Toi aussi ptit bébé!
L'ombre de Coban et la lumière d'Oxalide
C'est un anniversaire pas comme les autres. C'est nos un mois. Un mois qu'on s'est rencontrés. Un mois qu'on ne se quitte plus. Je me souviens encore du premier jour. De ce jour ou la joie et l'inconnu flottaient dans l'air de l'île. L'espoir était en chacun des nuls échoués sur ce morceau de monde.
La grande nouvelle de ce bateau au large qui emportait des rescapés vers le monde réel à toute vapeur qui m'avait coupé le souffle comme un coup de poing. Puis les jours qui passaient sans nouvelles de qui était partit. Qui avait plongé dans la mer pour fuir les souvenirs crées en deux années? Personne ne savait vraiment. Aucune liste placardée à l'orée du village. Aucun communiqué pour dénoncer.
C'est comme ça que l'angoisse m'a pris. Elle s'est accrochée à moi et ne m'a plus quitté.
Elle s'insinuait dans mon ADN et je passais mes journée à nourrir cette salope qui avait posé ses doigts fourchus sur mon coeur.
Cette angoisse qui me réveillais la nuit en sueur pour me montrer que je vis dans un cauchemar. Que personne n'entendra comment j'ai vu chez Morphée Sa crinière aux couleurs de la vie monter dans cet engin infernal et son minois se retourner. Pas une oreille pour me consoler quand j'ai imaginé que le bateau avait rejoint les poissons au fond de l'eau.
J'avais peur. J'étais seul. Le grand Coban qui n'a besoin de personne et qui ne tiens à personne est là à se balader sur les lieux du premier crime. Je marche sur mes propres pas. Je pourrais presque entendre le souffle de la pauvre victime qui était le témoin froid de notre rencontre.
Égoïste et narcissique je me dis parfois que mon seul regret est de ne pas l'avoir tué de mes dix doigts mais je sais très bien au fond de moi que c'est son absence qui me tue et qui m'a collé cette saloperie d'angoisse aux basques. Tout ces jours passé dans l'incertitude. Ces heures à traîner près des campements pour espérer la croiser. Elle que je n'aime même pas. Comment pourrais-je aimer? Un être comme moi. Aimer. Un être si beau qu'elle. Je ferme les yeux aux abords de la clairière et je revois ses yeux qui me scrutent ébahis. Je revois son air de rien. Son air de tout. Je vois ses épaules voûtées sur sa poitrine comme une fée trop fatiguée. Je revois même sa cicatrice sous son t-shirt trop court. Je l'imagine cicatrisée et guérie. J'imagine ses cheveux décolorés par le sel avec l'ombre des couleurs autrefois si magiques. Et je sens son odeur si spéciale. Son odeur sucrée. Celle qui m'a toujours donné envie de la croquer. De n'en faire qu'une simple bouchée. De la laisser fondre sur mon palais abîmé par la cuisine infecte de l'île.
J'ouvre les yeux.
J'ouvre les yeux.
J'ouvre les yeux.
Mais rien ne change.
Je cligne des yeux.
Je grogne.
Je ferme les yeux.
Je suis devenu encore un peu plus fou.
Devant moi le fantôme de mon Oxalide. La tige fanée de ma fleur toujours aussi belle.
Si je tends le bout des doigts je peux la toucher.
Elle doit être morte. Elle a du sombrer sans personne pour lui insuffler de l'air au creux des lèvres.
Le courant à du la ballotter jusqu'aux abord de l'île et elle est là. Elle me hante.
Puis je vois ce mouvement. Imperceptible mais magique. Celui qui fait fuir ma compagne d'un mois. Sa poitrine qui se soulève dans un rythme joyeux et festif. Ce n'est pas juste un ectoplasme. Pas un simple souvenir. Plus qu'une trace.
C'est elle.
Elle.
Oxalide.
La fée aux milles lumières. Celle qui remet mon cœur en route. Celle qui me lie à la vie.
Elle est devant mes yeux bleus avec ses iris lumineux.
Elle me regarde sans vraiment me voir.
Et pour la première fois en un mois. Pour la première fois en deux ans. Je suis moi. Je suis seul. Chaque voix dans ma tête s'éteint et je n'entends plus que nos souffles qui recouvrent le bruit de l'eau au loin. Mon souffle qui s’accélère. Mon pouls qui s'affole et je ne veux plus qu'une chose.
Je m'élance et je plonge. Sans crainte. Sans précautions. Je me lance sur son corps frêle. Et je la sens. Je la touche. Je la serre. Je l'étreins. Je la tiens. Sa tête contre ma poitrine. Mes bras tout autour de son si petit corps. Je n'ai plus peur. Je pourrais la casser mais je sais qu'ici entre mes bras trop dur et trop rêches elle est en sécurité. Dans mon paradis. Je ferme les yeux et je sens des larmes sur mes joues. Je sens que la terre s'arrête pour nous. Que le temps fait une pause dans sa lente course vers le néant. Un tsunami pourrait bien arriver. Le temps s'est arrêter et j'ai l'infini pour moi avec un ange entre les bras.