une fois de plus tout près de la porte, avant de se tourner vers la blonde. Il jeta un regard vers les clés. « Okay. Plan de match rapide. On court aussi vite qu’on peut, par là. » Il fit un signe dans la direction contraire des gardes. Il n’avait absolument aucune idée d’où cela menait, mais il espérait que ce n’était pas tout droit dans une sorte de cafétéria d’originaires. « On peut pas passer pour des originaires, alors vaut mieux les éviter. Essayons d’être discrets tant qu’on peut, et dès que tu vois une cage, fait moi signe. Que la force soit avec nous, hein? » Il lui fit un mince sourire, avec un clin d’œil, jugeant que si ça avait à être ses derniers mots sur cette Terre, autant que ce soit une référence comme il les aimait bien. Une grande nervosité courrait dans ses muscles, un mélange d’adrénaline et de peur qui s’emmêlait et lui donnait l’impression qu’il pouvait peut-être réussir, avec l'aide d'un miracle… Les gardes semblaient être de plus en plus près, ils n’avaient plus beaucoup de temps. Jeremiah se tourna vers Laura, lui fit un signe de la tête et partit aussitôt à courir. Ses pieds frappaient la terre battue, son souffle prit un instant à s’habituer, tandis que son cœur s’emballait sous ses mouvements et qu’un mince vent lui frappait le visage. Il essaya d'avancer le plus discrètement possible, étant pieds nus, ses pas semblaient se faire presque sous silence. Il tourna dès qu’il le put dans un couloir où personne ne faisait signe de vie, continua à courir puis tourna une fois de plus, et une fois de plus, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus dire lui-même dans quelle direction il allait. Il s’arrêta, s’aplatissant cette fois près d’un espace dans le mur, regardant à côté de lui pour voir la blonde. « D’accord, j’ai absolument aucune idée de comment sortir d’ici. T'as envie d'essayer de nous sortir de ce labyrinthe? » Son regard parcourait les alentours, se demandant comment ils allaient faire pour s’échapper d’un endroit qui grouillaient probablement de gens qui voulaient leurs peaux. Une chose était certaine, si c'était lui qui continuait à les guider, ils finiraient probablement par crever de faim coincé dans ces cachots. Combien de temps encore avant qu’on ne réalise qu’ils s’étaient échappés ? C’était déjà un miracle qu’ils n’aient rencontrés personne.
(#) Sujet: Re: { Flashback pour Jerem'}Let's roll the Dice of Destiny Buddy ! Dim 11 Jan - 15:40
Let's roll the dice of Destiny buddy !
Lorsque mon père avait présenté son idée au Conseil, ils avaient du être plus d'un à se moquer, à se gausser de ce qui leur semblait alors insensé. Faire d'une parfaite petite pimbêche, d'une petite écervelée aguicheuse comme moi une espionne ? Quelle mauvaise plaisanterie ! Mais l'idée avait fait son chemin et quels que furent les arguments avancés par mon père ceux-ci avaient fini par faire mouche. Et mon sort, presque mon destin tout entier s'en était retrouvé irrémédiablement scellé. Je voulais encore croire que c'était là la chance de toute une vie. De ma vie. Que je pouvais enfin faire honneur à mon nom et à mon père en me montrant à la hauteur, non pas seulement de ses espérances, mais de celles de toute une communauté. Celle qui m'avait vue naître et offert ce confort qui me manquait souvent énormément quand je me retrouvais plongée dans les affres du quotidien des rescapés. Ce n'est que lorsque l'on est privé des choses que l'on pensent acquises que l'on en réalise la saveur tout autant que la valeur. Le plaisir d'une bonne douche chaude qui délasse et dénoue les tensions d'un corps usé par les travaux manuels et physiques. La joie de pouvoir repousser une assiette encore pleine quand l'estomac est repu. Le confort d'une vraie couche moelleuse dans laquelle on se pelotonne pour glisser vers les plus doux des songes. J'avais eu tout ça et y avait sciemment renoncé pour m'en aller suer, grelotter et faire une diète bien involontaire sur ce camps qui, bon gré mal gré et envers et contre toutes les tempêtes, s'efforçait de survivre. Survivre... Le mot, aussi terrifiant puisse-t-il maintenant me sembler, n'en était que mieux choisi. Avant je vivais. Maintenant j'apprenais à survivre.
Et qu'en était-il vraiment de cet autre, de cet être humain avec lequel je me retrouvais coincée et contrainte de jouer la plus perverse et sadique des comédies ? Il me semblait jeune mais, déjà, ses attitudes et même ses traits portaient le poids des épreuves et de ce temps qui, pour lui et ses petits compagnons, ne contentait pas de s'écouler mais s'étirait douloureusement en longueur. Il s'était montré brave, pour ne pas dire bravache, alors que je laissais mon ami d'enfance devenu geôlier me frapper pour plus de crédibilité. Il avait usé de ses mots pour s'interposer et me protéger, moi qu'il ne connaissait pas même. Il avait fait preuve d'humanité... Et je dois bien admettre que cela me laissa quelques secondes perplexe. Son courage qui confinait à l'inconscience suicidaire était-il une preuve d'humanité ou de profonde bêtise ? Son camps et le mien nous livrions la pire des guerres ! De celles qui ne se déclarent qu'à de très rares occasions, préférant délaisser les affrontements trop directs et trop meurtriers pour jouer la carte de la sournoiserie et de la perfidie. Voulions-nous réellement éradiquer les rescapés ? J'en doutais fortement. Etouffer dans l'oeuf leurs velléités de rébellion, oui. Leur infliger cette leçon qui demeurerait gravée à leur esprit et à leur chairs pour que plus jamais ils n'osent se dresser contre nous, aussi. Mais quel intérêt aurions-nous à vouloir tuer ceux que nous observions, étudions et tellement plus encore. Ils étaient d'adorables petits rats dont nous ne cessions de nous jouer. Et lorsque je tendis ce fruit si commun à Jeremiah ce n'était jamais qu'une manipulation de plus de la part de l'Originaire que j'étais et demeurais... quels que puissent parfois être mes doutes ! J'étais une Originaire et j'en étais encore fière ! Et quoique cela me coûte, je ne verrais jamais ce garçon que comme le cobaye que le destin, malchanceux il faut bien l'admettre, avait fait de lui.
Mais j'avais tremblé intérieurement devant ces réactions qui furent alors siennes et qui me firent douter un moment du bien fondé de mon geste. Il semblait hésiter, refuser même. Et ce regard plus aiguisé et vigilent, ce corps en alerte déjà prêt à me bondir dessus si jamais j'avais voulu sortir une arme plutôt que des vivres... Oui, j'avais failli commettre une erreur. J'avais oublié que Penopoline la privilégiée qui se contrefiche d'une papaye n'était plus. Que seule Laura la rescapée captive, traumatisée et affamée elle aussi existait. Les prisonniers crevaient de faim ou presque, les miens semblant prendre un plaisir pervers à faire gronder leurs estomacs comme pour mieux en apprécier et en notifier les conséquences. C'est vrai que c'était assez étonnant, pour ne pas dire distrayant, de voir ce qu'un être épuisé et affamé peut devenir. Certains renonçaient bien vite et ne méritaient dès lors que le plus parfait des mépris à mes yeux. D'autres versaient dans le refus et tentaient de tenir bon coûte que coûte. Plus intéressant déjà. Mais pas encore suffisant ! Et puis il y avait ces quelques autres, bien plus rares, qui comme Jeremiah se démarquaient et devenaient alors des petits trésors. Ou des rats de compétition, au choix. Lui m'interpellait par sa farouche volonté à continuer à se battre. Je n'étais pas certaine qu'il le fasse pour lui cependant. Comme si mon apparence frêle et blessée, ma condition de muette – et n'oublions pas mon si parfait talent de comédienne ! - avaient fini par lui donner une force qu'il n'aurait peut-être pas eu autrement. On se bat toujours mieux quand on le fait pour autrui, non ? Et sauver la pauvre petite jeune femme en détresse l'aiderait peut-être à préserver son âme des affres d'une folie que je savais menacer tous nos involontaires invités ? L'idée me plaisait en effet. Beaucoup même. Pourquoi ? Mais parce qu'il me serait d'autant plus facile de le manipuler et d'obtenir très précisément de lui ce que je voudrais. « Voudrais » en effet et non « Voulais » car, non, je n'avais pas encore décidé de la manière dont je le croquerais le monsieur !
D'ailleurs je ne prévoyais rien, me contentant d'improviser au fur et à mesure que les événements se présentaient à nous. J'adorais cette sensation d'être comme projetée dans une aventure ubuesque et singulière dont je m'amuserais, encore et encore, à détricoter pour mieux les reprendre à ma façon, les mailles. J'étais actrice et auteur. J'étais fausse victime mais véritable bourreau. J'étais une garce manipulatrice, menteuse et veule. Et, Dieu auquel je ne crois pas même, que j'aimais cela ! Alors, oui, je ne me privais pas de lâcher mon ire et mes coups sur ces êtres avec qui, il y avait encore peu, je riais amicalement. Hier nous étions amis, demain nous le redeviendrons sans le moindre doute. Mais, aujourd'hui ici et maintenant, eux et moi étions devenus des ennemis. Et puisqu'il n'avait pas retenu sa main je ne retenais pas non plus mes coups faisant preuve d'une fureur qui ne rendait que plus crédible encore ma couverture ! La surprise avait d'abord frappé mon adversaire, stupéfait par cette attaque à laquelle il ne s'attendait certes pas ! Mais sans doutes aussi par cette violence dont j'osais enfin me révéler capable. Jamais je n'avais été violente auparavant. Virulente, peste et infernale, oui mais jamais je n'avais levé ne serait-ce que le petit doigt sur qui que ce soit. Etait-ce en moi ou alors était-ce mon infiltration qui avait fait naître en moi cela ? Franchement qui s'en souciait ? Pas moi ! J'étais échevelée et à bout de souffle alors que je voyais du coin de l'oeil mon compagnon de cellule se charger du second homme. Et, en cet instant précis où se formait entre nous la plus hypocrite des alliances, je comprenais presque la rage de Jeremiah. Pire, je la partageais. Penopoline où es-tu donc passée ? Quelle que soit la réponse je n'aurais qu'un commentaire à faire : reste-z-y !
