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Kyliann L. Alden-Weaver
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KYLIANN&ROXANNE ✈ comme des enfants en cavale 1469059455-lambkid
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Message(#) Sujet: KYLIANN&ROXANNE ✈ comme des enfants en cavale KYLIANN&ROXANNE ✈ comme des enfants en cavale EmptySam 26 Avr - 15:41



✈ KYLIANN & ROXANNE
comme des enfants en cavale qui refusent de dormir, quand s'éteint leur étoile et qu'il faudrait vieillir. alors marchons ensemble, vers ces contrées sauvages …

« B’soir M’man. ». Kyliann marmonne, il traine les pieds, en rentrant dans la grotte, en cette fin d’après-midi. C’est chaque jour un peu plus compliqué. Confronté à l’indifférence de son jumeau, aux ricanements de ses sœurs et à l’incompréhension de sa mère, le jeune homme ne se sentait plus à sa place dans ce foyer. « Ha, Kyliann, tu rentres tôt aujourd’hui. ». Sous-entendu : ça y est, tu t’es enfin fâchée avec ta copine ? Il savait que tous, ici, n’attendaient que cela pour lui faire admettre que ce n’était qu’un amour d’enfance, un amour stupide. Qu’il fallait qu’il grandisse, qu’il cesse de s’accrocher à Roxanne. Mais lui n’en avait que faire. Cela faisait maintenant des années qu’il se moquait de toutes ces insinuations. Il se dirigea vers la partie de la grotte qui lui servait de chambre, y jeta sa besace de tissu avant de rétorquer. « Roxy’ était fatiguée, on a préféré rentrer. ». Il se tut, posa son regard sur son sac. Il ne disait pas la vérité. Roxanne n’était pas fatiguée. Mais que pouvait-il dire d’autre ? Qu’ils avaient prévu de se rejoindre le soir-même, pour partir ensemble, s’éloigner de ces accueils et de ces complots ? Qu’ils avaient passé l’après-midi à préparer ce départ vers le cœur de l’Ile, vers le cœur de la forêt, loin de tout ? Sa mère répondit quelque chose, qu’il n’entendit même pas. Assis en tailleur sur son lit rempli d’herbes sèches, il fixait la paroi de la grotte, face à lui. S’y déployaient des dessins, faits au charbon de bois, que Roxanne et lui avaient réalisés enfants. Il y avait des princes, des princesses, des dragons et des pirates. Il y avait leur univers, leur monde, leur enfance, leur vie. Leur histoire d’amour, si atypique, si enfantine. Et alors ? Kyliann ne parvenait pas à comprendre l’hostilité qu’avaient les adultes contre cet amour. Il sentit le matelas de fortune s’abaisser tandis que son jumeau s’asseyait à ses côtés. « Allez Kyky’, fait pas la tête. Tu viens au feu de camp ? ». Le feu de camp. C’était devenu le nouveau quartier général des anciens doudous, des adolescents de l’Ile, qui avaient cédé leur grotte de jeu aux enfants qui avaient pris leur place. Kyliann ferma les yeux, secoua la tête et repoussa son frère. « Non, vas-y, toi. Salues Chris et Grace de ma part. ». Un instant, Kyliann crut que Loris allait insister, comme avant, qu’il allait le secouer, qu’ils allaient retrouver un peu de cette complicité perdue. Mais son double se releva, s’éloigna et, avant de quitter la grotte, se tourna vers lui pour lui lancer. « T’es vraiment stupide, quand même. ». Kyliann ne répliqua même pas, il se contenta de hausser les épaules en se laissant tomber en arrière, se couchant sur son lit de fortune. Ca faisait déjà si longtemps. Si longtemps qu’ils étaient arrivés sur cette Ile, si longtemps qu’ils avaient fini par se faire à l’idée d’y rester pour toujours. Seuls les jeunes tournaient en rond dans cette terre si souvent visitée. Chaque jour ressemblait au précédent, annonçait le suivant. Et Kyliann souriait en pensant à cette aventure qu’il allait vivre avec Roxanne, dès ce soir.

