(#) Sujet: A.B.C is easy as 1.2.3 {PV Ernst} Mer 7 Jan - 0:27
A.B.C is easy as 1.2.3
Les images d'une scène à laquelle j'avais assisté ce matin encore ne cessaient de me hanter, de me poursuivre et, il fallait bien que je le concède, de gâcher une humeur qui pourtant était jusque-là fort bonne. Chose suffisamment rare ces derniers temps pour que je prenne le temps de le souligner. Mes parents me trouvaient irascible et distante … quand ils ne s'étonnaient et ne s'agaçaient pas de ces velléités un peu trop affichées de m'émanciper de leur si pesante influence. Dictature même. Mon père soupirant lourdement tout en levant les yeux au ciel sans manquer de pointer sur moi un doigt accusateur et de se demander, à haute voix évidemment que je puisse bien entendre, s'il n'avait pas commis une erreur en me laissant endosser ce rôle d'espionne qui semblait un peu trop me perturber. Et alors il avait ajouté ces quelques mots qui m'avaient faite me figer avant que je ne sente mon sang battre à mes tempes et mon cœur se glacer. Il entendait me trouver un quoi ? Un époux ? Déjà ma mère s'enthousiasmait, avançant sans surprise aucune, le nom de mon meilleur ami d'enfance, Nemo. Leurs regards qui avaient glissé sur moi qui me décomposais véritablement et qui eus le plus grand des mal à déglutir. Ils envisageaient sérieusement de me marier ? Pourquoi ? Parce qu'ils pensaient que cela me musellerait, me ferait rentrer dans ce rang que je n'avais pas même quitté ? Enfin, pas totalement... Je les voyais déjà aire abstraction de ma présence pour se projeter dans ces noces qui n'auraient jamais lieu et je dus me faire violence pour ne pas leur hurler à la face ce que j'en pensais moi de leur projet stupide ! Me marier à Nemo ? Et pourquoi pas à un Hamilton pendant qu'ils y étaient ? Non mais franchement ! Ce n'était pas parce que nous vivions confinés sur une île perdue au milieu de nulle part que nous devions recourir à ces pratiques moyenâgeuses ! De toutes façons Nemo n'accepterait jamais quand bien même ils oseraient seulement lui en toucher un mot ! Et si jamais il s'avisait de consentir alors c'est moi qui refuserait ! Parce que quitte à me marier un jour – et Dieu m'en préserve ! - j'entendais bien choisir librement l'heureux élu ! Et...
Les rires de mes amis avaient interrompu le fil de mes pensées et ce fut presque hébétée que je me secouais pour découvrir, réaliser que j'avais quitté la demeure familiale. Fuir n'était en soi pas une solution mais, en l'occurrence, cela m'aurait au moins permis d'éviter un pugilat qui aurait bien vite tourné au vinaigre ! Et, me connaissant, la colère aurait pu me rendre bien trop bavarde au point, exemple tout à fait innocent, ce qu'un certain garçon et moi avions adoré faire dans presque chacune des pièces et sur chacun des meubles de leur si parfaite petite demeure ! Je grommelais intérieurement, les mains engoncées dans les poches de mon short quand je relevais mon minois furibond et ancrais mon regard à cette scène pathétique mais, pourtant, presque habituelle dans les rues du village. Ernst Hamilton, celui dont le nom soit-disant prestigieux ne compensait pas la nature quelque peu singulière, se faisait une fois de plus chahuter par ceux qui semblaient, comme toujours, y prendre le plus grand et pervers des plaisirs. Ce garçon était différent de nous. Moins apprêté, moins intelligent aussi d'après la rumeur. On murmurait non sans glousser qu'il ne savait pas même lire et écrire... et cela suscitait toujours des rires gras qui tambourinaient à mes tympans et me donnaient toujours la plus furieuse des envies de frapper jusqu'à réduire en bouillie leurs trognes de crétins dégénérés et congénitaux ! Pour qui se prenaient-il à la fin ! Et la réponse qui s'imposait alors à mon esprit faisait toujours remonter la nausée à mes lèvres. J'étais comme eux. Bouffie de cette suffisance que ma naissance avait déposée dans mon berceau et que mes parents avaient pris grand soin d'entretenir et de cultiver avec amour. J'étais une Originaire dans l'âme, la fille de membres du Conseil et un quelconque marionnettiste de Destin m'avait choyée en m'accordant une certaine beauté et des petites cellules grises bien vivaces. Prétentieuse, vaniteuse au point d'en devenir peste, je l'étais assurément ! Mais rien n'était immuable et les gens, tout comme les choses, changeaient. Et ni moi ni Ernst ne pourrions échapper à cette règle. Et, quelque part, je m'en félicitais !
Depuis toujours ou presque j'avais laissé les choses se produire sans jamais intervenir. Que mes camarades, ceux-là même que je me surprenais à considérer comme des amis, se moquent de lui m'exaspérait et me rendait ivre de colère mais, jusque là, je n'avais jamais daigné intervenir. M'impliquer eut été franchir un pas que je ne m'étais jamais sentie prête à faire. Egratigner ma si parfaite image... Prendre ouvertement parti pour celui que l'on prenait pour l'idiot du village et qui semblait si bien apte à endosser le rôle de souffre douleurs... Cela aurait suscité bien des questions et je n'avais pas la moindre envie d'y répondre ! Et puis, soyons honnête, je ne voulais pas m'ennuyer avec ça. J'étais lâche à ma manière et égoïste. Je tenais à protéger ma si parfaite petite vie toute rose de petite fille riche. J'avais ma cour, mes amants, mon avenir radieux... Pourquoi tout mettre en danger pour un être dont je me fichais éperdument ? Un soupir alors que je secoue la tête, faisant virevolter mes boucles dorées autour de mon visage opalescent. Et, là, je parlais encore de Ernst peut-être ? Bien sur que non. Mais les situations n'étaient pas si différentes et éloignées que cela. Pour Lahas j'avais commencé à changer, à mûrir et à oser regarder le monde avec lucidité aussi troublant et perturbant cela puisse souvent être. Et pour Ernst... Disons que ce bonhomme atypique serait une autre étape de ce que je ressentais un peu comme une transformation. Un peu comme si la chrysalide luttait pour s'extirper de son cocon de soie et déployer ses ailes sombres de papillon. Et puis j'en avais assez de n'être que spectatrice de ce film où j'avais moi aussi un rôle à jouer ! La figuration était une pause bien tranquille mais terriblement frustrante ! Et 'je commençais à en avoir ma claque de tout ça !
Non mais vous n'avez rien de mieux à foutre de vos vies ?! m'étais-je entendu crier faisant presque se suspendre le temps dans cette rue où nous nous trouvions. Les regards, emplis d'incompréhension, qui glissaient sur moi tandis que je m'approchais et venais m'interposer entre les bourreaux et leur victime attitrée. Alors que l'un de mes « amis » s'apprêtait à prendre la parole je soutins son regard sans même ciller et je soufflais d'une voix chaude mais aux étranges échos menaçants J'en ai assez de vos gamineries ! A quoi cela vous avance-t-il de vous en prendre sans cesse à celui qui ne cherche pas même à se défendre ? puis les regardant tous, les uns après les autres, je leur crachais ces quelques mots avec tout le mépris et le dédain dont j'étais capable Vous vous pensez fort ? Vous n'êtes que des idiots et des lâches ! puis, prenant d'office la main de Ernst dans la mienne je lui offris l'ébauche d'une chose à mi chemin entre le sourire et la grimace je lui intimais plus que ne lui demandais Tu viens ? On nous attend sur les pontons.