Les miens pensaient que tous les rescapés n'étaient que des lâches, des pleutres ou même des animaux qui ne réagissaient que mus par le plus primaire des instincts de survie. Peut-être mais cela était de notre faute ! Nous les avions acculés à cela ! Nous nous étions réjouis de leur malheur, en avions tiré jouissance et partie ! Et puis sans nos petits cobayes sur deux pattes que serions-nous ? Nous étions des savants fous, des déments qui nous prenions presque pour des dieux et nous ne reculions devant rien pour faire de nos existences des paradis … et tant pis si cela devait signifier faire de celle de tous les autre un enfer permanent ! On nous méprisait, nous maudissait encore plus peut-être que l'on nous craignait. Nous l'avions cherché et, un jour sûrement, nous aurions à répondre de nos crimes. Car nous ne devrions pas oublier ainsi et aussi vite que même le créateur de Frankenstein avait fini détruit par sa propre créature ! Et que les bêtes sauvages que nous étions en train de faire des rescapés un jour seraient celles qui nous déchiquetteraient ! Et alors il me faudrait choisir mon camps. Mon père et tous ces si chers amis du Conseil avaient-ils seulement songé à cette hypothèse, à ce dilemme qu'il m'avait offert en même temps que mon ordre de mission ? Nul ne peut demeurer insensible, nul ne peut rester le même après pareille aventure. Et je ne serai certainement pas l'exception à cette règle que je confirmerais plutôt. A force de naviguer, de louvoyer entre deux mondes je me perdais. Ce matin je m'étais levée Originaire, là j'étais une rescapée qui ne renoncerait pas et lutterait et ce soir... Les traits d'un visage qui apparaissent, s'esquissent en mon esprit et me murmurent la seule réalité qui comptait, la seule à laquelle je puisse me rattacher vraiment. Celle que personne, hormis Noëlynn peut-être, ne soupçonnait encore. Celle à laquelle je n'étais pas encore prête à totalement céder. Pas encore, non...
Jeremiah me ramena à la réalité alors qu'il avait voulu me pousser à le suivre pour mieux tenter de fuir. Mes yeux qui s'étaient faits mers insondables alors que je le regardais fixement. Fuir ? Et comment ? Et plus encore où ? Sortir par la grande porte était suicidaire ! Et quand bien même il y avait d'autres issues je savais qu'il en ignorait même l'existence. Quelques secondes seulement qui me sont accordées pour prendre cette décision qui allait chambouler, pour un instant seulement, la donne. Illusion que j'étais sur le point de créer et qui ferait croire aux rescapés qu'ils remporteraient une victoire alors même que je donnerais aux miens un point d'avance sur la guerre qui ne pourrait être que totale. Oui, j'allais les aider à fuir. Autant que faire se pourrait. Les geôles en souffriraient, Nemo me maudirait sans doutes un bon moment et j'aurais à en répondre devant mes pairs et mes aînés mais j'allais le faire ! Parce que je ne cédais du terrain que pour en gagner plus encore ! Qui irait ensuite soupçonner une muette qui s'était montrée si courageuse et téméraire au point de mettre sa vie en danger pour aider d'autres rescapés ? Personne ! Et c'est bien ce que je voulais ! Lorsque les gardes furent dans notre ligne de mire je grimaçais et tirais sur la main de mon complice pour mieux le presser de se réfugier dans cette semi-pénombre qui nous épargnait encore. Et puis... Ce fut la fuite en avant. Cette course feutrée où m'entraîna Jeremiah et qui nous perdit un peu plus dans ce dédale sombre dont nous ne trouverions jamais la sortie si je ne me décidais pas à le guider. Mais je voulais que cela vienne de lui. Celui auquel j'offris mon sourire timide et hésitant alors qu'il remerciait le ciel de m'avoir mise sur sa route. Et moi c'était l'enfer que je remerciais pour cette opportunité malsaine et perverse ! Le petit raton mignon à mes côtés était rusé et plutôt rapide mais la configuration des lieux lui était inconnue et chacune de ses tentatives ne faisait jamais que nous éloigner un peu plus de la sortie pour nous plonger au cœur de cet enfer. Je n'avais rien fait pour tenter de l'aiguiller. Je voulais qu'il voit cette peur panique se peindre sur mon visage blafard, qu'il voit mes lèvres trembler de rage et de terreur. Et, surtout, je voulais qu'il demande mon aide. Que cela vienne de lui Et lorsqu'il le fit il me fallut fournir de gigantesques efforts sur moi-même pour ne pas laisser transparaître une once de la satisfaction qui était alors mienne.
Sans un mot évidemment mais dans un sourire un peu plus déterminé et dans un mouvement de tête affirmatif j'acceptais une mission qui serait bien plus facile qu'il ne pouvait seulement le savoir. Si je l'avais voulu alors je nous aurais fait sortir en moins de cinq minutes mais quitte à jouer les guides, et toujours afin de mieux préserver mon rôle de petite rescapée, je voulais lui montrer, le laisser découvrir par lui-même à quel point les miens pouvaient être plus cruels encore que ce que son camps à lui ne pouvait imaginer. Histoire de renforcer leur crainte des Originaires ? Oui. Histoire d'attiser encore un peu plus la haine ? Aussi et surtout. Même si, sur ce point, je doutais sincèrement des intérêts que je défendais vraiment. Ceux de l'Hydre ou... Pas le temps et surtout pas envie de me poser cette question. Plus tard. Voir jamais en fait. Pendant quelques minutes je fis mine de nous perdre plus encore, usant du trousseau de clés si aisément déniché pour mieux ouvrir des portes donnant sur des geôles vides ou des placards, attisant sans doutes ainsi la frustration de celui que je finis par mener jusqu'à cette énième porte. Derrière nous trouverions sans nuls doutes à manger, ça je le savais. Et si je ne me trompais pas, et connaissant assez les miens pour être sûre de mon coup, nous devrions aussi trouvé un rescapé... Et en piteux état ! Voir peur-être même pire ! Mes doigts qui s'étaient volontairement faits maladroits alors que j'enclenchais une clé dans la serrure. Pas la bonne... oups ! Une seconde d'un geste plus fébrile encore... Oh quelle surprise cela fonctionnait ! Sans un mot, le regard de nouveau pareil à celui d'une biche effrayée je poussais très lentement la porte et laissait apparaître une scène ubuesque. Des plats de nourriture qui feraient saliver même l'être déjà repu et, ligotées sur une chaise, une silhouette famélique et déjà bien raide. Il s'agissait d'une femme. Sa tête était baissée et ses traits masqués par ses longs cheveux sales et comme poisseux. Sur ses bras et ses jambes des marques de coups et des plaies pas même cicatrisées. Du sang séché qui les maculait et baignait le sol. Sans même faire mine de réfléchir je me précipitais vers elle et m'agenouillais à ses côtés. D'un geste doux je caressais son visage, déjà froid, pour en repousser les mèches folles et voir ses paupières déjà closes. Ma main qui se fait plus fiévreuse encore alors que je feins de paniquer alors que je cherche ce pouls que je sais ne pas pouvoir trouver. Ma tête qui s'abaisse alors que je relâche son poignet et me relève, tremblante. Puis je regarde Jeremiah les yeux embués et je secoue la tête. Elle est morte. Ils l'ont tuée. Paix à son âme tiens...
Et maintenant, elle en était où la colère du rescapé ? Des pas dans le couloir...
2828 mots
» Jeremiah G. Archer "
❝ Success. × Forget the burdens of the past ₪ ❞
× Ma Célébrité : Dylan O'Brien × Nombre de messages : 2394 × Age du perso : vingt-et-un × Job : bonne question ! × Côté love : nada, que dalle, le vide. (sauf peut-être une petite lueur, parfois)
(#) Sujet: Re: { Flashback pour Jerem'}Let's roll the Dice of Destiny Buddy ! Sam 17 Jan - 0:37
LET'S ROLL THE DICE OF DESTINY × ft. PENOPOLINE & JEREMIAH
Peut-être. C’était un mot remplis d’espoir. Peut-être qu’on nous trouvera, peut-être qu’on rentrera, peut-être que tout ira mieux. C’était étrange, comment il changeait de sens entre différentes mains, pouvant porter les pires cauchemars, comme les plus beaux rêves. Peut-être qu’on crèvera tous ici, peut-être qu’on s’entretuera, peut-être que ça sert plus à rien d’essayer. C’était terrifiant, de le voir changer de face aussi facilement, un peu comme eux, en fait. C’était si facile, de dire à quelqu’un qu’on était si, qu’on s’appelait comme ça, qu’on aimait ça et ça et ça et, quelques minutes plus tard, regarder quelqu’un d’autre droit dans les yeux et lui dire tout le contraire. Le mensonge était un jeu dangereux, certains disaient que la vérité refaisait toujours surface… Mais c’était souvent trop tard. Jeremiah, il avait menti souvent, de la plus niaise des façons. Se forçant à dire que tout allait bien, quand rien n’allait, simplement pour ne pas voir les gens fourrer leurs mains là où elles n’avaient pas lieu d’être. Pour effacer les rides d’inquiétudes qui se logeaient si facilement entre leurs yeux, de ceux qu’il n’arrivait pas à tenir loin de lui. Simplement pour ne pas se faire prendre la main dans le sac une fois de plus, à faire une énième connerie au malheur de son impulsivité. Ça avait été difficile de littéralement sortir de l’adolescence dans un endroit sauvage, d’affronter ses propres prises de conscience, de grandir trop vite et d’être propulsé dans un monde qu’il n’aurait jamais cru affronter. Il avait adoré lire toutes ses histoires dans ses livres, mais le vivre était une autre histoire. Il ne s’y était jamais fait, mais il faisait comme si, parce que peut-être que s’il faisait comme si suffisamment, un jour ce ne serait plus un mensonge. Il ne faisait pas confiance à beaucoup de gens, et peut-être était-ce parce qu’il était la preuve même que c’était tellement facile de porter un masque. L’humanité n’avait plus beaucoup de sens dans sa tête. Elle s’était transformée en quelque chose d’horrible et il ignorait s’il préférait la société hypocrite dans laquelle il avait vécu si longtemps ou celle trop crue, trop sauvage, trop franche et, en même temps, si fausse. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il ressentait encore le besoin de se prouver à lui-même qu’il était… humain, quelqu’un de bien, quelqu’un avec des valeurs. De se prouver qu’il n’était pas comme eux et qu’il pouvait faire mieux. C’était probablement idiot, et ça ne durerait peut-être pas longtemps, parce qu’il n’était pas mieux que personne, mais il essayait tellement fort. Il repoussait le fruit, il cherchait des manières de s’en sortir, il n’abandonnait pas à cette voix qui lui criait que tout était foutu.