« Viens manger, Kyliann. ». Le jeune blond soupire. Jamais tranquille, dans cette maison. Si on pouvait parler de maison, bien entendu. Il soupire, mais ne bouge pas. Il reste couché dans son lit, la main derrière sa nuque, perdu dans ses pensées. « Kyliann. ». Il ne répond pas. Ce soir-là, Jayson était resté dans la grotte des militaires, plutôt que de venir manger avec eux. Depuis qu’un incendie inexpliqué avait ravagé le potager et la réserve de nourriture, il était sur les nerfs. Était-ce les hostiles, les amazones ou les habitants de l’autre Ile ? Kyliann penchait plutôt pour ces derniers, car les hostiles aussi se servaient dans cette réserve. Ils étaient surement aussi embêtés qu’eux. Les amazones s’étaient repliées dans leur jungle, et n’en sortait plus qu’une fois par an, pour une de leur fête, sur la plage. Seuls restaient ces hommes et ces femmes venus de l’Hydre, cruels et blagueurs. Le jeune homme était, pour le moins, heureux que son père ne soit pas là ce soir-là. Car, si Kate n’insistait plus pour qu’il vienne manger avec eux, Jayson ne supportait pas ce qu’il appelait ses « caprices d’enfant roi ». Enfant, enfant. Pourquoi n’avaient-ils tous que ce mot à la bouche ? Il avait dix-sept ans. Il faisait ce qu’il voulait. « Lucy, apporte donc son assiette à ton frère. ». La jeune adolescente soupire à son tour, mais se lève tout de même. Elle est la seule, dans tout le foyer, à accepter encore de se lever pour lui. Kyliann s’assied, attrape son assiette. « Merci, Lucy. ». Elle lui fait la moue. C’est sa manière à elle de lui montrer qu’il pourrait faire des efforts. Mais le jeune homme sait qu’elle ne lui en veut pas. Avant qu’elle ne s’éloigne, il la décoiffe, défaisant le chignon qu’elle avait mis tant de temps à faire tenir. « Kyliann ! T’exagère ! Tu viens de gâcher trois ans d’essais infructueux ! ». Posant son assiette sur ses genoux, il lève les mains en l’air, l’air de dire « Qui ça, moi ? Mais j’ai rien fait, moi ! ». Elle lève les yeux au ciel, imitant son frère adoptif avant de rejoindre les autres autour de la table. Le sourire de Kyliann s’évanouit. Lucy lui manquera, bien plus que sa mère ou son jumeau. Elle était un petit rayon de soleil dans la famille. Il s’obligea à ne plus y penser, grignotant sans appétit le contenu de son assiette. Il fait le récapitulatif de ce qu’il doit encore préparer pour le grand départ. Quelques bouts de ficelle, pour consolider la cabane de bois qu’ils s’étaient fabriqués. Quelques T-shirt de rechange. Son gilet. Sa couverture, pour pas que Roxanne n’ait froid. Et, même si cela peut sembler idiot à son âge, ses petites voitures. Il refusait de s’en séparer. Elles étaient le seul lien qui lui restait avec le continent, le seul lien qui le retenait à sa vie d’enfant. Il était persuadé que, tant qu’il les aura près de lui, personne ne pourra lui demander de grandir réellement. Son regard se posa vers la petite caissette de bois posée près de son lit. Elle était remplie de petits trésors, de coquillages, de bouts de bois, de tout ce qu’il avait récolté pendant dix ans. Il ne pouvait pas tout emporter.