Puis je commençais à l'éloigner de ces assaillants, ne me figeant qu'une poignée de secondes alors que je les entendais tenter d'expliquer mon attitude pour le moins inattendue en disant que Nemo et moi avions encore du nous disputer. J'en entendis même une, saleté de bécasse, ajouter que le « pauvre » Nemo devrait se méfier vu que, d'après la rumeur, je traînais bien souvent aux champs ces derniers temps. Si je l'avais pu – et si je n'avais pas craint de donner un peu trop de consistance à ces rumeurs déjà bien trop réelles- j'aurais fait volte face et serais aller expliquer ma façon de penser à cette greluche ! Et, oui, j'aurais pris grand plaisir à refaire son sale petit nez tordu de saloperie de fouine ! Mais je ne voulais pas être la cause de ces problèmes que Lahas trouverait bien assez vite tout seul et puis... Mon regard espiègle qui vint caresser la silhouette de celui qui se trouvait à mes côtés, interdit. Quoi ? Je le surprenais ? Tant mieux ! Je lâchais sa main et pris la direction de ce grand ponton où je m'assis, laissant mes jambes pendre dans le vide. D'une main je sortis un paquet de cigarettes de ma poche et m'en allumais une avant que de lui jeter le paquet et de reporter mon regard sur l'immensité de l'océan. Une volute de nicotine qui s'élevait dans les airs et que je feignais de regarder, presque fascinée. Puis mes mots qui déchirèrent le silence sans même que je ne le regarde
A partir d'aujourd'hui je vais te donner des cours. Et d'ici quelques temps tu sauras lire et écrire tu verras ! cela tenait plus de la décision péremptoire que de la proposition mais je m'en fichais. Quand je voulais quelque chose je finissais toujours par l'obtenir et je ne faisais que nous simplifier les choses et gagner du temps en allant directement à la conclusion : il serait mon élève ! Point ! Alors je le regardais et posais cette question qui me trottait dans la tête depuis un moment Pourquoi tu ne te défends jamais ? T'aimes ça ou quoi leur servir de défouloir à ces frustrés de première ?
Après tout, puisque nous serions amenés à nous revoir souvent à partir de maintenant, autant jouer franc jeu, non ? L'honnêteté fait du bien. Parfois... enfin j'espère !
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(#) Sujet: Re: A.B.C is easy as 1.2.3 {PV Ernst} Sam 10 Jan - 1:42
Comme une pierre que l´on jette dans l´eau vive d´un ruisseau, et qui laisse derrière elle des milliers de ronds dans l´eau. Comme un manège de lune avec ses chevaux d´étoiles, comme un anneau de Saturne un ballon de carnaval, comme le chemin de ronde que font sans cesse les heures le voyage autour du monde d´un tournesol dans sa fleur. Tu fais tourner de ton nom, tous les moulins de mon cœur… Les semaines, les heures, les secondes se suivaient et se ressemblaient. Le quotidien s'était teinté de ce goût amer, faisant taire toute attractivité. Le chaud. Le froid. La joie. La peur. Les rires. La fureur. Les sensations n'avaient aucune saveur, pas plus que les sentiments. Sa tête était vide, à l'image de son esprit. Depuis des heures déjà, il était debout contre ce tronc d'arbre, fixant de loin l'agitation du village, regardant les aller-retour incessant des membres du conseils ou des simples civils - si tant est que l'on pouvait considérer ces êtres comme de simples civils, tout en jouant à envoyer une petite pierre en l'air dans un mouvement qui se voulait des plus réguliers. Le soleil déjà avait entamé sa course dans le ciel, dans l'idée de sombrer au-delà de l'océan. Là bas, des enfants s'amusaient. Là bas, des adultes discutaient. Des formes floues, qu'il devinait pour avoir pris l'habitude de les voir ainsi, telles des masses sans visage, de tailles variables. Pour eux tous - ou presque - il ne ressentait rien. Ni véritable haine. Ni véritable amour. De l'indifférence. Une indifférence morbide qu'il entretenait depuis son plus jeune âge. Depuis qu'ils l'avaient forgés à leur image. Image qu'ils se refusaient d'assumer, de porter, mais qu'ils se plaisaient à lui attribuer ; l'image d'un monstre.
Le soleil était déjà haut dans le ciel, inondant les environs d'une lumière blanche des plus aveuglante, étincelant comme tant d'étoiles de feu avec un jeu de miroir auquel s'abandonnait l'océan. Le silence, pesant. Pas le moindre bruit, comme si le temps d'une nuit le monde était mort, la mort s'était tut. Lâchant une soupir, Ernst sortit soudainement de son immobilité, comme s'il reprenait vie. Une sensation étrange le traversa à cet instant, comme si quelque chose n'allait pas. Et quelque chose n'allait pas. Passant une main dans ses cheveux, il laissa retomber sa tête vers l'avant. Ses yeux se posèrent sur ses mains. Elles étaient sales. Tachées de rouge. Tachées de sang. Qu'avait-il fait ? Il l'ignorait. Dans sa tête ne demeurait qu'une absence. Un vide. Un trou noir. Dans sa tête, il faisait encore nuit. Avait-il blessé ? Tué ? Un animal ? Un humain ? Lui-même ? Rien n'était moins sûr dans son esprit. Venant prendre en otage son crâne de ses bras, il se recroquevilla sur lui-même, à même le sol, le temps de se remettre les idées en place. Il n'aimait pas ces moments. Ce moments durant lesquels il était en proie au doute, à l'incompréhension. Ces moments où le temps semblait s'être accéléré, ne lui laissant pas le temps de la suivre. Mais il n'avait pas le choix. Il était fait ainsi, et sans doute allait-il mourir de la sorte. Il ne pouvait que subir, en silence. Et s'il lui arrivait d'en accepter l'issus, la prise de conscience de ce mal était source de crise. De douleur. De peur. Prise de conscience qui lui donnait l'impression de pouvoir s'en défaire. Comme si se défaire de cette folie était encore possible. La mort certes était une solution. Un luxe auquel il n'avait pas accès. Car il était né dans une prison. Une prison appelée corps humain.
Puis il y eu ce mal de crâne. Terrible. Violent. Quittant le rocher sur lequel il ne se souvenait plus s'être assis, Ernst s'avança au plus prêt de l'eau. Alors que ses yeux se plongeaient dans le regard de son propre reflet, il y plongea les mains et s'y enfonça jusqu'aux avant bras. L'eau se teinta d'un doux rouge pâle qui déjà disparaissait. Et il se mit à frotter sa chair, comme si subitement il en était effrayé et qu'il devait absolument s'en débarrasser. Il se sentait sale. Ses bras le démangeaient, le brulaient jusqu'à l'os. Et son crâne cognait là haut. Il ne savait pas où il était. Et alors qu'il émergeait de cette absence - qui s'apparentait au sortir d'un long sommeil sans rêve - et qu'il prenait conscience de ce qui l'entourait, une boule se formait au creux de son estomac. Zacharia ne serait pas content s'il apprenait ça. Et il ne voulait pas énerver Zacharia. Il ne voulait pas le décevoir. Il ne voulait pas sentir sur lui ce regard méprisable et plein de jugement. Non. Et pour cela, il devait se nettoyer. Pour cela il devait effacer les traces de ce qu'il avait commis. Oublier ce qu'il avait déjà oublier. Retourner au village en croisant les doigts pour qu'il n'ait pas été le théâtre de sa bêtise.