Le pire ennemi du jeune homme, c’était probablement cette voix-là. Cette voix qui, au moment où il avait attrapé les clés que lui avait lancé Laura, s’était écriée qu’il faisait la pire connerie du monde. Pourquoi ne pouvait-il pas rester tranquille, dans son coin, plutôt que de risquer sa vie pour des gens qui n’hésiteraient pas à le noyer pour flotter sur son cadavre? T’es tellement bête. Et il l’était, et il le savait, mais il l’ignora, la voix, sa propre voix, parce qu’à quoi bon exister, si c’était pour regretter? C’était tout ce qu’il faisait, regretter, jour, après jour, après jour. Regretter ça, regretter si. La culpabilité était un monstre en soi, se nourrissant des choses les plus idiotes, de ce qui n’avait même pas eu lieu pour grandir, grossir, envahir. Qu’il fasse l’action la plus juste, la plus réfléchie, la plus intelligente ou la plus bête, il finissait toujours par trouver un truc qu’il n’avait pas fait correctement, quelque chose qui le faisait regretter une fois de plus… À quoi bon essayer d’être parfait quand rien ne l’était? À ce moment-là, c’était par peur des regrets, par envie d’aider, par besoin de sortir de là, sortir de cette cage, même si les chances n’étaient pas en sa faveur. Il ferait tout ce qu’il avait en son pouvoir, aussi idiot cela pouvait-il être de croire qu’il avait un quelconque pouvoir sur sa destinée. Il essaierait, au moins. Il ne pourrait pas dire qu’il n’avait jamais essayé.
Tandis qu’il courrait dans les dédalles obscurs et inconnus qui, plus il avançait, plus lui semblait être un labyrinthe, il pensait. Ses muscles agonisaient sous l’effort, mais la douleur était un facteur commun dans la jungle et la douleur semblait s’atténuer sous chaque pas, comme si elle s’anesthésiait elle-même. Son esprit, lui, ne semblait jamais anesthésié. Il courrait dans tous les sens, en même temps que lui, réfléchissant à comment, pourquoi. Pourquoi tu fais ça, bon sang? Mais les pas de Laura résonnait près de lui, puis le cri, le cri résonnait depuis le début dans ses oreilles, ses mains en tremblaient encore inconsciemment, son cœur battait un peu plus vite à chaque pensée qui daignait s’approcher malencontreusement des cages extérieurs, de la peur. C’était plus facile de se focaliser sur le présent, mais le présent l’amenait invariablement vers le et si. Et s’il crevait, aujourd’hui, sur cette seconde île, aux mains de bourreaux qu’il pouvait trouver à chaque coin ? Il pensait à tout ce qu’il n’avait pas fait, et aux grands yeux verts et cheveux roux à qui il n’avait pas dit qu’il était désolé, et comment ses parents l’attendaient peut-être encore, peut-être bien que… Il n’avait jamais été optimiste, mais, parfois, l’idée de voir le grand tunnel avec la lumière au bout rappel à la surface les espoirs qu’on ne s’autorisait jamais vraiment. Il pensait, il pensait, il pensait et il était tellement effrayé, effrayé de voir des yeux inconnus à chaque fois qu’il décidait de tourner, terrifié d’entendre des voix, de se retrouver au mauvais endroit, de ne jamais retrouver la lumière du soleil qui lui manquait déjà, alors qu’il n’était probablement dans ses cachots que depuis une heure ou deux. Il s’arrêtait, parce qu’il fallait qu’il s’avoue qu’il n’avait pas la science infuse, ni même une quelconque idée pour les sortir de là et que ce n’était certainement pas sa chance légendaire qui les aiderait à cet instant.
Son regard ambre s’inquiétait de la peur de celle sur qui il mettait inconsciemment beaucoup d’espoir. Parce que peut-être qu’elle était là depuis suffisamment longtemps, peut-être qu’elle connaissait un chemin… Il se sentait mal de lui souhaiter tant de malheurs, mais, en même temps, ne savait plus quoi souhaiter de plus. Elle hochait la tête, lui offrait un sourire déterminé, et il n’hésita pas une seconde de plus pour suivre la blonde, qu’il considérait un peu comme une compagne de captivité, à cet instant. Il regarda nerveusement derrière lui, s’assurant que personne ne les suivait, tandis que ses pas s’accordaient à celle qui prenait la direction de leur escapade dans les cachots. Visiblement, elle ne savait pas vraiment plus où elle allait, mais ne pas avoir à trop réfléchir sur la direction où ils se dirigeaient faisait du bien au brun. Malgré tout, chaque fois que la porte d’une geôle s’ouvrait sur rien du tout, sur des armoires, sur du vide rempli d’une lourdeur humide, il sentait son cœur se serrer un peu plus à l’idée que le temps passait et qu’ils s’enfonçaient de plus en plus dans les confins de leurs ennemis. Ça en devenait presque frustrant, de toujours sentir ses mains glisser sur l’air, cherchant à attraper quelque chose qui n’était jamais là. La frustration montait, avec chaque rien, chaque espoir que peut-être ils ne seraient plus seuls s’affaissant lamentablement. Lorsqu’ils arrivèrent devant une énième porte, Jeremiah n’espérait plus vraiment. Il regardait Laura jouer avec les clés, essayant la mauvaise, avant de finalement trouver la bonne, et il se demanda pourquoi ils continuaient d’essayer, si c’était pour toujours se ralentir pour rien. La porte s’ouvrit, tandis que les grands yeux bleus de sa compagne lui lançaient un regard inquiet. Il prit une grande inspiration, se permettant d’essayer une fois de plus, d’oser un peut-être…
L’odeur l’arrêta sur le pas de la porte. Il en tremblait presque. C’était étrange, difficile à expliquer. La nourriture lui manquait si souvent qu’il avait appris à apprécier le plus ruresque des aliments, habitué de se nourrir de fruits, de noix et de légumes, lui qui n’avait jamais eu la précision pour chasser et qui n’avait accès qu’à une très mince partie des chasses du jour. Jeremiah ne pouvait pas dire depuis exactement combien de temps il était dans les cachots, mais c’était suffisant pour que même cette mince faim à laquelle il était habitué, l’estomac vide semblant toujours étrangement plus lourd que celui rempli, celle qu’on l’avait forcé à vivre était bien pire. C’était pas juste avoir faim, c’était sentir son propre corps se bouffer lui-même dans l’espoir que ça aille mieux. C’était de savoir que chaque mouvement serait plus difficile, de se sentir tellement fatigué, de toujours avoir envie de dormir. C’était une torture en soi, et de sentir toutes cette nourriture, il en eut presque un haut le cœur, tellement son corps n’en pouvait plus d’avoir faim, désespérait d’un peu d’énergie. Ça sentait tellement bon, il n’avait pas senti de telles odeurs en presque deux ans sur l’île. Il s’approcha instinctivement de la table, avant de voir Laura qui se jetait sur quelque chose d’autre, quelque chose qu’il n’avait pas encore remarqué. Il se tourna, s’arracha de la vision idyllique et l’odeur lui sembla rapidement lointaine, tandis que son regard se posait sur une femme, ou plutôt son corps. Il l’oublia, toute la bouffe, tandis que ses pensées se bousculaient, que son corps s’immobilisait. Son regard essayait de comprendre ce qu’il voyait, mais il n’y arrivait pas vraiment. Il voyait la blonde, la voyait s’accroupir près de la femme, prendre son pouls, la regarder avec cette vérité dans le regard qu’il n’aurait pas cru contraire. Comment pouvait-on être si cruel? Comment… Comment était-ce possible, de faire subir de telles choses à quelqu’un de la même espèce que nous? Étaient-ils si différents? Les marques tâchaient son corps, le dénaturaient, tandis que le sang la couvrait, que la peau étaient si étirée sur ses os qu’on y voyait chaque relief. Jeremiah n’avait pas besoin de se poser la question pour savoir qu’elle devait avoir été une rescapé, qu’elle devait avoir été si longtemps entre leurs mains qu’elle en avait perdu la raison, qu’ils l’avaient laissé crever de faim devant un buffet de tout ce qu’elle ne pourrait jamais atteindre. Il avait envie de fermer les yeux et d’oublier, d’oublier la douleur qu’il ressentait juste à l’idée de toute la souffrance qu’elle avait dû ressentir. Il s’approcha du corps, s’approcha de celle qui n’avait pas mérité de telles tortures et il serra les poings. Il passa une main tremblante sur son bras, sentant comment elle était raide, cassable, froide. Il soupire. « Elle mérite pas de pourrir ici. » Mais ils n’auraient jamais la force de l’amener jusqu’à l’île, de la sauver de là. Il ferma les yeux douloureusement, s’autorisant quelques secondes de silence, tellement conscient que du bruit se faisait entendre, que des pas s’approchaient. Il se releva, éloigna sa main, se recula. Il aurait tellement, tellement aimé savoir comment elle s’appelait, juste pour lui rendre un peu hommage, pour parler d’elle aux autres, pour pas qu’en plus d’être morte ici, on l’ait oublié à jamais. Jeremiah ne pouvait qu’espérer que quelqu’un pense encore à elle, à New York, à Tokyo, à quelque part. Il revint au présent, se rappela comment il n’avait vraiment pas envie de crever comme elle et trouva du regard Laura qui ne se tenait pas très loin de lui. Les pas, ils résonnaient dans le couloir, se faisait entendre de là où ils étaient. Jeremiah savait qu’il était trop tard pour fermer la porte et faire comme si ils n’étaient pas là, ils étaient un peu foutus, alors il jeta un regard nerveux autour de la salle, sur le corps, sur la bouffe en quantité industrielle, puis il retourna sur la blonde. Il s’approcha d’elle rapidement, son oreille concentré sur les pas, sur la distance qui se raccourcissait. « Et si on faisait le mort, nous aussi? » Il pointa du menton celle qui avait la tête baissée, puis ne réfléchit plus vraiment, avant d’attraper une chaise, de la positionner près de celle du cadavre et de s’asseoir dessus. Il remarqua des chaînes qui traînaient près de la table, en attrapant une, en tendit une autre à Laura, et imita vaguement l’idée d’être attaché sur la chaise. De toute façon, ils n’avaient plus de temps. Il attrapa sa propre main derrière son dos, baissa la tête, ferma les yeux, se prépara à retenir son souffle, à faire littéralement le mort.
Il priait, aussi idiot que cela pouvait-il être pour lui qui ne croyait en rien, il suppliait toutes les forces possibles que celui dont les pas pénétraient la salle ne les connaissaient pas, ne savait pas qu’il était censé n’y avoir qu’un corps, ne savait rien des deux captifs qui s’enfuyaient. Lorsque les pas entrèrent dans la salle, il retint son souffle, et se prépara au pire.
(#) Sujet: Re: { Flashback pour Jerem'}Let's roll the Dice of Destiny Buddy ! Dim 18 Jan - 22:06
Let's roll the dice of Destiny buddy !