Il pose le pied par terre, sans un bruit. Il va poser son assiette sur la table de bois. Il glisse sa besace au-dessus de son épaule, attrapant au passage ce qui lui manquait. Sa main hésita un instant au-dessus de sa boite au trésor. Cela lui faisait mal au cœur de tout laisser, mais il ne pouvait se permettre de trop se charger. Le chemin allait être suffisamment compliqué, en pleine nuit, et il s’était promis de porter le sac de Roxanne. C’était bien à cela que cela servait, un chevalier ! Il s’accroupit, hésitant. Finalement, son choix se porta sur un petit coquillage bleuté, poli par le sable et le temps. Il le glissa dans sa poche, bien résolu à en faire un collier pour Roxanne. Cela ne vaudra pas le beau médaillon d’or que portait sa mère, mais c’était tout ce qu’il pouvait faire. Il se releva et se dirigea vers la sortie de la grotte. Son regard se tourna instinctivement vers Lucy, qui dormait comme un ange. Il s’approcha du lit de sa cadette, un sourire triste sur le visage. Elle allait s’inquiéter, il le savait, mais il ne pouvait pas se permettre de la mettre au courant. Elle était tellement vive, tellement tête en l’air, qu’elle serait bien capable de tout raconter sans le vouloir vraiment ! Elle aimait les secrets, mais aimait encore plus les dévoiler. Alors, faisant attention à ne pas la réveiller, le jeune garçon déposa sous son oreiller une de ses voitures, celle qu’elle avait toujours aimé, celle qu’elle lorgnait depuis qu’elle avait six mois. Il pouvait au moins lui donner ça, après tout ce qu’elle avait fait pour lui. C’était elle qui l’avait aidé, la nuit précédant la Saint-Valentin, à raccommoder tant bien que mal une vieille robe ayant appartenue à Kate. C’était elle qui l’avait toujours défendu face aux moqueries de son jumeau. C’était elle qui ne l’avait jamais abandonné, malgré ses sautes d’humeurs et son silence. Elle était resté sa petite sœur, il était resté pour elle son grand frère adoré. Un instant, il songe à se diriger vers le lit de son jumeau, mais y renonce. Ils n’ont plus rien à voir l’un avec l’autre, et la seule ressemblance qui persiste chez eux réside dans leur ressemblance physique. Même cheveux blonds en bataille, même yeux gris, même carrure, mais c’était tout. Ils n’étaient plus complices comme ils l’étaient enfants, ils n’étaient même pas rivaux comme de nombreux jumeaux. Ils étaient comme des inconnus qu’on forçait à vivre sous le même toit. Parfois, cela attristait Kyliann, et parfois, il s’en moquait. C’était ainsi, et il n’était pas prêt à faire le premier pas pour demander pardon, il était bien trop fier pour cela. Il ne comprenait pas en quoi c’était à lui de s’excuser, et pas à Loris. Il ne comprenait pas pourquoi on prenait toujours le parti de son jumeau contre lui. Il ne comprenait pas les actions des adultes qui l’entouraient. Mais qu’importe, bientôt il n’aurait plus affaire à eux. Bientôt, il sera seul avec sa princesse. Alors, sans regret, sans se retourner une nouvelle fois, Kyliann quitte la grotte, au milieu de la nuit.

Arrivé à l’autre bout du village, le jeune homme bifurque. Roxanne et lui avaient décidé de se rejoindre au puits d’eau douce. Il est arrivé un peu en avance. Alors, adossé contre un arbre, il sort le coquillage de sa poche. Il fouille dans son sac, persuadé d’y avoir mis une jolie ficelle blanche, assez fine. L’ayant trouvé, il réfléchit à la meilleure manière d’accrocher le coquillage afin qu’il tienne, mais qu’on le voit. L’idéal serait de faire un trou, mais comment le pourrait-il ? Il avait bien quelques clous dans son sac, mais il lui faudrait taper avec un caillou, et c’était la meilleure manière de réveiller tout le village. À moins que … il attrapa un de ces petits clous trouvés ci et là, et, plutôt que de chercher à percer un trou brusquement, il fit tourner la pointe, espérant qu’à force de persévérer, la coquille sera suffisamment entamée pour qu’il puisse y glisser la ficelle. Il n’avait pas besoin d’un gros trou. Et finalement, cela fonctionna. « Yes ! ». Il s’en voulut aussitôt, et ne bougea plus pendant quelques minutes, de peur d’avoir réveillé quelqu’un avec ce cri. Quand il fut certain que rien ne bougeait aux alentours, il glissa le clou dans sa sacoche et, les lèvres pincées, s’attela à faire rentrer la ficelle dans le trou. Et au final, il y parvient. Il fit un nœud, et admira son travail. C’était simple, c’était banal, mais il avait fait de son mieux. C’était un des plus jolis coquillages qu’il avait trouvé, c’était la ficelle la plus souple qu’il possédait, et c’était un très joli collier quand même. Il le glissa dans sa poche, se demandant quand l’offrir à Roxanne. Pas ce soir, non, ils devaient rejoindre leur cabane. Peut-être demain, au lever du jour. Ou bien plus tard dans la journée. Ho, et pourquoi pas dès qu’elle arriverait, finalement ? Il était incapable de se décider. Il se connaissait, il n’arriverait pas à se retenir trop longtemps, tellement il était pressé de lui offrir, de voir son sourire. Et alors, il entendit un bruit. Il chuchota. « Roxy’ ? C’est toi ? ». Qui cela pourrait-il être d’autre ? Il ne lui semblait pas qu’il y avait 20 000 personnes qui venaient se désaltérer à cette heure-ci ! Tout ce qu’il espérait, c’était que ce n’était pas quelqu’un qui, l’ayant entendu, venait voir de qui il s’agissait. Prudemment, il s’accroupit, maudissant sa chevelure blonde si visible dans la nuit. Ce n’était pas le moment pour se faire remarquer. Cela faisait si longtemps, qu’ils attendaient cette escapade, qu’ils attendaient cette liberté ! Si longtemps, qu’il préparait cette soirée, construisant la cabane, y entreposant fruits et autres denrées. Il n’y avait plus ni pomme de terre, ni riz sur l’Ile, tout avait brulé. Il ne restait plus que ce que la nature produisait seule, des pommes, des bananes, des noix de coco et quelques baies. Kyliann avait aussi pris dans la cuisine de la grotte quelques bouts de viande séchée. Et maintenant, il savait chasser. Il se redressa. « Roxy’ ? ». Et elle était là, mais ne semblait pas l’avoir entendu. « Roxy’ ! J’suis là ! ». Et déjà, il avait ce sourire stupide sur le visage, comme à chaque fois qu’il la voyait.