Le retour fut long. S'il s'était rapidement repérer entre les arbres et les sentiers, sa progression s'était fait lente à cause de son esprit embrumé. Il voulait dormir. Il se sentait vider, comme s'il avait passer la nuit à courir. Et c'est ainsi qu'il arriva aux portes de la salle communale, au cœur de la place dite "centrale". Nom qu'il n'avait jamais compris, puisqu'elle n'était géologiquement pas parfaitement au centre du village. Contournant le lieu de toutes les festivités, il s'engagea dans la première allée, ne sachant pas vraiment quel endroit il cherchait à atteindre. « Hé ! Ernst ! » Il n'eut aucune réaction, continuant sa marche, sourd à l'appel. « Hé ! Merdeux. T'es devenu sourd ? » Le merdeux c'était lui. L'inutile. La raclure. La tâche. Des mots courants, ayant pour principal point commun d'être associés de manière habituelle et presque automatique à son prénom - les beaux jours. Avant que toute réplique soit possible - même s'il ne comptait pas répliquer - il se retrouva à terre et les rires se mirent à résonner. Posant ses yeux sur la jambe étrangère coupable de sa chute, il chercha à se redresser. En vint. La stupidité des originaires s'apprêtait une nouvelle fois à se mettre à l'œuvre. Ernst marmonna une insulte inaudible entre ses dents. Il n'en fallut pas plus. L'un d'eux trouva marrant de le bloquer au sol, appuyant de toute ses forces sur ses côtes, Ernst fut surprit de ressentir une douleur aigue. S'enfermant dans sa tête, dans son univers, il fit abstraction de la réalité, s'engouffrant dans son monde pour laisser de côté ce qui appartenait au réel.
Il y eu ce contact. Cette force qui le tira de force d'un monde à l'autre. Puis les pontons ne tardèrent pas à se dessiner devant lui. Penopoline était là. Surpris, il ne put rien faire d'autre que de la regarder, n'osant bouger. Osant tout juste respirer. S'éloignant de lui, elle alla prendre place au bord de l'eau. Au risque de paraître insistant et malaisant, il ne détacha pas son regard, scrutant ses moindres gestes, presque méfiant. Puis il brisa ce contact qui n'allait que dans un sens pour regarder autour de lui, venant enfouir ses mains dans ses poches. Sa voix, féminine se confronta au silence. Pourquoi ne pas se défendre ? « J'attends seulement le jour où l'un d'eux aura le courage de me tuer... » Sa voix était calme. Basse. Et paradoxalement douce face à la dureté de ses propos. Il avait désormais pleinement conscience de son environnement et de la situation actuelle. Le contre coup de sa crise était passé. Moment de lucidité où il paraissait presque normal. Un paquet de cigarette lui avait été envoyé. Il n'avait pas chercher à le récupérer et ce dernier avait atterrit non loin de ses pieds. S'abaissant, il se saisit du sésame, tirant une clope, avant de le laisser rejoindre le sol à nouveau. Portant le petite tube à ses lèvres, il tenta d'y mettre le feu. Il du s'y reprendre à deux fois pour l'allumer tant ses mais étaient agitées de spasmes causés par l'adrénaline que son corps produisait en quantité pour palier la douleur qui l'habitait. « … pour ne pas les tuer. » Il inspira profondément puis recracha la fumée, ses doigts toujours tremblant.
Sa première affirmation l'avait blessé. Reconnaître son ignorance, c'était le rabaisser. Lui faire sentir sa différence. Son idiotie. Son infériorité par rapport à elle. Il inspira une seconde bouffée de nicotine. « Penopoline Harsvelt… penses-tu que ta petite révolution de tout à l'heure suffira à détourner les regards de ces "frustrés de première" des champs ? » N'était-ce pas comme cela que les choses fonctionnaient ? Elle lui avait posé une question. Il était en droit de réclamer une réponse. Réponse qui lui était vital pour comprendre ses intentions et voir s'il fallait couper court maintenant ou s'il pouvait s'accorder une pause dans sa fuite continuelle. Réponse à une question qui n'était pas un reproche malgré la manière maladroite dont elle était posée. Une question presque innocente d'un esprit qui ne l'avait jamais été.
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(#) Sujet: Re: A.B.C is easy as 1.2.3 {PV Ernst} Sam 10 Jan - 13:04
A.B.C is easy as 1.2.3
Le soleil semblait jouer à cache cache dans ce ciel qui se couvrait peu à peu de ces masses cotonneuses et blanchâtres derrières lesquelles il ne se dissimulait que pour mieux revenir nimber nos deux silhouettes, nos deux minois de ses plus doux rayons. Comme si lui aussi s'étonnait de cette si étrange paire que nous formions Ernst et moi... Comme si une Belle que j'aurais pu être et qui avait d'ors et déjà rencontré sa Bête poursuivait son chemin sur la voie de la perdition et s'en allait maintenant se perdre dans les méandres de la vie pour le moins singulière d'un Simplet qui n'aurait rien eu d'un nain collé aux jupons de Blanche Neige... Jolie métaphore... Je parie que Betelheim lui même ne l'aurait pas reniée tiens ! Sauf que je n'avais jamais aimé ni cru aux contes de fées, que je n'avais pas grand chose de l'une de ces bien trop apprêtées et décérébrées petites princesses et que, j'aurais pu en mettre mes deux mains à couper, le garçon à mes côtés n'avait rien du parfait idiot que l'on aurait tant aimé voulu qu'il soit ! Les gens sont bien prompts à vous ranger dans ces hideuses petites cases qui font de vous leur héros, leur modèle ou, dans le cas de celui dont je sentais le regard interdit glisser sur moi, leur parfait souffre douleurs... Et à cette loterie ridicule et si partiale je devrais sans doutes m'estimer heureuse d'avoir hérité du rôle de la traînée de service ? Qu'ils aillent tous se faire voir ! Quand bien même ma loyauté envers les miens m'empêcherait encore un bon moment de leur jeter à la face ce que je pouvais penser de leurs us si sectaires, aveugles et simplement débiles rien ne m'empêchait de leur donner une petite leçon, n'est-ce pas ?
Et peut-être avais-je vu encore plus juste que je ne le pensais en décidant de faire du cousin de Zacharia mon disciple... A moins que l'échange ne soit, en fin de comptes, bien plus équilibré qu'il n'y paraissait ? Possible en effet et si j'en croyais ces tous premiers mots qui s'écoulaient de ses lèvres alors qu'il daignait enfin se saisir de mon paquets de cigarette pour en porter une à ses lèvres. Le tremblement de ses doigts... La rigidité étrange de son corps comme si, sous sa peau, ses muscles se nouaient plus encore que ses nerfs... Ce regard qu'il possédait et me montrait et dont je n'aurais su dire ce qu'il reflétait... Ernst passait pour un crétin auprès des autres ? Aux miens il devenait une énigme dont je me languissais de trouver la clé. Et plus encore lorsque sa première phrase parvint à sa chute, pour le moins stupéfiante, et qu'elle se mit à tournoyer dangereusement et furieusement en mon esprit. Qu'il ait exprimé aussi directement des envies presque suicidaires ne m'avait arraché qu'un grognement de colère tandis que je dardais sur lui mon regard le plus sombre. Et, oui, j'eus presque envie de l'exaucer ! De laisser remonter en moi cette fureur que j'avais toujours maintenue étouffée mais qui, depuis quelques temps, ruait et menaçait de rompre ses chaînes qui ne l'avaient que trop retenue.. La violence brûlait en moi et Ernst était le premier à réellement l'éveiller, l'aiguiser et la tenter au point que je crevais presque de la laisser déferler, fondre sur lui. Après tout n'était-ce pas ce qu'il voulait ? Mon sourcil qui s'était haussé, mes iris qui s'étaient animées et un sourire qui avait fleuri sur mes lèvres alors que je comprenais ce qui se cachait réellement derrière la prétendue apathie et lâcheté du jeune homme.