L'Humanité... Ce mot si joli qui m'avait presque faite ronronner lorsque, encore toute petite, j'en avais déchiffré la définition entre les pages de l'un de ces vieux dictionnaires écornés et aux feuillets jaunis par le temps que mon influent père aimait tant à me voir dévorer. L'instruction était une vertu que je me devais de faire un art et, bien évidemment, une arme. Je me souvenais encore de mes yeux qui s'étaient plissés et de cette incompréhension parfaite qui y luisait alors... Pauvre et si enviable petite princesse bien trop choyée qui apprenait sagement ses leçons sans réaliser que le jour viendrait vite, si vite, où il lui faudrait les mettre en application ! Si j'avais su... si j'avais su tout ce que ces mots alors si beaux pouvaient avoir de détestable et de traître ! « Humanité »... Ce mot ne cessait de tournoyer en mon esprit alors que je me tenais ainsi et agenouillée devant cette femme dont je serrais la main avec une sincérité que je n'eus pas à feindre cette-fois. Je sentais la froideur de ces doigts que je me refusais pourtant encore à lâcher comme si cela avait été sonner le glas de nombre de mes illusions. Comme si, une fois nos mains désunies et cette inconnue retombée dans l'anonymat et la mort, je mourrais moi aussi. Et ce fut d'ailleurs le cas. La mort, je n'y avais jamais été confrontée. Ou du moins jamais aussi directement et je ne cherchais pas même à réprimer ce frisson qui parcourut mon échine avant que de secouer l'ensemble de mon corps. Cette femme était morte et je ne pouvais qu'imaginer l'atrocité de son agonie. Battue, humiliée et son esprit, son âme déchiquetés alors même que ses bourreaux brisaient méticuleusement chacun de ses os. Elle était un être humain mais ils l'avaient traitée avec moins de compassion qu'ils n'en avaient pour leur bétail ou ces animaux dont ils se repaissaient le soir ! Elle n'avait jamais été qu'une poupée de porcelaine entre leurs mains cruelles et perverses et je savais, devinais quel avait du être leur plaisir de la voir lutter jusqu'à finalement renoncer et, lentement, se laisser glisser dans cette mort qui, seule, aura pu lui apporter la paix. Ces hommes étaient des monstres ! Ces hommes étaient... mon peuple. Ma famille... Mes amis... Et, tous moi comprise, nous étions coupables. Si seulement cela avait eu un sens ! Mais aussi fort puissé-je encore tenter de me convaincre je savais que cela n'en avait aucun, que rien ne pouvait justifier ni encore moins excuser pareille barbarie ! Les miens étaient des monstres cachés sous des oripeaux humains. Et, moi, j'empruntais le chemin bordé de ronces venimeuses qui ferait un jour un parfait petit clone. Etait-ce ce que je voulais vraiment ? Non. Avais-je seulement le choix ? Mes paupières qui se fermèrent alors que je consentais enfin à lâcher la main de la défunte et à accepter mon sort plus encore que le sien. Et les traits de ce visage qui s'esquissaient en mon esprit. Il était mon seul espoir, bien que je ne sache pas même me l'expliquer. Et je me raccrochais, en ce moment plus que jamais, à ce songe qui serait mon salut ou ferait résonner le glas de mon existence.
Elle était morte et, pour être honnête, je ne pouvais que partager la colère et la révolte de celui qui m'avait rejointe et avait voulu toucher, lui aussi, ces chairs devenues si froides lorsque la mort les avait curieusement délivrées de leur enfer. Lui qui était un survivant au même titre qu'un rescapé... Lui qui avait survécu à l'accident pour mieux se condamner à une éternité de tourments... Lui qui avait vaincu la Faucheuse sur son propre terrain... J'aurais cru qu'il serait blasé, presque indifférent à cette mort qui ne les avait jamais que trop menacés ses compagnons et lui pour qu'il puisse encore la craindre. Pourtant, et une fois de plus, Jeremiah me surprit. De par cette manière qu'il avait eue de la toucher, de lui rendre un ultime hommage à elle qui avait été humaine et que les miens avaient transformée en une poupée qui, bientôt, serait rongée par les vers. De par cette phrase qu'il laissa échapper et qui me fit lever vers lui le plus sincère et stupéfait des regards. Il ne voulait pas la laisser ici, perdue entre ces quatre murs où nul ne la retrouverait jamais ! Et quand bien même il ne le dit pas je sus qu'il aurait aimé pouvoir la ramener auprès de ceux que le destin avait désignés pour devenir sa famille de galère. La ramener sur cette autre île où ils auraient pu la pleurer, ensemble, lui offrir une sépulture décente et tenter de saluer cette vie sacrifiée sur l'autel de ces « fous d'originaires » comme ils aimaient à nous nommer. Quand ils ne nous qualifiaient pas de monstres... Comment leur donner tort après ce que je venais de voir et voyais encore ? Ma main était venue doucement chercher celle de mon compagnon d'infortune et je l'avais serrée avec douceur et chaleur. Je ne pouvais pas parler, et cela m'arrangeait plus que jamais, mais je souhaitais sincèrement qu'il ressente mon empathie pour lui. Et, en ce moment, j'étais vraiment sincère. La douleur et la colère peintes sur son visage, la tension dans le corps du jeune homme... Tout m'amenait à le plaindre et, plus agaçant et problématique aux vues de ma situation, à lui venir en aide. Je savais que si jamais Jeremiah et moi étions découverts alors les chances de le voir finir comme cette inconnue étaient plus que grandes ! Et, non, je ne le voulais pas ! Le temps viendrait bien assez vite où j'aurais à me questionner sur cette décision pour le moins surprenante et dangereuse. Mais pas maintenant. Et pas ici.
Déjà l'urgence repointait le bout de son nez et nous blêmirent presque de concert alors que résonnaient non loin de nous les pas de ceux qui, à l'évidence, se dirigeaient vers nous. Et, là encore,la présence d'esprit du seul réel captif des lieux me sidéra... de la plus agréables des manières et je me sentis pour le moins frustrée de ne pouvoir m'esclaffer comme je l'aurais voulu devant son idée aussi ingénieuse que désespérée ! Faire les morts, nous aussi ? Si jamais nous ne jouions pas notre rôle de la plus convaincante des manières alors nous ne tarderions pas à l'être vraiment, morts ! Du moins... lui ! Et, moi, je pourrais reprendre encore un peu ma véritable, et tellement plus confortable, identité ! Glisser mon corps sous une bonne douche chaude, le draper dans une moelleuse serviette et enfiler des vêtements propres... Mettre mes pieds sous la table et laisser ma mère me servir tous ces plats qu'elle concoctait toujours lorsque je lui revenais enfin de mes incursions chez ceux qu'elle n'hésitait jamais à traiter de sauvages... Il me suffisait de si peu pour que cela soit ! Juste trahir, dénoncer ce garçon qui me regardait, me pressait déjà de l'imiter. Si je hurlais alors c'en serait fini de sa belle et si palpitante – ou sinistre?- aventure... Un regard au cadavre... elle aussi avait peut-être été trahie par quelqu'un en qui elle avait confiance. De nouveau mon regard qui se posait sur celui qui m'arracha un hochement de la tête et un soupir étouffé. Il me faisait confiance... bien plus que les miens ne l'avaient encore jamais fait. M'envoyer jouer les espionnes ne leur coûtait pas grand chose et si cela tournait mal pour moi non seulement ils trouveraient sans doutes quelqu'un pour me remplacer mais je pariais qu'ils sauraient bien trop se servir de mon infortune pour aiguiser les haines et les tensions. Je n'étais qu'un pion entre leurs mains... Auprès de Jeremiah, à l'inverse, je me sentais presque importante. Il m'avait fait confiance et réitérait maintenant encore. Alors que je m'adossais contre le mur et me laissais choir à terre comme une pauvre poupée désarticulée, enroulant prestement des chaînes autour de mes membres, je le regardais et ne pus m'empêcher de lui sourire de la plus triste des manières. Comme pour mieux le remercier de m'avoir offert une once d'humanité dans ce monde qui en manquait tellement. Comme pour mieux le remercier d'avoir cru en moi. Enfin Laura lui offrit ce sourire. Penopoline, elle... l'aurait sans doutes aussi fait si elle en avait eu le droit.
Mais Penopoline était une traîtresse et, quand bien même je marchais aujourd'hui dans le plan du garçon qui fermait les yeux maintenant et retenait son souffle, demain ou après demain je le trahirais vraiment. Peut-être même serais-je celle qui le mènerait alors à ses bourreaux... Peut-être bien en effet. Mais, pour l'heure, je me faisais la plus précieuse et inattendue de ses alliées. Pour l'instant je me faisais providence et, oui, je serais celle à qui ce type devrait la vie. J'avais imité Jeremiah et avait clos mes paupières mais, dès que la porte s'était ouverte celles-ci s'étaient relevées et mes iris limpides étaient venues soutenir celles, si sombres, de ces hommes qui entraient de demeuraient pour le moins stupéfaits par la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Déjà l'un d'eux accourait vers moi et je le sentais sur le point de m'adresser la parole quand ce fut son complice, visiblement bien plus intelligent et prompt à réagir qui le fit. Me regardant d'un air entendu il s'approcha de la chaise où se tenait la seule décédée de la pièce et, d'un coup de pied violent fit tomber la chaise au sol. Le spectacle de ce corps sans vie reposant maintenant face dans la poussière sembla les rendre hilares et je frémis d'horreur en apercevant celui auquel je refusais de m'assimiler venir cracher sur ce corps froid.
Cela se prend pour des rescapés et c'est aussi vite torturé qu'ils crèvent comme des rats !! alors qu'il laissait ces immondices se déverser de ses lèvres trop minces je sentais son regard glisser sur la silhouette du jeune homme. Et lorsque je vis sa main venir se porter à l'arme à sa ceinture mes prunelles se dardèrent de foudres. Qu'il ne s'avise pas même de faire cela ou alors c'était à moi qu'il devrait en répondre ! Peut-être sentit-il toute ma détermination ou peut-être mon nom suffit-il à le ramener à la raison toujours est-il qu'il ne fit que tirer en frôlant le bras du beau brun et je tremblais de voir celui-ci rouvrir ses paupières sous la brûlure de l'impact. Mais Jeremiah semblait avoir le cœur bien accroché et de la volonté à revendre et il n'en fut rien L'homme sembla s'en agacer et il tira une balle supplémentaire dans le crâne de la défunte, faisant gicler sa cervelle. Un morceau qui vint reposer sur mes pieds et je dus me mordre la langue pour ne pas hurler. Mon regard qui fusilla celui qui reprenait la parole Cette pièce va empester si on les laisse pourrir là... Charge toi du môme moi je prends la blondasse...