Dernière édition par Kyliann L. Alden-Weaver le Mer 11 Mar - 21:40, édité 2 fois
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Message(#) Sujet: Re: KYLIANN&ROXANNE ✈ comme des enfants en cavale KYLIANN&ROXANNE ✈ comme des enfants en cavale EmptyDim 27 Avr - 0:45



Where you grew up becomes a big part of who you are for the rest of your life. You can't run away from that. Well, sometimes the "running away from it" is what makes you who you are. Roxanne & Kyliann

✈ COMME DES ENFANTS EN CAVALE.

« À ce soir. » Trois mots. Trois simples mots qui voulaient pourtant dire beaucoup : le début d'une nouvelles vie, une nouvelle étape dans cette existence sur l'île. Après un dernier regard en direction de Kyliann, celui qu'elle aimait, Roxanne rejoignit la grotte dans laquelle elle vivait la plupart du temps avec son oncle, sa tante et sa cousine d'un an son aînée.  Elle aurait très bien pu se rendre chez Apple et Chris, mais elle avait plus d'affaires ici, du moins plus de choses qui comptait réellement et qu'elle voulait emmener. « J'suis rentrée ! » dit-elle en direction de son oncle et de sa tante, assis "à table". Elle ne faisait d'abord pas attention à l'air anxieux de l'héritier Cartier qui avait bien vieilli depuis leur arrivée sur l'île. Roxy retirait sa veste en bien piteux état et l'accrochait sur un porte manteau conçu de bouts de bois ramassés dans la forêt. Puis en se retournant vers eux, elle comprit que quelque chose n'allait pas. Mais elle n'osait rien demander, de peur qu'ils la rembarrent. C'était fréquent ces derniers temps. Ils la prenaient pour une gamine qui ne pouvait rien comprendre. Une gamine coinçait dans son petit monde avec son blondinet de copain. Au fond c'était peut-être vrai. Mais ils ne comprenaient pas. Ils ne comprenaient jamais rien de toute façon. Kyliann et Roxanne, c'était plus qu'une simple amourette de gosses, mais ça personne n'y croyait. Mais dire que cette fâcheuse manie qu'avaient les adultes à les traiter comme ça ne l'arrangeait pas parfois serait mentir. Parce qu'au fond, elle ne voulait pas affronter la réalité. Elle ne voulait pas se mettre dans la tête qu'ils risquaient tous de mourir ici, et plus rapidement que prévu à cause de l'incendie qui avait ravagé les récoltes, et les quelques hectares de cultures. Elle ne voulait pas se soucier des affaires des grands. Elle aurait préféré rester une enfant, pour toujours. Elle se dirigeait vers sa chambre et s'assis sur sa couchette recouverte d'une couverture en peau de bête. Souvent elle regrettait les draps doux qu'elle avait sur le continent, mais ça lui paraissait tellement lointain que ça devenait presque irréaliste. Sadie n'était pas là, elle devait probablement être avec d’autres jeunes de l'île au feu de camp, le nouvel endroit de rassemblement des doudous, qui n'en étaient plus tellement aujourd'hui. L'époque où ils allaient s'amuser aux pirates à la crique, ou dans leur grotte secrète, lui manquait beaucoup. Mais il n'y avait apparemment que Kyliann qui partageait ce sentiment. De là où elle était, Roxanne pouvait entendre des brides de conversation provenant de l'autre bout de la grotte. « ... je ne sais pas combien de temps on va encore pouvoir tenir... On va bientôt manquer de nourriture... Il va falloir trouver rapidement une solution... » Roxanne avait envie de se boucher les oreilles pour ne pas entendre ça. Elle ne voulait pas être au courant de la situation. Elle ne voulait pas être forcée à voir la réalité en face. Hors de question ! D'un bond elle se levait de son lit et attrapait son sac à dos qu'elle avait un jour récupéré parmi les débris de l'avion. Sa couleur rose vif d'autrefois avait viré au gris, mais qu'importe. Elle y fourrait quelques affaires dont elle avait besoin pour son départ. Leur départ à Kyliann et à elle. Cette fugue, parce que s'en était vraiment une, ça faisait des mois qu'ils la préparaient. Ils avaient construit une cabane dans les bois, y avaient emmené quelques provisions. Ils avaient tout planifié. Quelques débardeurs, shorts et autres affaires empaquetés, et tout était finalement près. Roxanne prenait aussi soin de prendre la photo de sa mère qu'elle gardait toujours précieusement avec elle.