A moins que tu n'attendes d'avoir, toi, le courage d'aller au bout de tes envies et pulsions meurtrières ? avais-je dit tout en me rapprochant insidieusement de lui, le provoquait gentiment tout en ancrant mon regard au sien et approchant mon visage si près du sien qu'il ne put que sentir mon souffle sur son visage alors que je poursuivais Je les trouvais lâches de te rosser ainsi encore et encore mais ne l'es-tu pas plus encore de renier ce que tu es vraiment ? S'il y a un monstre en toi pourquoi le maintenir en cage ? un rire taquin qui s'élevait dans les airs alors que je murmurais tout en lui souriant paisiblement Aurais-tu envie de me tuer moi aussi ? Là, ici et maintenant... Nous sommes seuls et l'océan emporterait mon corps sans que tu sois jamais inquiété... Un Hamilton tuer une Harsvelt ? Personne n'y croirait ! Et encore moins ceux qui ont décidément bien tort de te prendre pour un sombre crétin ! puis je me penchais encore plus et murmurait au creux de son oreille de ma voix chaude et sensuelle mais qui se teintait pourtant des ces notes enfantines dont je ne me défaisais jamais totalement Tu passes pour un idiot et moi pour une traînée... Ils nous méprisent et nous sous estiment... Mais ils devraient se méfier car lorsque l'eau qui dort se réveille qui sait ce qu'il peut arriver, n'est-ce pas ?
Puis je m'étais éloignée, riant aux éclats alors que je me relevais pour mieux m'étirer et aller rejoindre la première pirogue. Sautant lestement dedans je commençais à en défaire les amarres tandis que je lançais de temps en un temps un regard amusé et empli de défi à celui qui se révélait à chaque seconde qui s'écoulait bien plus fascinant encore que je n'aurais seulement osé l'espérer. Ernst était différent mais les gens se méprenaient lourdement sur la nature de sa différence. Et je me réjouissais presque de voir venir le jour où la vérité, sa vérité, éclaterait au grand jour. Qu'il sache lire et écrire importait en fait peu et je le réalisais soudainement. Les monstres n'ont que faire de l'éducation ! A-t-on jamais vu un Croquemitaine lire des jolies et si écoeurantes fables à ses victimes avant que des dévorer ? Bien sur que non ! Ernst possédait déjà en lui tout le nécessaire pour infliger un jour la plus cinglante des leçons à tous ceux qui ne l'avaient que trop tourmenté. Mais, je n'en démordrais pas, il lui fallait accéder à l'instruction, à toutes ces notions sociales qui semblaient lui être étrangères mais qui l'aideraient à masquer aux yeux du monde le monstre en lui. Un monstre à l'état brut, presque animal, c'était bien. Un monstre instruit était, pour le coup, bien plus dangereux et dévastateur. Je suspendais mes gestes en me rendant compte de toutes ces horribles et saugrenues pensées qui agitaient mon esprit. J'avais voulu me montrer altruiste en apportant mon aide à ce garçon et me voilà qui fantasmait presque de le voir devenir la créature de Frankenstein que je m'imaginais déjà contribuer à modeler. Une grimace à mes lèvres... Soit le soleil tapait plus fort que d'ordinaire et me faisait déraisonner soit... Soit je changeais bien plus encore que je ne le pensais et, pour le coup, il n'y avait pas que l'amour que je sois en train de découvrir. La fureur, la monstruosité aussi. Un soupir alors que je me gausse intérieurement. Après tout l'amour est monstrueux, non ? Et quitte à accomplir les pires des atrocités autant le faire avec amour !!
Et qui te dis, Ernst Hamilton, que j'entends les voir détourner le regard de toi ? avais-je dit, debout dans ce qui serait notre pirogue et alors que je le regardais fixement et avec un sérieux presque effrayant tant il m'était rare. Mes yeux qui se plissent tandis que je le dévisage avec insistance Je veux qu'ils te voient et qu'ils posent sur toi ce regard qu'ils ont pour ton si cher cousin ! Tu te souviens de Zacharia, non ? Celui qui te prend presque pour un toutou servile, docile ! Remue de la queue, fous toi une laisse et le tableau sera complet ! avais-je dit pour mieux le faire réagir. Puis, soupirant d'agacement jje l'invitais à me rejoindre dans la barque et lui adressais un clin d'oeil Tu penses que te laisser insulter et frapper te permettra de dissimuler ce que tu es réellement ? Erreur ! Tu ne fais que te distinguer ! Si tu veux vraiment masquer ta nature monstrueuse alors suis ce conseil : on est jamais mieux caché que dans la foule ! ma voix qui se fait brise alors que je continuais Sois comme eux... Laisse-moi t'apprendre à lire et à écrire. Laisse-moi faire de toi un homme du monde et, ensuite, ce sera à toi de décider ce que tu en feras. Un monstre caché sous des vêtements d'homme respecté mais guère respectable peut-être. Cela m'amuserait assez je dois bien le confesser. lui jetant une pagaie je murmurais tout en désignant un endroit un peu plus loin sur notre côte et où la jungle s'étalait à perte de vue On va là-bas ! J'y ai un endroit secret avec quelques bouquins et autres bidules... Un endroit où j'aime à m'isoler quand notre si belle communauté m'agace plus que de raison. Et c'est là-bas que je te donnerai ton premier cours ! puis, le regardant je ris Tu attends quoi pour ramer ?
Moi, aimable ? Parfois. Autoritaire ? Toujours. Sincère ? Avec Ernst maintenant et ici, oui. Je ne sais pas pourquoi mais il m'intrigue et, aussi fou que cela puisse sembler, je sens qu'il sera important dans mon avenir. Plus que Lahas ? Non, sûrement pas. Mais important quand même. Après tout qui n'a jamais rêvé de côtoyer un monstre ?
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(#) Sujet: Re: A.B.C is easy as 1.2.3 {PV Ernst} Mer 14 Jan - 0:36
… comme un écheveau de laine, entre les mains d´un enfant. Ou les mots d´une rengaine, pris dans les harpes du vent… Penopoline n'était pas belle. Elle n'était pas cette fille "bandante" - comme ils disaient lorsqu'ils aimaient à fantasmer sur elle après l'avoir rabaissée à un état de chienne. Elle n'était pas cette sublime créature, cette divinité dont tout le monde dépeignait le tableau pour mieux le redessiner par la suite. Non. Penopoline n'était pas belle et Ernst s'en rendait compte alors qu'elle passait de manière inconsciente cette frontière invisible où se taisait le flou. Elle n'était pas sublime, mais avait de la créature toute son asymétrie. Un œil plus grand que l'autre et légèrement plus bas. Une lèvre supérieure discrète dominée par son inférieure. Des cheveux irréguliers. Quelques grains de beautés qui se confondaient avec des tâches de rousseurs déposées sans grâce aucune sur une peau bien trop pâle. Un soupçon de strabisme à peine observable. Et cette odeur acre du tabac, qui après avoir parcourut ses poumons venait engorger les siens. Elle portait à elle seule les traits de l'homme. Les traits de la monstruosité humaine. Une abomination. Car qu'est-ce que l'espèce humaine pouvait être laide. Dépourvue de charme. De douceur. D'élégance. De finesse. Le corps tout entier de Penopoline semblait respirer cette vulgarité superbe, demander l'aumône pour un peu plus de disgrâce encore, pour obtenir la bénédiction de l'être qui s'y laisserait prendre, aveuglé par son animalité. Oui. Penopoline n'était pas belle, et la vérité était criante alors qu'elle lui offrait désormais par sa proximité son gaz carbonique à chaque inspiration. Une poupée cassée. Un poison vivant.