La blondasse ? Je serrais les mâchoires alors que e le voyais s'approcher de moi et me saisir à bras le corps tandis que son complice en faisait de même avec Jeremiah. Mes paupières qui se fermèrent alors que je les entendais murmurer entre eux ces propos que je ne pouvais comprendre. Des minutes qui me parurent des heures alors que nos geôliers nous faisaient traverser les dédales de couloirs et nous ramenaient à cet air libre que Jeremiah et moi avions tant de mal à trouver. La lumière crue et ardente du visage sur mon visage alors que je savourais à sa juste valeur le fait de sentir mes poumons s'emplir d'un air frais. Des cris de rescapés prisonniers de leurs cages extérieures alors qu'ils nous voyaient ainsi trimballés pareils à de vulgaires sacs de patates dont on n'allait, d'ailleurs, pas tarder à se débarrasser. Le bruit de l'eau venant se fracasser contre les roches d'une falaise... et mon cœur qui loupa un battement. Non mais ils n'allaient quand même pas nous balancer à la flotte ? La suite des événements devait me prouver le contraire. La sensation de ne plus être qu'une plume ballottée par le vent alors que je me sens projetée dans le vide. Puis la chute, interminable, pendant laquelle je ne parvins pas même à hurler tant je me sentais oppressée. Puis l'eau contre laquelle je sens presque mon corps se fracasser. Je voulais nager, me débattre, mais la panique me gagnait et je sentais que je n'y arriverais pas. Mes paupières s'étaient rouvertes et je cherchais des yeux celui qui venait de me rejoindre dans les profondeurs marines. Nous avions échappé aux balles... Echapperions-nous à la noyade ?
2 106 mots
» Jeremiah G. Archer "
❝ Success. × Forget the burdens of the past ₪ ❞
× Ma Célébrité : Dylan O'Brien × Nombre de messages : 2394 × Age du perso : vingt-et-un × Job : bonne question ! × Côté love : nada, que dalle, le vide. (sauf peut-être une petite lueur, parfois)
(#) Sujet: Re: { Flashback pour Jerem'}Let's roll the Dice of Destiny Buddy ! Dim 25 Jan - 1:30
LET'S ROLL THE DICE OF DESTINY × ft. PENOPOLINE & JEREMIAH
C’était étonnant. Rien ne rapprochait plus que la douleur d’une tension constante, les nerfs qui s’égrainaient et le cœur qui saignait toujours un peu. Lorsque l’on souffrait en étrange symbiose, on découvrait ce côté si bien caché lors des jours meilleurs. Le côté sombre, le côté que l’on laissait dans l’ombre, souvent moche, hideux, désagréable, mais d’une franchise assourdissante. Ils avaient tous eu trop mal en même temps et les masques étaient tombés l’espace d’un instant, en même temps que leurs vies construites. Lorsque l’on voyait le visage derrière le masque, on était laissé les bras vides comme en chute libre, avec cette reconnaissance qu’ils étaient peut-être plus identiques qu’ils ne l’auraient jamais cru. Ils étaient tous pareils, tous dans la même situation, sauf eux. Jeremiah ne comprenait pas vraiment les Originaires. Que ce soit leurs raisons, mais surtout pourquoi ils étaient là. Peut-être que certains rescapés étaient au courant, mais, généralement, le jeune homme n’était pas le premier à être au courant de ces choses-là. Il cueillait des fruits, disons que les meneurs ne pensaient pas à lui comme un point marquant de quelconques stratégies qu’ils pouvaient élaborer ou peu importe ce qu’ils faisaient. Honnêtement, la première fois qu’il avait entendu parler d’eux, il s’était simplement dit qu’il allait rester loin de là et que tout irait bien. Pourquoi lui chercherait-on des noises? Mais voilà, il avait oublié que simplement être un rescapé semblait être suffisant aux yeux de ces gens absolument dingues à ses yeux. Le pire, c’était qu’ils semblaient tout avoir, de l’eau, de la bouffe, de l’électricité. Eux, ils n’avaient rien, pas même des armes dignes de ce nom, parce que c’était les hostiles qui les avaient cachés. Il ne pouvait pas comprendre, sa tête n’arrivait pas à s’enrouler autour de l’idée qu’on puisse tant détester des gens pour des raisons aussi futiles. Tout ce qu’il savait, c’était que plus il les découvrait, plus c’était réciproque, cette haine. Parce que c’était de la vraie douleur, qu’il avait vu dans les yeux de trop de connaissances, de gens dont il se surprenait à ne pas détester. Jeremiah n’avait jamais été le meilleur des rescapés et la difficulté qu’il avait eue à se relever du crash l’avait laissé plutôt en plan lorsqu’il s’agissait d’intégration. Puis son jeune âge, ses aptitudes lamentables en survie et ses deux pieds gauches n’avaient probablement pas aidé. Il s’était satisfait des relations qu’il avait et de sa non-importance sur le camp qui ne lui apportait pas de problème, mais il n’avait jamais vraiment apprécié plus qu’il fallait tous ces rescapés qui se sentaient obligés de lui rappeler qu’il n’aidait pas. Comme s’il ne le savait pas déjà. Mais même s’il râlait constamment contre eux, au fond, il ne les détestait pas du tout, parce qu’ils avaient tous perdu eux aussi et qu’ils essayaient juste de faire leur possible pour qu’ils survivent tous.
Aujourd’hui, ces gens-là, qui s’étaient battus chaque jour depuis plus d’un an, qui avaient tous perdu et tout reconstruit, ramassé les ruines de leur passé pour en faire un présent tremblant, souffraient plus encore. Certains de ces gens-là ne rentreraient jamais en Amérique, jamais même sur l’île, ils mourraient aux mains de gens qui ne les considéraient même pas humains, eux qui l’étaient pourtant plus encore que n’importe qui. Certains déjà avaient perdu la vie, une mort cruelle qui ne voulait rien dire, qui n’était que pour satisfaire des esprits tordus et viles. Et cette situation était la plus frustrante qu’il avait jamais vécue, lui qui avait vu tellement de corps, qui avait dû creuser des tombes pour des dizaines et des dizaines de gens qui n’avaient jamais survécu à un stupide voyage censé les sauver d’une mort certaine. Il avait les mains vides, mais le cœur remplis. Son corps lui faisait mal, tellement il avait envie de pouvoir faire quelque chose, mais il n’y avait rien, rien du tout, qu’il aurait pu faire. Tout ce qu’il pouvait encore faire, c’était fermer les yeux. Et bon sang, il les fermait, tandis que ses pensées se rappelaient la douleur qui marquerait à jamais les traits de cette rescapée trop près de lui, les enfants qui ne comprenaient rien, mais qui actaient la bravoure, dans l’espoir que quelqu’un se laisserait prendre au jeu, la terreur dans les grands yeux d’une blonde dépourvue de voix, la peur qui saignait dans la voix d’une rousse à qui il n’avait pas pu s’excuser. Il ignora le chahut que créait ce qui lui semblait deux hommes, il les repoussait le plus loin possible, tandis que dans un acte de faiblesse qui lui semblait presque lâche, il s’imagina comment il aurait été bien s’il avait été mort.
La mort était fascinante, et plus encore quand elle vous côtoyait chaque jour, vous menaçait et vous frôlait si souvent que sa présence devenait habituelle. Elle lui semblait la seule chose vraiment paisible, sur ces deux îles trop sauvages pour que qui que ce soit en ressorte complètement humain. Il avait vu tant de corps morts et il s’était toujours demandé lequel était le moins chanceux d’entre eux. À ce moment-là, il la sentait qui n’était pas si loin de lui et s’imaginer qu’il était avec elle n’était pas aussi difficile qu’on aurait pu le croire. Elle était terriblement près et ce n’était pas si terrifiant que réconfortant. Il se battrait jusqu’à la fin, il survivrait, mais s’il ne survivait pas, il saurait où il irait. Qu’il y ait quelque chose, qu’il n’y ait rien, ce ne serait pas pire que cette vie dans laquelle on l’avait jeté, non? Un pincement au cœur, tandis qu’il pensait à tout ce qu’il n’avait pas fait et à tous ceux à qui il aurait aimé dire au revoir, mais, même s’il avait à mourir demain, ils étaient trop loin. Il songeait à cette vie qui l’avait laissé plus que chamboulé, songea à comment le monde ne faisait plus de sens pour lui, pourquoi se battait-il seulement? La douleur déchirait ses poumons, tandis qu’il faisait son possible pour respirer le plus discrètement possible. Les voix des gardes lui semblaient étrangement lointaines. Il n’eut pas même le temps d’être surpris qu’un bruit résonnait à travers la pièce amenant avec lui une douleur effroyablement franche. Il resta immobile, il laissa la douleur s’étendre à travers son bras, tandis qu’il se demandait pourquoi il ne se contentait pas de le tirer dans le crâne et de finir cette bataille qui ne pouvait pas bien finir pour lui. C’était étonnant, comment une simple éraflure pouvait brûler et il aurait probablement tremblé, mais chacun de ses muscles étaient tendus et il dû retenir de tout son corps l’envie d’ouvrir les yeux, de fermer les poings ou même de mordre sa lèvre. Juste de pouvoir laisser un peu de cette tension qui cassait chacun des filaments de ses muscles. Le même bruit résonna une seconde fois, le son d’une arme terrifiante. Il le crut, pendant l’espace d’une seconde, que la mort l’attraperait enfin et que ça en serait fini de lui. Mais jamais la douleur ne vient lui brûler la peau. Cette fois-là, son cœur battait un peu trop rapidement, si fort qu’il croyait que les gardes l’entendraient. Son souffle semblait s’exploser dans ses poumons. Des conclusions terribles et son esprit fit le lien qui s'imposait à lui, le poussant à croire qu’on venait de tirer sur Laura. Serait-ce son tour, maintenant? La culpabilité avait un goût pire encore que celle qu’il avait déjà croqué, elle était si amer que ses papilles en saignaient. Si elle avait à mourir aujourd’hui, ce serait de sa faute. Il avait tendance à apporter le malheur là où il mettait les pieds.