«Roxanne, on mange ! » Elle se relevait du sol sur lequel elle était assise depuis plusieurs minutes et se rendit à table. Le dîner était loin d'être copieux. Quelques morceaux de viande séchée et quelques quartiers de fruits de saison. C'était un repas normal ces derniers temps. Elle s'assit face au couple qu'elle considérait un peu comme ses parents depuis le temps. Contrairement à d'habitude elle ne parlait pas, se contentant de mâcher les aliments lentement. Elle regardait son oncle et sa tante qui allaient un peu lui manquer. Mais elle avait besoin de partir, elle ne supportait plus d'entendre des phrases telles que "Grandi un peu !" ou "Sors de ta bulle, tu as seize ans Roxanne, tu n'es plus une enfant.". Elle ne supportait plus non plus qu'on lui rit au nez lorsqu'elle disait qu'elle aimait Kyliann. « Tu sors avec les autres ce soir ? » Par "les autres", elle voulait dire Grace, Chris, Loris, Sadie et tout les autres ex-doudous avec qui Roxy s'entendait si bien il y a encore quelques années. Cette dernière haussait les épaules en marmonnant un "j'sais pas" pas très convainquant. Non, elle ne voulait pas y aller. Elle allait s'enfuir avec Kyliann. Mais personne ne devait être au courant. Jamais. Elle sortit de table aussitôt avoir fini de manger. Elle ne voulait pas que son manque d'enthousiasme et son inhabituel silence éveillent le moindre soupçon. Elle rejoignit sa chambre et attendit que le couple s'endorme. Puis elle se levait, prit ses affaires, et sortit sans faire de bruit. Les larmes lui montaient aux yeux subitement. Oui, ça lui faisait de la peine de quitter les gens qu'elle aimait, Chris, Sadie, Apple, et son tonton et sa tata. Mais s'était pour son propre bien, elle n'en pouvait plus de vivre en subissant les remarques et les moqueries. Elle s'essuyait les yeux avec la paume de sa main puis se mit en route vers le lieu de rendez-vous : le puits d'eau douce.