Des mots habillés de reproches parvenaient jusqu'à ses oreilles. Lâche. Monstre. Crétin. Idiot. Des mots qui résonnaient en lui comme absents de tout sens pour les avoir trop entendu. Quand elle lui demanda s'il avait envie de la tuer, Ernst ne broncha pas. Immobile, il se contentait de la fixer, ne laissant paraître qu'un peu de lassitude à peine dissimulée sous la fatigue d'une nuit - ou plusieurs - sans sommeil. S'il était capable de la tuer ? Oui. Sans doute. S'il en avait envie ? Non. Penopoline ne représentait rien pour lui dans l'immédiat. Elle n'était encore qu'une masse informe qui venait de passer dans le net. Elle devenait tout juste un visage identifiable. Un visage reconnaissable. Elle n'en était qu'à l'idée de devenir quelqu'un dans son monde à lui, si proche et paradoxalement différent de son monde à elle. Mais la réponse était oui. Si on lui demandait - ou si cela devenait nécessaire - il pouvait aisément la tuer, en prenant en considération le fait qu'accomplir un acte n'était pas dépendant d'une volonté. Dans le cas contraire - ou l'accomplissement dépendrait entièrement de la volonté -, tout dépendrait de la personne qui lui demanderait de commettre l'acte. Mais il s'égarait. Lorsque toute son attention retrouva le chemin de la demoiselle, elle établissait un parallèle entre leur condition respective. Ajoutant à cela une interrogation dont il ne parvint à saisir le sens. Il n'avait jamais été doué pour les métaphores. Ni pour les figures de styles en général d'ailleurs.
Elle le libéra enfin de cette emprise invisible, s'enfonçant d'avantage à chacun de ses pas vers le flou. Une pirogue. Elle y prit place, droite, debout, se jouant de lui en lui adressant des regards amusés. Elle semblait prendre un plaisir immense à le chercher, à le défier, comme si elle cherchait quelque chose de plus profond. Quelque chose au-delà. Quelque chose qu'il n'était pas en mesure de contrôler, n'en déplaise à Penopoline. De toute évidence, elle était dans le faux. Elle avait mal interprété ses dernières paroles. Il ne parlait pas de lui. Il parlait d'elle. « Ce n'est pas moi qui cache quelque chose aux champs. » Sa voix avait été basse. Si elle l'avait entendu ? Peut-être bien que oui. Peut-être bien que non. Il n'en savait rien, mais s'en contentait peu. Et alors qu'il n'avait jusque là pas une seule fois détourné le regard de la jeune femme, à l'entente du mot Zacharia, ses yeux s'abaissèrent d'eux-mêmes. Un rictus vint déformer ses lèvres, alors qu'une perle d'eau était être train de naitre au coin de l'une de ses paupières tout en répondant à l'invitation silencieux en prenant à son tour place à bord de l'embarcation. Non. Il n'était pas ce qu'elle disait. Il n'état pas un chien aux pieds de son maitre. Il aimait Zacharia. Et Zacharia l'aimait. Il le lui avait dit. Il le lui avait fait comprendre. Par ses marques de tendresse. Par ses sourires. Par ses regards. Et Ernst ne désirait en rien l'égaler. Ernst ne désirait en rien que d'avantage de regards ne se posent sur lui. Plus que ça, il ne désirait en rien leur ressembler. Elle lui jeta la pagaie, et ce fut par pur réflex qu'il la rattrapa. Des ordres suivirent son geste. Elle lui donnait une direction - un endroit secret -, et un but - un premier cours. Puis elle se mis à rire. Tout simplement à rire. Ultime agression. Ou ultime humiliation ? Un rire absurde. Violent. Désagréable. Il n'aimait pas son rire. Et cette infinité soudaine, cette proximité le dérangeait. Il n'avait jamais été à l'aise avec les codes d'une société qui pour lui n'avait aucun sens. Une société qui jour après jour le rendait malade. Fou. Différent.
Il l'avait giflé. Pour seule réponse, elle avait obtenue cette claque. Sa main avait fendue l'air dans un mouvement des plus mécanique. Il l'avait giflé et s'était laissé tomber en arrière, offrant son corps tout entier à l'océan qui s'ouvrit pour l'accueillir en son sein. Ne se débattant pas, il se laissa guider par les bras meurtriers d'une mer qui l'avait privé de sa propre mère. Ramenant ses genoux tout contre son corps alors que son dos entrait en contact avec le sol marin, il gardait ses yeux grands ouverts sur le reflet de la pirogue baignée d'un soleil qui se faisait de plus en plus hésitant. La respiration bloquée, les battements de son cœur ralenti, une impression de bien être l'envahit alors qu'il se sentait étouffer. Il savait nager, mais son cerveau ne lui renvoyait pas cet ordre de survie. Le plus dur demeurait dans la première dizaine de seconde, le temps de la prise de conscience que respirer est ici chose fatale. Dès lors s'engage la phase d'acceptation. L'étouffement se dissipe pour laisser place à cette illusion de sécurité. Puis, en cas de prolongement, la perte de connaissance peut survenir. Mais nous n'en étions pas encore là. Ernst était actuellement entre la première et seconde phase. Un sourire aux lèvres, ses mèches se mêlant au sel et au sable, il était comme coupé de toute réalité. Penopoline semblait si lointaine. Tout comme la gifle dont l'emprunte devait très certainement se faire encore ressentir.
Ici au moins, il n'y avait plus à avoir peur.
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(#) Sujet: Re: A.B.C is easy as 1.2.3 {PV Ernst} Dim 18 Jan - 15:31
A.B.C is easy as 1.2.3
« Ce n'est pas moi qui cache quelque chose aux champs »... Mes yeux avaient, une seconde à peine et pas plus, dérivé jusqu'à la silhouette malingre et presque chétive de celui que je ne commettrais pas l'impair de sous estimer. Et quand bien même l'envie m'en aurait-elle effleuré l'esprit que ces mots qu'il venait insidieusement de prononcer eurent achevés de me convaincre que Ernst était bel et bien plus intelligent qu'il ne le laissait croire. Plus intelligent et plus fin observateur, même, que la majorité de ces gens au milieu desquels lui et moi évoluions de façon aussi similaire qu'opposée. Lui se complaisait à se vautrer dans la pénombre du paria là où je virevoltais dans la lumière de cette peste que l'on craignait, aimait, désirait ou haïssait sans jamais oser cependant le montrer et encore moins prendre le risque d'éveiller mon courroux. Les gens craignaient mes parents et cette relations aussi explosive que fusionnelle que Zacharia et moi entretenions. Et si e ne siégeais pas encore au Conseil tous pariaient sur le fait que mon jour viendrait et que, alors, il vaudrait mieux faire partie de mes amis hypocrites que de mes plus sincères ennemis ! Double erreur de calcul de leur part en fait... Voir même triple. D'une part parce que je respecterai toujours bien plus un ennemi déclaré mais qui au moins le courage de ses opinions comme celui de m'affronter ouvertement qu'un être qui s'autoproclame mon ami et que je pourrais, sans même sourciller, poignarder dans le dos à la première erreur de sa part. Ensuite parce que mes parents, tout comme le cousin de Ernst je n'en doutais pas une seule seconde, se contrefichaient éperdument de ce que pouvaient ou non penser les autres de ma petite personne. Si je devais, un jour, être à leur hauteur et digne d'eux alors c'était à moi et à moi seule d'apprendre à me défendre et à faire mes preuves. Et, enfin et c'était sans doutes là le point qui me plaisait le plus et dont je ne cessais de me délecter chaque jour un peu plus, la plèbe aurait du savoir que je n'avais pas besoin d'atteindre un siège du Conseil pour me révéler dangereuse. En fait je l'étais bien plus maintenant que j'étais libre de toute obligation ! Et, oui, j'étais dangereuse. Comme l'un de ce cauchemars qui se parent des atours du plus beau des songes éveillés. Et sous mes sourires enjôleurs , mes mots délicats et mes manières parfois bien précieuses ou aguicheuses, c'était un monstre qui se terrait, attendant patiemment son heure. Un monstre que nul ne voulait ni ne pouvait voir. Sauf apparemment celui qui se trouvait à mes côtés et n'avait visiblement rien à m'envier... Celui que je regardais avec d'abord la plus grande et méprisante des froideurs puis avec un amusement plus agaçant encore tandis que je grinçais des dents tout en chuchotant sur le ton de la fausse surprise
Me voilà donc découverte ! Pourtant, à ce que je sache, cet homme que tu évoques comme s'il était seulement secret et moi n'avons pas encore cédé à l'envie de nous rouler dans les foins... Une légère teinte rosée à mes joues alors qu'une nuée d'étoiles avait traversé le jade de mes iris. Un sourire sincère alors que je ne pus m'empêcher de laisser, deux ou trois secondes pas plus cela n'aurait pas été raisonnable, mes pensées vers celui qui était en effet mon plus doux et douloureux secret. Une légère tension à mon échine et une crispation certaine dans ces articulations que je serrais au point de les voir blanchir. Et puis mon rire qui s'élevait, de nouveau aussi pur et cristallin que mon regard reprenait sa si feinte innocence. Celle à laquelle tous croyaient... mais pas Ernst. Et je m'en réjouissais. Qu'ils regardent s'ils le veulent je n'ai rien à cache et ce n'est certes pas la première fois que mes frasques sexuelles feront les gorges chaudes de notre si petite et frustrée communauté.
