Lorelaï ne connaît aucun membre de sa famille biologique. Elle a grandit depuis sa toute petite enfance dans un orphelinat en Angleterre. Les locaux étaient loins d'être riches ou quoique ce soit, son enfance en fut donc misérable. Et lorsqu'elle eu environ douze ans, elle fut déportée en bâteau jusqu'à l'Île. Les premiers temps furent trés durs, elle se souvenait de leur vie, se rappelant, que aussi dures que soient les corvées, elles étaient assurées d'avoir à manger le soir-même et le lendemain, et le jour d'après. Elle se senti donc souvent coupable de ne pouvoir subvenir aux besoins de ses soeurs, se privant du mieux qu'elle pouvait afin de nourrir les plus jeunes. En effet, lorsqu'elles sont arrivées, beaucoup n'avaient que 5 ou 6 ans, et Laïla, elle n'avait même que quelques mois. Et c'est en testant toutes la racines et en les cataloguant, ainsi que les feuilles et les autres parties des plantes, que Lorelaï pu établir un herbier sur les plantes comestibles, d'autres qui aidaient à guérir, ou à subvenir à telle ou telle carence.
Bref, elle devint une experte à choisir les plantes, les algues et la nourriture. Elle-même désormais végétarienne, celà ne l'empêchait pas de chasser ou pêcher pour ses jeunes soeurs avant que celles-ci soient capables de l'aider puis de la relayer. Néanmoins, chaque fois que Lorelaï cueillait une plante ou tuait un animal, elle ne pouvait s'empêcher d'en remerciait la nature, qui lui permettait de survivre. Peu à peu, ses jeunes soeurs suivirent elles aussi ses habitudes, et elles commencèrent à vouer un culte à la nature bénie qui tolérait leur survie. Lorelaï savait que lorsqu'elle n'était pas contente, la nature l'exprimait.
Peu à peu, les fillettes abandonnées devinrent alors des amazones, véritable communauté, d'une vingtaine de membres exclusivement féminins. Lorelaï ne se posa en aucun moment la question de la reproduction, sachant que si la nature voulait faire perdurer leur peuple, elle leur en donnerait les moyens.
La vie devint peu à peu plus facile, les saisons se succédant, elles étaient mieux installées, au coeur de la jungle, ou elle craignaient moins les intempéries.
Lorelaï est l’aînée dans le camps. Elle n'a pourtant pas pris la place de chef, non pas qu'elle aurait été contre, mais elle a une grande confiance en leur chef actuelle Laïlynn. Elle elle préfère se poser, réfléchir, méditer, attirer de bon esprits sur ses coéquipières. Lorelaï avait une douzaine d'année quand elles sont arrivées sur l'île, elle est la plus agée et en a gardé sûrement les plus nets souvenirs. Pourtant ça reste très flou, ça lui apparaît dans des rêves, ça la hante. Si elle devait citer le plus vieux souvenir qu'elle a, ce serait justement leur arrivée sur l'île. Elle voit un grand bateau, jetant l'ancre non loin de là. Elle revoit les canoës qui les menèrent jusqu'à la rive. Elle les revoit, toutes debout dans le sable, le visage naïf, regardant ce bateau s’éloignant à nouveau, disparaissant à l'horizon. Mais qui était derrière tout ça ? Qui lâcherait plus d'une quinzaine de fillettes, seules dans un endroit désert, sans plus jamais reprendre contact ? Quand elle regarde toutes ses sœurs ici, Lorelaï se dit qu'elles doivent pas se rendre compte de la manière dont elles ont attiré, elles ne pensent pas à la cruauté des hommes qui ont été capables de leur faire ça, sont-elles même conscientes que vivre seules sur une terre sauvage ainsi, ce n'est pas normal ? Lorelaï, elle, elle a le pressentiment de tout ça. Elle a ces images dans son sommeil, qui lui remontrent leur orphelinat d'Angleterre, les adultes qui les entouraient, les choses magiques du monde dont elles ont été coupées... Parfois, Lorelaï aimerait être comme les autres Amazones, avoir vraiment tout oublié. Mais son inconscient lui envoie des messages, et c'est toutes ces choses qu'elle sait qui ont un peu guidé le clan. Elle est un peu la voix de la sagesse ici, elle inspire le respect, les Amazones disent qu'elle voit le passé et l'avenir. Pour Lorelaï, ce sont juste les forces de la nature qui sont avec elle. C'est donc elle qui est depuis toujours à l'origine des prières, chants et danses que la tribu font autour du feu sacré, pour bénir leur île.
Puis un jour, Lorelaï commença à rêver d'hommes, tels que ceux qui les avaient abandonnées, et de femmes vêtues comme elles l'étaient avant leur abandon. Lorelaï se doutait donc que quelque chose allait se produire, mais elle ne savait pas exactement quoi.

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