Lorsque le garde parla une fois de plus, cette fois Jeremiah écoutait. Il ne fut pas plus surpris qu’il ne le fallait lorsqu’on le souleva sans cérémonie. Il espérait, tellement fort, que Laura soit encore en vie, même si les chances lui semblaient plutôt contre lui. Il gardait malgré tous les yeux fermés, parce qu’il n’aurait pas fait tout ça pour rien, hors de question. Le soleil, tellement hors d’accès, qu’il avait cru ne jamais revoir pendant un instant, lui semblait une véritable bénédiction. Sentir sa mince chaleur était tellement plus agréable que l’obscurité humide des murs des prisons des Originaires. L’air frais qu’il respirait par intermittence lui donnait cette même impression qu’une douche fraiche après une journée trop chaude. Pendant un instant, il se sentit presque bien, s’il faisait abstraction de la douloureuse poigne qui le tenait, de son bras qui l’élançait et de son cœur qui culpabilisait. Puis, des cris résonnèrent, des rescapés, des gens de son côté. Il dût se retenir de ne pas se relever, de ne pas se déchaîner pour sortir de l’emprise toute sauf douce du garde qui le trimballait jusqu’à aller savoir où. Il ne pouvait vraiment qu’espérer qu’ils ne les enterrent pas vivants – c’était définitivement l’une des pires morts possibles sur la liste de Jeremiah. Son cœur priait pour que personne qu’il n’aimait ne le voie comme ça, ne le croit mort, alors qu’il n’en était probablement que sur le pas. Il s’imagina être lui-même dans l’une de ses cages, voir un de ses amis morts entre les mains de ces monstres et s’imaginer à quand serait son tour.
De l’eau se fit entendre, ce bruit distinctif et presque cauchemardesque de ces vagues qui venaient se frapper à des rochers. Il était probablement trop tard pour révéler aux gardes qu’il était encore en vie et que le balancer à l’eau était une très mauvaise idée, mais il n’eut pas plus le temps d’y réfléchir qu’il avait l’impression de flotter. C’était pareil à quand on faisait un mauvais rêve, qu’on avait l’impression de tomber, de tomber, sans jamais toucher le fond. Il eut à peine le temps d’ouvrir les yeux que son corps entier frappait l’eau, la douleur le laissant sous le choc pendant trop de temps. L’eau entra dans ses poumons, tandis qu’il essayait de se ramener à la surface, se rappelant comment il n’avait jamais été le plus doué des nageurs. Ses vêtements étaient terriblement lourds, tandis qu’il retrouvait finalement l’air, une lancinante sensation d’étouffement brûlant chacune de ses bronches. À peine sentait-il le vent frapper son visage qu’il crachait beaucoup d’eau, se félicitant d’être encore même conscient. Mais l’eau n’était pas tranquille lorsqu’elle se fracassait à des falaises aussi mortelles que le liquide qui les entourait. Elle se balançait autour de lui, l’obligeant à nager désespérément pour tenir à la surface, tandis qu’il tentait de se rendre jusqu’à un endroit plus calme. Mais il n’arrivait pas à grand-chose et l’eau était étonnamment froide, tandis qu’il sentait chacun de ses membres se raidir sous celui-ci. Il ne pourrait définitivement pas continuer comme ça trop longtemps, mais ses yeux remarquèrent un autre corps à travers les vagues. Laura, songea-t’il. Peut-être qu’elle n’était pas morte, peut-être qu’elle était encore en vie. « Laura! » Il criait le prénom de la blonde, s’étouffant avec de l’eau qui laissait son goût salé derrière elle. Elle était plus près de la falaise que lui encore et, tandis qu’il commençait à réussir à s’en éloigner, la blonde semblait avoir énormément de difficulté. Le regard ambre avait cette lueur de panique qui venait lui faire oublier le froid qui commençait à pénétrer chacun de ses pores. Il regardait autour d’eux, la côte n’était pas si loin que ça, ils pouvaient même probablement bien s’y rendre à la nage, mais, pour ça, il fallait qu’ils réussissent à s’éloigner du courant qui les échoueraient invariablement sur les rochers. Il la voyait se débattre, ce qui lui confirmait qu’elle était bel et bien en vie, mais peut-être plus pour très longtemps. Il décida que tant qu’à crever aujourd’hui, il préférerait encore que ce soit en essayant d’aider une fille qui l’avait aidé aussi. Il nagea, beaucoup plus rapidement alors que les vagues le poussaient dans cette direction, même si ces vêtements lourds et ses membres fatigués le ralentissaient. Lorsqu’il s’approcha de la blonde, l’eau n’était plus paisible du tout, elle pouvait même se comparer à une tornade, tandis qu’elle les frappait, les enterrait, les déplaçait dans le sens qu’elle voulait. Il réussit à attraper le bras de la jeune femme, ce qui ne les aidait probablement pas vraiment sur le coup, tandis qu’il se sentit pendant un instant alourdit par le corps de la blonde. « Il faut qu’on nage en même temps ! » Il criait par-dessus les vagues. Et on disait que l'eau était paisible et silencieuse, quelle blague. Il suivit de sa main le bras de la blonde pour attraper sa main, tandis qu’il criait une fois de plus. « Je te lâcherai pas. » Ils avaient survécu à tellement de choses déjà, que ce soit aujourd’hui ou depuis des années, ils pouvaient sans aucun doute survivre à une ‘petite’ chute des falaises. Jeremiah se jura de ne plus jamais s’approcher d’une quelconque falaise pour les dix prochaines années. Il nageait, et la douleur était presque une torture, chaque mouvement semblait inutile, faisant monter la frustration plutôt que l’espoir, mais, tout doucement, ils avançaient quand même dans la bonne direction et, si parfois des vagues les poussaient dans le sens contraire, ils semblaient que plus ils essayaient de nager, moins ils avaient à se débattre.
À un moment, ce ne fut plus vraiment que la douleur, le froid, la lourdeur de leurs corps fatigués qui semblaient vraiment difficiles, l’eau n’était plus qu’une mince pression contre eux, tandis que les vagues continuaient de s’échouer plus loin. Ils avaient réussi à forcer leurs passages contre une eau malicieuse, mais Jeremiah sentait son corps en entier lui faire mal et lorsqu’il fut assez près du rivage pour sentir le sable sous lui, il se laissa tomber sur la plage, l’eau venant lui frapper les jambes, mais il n'aurait pas pu moins s'en préoccuper, alors qu'elle était plus chaude que celle plus profonde qui avait failli les tuer. Chacun de ses muscles criaient à l’aide. Sa main tenait encore celle de la blonde et il la lâcha, lui jetant un regard pour s’assurer qu’elle était vraiment là. « J’ai vraiment cru que t’étais morte. » dit-il, sa voix encore ébahi qu’elle soit vraiment là, et lui aussi, qu’elle ait survécu, comme lui, à tout ça.
(#) Sujet: Re: { Flashback pour Jerem'}Let's roll the Dice of Destiny Buddy ! Dim 1 Fév - 7:41
Let's roll the dice of Destiny buddy !
Il paraît qu'à l'aulne de sa propre mort notre esprit et notre cœur se retrouvent subitement comme submergés par toutes ces choses, tous ces actes que nous avons accomplis durant notre vie et dont nous aurions à répondre dans le trépas. Lorsque j'étais petite et que cette croyance étrange m'avait été contée au détour d'une page, j'étais tout naturellement allée trouver mon puits de science de père afin de l'assommer de toutes mes questions sur le sujet. Ce qui l'avait d'abord agacé avant que de le rendre parfaitement hilare. Non, je ne devais pas croire tout ce que disaient mes sacro saints livres. Et, non, la mort n'était pas une sorte de rite où les décédés passeraient en jugement devant un Dieu quelconque qui, mon père me l'avait assuré, n'existait pas. Mon père ne croyait en rien si ce n'était en notre communauté. Ou, pour être plus précise, qu'en cette vision des nôtres que ses complices du Conseil et lui faisaient chaque jour naître de leurs esprits. Alors je les trouvais brillants et géniaux. Aujourd'hui, si je ne leur niais certes pas un trait certain de génie je ne pouvais cependant associer ce dernier qu'au pire d'entre tous. Mon père et ses satanés petits camarades étaient des marionnettistes perfides et pervers qui avaient fait de nous des pions sur leurs échiquiers sanglants. Terrain de jeu aux apparences si idylliques mais où ils retenaient prisonniers ces humains devenus rats de laboratoire dont la souffrance, et même la vie, ne comptaient plus même. Cette femme dont je pouvais encore sentir le bout de cervelle maculer et poisser sur mes doigts... Cette femme ne comptait pour eux. Et si j'avais trouvé abominable le geste de cet homme avec qui j'avais grandi et que j'avais nommé si souvent « mon ami » je savais que son acte n'était encore qu'un bien pâle reflet de ce dont étaient réellement capables les miens. Tirer dans la boîte crânienne d'un cadavre est immonde mais tellement facile en un sens... Pas de regards larmoyants ou de suppliques chevrotantes susceptibles de venir toucher nos cœur, infléchir nos volontés d'airain... On ne pouvait tuer ce qui l'était déjà. Mais le calvaire qui avait du être celui de cette femme avant que la Faucheuse ne vienne la délivrer... Ca c'était le comble de l'ignominie ! Même à mes yeux à moi, moi qui plus que toute autre, aurait du approuver et même applaudir des deux mains devant cette démonstration sanguinolente de notre supériorité. J'étais des leurs... Je serais toujours des leurs... N'était-ce pas ce que Lahas avait pris comme argument pour m'asséner une lame en plein cœur et me rejeter ? J'appartenais à ce peuple de barbares, de monstres...
Ma gorge qui se nouait plus encore alors que je les laissais nous traîner, Jeremiah et moi jusqu'à cet endroit que je connaissais et dont je ne pouvais pas même imaginer qu'ils pourraient seulement nous jeter. La peur qui s'estompe pour finir par s'effacer et laisser la place à la terreur la plus indicible et la plus pure. Le vent sur mon visage et qui ne m'a jamais paru aussi glacé qu'en ce moment où je me hasardais et osais soulever légèrement mes paupières pour mieux voir les silhouettes des cages et de leurs occupants s'éloigner un peu plus à chacun des pas de ces anciens amis d'enfance devenus, par mon unique faute et aidée en cela par un destin bien sadique, les bourreaux de ma si courte vie. La dernière image que je vis avant que de me retrouver noyée en pleine océan de verdure ? Celle de ces êtres dont, le matin encore, je me moquais. Ces prisonniers je les avais comparés à des primates décérébrés qui ne méritaient pas même ces repas pour le moins frugaux que nous leur offrions dans notre si grande mansuétude. Je m'étais gaussée méchamment de cette couche épaisse de crasse qui les maculait et ne les en rendait que moins humains encore. J'avais même souri et presque jubilé en imaginant Nemo, mon si cher et tendre Nemo, venir à ces pourceaux pour mieux les rabaisser et les avilir. Eux qui n'étaient pas nous. Qui ne le seraient jamais. J'aurais mieux fait de me méfier et de ne pas me montrer aussi vaniteuse car si je demeurais, même maintenant, persuadée qu'aucun de ces rescapés ne pourraient jamais devenir notre égal j'en avais un peu trop vite oublié que l'inverse n'était pas aussi vrai. La preuve ? Ce corps, le mien, que je sens projeté dans ce vide qui m'aspire, m'agrippe pour mieux me tirer violemment vers ces profondeurs contre lesquelles je sens mes os se fracasser, se briser ou se disloquer. Mes yeux qui s'étaient écarquillés et mes mains qui s'étaient tendues en un geste aussi désespéré que vain vers ces lumières que je voyais danser au-dessus de ce plafond liquide qui me séparait de cet air que je sentais commencer cruellement à me manquer. La surface s'éloignait et la vie ne me quittait pas, elle m'oppressait au point de me tuer. Lentement, mais tellement sûrement ! A ce moment où je sentais mon corps prisonnier de ces entraves infernales que faisaient naître et déferler les vagues agitées, je voulus hurler mon désespoir, mon refus catégorique de laisser ma vie s'achever ici et, surtout, ainsi.