Puis mon regard était venu darder celui que je venais de mettre au défi de seulement aller conter à qui voulait l'entendre, et ils ne se compteraient pas même sur les doigts d'une seule main, ce qu'il pensait si bien avoir deviné et murmurait, chuchotait de sa voix rauque et étrangement aussi douce que menaçante. En ce moment précis je me surpris à éprouver pour lui la plus folle et meurtrière des haines et je soupirais de stupeur autant que de contentement en sentant ma peau et mes chairs se mettre à fourmiller de ces pulsions violentes que je me découvrais de plus en plus éprouver. En mon esprit et derrière les rideaux de mes paupières closes je voyais défiler toutes ces scènes de tortures emplies de sadisme que j'aurais pu me laisser aller à faire devenir réalité si seulement il avait osé continuer sur sa lancée. Evidemment que Lahas était un secret que je tenais à voir enterré aussi longtemps que cela serait possible ! Parce qu'il était ce que je ne pouvais confier à personne et certainement pas à un Hamilton aux allures et aux relents de toutou à Zacharia qui aurait eu vite fait de me dénoncer pour obtenir un regard aimant de son si précieux et vénéré maître ! Lahas, d'après la rumeur publique, n'entendait pas soutenir Zacharia dans ses tentatives pour le moins habiles de non seulement intégrer le Conseil mais d'en prendre la tête. Même, certains prétendraient qu'il entendait s'y opposer... Mauvaise idée mais je ne m'aviserais jamais de seulement tenter de faire revenir mon amant à de meilleures intentions. Lahas était libre... Indépendant et libre... Et c'est comme cela que je le voulais. Comme cela que je l'aimais ! Et, oui, pour lui je serais prête à bien des choses... et, je souris rien que de le penser, pour lui même le pire me semblerait devenir le meilleur ! Amusant en fait... Je critiquais et me moquais ouvertement de Ernst et de sa pathétique servilité envers son cousin mais mon amour pour Lahas ne me rendait-il pas aussi pitoyable ?
Alors, oui, je voulais que la monstruosité que je sentais irradier en Ernst réponde à celle qu'il ne venait que trop bien d'exacerber. Et puisque nous nous ressemblions plus qu'il ne semblait encore prêt à le reconnaître ou même à seulement l'envisager, je n'allais certes pas me gêner pour le pousser en dehors de ces limites, bien trop étriquées, qu'il avait érigées sans doutes sous couvert d'en faire ses gardes fous. La folie ne peut s'endiguer ni même se juguler. Cela est aussi ridicule que de tenter de la nier ! La folie s'apprivoisait sans jamais se dompter. Et, alors, elle cessait de faire peur ou d'entraver pour devenir une force inestimable et trop souvent mésestimée qui permettait d'atteindre des sommets ou de déplacer des montagnes à celui assez intelligent pour la servir sans devenir son esclave. D'ailleurs, la folie existait-elle encore seulement lorsque l'on en venait à l'accepter ? La folie est inconsciente et incontrôlable. Ce qu'elle devient ensuite est au-delà même de ce que les mots pourront jamais décrire. Mes prunelles avaient glissé sur celui qui n'avait jamais que trop bien laissé transparaître sa réelle faiblesse. Non pas cette bêtise dont je le pensais sincèrement dépourvu d'ailleurs, mais cet attachement proche de la vénération et de l'amour qu'il vouait à son cousin. Ah l'amour ! Il en existe tant et tant de formes, il revêt tant et tant de visages ! Les gens le restreignent si souvent à ces pathétiques images de sentiments amoureux dégoulinants qui me donnent envie de vomir ! Ils usent et abusent de ce mot et de ceux qui en dérivent, les déclamant aux premiers venus sans même en saisir la quintessence ! L'amour, lui aussi, était folie ! Parce qu'il ne se cherchait ni même ne se trouvait. Il foudroyait quelle qu'en soit la forme. Il était violence et démence, douceur et raison. Il était, tout simplement. Et, j'en étais plus que convaincue, Ernst aimait Zacharia. N'allez pas non plus imaginer les plus tordus des scenariis. L'amour n'a ni sexe, ni âge et se passe parfois fort bien de volupté. Et Dieu me préserve que cela m'arrive jamais d'ailleurs ! Je laissais volontiers l'abstinence à ceux qui, comme Ernst, semblaient s'en contenter.
Une nano seconde de stupeur avant que mon rire n'éclate, n'explose sous la douce violence de cette gifle qu'il m'offrit en signe de reddition. Ou du moins est-ce ainsi que j'aimais à interpréter son geste, vilaine petite orgueilleuse vaniteuse que j'étais ! Et j'aurais pu encore rire longtemps si l'étincelle de violence qui venait de jaillir chez celui que je voulais aussi bien comme disciple que comme maître ne s'était pas de suite éteinte alors qu'il offrait son corps à cette eau qui, déjà, l'engloutissait. Horrifique spectacle que celui d'un homme qui se jette ainsi à l'eau sans même sembler avoir l'intention d'en réchapper ? Non, pas horrible. Juste terriblement agaçant, frustrant et énervant ! J'avais tout fait, ou du moins consenti à quelques maigres efforts, pour voir Ernst enfin délaisser son rôle si bien rôdé de victime et endosser le manteau taillé pour lui de bourreau et le voilà qui fuyait ? Incapable d'assumer ses pulsions le bonhomme ? C'est ce que nous allions voir ! Et alors que je plongeais et fendais à mon tour l'onde ce fut avec la plus terrible des ires chevillée à mon corps. La douce caresse glaciale de l'eau à ma peau alors que je plongeais pour agripper ce corps qui se laissait si mollement chuter. Si librement aussi. Ernst se noyait et semblait comme heureux de cette torpeur mortelle qui l'enveloppait, le nimbait et aurait pu finir par se faire linceul si je n'en avais pas décidé autrement. Le repos éternel était réservé à ces justes que ni lui ni moi ne serions jamais et, non, il ne serait pas dit que je laisserais ce petit égoïste patiné de lâcheté s'en tirer aussi facilement ! Il détestait et méprisait sa vie ? Se complaisait à jouer les victimes et m'avait lancé des piques ? Et il m'avait giflée ! Et, rien que pour cela mais certes pas pour les raisons probables, je le sauverai !