Le village était incroyablement calme ce soir. Tout le monde semblait déjà endormi, et les jeunes qui traînaient encore dehors étaient bien trop loin pour qu'on puisse les entendre. On ne pouvait entendre que le bruit des vagues s'écrasant sur la plage au loin, ainsi que la légère brise filtrer entre les feuilles des arbres. Il ne faisait pas très froid ce soir, et c'était mieux ainsi, sinon la première nuit dans leur nouvelle cabane risquait d'être difficile. Roxanne avançait, guettant le moindre bruit. Ce n'était pas le moment de se faire prendre en train de fuguer, sinon tout le plan tombait à l'eau, et une telle occasion ne se représentera plus. Elle connaissait le chemin par cœur, et aucun embûche ne vînt la dévier de sa trajectoire. Après le grand pommier elle devait tourner à droite et elle serait arrivée. Elle mit une dizaine de minute à arriver à destination. Il faisait sombre et elle avait du mal à apercevoir quoi que ce soit à plus d'un mètre d'elle. C'est pour cette raison qu'elle ne vit pas Kyliann, qui était déjà arrivé. « Roxy’ ! J’suis là ! » Elle sursautait en entendant cette voix qu'elle connaissait pourtant par coeur. Puis elle se tourna vers lui, son amour de toujours. Un doux sourire se dessinait sur ses fines lèvres comme à chaque fois qu'elle était avec lui. Elle s'approchait et déposait un doux baiser sur les lèvres du jeune-homme. « T'es prêt ? » demanda t-elle d'un murmure, comme si elle avait peur qu'on l'entende. Il était encore temps de faire demi tour, de retourner se coucher et d'oublier cette idée. Mais pourtant elle se doutait qu'il ne renoncerait pas. Il était comme elle. Ils avaient une idée en tête depuis un moment, et ils allaient l'exécuter ce soir. Pas question de reculer maintenant. Et pourtant, le cœur de Roxanne battait à cent à l'heure. Adrénaline ? Peur et Angoisse ? Oui, ça devait être ça. Un peu de peine aussi. Et de l'excitation, parce qu'ils allaient enfin tourner une page, vivre quelque chose de différent.

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Message(#) Sujet: Re: KYLIANN&ROXANNE ✈ comme des enfants en cavale KYLIANN&ROXANNE ✈ comme des enfants en cavale EmptyDim 27 Avr - 18:14



✈ KYLIANN & ROXANNE
comme des enfants en cavale qui refusent de dormir, quand s'éteint leur étoile et qu'il faudrait vieillir. alors marchons ensemble, vers ces contrées sauvages …

« T'es prêt ? ». Deux mots, un murmure, mais cela suffisait à emplir le cœur de Kyliann de joie. Elle était là, sa princesse, elle n’avait pas oublié leur rendez-vous, elle ne l’avait pas oublié. Des années étaient passées, mais il gardait toujours cette peur d’enfant, cette peur d’être oublié, d’être abandonné, de se retrouver seul. Il savait que, par cette question, Roxanne lui laissait une dernière chance de tout laisser tomber, de renoncer. Mais il ne saisirait pas cette chance, il ne tenait pas à oublier cette idée qu’ils avaient eu ensemble. Il n’avait aucune envie de retourner à la grotte, de retrouver cette famille qui ne le comprenait plus. Il ne s’y sentait plus à sa place. Il se sentait à sa place aux côtés de Roxanne, c’était tout. Il chuchota, à son tour, attrapant la main de la jeune fille dans la sienne. « Toujours prêt. Et toi ? ». Il la connaissait depuis si longtemps qu’il savait parfaitement ce qu’elle allait répondre, qu’il savait pertinemment qu’elle n’allait pas le laisser maintenant, mais il demandait toujours. Juste pour entendre sa voix, pour voir son sourire. Son sourire n’avait pas changé, depuis qu’ils se connaissaient, et il l’emplissait toujours du même bonheur. Elle était sa princesse, c’était tout, même si personne ne les comprenait, même si tout le monde se moquait d’eux. Elle était sa princesse, et il était son chevalier. Il se souvenait du jour, il y a plus de dix ans, où il l’a sauvé de l’attaque d’un hérisson. Il avait eu aussi peur qu’elle, mais il s’était acharné avec son épée de bois contre le pauvre petit animal, qui, traumatisé, était resté roulé en boule pendant plus de deux heures. Les deux enfants avaient donc pensé qu’il protégeait un trésor … Quand Kyliann repensait à ce jour, où il avait promis à Roxanne de toujours la protéger, il se disait que le temps était passé bien trop vite. Hier, ils s’effrayaient devant un hérisson, et aujourd’hui, ils s’en allaient tous les deux vivre ensemble au cœur de la forêt, loin des insinuations des adultes et des moqueries des autres adolescents. Il sera un peu plus fort la main de la jeune fille, tandis que sa gorge se nouait quelque peu. « On y va ? ». À partir du moment où ils se mettraient en route, ils ne pourront plus revenir en arrière. C’était ainsi qu’on devenait un explorateur : en allant toujours devant, sans jamais faire demi-tour, quoi qu’on rencontre. Que rencontreraient-ils ? Surement quelques biches, quelques petits animaux qui s’enfuiront à leur approche. Normalement, ils ne devraient croiser personne : tout le monde dormait, et les rares jeunes restés autour du feu de camp n’emprunteront pas le même chemin. Ils y avaient veillés. Et puis, s’ils entendaient quelqu’un approcher, ils sortiront du chemin, se cacheront derrière un arbre et attendront que le quelqu’un passe. En étant discrets et attentifs, ils ne risquaient pas de se faire remarquer. Il tend la main pour attraper le sac de Roxanne. « Aller, passe, je vais te le porter. ». Le sien n’était pas bien lourd, et il tenait à prouver qu’il était le chevalier parfait. Ou du moins presque-parfait.