La fureur alors que je sens l'eau trop salée et trop froide franchir la barrière de mes lèvres déjà gelées pour mieux s'en aller courir dans ces poumons qui se remplissaient vite, tellement vite maintenant. J'étais des leurs ! J'étais née sur cette île que j'aimais de tout mon être et, pourtant, je me mourrais de leurs mains mêmes. C'étaient mes prétendus amis qui m'avaient condamnée en faisant de mes mensonges une réalité funeste. J'avais voulu devenir Laura ? C'était donc en tant que telle que je crèverais. Et, connaissant les miens, j'imaginais déjà le Conseil et ses membres tirer parti de ma fin tragique, mettant sur le dos de Jeremiah ou d'un autre prisonnier cette mort qui serait présentée comme un meurtre odieux qui ne ferait que renforcer encore un peu plus la haine des miens envers ces étrangers dont ils se méfiaient déjà si bien. Et si je venais vraiment à mourir y aurait-il seulement quelqu'un pour me pleurer ? Zacharia avait été très clair sur le sujet quand il avait appris que j'avais été choisie pour devenir cet agent double et que j'avais plaisanté en me moquant du fait que je l'avais désigné comme mon agent de liaison. Ses mots qui résonnaient dans mon esprit alors que je tentais, une fois encore, de trouver l'impulsion qui me permettrait de retrouver une bouffée, une seule, de cet oxygène que je ne possédais guère plus. Zacharia avait ri, mauvais comme toujours, en arguant qu'il jubilerait d'aller annoncer la nouvelle à mes parents. A lui je ne manquerais donc pas. A mes parents ? Sans doutes un peu mais, oui j'en étais intimement persuadée, ils sauraient vite s'en remettre. Dans la mort j'aurais trouvé la plus belle des opportunités de servir leurs ambitions politiciennes démesurées. Ironique, non ? Lahas... Lui non plus je ne lui manquerais pas. Il ne m'aimait pas... Non, personne ne me pleurerait donc... A part peut-être Nemo... Nemo... J'aurais tant voulu pouvoir lui dire... J'aurais tant aimé qu'il sache...
Un son, un borborygme qui ressemblait presque à un hurlement alors que je sens une présence près de moi et entend cette voix qui prononce ce prénom que je viens presque à considérer comme étant réellement le mien. Mes prunelles dardées de terreur qui viennent s'ancrer à celles de celui que je vois défier le courant et le danger pour mieux venir me rejoindre et m'arracher à ces vagues contre lesquelles je luttais vainement depuis bien trop longtemps maintenant. J'étais épuisée, j'avais froid et mal et si ce garçon n'avait pas surgi devant moi alors je dois bien avouer que la tentation de cesser de lutter aurait sans nuls doutes été la plus forte. Parce que cette mésaventure n'avait jamais fait que me confirmer un peu plus cette hideuse vérité que Lahas avait commencé à faire poindre en mon esprit dès notre toute première rencontre. Je n'étais rien... Je n'étais que poussière dont nul ne se souciait. Dont nul ne se soucierait jamais... Mais il s'était trompé et, aussi consternant et dérangeant que cela puisse me sembler, c'est à Laura la muette que je devais de me retrouver maintenant, et en vie, sur cette plage qui ne m'avait jamais parue aussi belle. Comment Jeremiah était-il parvenu à accomplir pareil miracle ? Je l'ignorais mais je commençais à me demander si Dieu n'existait pas en fin de comptes et, juste au cas où, je priais silencieusement et les paupières closes. Les paumes de mes mains qui caressaient presque ce sable sous elles comme pour mieux se convaincre que tout était bien réel et que je n'étais pas perdue dans une sorte d'enfer pervers où je me retrouverais à devoir revivre encore et encore la même fin tragique. L'eau que je recrachais, encore et encore, comme si cela eut pu aider à me débarrasser aussi de cette peur qui m'avait bien trop étreinte pour que je n'en ressente pas encore le sinistre écho. Alors que je l'entendais presque s'étonner que je sois encore en vie et à ses côtés je me sentis craquer. Mon corps qui fut pris de violents sanglots alors que je resserrais encore un peu plus mes doigts sur ces autres que je ne voulais plus jamais laisser me quitter. Il ne me connaissait pas et, pourtant, il avait pris les plus inconsidérés des risques pour me sauver moi aussi. Un rire nerveux et silencieux qui s'échappait de mes lèvres tremblantes alors que je réalisais que si les miens m'avaient condamnée c'était à l'un de mes ennemis désignés que je devais d'encore respirer. Mon regard trop clair qui vint chercher celui du jeune homme alors que je me jette à son cou et le serre bien fort contre moi, enfouissant mon minois au creux de son épaule. Laura ne pouvait pas parler mais, en ce moment précis, Penopoline l'était tout autant. J'avais failli mourir ! Et, quelque part, je l'étais. Du moins une partie de Penopoline l'était. Laquelle ? Je ne savais le dire mais je ne doutais pas un seul instant que l'avenir se chargerait de me le faire découvrir.
Alors que je parvenais presque à me calmer je lâchais mon compagnon et me laissais tomber sur mes talons et prenais enfin le temps d'observer ce qui nous entourait. Cette île de l'Hydre je la connaissais comme personne et il ne me fut guère difficile de nous localiser... enfin à peu près et en espérant ne pas trop me tromper ce qui, aux vues des circonstances, eut presque été logique ! Je toussais et achevais e recracher l'eau de mes poumons avant que de me débarrasser de cette chemise trempée qui collait à ma peau et finirait par me refiler la fièvre si je n'y prenais pas garde. Je n'avais pas survécu à une noyade pour finir terrassée par une simple fièvre quand même ! En maillot de bain ou presque, et pour ce que j'avais à faire de ma pudeur en pareil moment, je me redressais et tentais de mon mieux d'évaluer la distance entre ici et l'endroit où je voulais conduire Jeremiah. Il ne serait jamais l'un de mes amis, trop de mensonges avaient bercé notre rencontre. Et si, un jour prochain, j'avais l'occasion de le trahir je savais que je le ferais. Parce que c'était ainsi et, aussi primitif et primaire que cela puisse sembler, les choses pouvaient presque se résumer ainsi : lui Kappa, moi Epsilon et nous voués à être ennemis. Primaire, vraiment... Mais puisque toutes les règles avaient des exceptions alors aujourd'hui en serait une première. Il m'avait sauvé la vie ? Je sauverais la sienne. Et, pour cela, je le conduirais jusqu'à cette crique où je savais qu'il pourrait trouver une embarcation qui lui permettrait de regagner son île. A moins qu'il ne soit assez fou pour vouloir retourner au camps et délivrer ses petits camarades ? L'un dans l'autre les deux solutions me convenaient parfaitement en fait ! J'avais alors gesticulé de mon mieux et tenté de dessiner et d'écrire sur le sable humide mes intentions et ce choix que je lui offrais : la barque et la fuite... ou on retournait là-bas quitte à retomber entre les mains de ces crétins que je me jurais d'émasculer pour ce qu'ils avaient osé me faire ? Jeremiah était, pour cette-fois du moins, entièrement libre de choisir. Et moi, pour cette-fois aussi et uniquement, je me plierais à sa volonté ! Amen !
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» Jeremiah G. Archer "
❝ Success. × Forget the burdens of the past ₪ ❞
× Ma Célébrité : Dylan O'Brien × Nombre de messages : 2394 × Age du perso : vingt-et-un × Job : bonne question ! × Côté love : nada, que dalle, le vide. (sauf peut-être une petite lueur, parfois)
(#) Sujet: Re: { Flashback pour Jerem'}Let's roll the Dice of Destiny Buddy ! Mer 4 Fév - 22:39
LET'S ROLL THE DICE OF DESTINY × ft. PENOPOLINE & JEREMIAH
Ils avaient déjà survécu beaucoup plus de temps que les statistiques auraient pu le prédire. Honnêtement, s’ils avaient à se fier aux statistiques, ils auraient crû mourir dans les premières semaines du crash, mais c’était fou ce qu’on pouvait faire avec un peu d’entêtement et beaucoup de désespoir. Jeremiah, il n’avait jamais vraiment sût pourquoi il se battait, pourquoi il s’efforçait de survivre. Ses parents, peut-être, qui l’attendaient, son meilleur ami mort à sa place, peut-être aussi. Mais ses parents le pensaient déjà mort et son meilleur ami l’était. Personne ne l’attendait vraiment, personne ne s’attendait à ce qu’il revienne, pourquoi s’efforçait-il de vivre? Peut-être était-ce simplement cette obstination, cette volonté d’envoyer la mort voir ailleurs, juste pour une fois, de lui dire qu’elle pouvait bien revenir une prochaine fois, parce qu’aujourd’hui, son cœur allait continuer à battre jusqu’au lendemain. C’était l’enfer ici, mais même en enfer il pouvait y avoir de beaux moments, des rencontres inoubliables et ces instants où on oubliait que tout s’était effondré et qu’on pouvait presque croire que tout irait mieux. Il n’avait jamais été un grand optimiste, parce que croire en quelque chose signifiait qu’on lui laissait le pouvoir de nous décevoir et qu’il avait trop souvent été déçu pour se permettre le risque à nouveau… pourtant, il était encore en vie et probablement qu’il espérerait toujours, tout au fond, même s’il n’y croirait jamais vraiment. Il était trempé, ses muscles criaient au secours, tremblants, fatigués, mous, et ses articulations avaient de la difficulté à bouger tellement elles étaient douloureuses. Malgré tout, son cœur paniquait contre sa cage thoracique, son souffle s’effondrait dans ses poumons mal nourris, ses yeux découvraient un pan de paysage qu’il n’avait jamais vu auparavant; il était encore en vie. Et elle aussi, ils étaient tous les deux en vie, fatigués, effondrés, mais encore là. Ils toussaient à s’en cracher les poumons, dernier combat contre une eau qu’il espérait ne jamais revoir. Peut-être avaient-ils perdus un combat de plus, mais ils en avaient gagné un autre bien plus important. Il avait presque envie de s’excuser de l’avoir amené à travers tout ça avec lui; c’était son idée, après tout, de s’évader, de courir tant de risques. C’était un miracle qu’ils aient survécu et ce serait un miracle de plus s’ils pouvaient arriver jusqu’à l’autre île, juste savoir qu’ils étaient enfin sain et sauf. Malheureusement, ce ne serait jamais aussi simple, aussi facile, parce que courage rimait souvent avec idiotie et Jeremiah avait toujours été un peu trop idiot.