Mes mains qui agrippaient ses vêtements, glissant sur ce tissu détrempé alors que je sentais mes poumons se mettre à brûler sous cet oxygène dont je n'usais qu'avec la plus grande des parcimonies. Il vivrait ! Alors je me démenais comme une belle furie combattant cette onde lascive et bien trop empressée de m'arracher cet amant volontaire et suicidaire. Qu'elle se fasse une raison : Ernst était à moi et je ne le lui abandonnerais jamais ! Mes doigts qui finissent par se refermer plus violemment sur ce corps qui me sembla peser une tonne alors que je le saisissais sous les aisselles et tentait de remonter vers cette surface mouvante derrière laquelle je voyais les rayons du soleil se mouvoir, danser de la plus étrange des manières. Je ne sais pas même comment je fis pour ne pas me laisser entraîner par le fond et, quelque part, je ne peux m'empêcher de penser que Ernst avait, volontairement ou non, aidé à la manœuvre. Ma bouche qui s'ouvre en grand alors que je happe l'air qui commençait à me faire cruellement défaut. Ma main qui passe sous la tête du poids mort tandis que l'autre tente, tant bien que mal, de nous ramener vers cette rive que je n'avais jamais vue aussi lointaine ! Furieuse ! J'étais furieuse ! Et si j'en avais eu le souffle alors j'aurais laissé mes pensées venir vriller les tympans de celui que je me promettais d'achever de mes propres mains une fois nos vies sauvées. Enfin ce sable chaud et humide qui vint se coller à ma peau alors que nous nous échouions, pauvres gueux, sur son flanc immaculé. Mes mains qui le maintinrent encore un instant contre moi, comme pour mieux le dissuader de recommencer. Puis la fatigue qui me frappe et me terrasse, sourde et pernicieuse, me laissant allongée sur le dos, la poitrine haletante et des éclairs au fond des prunelles. Un vol d'oiseaux du paradis qui passait au dessus de nos têtes. Mes paupières qui se fermèrent quelques secondes comme pour mieux retrouver ce calme qui me faisait si cruellement défaut. Une respiration qui s'apaisait elle aussi. Ce cœur que je sentais repartir, doucement et serein maintenant. Alors je me redressais et, sans même lui laisser l'occasion de reprendre totalement son souffle lui aussi, je sautais sur lui, me retrouvant à califourchon sur son torse. La gifle, il aurait été aisé pour moi de la lui rendre. Mais je n'en fis rien. Si vengeance il devait y avoir celle-ci se dégusterait glacée et au moment où il s'y attendrait le moins. Pour l'instant seuls mes mots se feraient cinglants.. . Ou pas d'ailleurs. Cela aurait été lui faire bien trop plaisir et plus d'honneur encore ! Et, jusque-là, Ernst n'avait rien fait pour mériter cela. Aussi fut-ce mon rire qu'il entendit raisonner à ses tympans alors que je me baissais pour murmurer au creux de son oreille
Pas assez drue ta gifle... Peut mieux faire mais possède un potentiel certain. mon visage qui se redresse juste assez pour venir effleurer le sien un moment, un seul, alors que je lui adressais le plus sibyllin des sourires et poursuivais [/color=#FF9999] Pourquoi n'avoir pas mis toute cette violence que je t'inspire dans ton geste ? Pourquoi t'être ainsi retenu ? [/color] mes yeux qui se parèrent d'étincelles aussi puantes de satisfaction que d'étoiles purement moqueuses alors que je me relevais et fis quelque pas, tournant le dos à celui à qui je jetais maintenant [/color=#FF9999]Moi qui pensait que tu saurais celui qui m'apprendrait à laisser ma monstruosité éclore et doucement s'épanouir tu me déçois. Je pensais que tu en aurais un peu plus dans l'estomac ! [/color] mon regard qui passe par dessus mon épaule pour glisser le long de sa silhouette détrempée alors que je lui offre un sourire en coin et ces quelques mots soupirés dans un rire désabusé [/color=#FF9999] Une petite gifle et tu coules à pic ? Autant de capacités, de promesses de possibles gâchées par un égo aussi torturé que surdimensionné ? Ca, c'est consternant ! Tu n'es pas un inadapté social ni un crétin mais tu te complais à feindre de l'être et, ça, c'est pitoyable ! [/color] un pas et un regard vers lui alors que je grelottais dans mes vêtements mouillés mais ne m'en préoccupais pas même tant ma verve furibonde me maintenait debout [/color=#FF9999]J'aime et respecte Zacharia parce qu'il ne se cherche ni excuse ni prétexte!! Il est monstrueux, vachard et violent mais ne cherche pas même à le masquer aux yeux de ce monde dont il ne cache pas même se ficher éperdument ! Il est ce qu'il l'est et l'assume ! Et voilà pourquoi ma loyauté et mon affection lui seront à jamais acquises. J'apprends de lui tout comme j'apprends de cet autre homme que tu évoquais toute à l'heure. Eux ont au moins le courage d'être et de ne pas se fuir eux-même ! [/color] un regard provoquant avant que je ne commence à m'éloigner, levant bien haut dans les airs ce doigt fort peu poli [/color=#FF9999] Et toi, tu commences quand ? [/color]
2 475 mots
» Azure Q. Emingway "
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(#) Sujet: Re: A.B.C is easy as 1.2.3 {PV Ernst} Mar 27 Jan - 0:39
Le silence. Celui qui vrille les oreilles. Celui qui soulève le cœur. Tord l'estomac et détruit la tête. Celui qui inonde, celui qui submerge. Ce silence insupportable qui transforme les battements de notre cœur en le plus terrible des supplices qu'il nous a été donné d'entendre. C'était ce silence là qu'Ernst appréciait. Ce silence si dérangeant, si malaisant, de ceux qui donnent l'impression d'être vivant. Il avait longtemps cherché lors de ses errances une telle sensation, mais depuis toujours seule la mer était capable de lui offrir ce à quoi il aspirait. Cette tranquillité démentielle qui avait le don de vider sa tête de toute pensée. Attirance étrange pour quelque chose qui avait emporté sa mère une dizaine d'années plus tôt, presque obsessionnelle. Peut-être était-ce inconsciemment pour se rapprocher de la seule personne au monde à l'avoir jusqu'au dernier moment regardé avec les yeux d'une mère. Des yeux pleins d'amours. Des yeux qui ne le jugeaient pas, brillants de la fierté d'avoir donné la vie. Avec elle, les choses étaient toujours si simples. Il n'avait rien de particulier à faire, sauf être lui-même. Être son fils suffisait à la faire sourire, même s'il était loin d'être facile. Et c'était pour ça qu'il la haïssait. Il la haïssait pour l'avoir aimé. Pour être entré dans sa vie. Pour lui avoir fait la promesse que jamais elle ne le laisserait tout seul. Il la haïssait parce qu'elle était morte. Il la haïssait parce qu'il l'avait aimé.