« Ça va ? ». Ça devait bien faire cinquante fois qu’il lui posait cette question depuis qu’ils s’étaient mis en route. Il gardait la main de Roxanne dans la sienne, et marchait légèrement en avant, mais ne cessait de se retourner. Il faisait noir, on n’y voyait presque rien, et il avait senti plusieurs fois la jeune fille trébucher sur des racines. À chaque fois, elle s’était raccroché à lui, et à chaque fois, il l’avait aidé à se stabiliser. Ils n’avançaient pas bien vite, de crainte de quitter le chemin et de se perdre. Ils connaissaient l’Ile, maintenant, mais même le plus aguerri peut s’égarer quand la nuit est noire. Il ralentit imperceptiblement, autant pour se rapprocher de Roxanne que pour la soulager. Il était tard, et ils avaient déjà fait l’aller-retour durant la journée. Lui-même commençait à se fatiguer, mais refusait de le montrer. Il ne voulait pas inquiéter Roxanne. Il insista cependant. « Si tu veux, on peut s’arrêter un instant, tu sais. ». Parfois, il se sentait coupable, coupable d’avoir proposé cette idée, de lui avoir demandé de l’aide pour construire la cabane, de la faire marcher ainsi en pleine nuit. Il se disait qu’il aurait peut-être été plus sage de rester sagement chez eux, de continuer à se voir tous les jours, le plus longtemps possible. Plutôt que de vagabonder à travers bois, pour rejoindre une misérable cabane de bois, perdue au milieu de nulle part sur une Ile perdue au milieu de l’océan. Mais à chaque fois, en sentant sa main dans la sienne, en écoutant le silence qui les entourait, il savourait le fait d’être seul avec elle. Il n’y avait plus ni adultes, ni camarades, pour leur gâcher cette joie qu’ils avaient d’être ensemble, il n’y avait plus qu’eux deux, et c’était suffisant pour être heureux. Sans même s’en rendre compte, il se mit à chantonner. « Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire … ». C’était stupide, comme référence, mais c’était tout ce qu’il avait. Quand il est arrivé sur l’Ile, il n’avait que 4 ans ! Tout juste l’âge d’écouter en boucle des chansons Disney. Et même si, sur l’Ile, certains adultes leur chantaient d’autres chansons, des musiques de vieux, rien n’avait pu déloger de sa mémoire ces quelques mélodies. Ces derniers mois, il chantonnait beaucoup. Il trouvait toujours un moyen de caser une chanson Disney dans chaque conversation. C’était peut-être fatiguant, à la longue, de l’entendre chanter, mais Roxanne, ça la faisait rire. Alors il continuait. Si un jour il voyait que ça l’agaçait, il cesserait. Alors que quand il sentait que ça énervait son jumeau, il chantait encore plus fort, par simple esprit de contradiction. Et penser à son frère lui ôté toute envie de chanter. Rien à faire, il n’arrivait plus à le considérer comme son double, son confident, son autre lui. « Dis, Roxanne, c’est normal, à ton avis, de détester son jumeau ? ». Il n’y avait qu’à elle qu’il pouvait le dire sans se poser de question, sans se sentir juger, juste en parlant normalement, tout simplement.
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