Elle éclatait en sanglot à côté de lui et il avait presque envie de faire de même, les émotions telle l’une des vagues qu’ils venaient d’affronter le noyait de leur goût salé. La fatigue, le monde entier qui leur tombait sur les épaules en quelques secondes, alors que la mort les avait touchés et qu’ils n’avaient pu que s’en arracher trop difficilement. Son abdomen se serrait contre lui, tandis que le sable lui semblait d’une douceur inouïe et que les émotions se bloquaient dans sa gorge. Il serrait la main de la blonde, parce qu’elle était ce qu’il avait de plus près d’une ancre à ce moment-là. Il avait besoin de s’accrocher, de se tenir à quelque chose. Il avait failli mourir et il réalisait à présent comment il était heureux d’être encore en vie, même si ça signifiait qu’il devait continuer à vivre sur cette île. L’idée de ne pas vivre un jour de plus, de ne pas avoir l’occasion de dire tout ce qu’il avait envie de dire à certains et plus encore, de passer à côté de tant d’expériences, le terrifiait soudainement. Se forçant à lâcher sa main, réalisant qu’elle n’était pas la bonne solution, il songea à se relever. Il tremblait comme une feuille au vent, chaque partie de son corps se révoltant contre la température d’une eau plus chaude, mais pas assez. La peur l’avait laissé avec l’impression qu’il n’avait plus de genoux et il pouvait essayer comme il le voulait, il attendit que son cœur se calme et ses membres encore plus avant de finalement se tenir debout. Recouvert de sable et trempé jusqu’aux os, il aurait cru être plus heureux qu’il ne l’était de pouvoir sentir le sable collé sous ses pieds et le vent lui frôler les oreilles, mais il avait froid et le monde entier lui criait que rien n’était terminé. Des mains l’entouraient soudainement, un corps tout aussi tremblant que le sien, pas vraiment plus chaud que le sien, mais tout de même un autre humain, un contact qui sembla relever toute la tension qui courait dans son corps, tandis qu’il se sentait passer ses mains autour d’elle et fermer les yeux un instant. Ils étaient en vie. Oui, mais pour combien de temps encore ? Son regard s’ouvrit, passant à travers l’océan à perte de vue, un paradis devenue un véritable cauchemar, rimant avec leur éternelle prison dorée. Dire que certains payaient pour venir dans de telles régions, lui aurait tout donné pour en partir. Laura le lâcha, le laissant avec une terrible impression de vide pendant un instant et, surtout, une très grande peur du futur proche. Qu’arriverait-il? Ils les croyaient sûrement morts, réalisa-t’il. Ils pouvaient s’en sortir, ils le pouvaient forcément, ils suffisaient qu’ils y réfléchissent un peu.
Elle enlevait ses vêtements trempés et Jeremiah songea à faire de même. Pendant un instant, il resta un peu surpris. Surpris de voir qu’elle n’était pas aussi mal en point qu’il ne l’aurait cru, pas si maigre que ça, pas si blessée que ça. Mais ses doutes lui semblaient mal placés, alors qu’il venait de lui sauver la vie. On ne tuait pas les gens de notre côté pour une simple mise en scène, non ? Il grimaçait, tandis que ses mains s’élevaient pour tirer sur le t-shirt qui lui collait à la peau, le laissant encore plus dégoûté de le laisser sur les plages des originaires, alors qu’il s’était déjà fait répété plus d’une fois « qu’ils n’avaient pas une quantité infinie de vêtements ». En même temps, on ne pouvait pas lui en vouloir si certains étaient si usés qu’ils se trouaient pour un rien. Il se contenta de tortiller son short pour l’en débarrasser le plus possible de l’eau. S’il avait à crever aujourd’hui, ce ne serait pas la fièvre qui le tuerait en premier. Ses bras étaient étonnamment douloureux, le sel de l’eau ayant laissé sa trace dans certaines de ces blessures. Il s’inquiétait, malgré lui, de leur prochaine étape, parce qu’il avait bien l’impression que le temps n’était pas leur côté et qu’ils n’auraient pas l’occasion de se reposer avant un bon moment. C’était peut-être idiot, mais la faim tout comme la fatigue l’assenait soudainement, le laissant vidé de toute son énergie. Regardant Laura gesticuler, il essayait de comprendre, mais rien ne semblait lui faire de sens à cet instant. Son regard se perdit un instant derrière elle, là où la jungle dirigeait. Peut-être qu’il pourrait y trouver un fruit, un légume, quelque chose. Elle écrivait dans le sable, recaptant son attention. Elle écrivait des choses qui lui semblaient totalement folles, mais qui éveillait un espoir qu’il croyait mort. Elle écrivait à propos d’une barque, il ne comprenait pas comment, mais il préféra garder ses questions pour lui. Si elle l’aidait, cela lui suffisait. Il songea à partir, se laissa en rêver pendant un instant, en sachant pertinemment qu’il ne pourrait jamais. Rose était encore là-bas, il le savait. Le jeune homme ne pouvait tout simplement pas la laisser derrière, l’abandonner aux mains de ces monstres. La dernière fois qu’il l’avait vue, elle était assez mal en point et s’il s’était empêché d’y penser jusque-là, c’était pour ne pas paniquer plus qu’il ne le faisait déjà. Peut-être s’étaient-ils disputés la dernière fois qu’ils s’étaient vraiment parlés, mais était-ce une raison pour la laisser mourir? C’était plutôt une raison de la sortir de là, de s’excuser, une fois de plus, d’espérer qu’elle lui pardonne. Jeremiah ne savait pas vraiment ce qu’ils étaient, elle et lui, mais il savait que les dernières semaines sans elle avait été les plus longues qu’il avait vécu jusque-là. Cette brune qui osait lui planter un couteau dans la jambe, son cri, la douleur qui la transperçait… non, il ne pouvait pas partir, pas sans elle. Elle avait été sa première pensée lorsque les vagues l’avaient noyé et elle aurait probablement été sa dernière.
Son regard ambre se ferma un instant, évaluant les risques, les idées de dingues qui lui passaient par l’esprit. Il fit quelque pas, laissant sa peau se réchauffer grâce au soleil. C’était une véritable mission suicide dans laquelle il s’apprêtait à les lancer. Le seul avantage qu’ils avaient, c’était les connaissances surprenantes de Laura sur le monde des originaires et le fait que tout le monde les croyait mort. Ses yeux s’ouvrirent, tandis qu’il se penchait près d’elle, soupirant. « Écoute, c’est un vrai suicide ce que je te propose là. » Pourquoi le suivrait-elle? Elle n’était pas son amie, elle ne lui devait rien. Il avait voulu l’aider et ils s’en étaient sortis, elle pouvait partir maintenant si elle le désirait. « J’ai… je peux pas partir, pas sans retourner là-bas, et, crois-moi, je serais déjà dans une de ces barques si ce n’était pas de… quelqu’un. » Pourquoi faisait-il tout ça? Pourquoi se jetait-il dans la gu*ule du loup, là où il risquait de tout perdre à nouveau? C’était dangereux, idiot, c’était probablement la pire chose à faire, mais la simple idée de faire le contraire lui levait le cœur. Il ne comprenait pas lui-même comment elle pouvait réussir à avoir une telle emprise sur lui. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il était hors de question, qu’il crèverait plutôt que de la laisser seule à nouveau. Son regard trouva les yeux bleus de Laura, un air sérieux résonnant de lui. « T’as pas à te sentir obligé de me suivre si tu veux pas. T’as qu’à m’écrire ce que tu sais ou peu importe et je me débrouillerai. C’est pas juste que tu me suives dans tout ça… – il hésita avant de continuer – je me sentirais mal s’il t’arrivait quelque chose. » Les derniers mots étaient un murmure parmi tout le reste, mais parmi les plus vrais. Il se sentait effroyablement idiot d’essayer de la convaincre de partir sans lui, alors qu’elle était sans aucun doute la plus grande chance qu’il avait de s’en sortir, mais elle lui semblait étonnamment fragile, méritante de quelque chose de mieux que ces cachots. Elle lui avait donné un fruit quand il ne croyait plus trouver quoi que ce soit de beau et elle lui avait offert une raison de se battre quand il avait cru que tout était perdu d’avance. Il ne pouvait que lui être éternellement reconnaissant et il ne pouvait pas lui demander de le suivre à nouveau. Hésitant quelques secondes, il sentit son estomac vide s’énerver dans son abdomen et il leva un doigt pour lui signifier qu’il revenait dans une seconde. S’aventurant dans la jungle, il ne lui fallut pas beaucoup de pas pour trouver un arbre qu’il savait produire des fruits comestibles. Probablement l’un des seuls avantages à être cueilleur sur l’île. Cueillant le plus de petits fruits rouges qu’il pouvait, des minutes passèrent avant que ses pas ne traversent la jungle à nouveau. Laissant les fruits tombés sur le sable entre eux, il fit un signe de la main en leur direction en général. Ne laissant pas vraiment l’occasion à Laura de parler à nouveau, il goba un des fruits et prit la parole à nouveau. « Assis-toi, mange un peu, ça va te faire du bien. » S’assoyant, Jeremiah se surprit à souhaiter qu’elle puisse parler, tout aurait probablement été plus facile si ça avait été le cas. En même temps, ce n’était pas comme si c’était de sa faute. Il dessina dans le sable un peu, traçant du bout des doigts des nuages, essayant en vain d'oublier les paroles qu'il venait de prononcer. Il sourit pendant un instant, la regardant à nouveau. « Alors, tu retournes sur l'île? » Tant de questions se bousculaient, mais il avait vu la peur dans son regard de ciel et il savait que, parfois, le passé pouvait être la cause de bien des peurs. La seule envie qu'il avait à cet instant était ces quelques minutes de pause dans cette journée qui n'en finissait plus.