Penopoline pensait le conduire dans son endroit secret. Ernst lui-même semblait être un acquis. Mais il lui avait fait part de son désaccord en s'abandonnant à la mer. Il voulait lui montrer ce qu'il ressentait lui. Ce que ça faisait d'être dans sa tête dans ces moments de lucidité. Lui montrer le combat qu'il menait chaque jour, la lutte continuelle pour maintenir la tête hors de l'eau alors que tout semblait le raccrocher au fond. Elle devait ressentir la panique envahir chaque parcelle de son corps, entrapercevoir la fin, pour mieux savourer le recommencement, laissant un sentiment d'inachevé. Comme si elle avait loupé quelque chose. Quelques secondes ou minutes de son existence. Prendre conscience que sa vie ce n'était rien, et qu'elle était par ses choix tout à fait capable de se mener directement à la mort. Et visiblement, la jeune demoiselle n'avait pas apprécié cette expérience à en juger par l'acharnement dont elle avait fait preuve pour les ramener là haut tout les deux alors qu'elle commençait à étouffer et qu'elle aurait très bien pu le laisser là - il aurait de toute manière fini par remonter. Puis le sable se fit sentir, et elle s'y écroula - tout comme lui - afin de reprendre son souffle. Il n'avait pas encore rassemblé toutes ses pensées qu'il se sentit de nouveau perdre le contrôle. Elle était là, sur lui, à le regarder. Et le rire repris. Ce rire si singulier et détestable. Non. Décidément il ne le supportait vraiment pas. Et de nouveau cette voix. Ces mots qu'il n'écoutait pas vraiment car il y en avait trop. Des mots qui sonnaient en lui de manières inégales. Des sons qui le distrayaient à peine de cette sensation désagréable du sable et des vêtements mouillés.
Lorsqu'elle s'éloigna de lui pour continuer sa tirade dans une théâtralité à peine exagérée, il referma quelques secondes les yeux pour calmer sa respiration et les battements de son cœur qui avaient perdus tout rythmes raisonnables. Grimaçant alors qu'il cherchait à remettre de l'ordre dans ses pensées, il l'écoutait à peine refaire le monde. Son monde à lui. Et c'était là qu'elle se trompait. Si le raisonnement semblait tenir debout, l'erreur se trouvait dans le fondement même de sa pensée : lui. Elle le voyait comme un adulte des plus normaux. Or, il ne l'était pas. Qu'elle le veuille ou non, il était différent. Qu'elle le veuille ou non, il demeurait instable et coincé dans une bulle dont elle n'avait pas encore la clef. Qu'elle le veuille ou non, il était malade et ignorait jusqu'à l'origine de ses symptômes. Elle le comparait à d'autres, à son cousin, vantant des mérites dont il connaissait déjà l'existence. Ce qu'elle ne comprenait pas, c'était les efforts qu'il avait fournis pour ressembler à des gens qui le rejetaient. Elle ne comprenait pas, car elle faisait partie de ces gens, de cette masse informe qu'il avait voulut copier. Cette masse à la fois superbe et écœurante que formait les originaires. Tout comme eux, elle refusait d'accepter qu'il agisse de manière différente, et le rabaissait pour quelque chose contre laquelle il ne pouvait tout simplement rien dans l'immédiat. Surtout pas dans cet état là. Inspirant profondément à l'entente de ses dernières paroles, il rouvrit ses yeux.
Le monstre. Elle voulait voir le monstre qui l'habitait. Très bien. Sans signes avant coureurs, il s'était élancé dans sa direction et lui avait sauté dessus, l'entrainant dans sa chute sur le sol. Ses mains trouvèrent tout naturellement le chemin de son cou, et ses doigts déjà s'afféraient à venir grignoter sa chair, ses ongles se délectant de quelques cellules maintenant mortes. Et il serrait. Brutalement. Violement. Surpris lui-même par l'acte qu'il était en train d'accomplir. Effrayé aussi un peu. Mais l'attaquer de la sorte était la chose la plus naturelle qui lui avait semblé être pour la faire taire. Plus que tout le reste, en cet instant, il n'aimait pas sa voix. Une voix si cristalline. Si pure. Si… Non. Il ne la supportait pas. Il ne la supportait plus. Ni ses mots. Ni ses soupires. Ni son rire. Ni même ces gémissements étouffés qu'elle produisait actuellement. Elle pouvait se débattre. Il n'en avait que faire. Des coups, des griffures, il s'en était reçu si souvent que son corps ne prenait même plus le temps de souffrir. Lentement il approcha son visage du sien, arrêtant ses lèvres au niveau de son oreille. Elle pouvait entendre sa respiration saccadée. Sentir son souffle chaud. « Jamais. » murmura-t-il. Elle n'en obtiendrait pas d'avantage et devrait se contenter de ce simple mot comme réponse. Abandonnant son oreille, il vint plonger ses yeux dans les siens, ne s'éloignant pas d'un pouce.
Couché sur elle, la contraignant à garder son dos contre ce sable qui déjà s'introduisait dans leurs vêtements et venait se coller à leur peau humide et salée, Ernst la fixait. Il pouvait serrer plus fort, mais là n'était pas son but. Comme dit plus tôt, s'il pouvait la tuer, il n'en avait dans l'immédiat pas envie. La tuer, c'était lui donner trop d'importance. La tuer, s'était une façon de l'ancrée à jamais dans sa vie. Et il ne voulait pas qu'elle fasse partie de son existence. Pas de cette manière. Pas tout de suite. Grattant toujours plus sa gorge - si bien que déjà du sang marquait ses doigts - il retira une de ses mains qu'il plaqua contre le sol comme pour s'aider à supporter son poids et dégager un peu sa cage thoracique toujours douloureuse. Cette même main s'attaqua par la suite à son poigné gauche et l'immobilisa quelques secondes à peine avant de le libérer et de remonter le long de son bras du bout de ses ongles crasseux. Ce geste - comparable à une caresse d'une extrême douceur - jurait grandement avec la pression qu'il exerçait sur sa gorge. Arrivé au niveau du coude, sa main s'engagea sur ses côtes, venant trouver la chair fragile d'un ventre finement dessiné. Il se délecta de ce corps jusqu'à l'orée de la poitrine. Là, il retira sa main. Son intention n'était pas de violer son intimité. Il n'avait de toute manière jamais été à l'aise avec les relations sexuelles et n'y avait jamais gouté par incompréhension de ce qui l'accompagnait. Il ignorait les codes, les règles du jeu, et avait trop de pudeur face à son propre corps marqué de toutes parts.
De toute manière, il n'était pas un de ces prédateurs. Son attitude, bien que suggestive était dans sa tête dépourvue de toute tension sexuelle. Tel un enfant, il jouait. Car un enfant, voilà ce qu'il était. Poussé à l'extrême, on pouvait même voir dans ses gestes une forme d'innocence propre à l'enfance. Approchant de nouveau son visage, il entre-ouvrit ses lèvres comme pour parler. Mais aucun mot ne sortit tout de suite. En effet, ce fut d'abord son expression qui changea. Son regard, noir, s'adoucie alors que ses lèvres se tordirent en un sourire des plus adorables qui soit. Et il lui cracha au visage, avant de retirer définitivement ses deux mains de son corps. En moins de temps qu'il n'en fallut pour qu'il le réalise véritablement, Ernst était debout et courrait à toutes jambes, s'éloignant toujours plus de la demoiselle. Il rigolait, fort, alors que l'adrénaline le poussait à avancer toujours plus loin si bien que le sable devint de la terre et que la mer fut remplacée par des arbres. Où il allait ? Il ne le savait pas. Pourquoi il courait ? Parce qu'il en avait envie, et qu'une petite voix en lui le poussait à le faire. Et puis courir, c'était amusant. Car oui, il jouait et il espérait que Penopoline soit entrée dans la partie.
A bout de souffle, Ernst plaqua son dos contre un arbre à peine plus épais que lui et se laissa glisser sur le sol. Un sourire toujours présent sur les lèvres, il fut surpris de sentir sur ses joues le liquide chaud de larmes toutes fraiches. Son sourire s'effaça doucement et ses mains vinrent prendre possession de sa tête. Toute la pression redescendait. Ça arrivait souvent ces sauts d'humeurs après qu'il soit confronter aux autres. Ces instants où la douleur se faisait ressentir, et où les bleus n'avaient jamais été aussi brûlants. Lentement, il se recroquevilla sur lui-même et resta là, sur le sol, immobile.