« ARRIVÉE SUR L'ÎLE, APPRÉHENSION. »

Ça y est, nous voilà débarqués. Pas trop tôt. Quand je pense que Clay a encore vomi. Mal de mer parait-il. Je vous le foutrai à fond de câle au retour, ça va pas traîner. Je pose un pied sur le sable mais c'est seulement après des jours et des jours de marche, à se taper la visite guidée de l'île, à dire bonjour aux moustiques et autres animaux nuisibles que j'arrive enfin à destination. Là où était censée me conduire ma mission; Autour de nous, les restes calcinés de l'avion, rongés par les vagues de l'océan, en partie par les rochers qui trônent sur le rivage. On nous a informé qu'il y avait des survivants. Ne restait plus qu'à leur mettre la main dessus. Plus loin, on entendu les rires de quelqu'un. D'une fille apparemment. Non, trop clair. Une fillette alors ? Karsoca, Alexandro et les autres me suivent à pas de loups. On ne sait jamais à quoi s'entendre. Bien que préparés à toutes éventualités, certains de mes hommes ne sont pas des soldats de métier. Certains que je juge trop jeunes mais qui ont été volontaires, d'autres trop expérimentés. D'autres encore aimaient le goût du risque. C'était ceux-là les plus dangereux. Militaire ou pas, j'avais été avocat par le passé. J'avais déjà côtoyé des types de leur trempe. Ne jamais leur tourner le dos, sous aucun prétexte. Encore que je suis fier de mon équipe. Même si certains éléments perturbent encore l'ambiance du groupe, dans l'ensemble, on appartient tous à la même famille. Une famille qui s'est jurée protection, confiance, honneur.

Nous voilà maintenant de l'autre côté de l'île. On a repéré les survivants, en grande partie. Des hommes, des femmes, mais aussi des enfants. Les visages de mes hommes s'éclairent, pour la plupart. Moi, je ne peux que demeurer impassible, quoique touché par ce spectacle, mais surtout peiné, plus que je ne voudrais l'admettre de ne pas apercevoir ma famille parmi cette masse qui se rassemblait peu à peu autour de nous. J'avais perdu tout espoir mais comme Saint-Thomas, j'avais besoin de le voir pour y croire. Pusieurs jours durant, nous les observâmes. Une habitude de vie à laquelle ils faisaient face malgré eux et qui, je l'avoue, me rendait soucieux. Il y en avait d'autres d'après ce qu'on nous avait dit. Des gens plus hostiles, hostiles surtout à notre présence. Et ces cris, ces hurlements de loups que l'on entendait dans la forêt, qui est-ce ? Animal ou humain ? Je me suis promis de découvrir le fin mot de l'histoire mais avant ...

Je les avais retrouvé. Ils étaient bel et bien vivants. Pourtant, je dûs contenir ma joie. Qui était-elle ? Cette femme qui semblait si proche, qui les maternait comme le ferait une mère à l'égard de ses petiots. Non, ce ne pouvait pas être mon épouse. Il y avait quelque chose de différent chez cette femme. Mais quoi ? Et ce type qui restait des heures durant à ses côtés, souriait, dormait même à côté de MES enfants. Je tirerais cette histoire au clair. Mais je devais faire preuve de prudence. Ils étaient encore si jeunes. Trois ans avaient passé depuis leur disparition. Ils ne me reconnaissaient pas. Ils nous avaient oublié, leur mère et moi....

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« QUAND LE PASSÉ REVIENT VOUS HANTER »

Lorsque je t’ai aperçu sur cette plage, j’ai immédiatement songé à Lucie, mon épouse défunte. Une ressemblance frappante entre vous, qui m’a conduit à t’observer ainsi pendant deux heures, des jours durant. Qui es-tu ? Je l’ignore encore, mais je le saurai bien un jour. Surtout depuis que j’ai découvert la relation que tu entretiens avec Kyliann & Loris, mes propres enfants, que je croyais morts jusqu’ici. Lucie est-elle aussi encore vivante, quelque part sur cette île ? Non, à moins d’avoir perdu la mémoire, jamais ma femme, si attachée à ses petits bouts, ne t’aurait laissé les élever comme tes propres fils. Car c’est bien ce que tu fais, n’est-ce pas ? Toi et ce blondinet qui m’insupporte de jour en jour un peu plus. Certes, les jumeaux ne sont pas encore prêts à revoir leur père biologique, puisqu’ils semblent avoir perdu la mémoire. La violence du crash sans doute. Et je te suis reconnaissant de les élever au mieux, de prendre soin d’eux alors qu’ils ne sont que deux pauvres orphelins. Ceci dit, je n’ai pas l’intention de rester les bras croisés pendant que cet homme qui se prétend leur père, reçoit tous les jours une preuve de plus de leur affection, de quoi asseoir véritablement sa place de géniteur. Tôt ou tard, mes fils me reviendront, parole d’homme…

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« FRÈRES D'ARMES »

Dire qu'à peine arrivés sur l'île, à peine après avoir pris nos marques, nous faisions la connaissance - malgré nous - de ces femmes. Les Amazones comme on les appelait ici. Des femmes magnifiques, sauvages, et sanguinaires. Ed-Khal, mon second, fut alors fait prisonnier. Elles connaissaient les terres, pas nous. Ce fut ce qui les conduit à cette victoire. Mais pas pour longtemps. Jamais je n'abandonnerai un de mes hommes. J'ignore encore ce qu'elles veulent, ce qu'elles te font subir, mais je te promets Ed, que nous te retrouverons. Je détruirai toute la forêt de cette maudite île s'il le faut, mais nous nous reverrons mon ami.

Quelques jours, une semaine peut-être, suffirent à nous donner l'emplaçement de leur campement. Pour des femmes non civilisées, elles savaient plutôt bien se débrouiller, et étaient apparemment plus nombreuses que notre petit groupe de soldat. Plus loin, je découvrais avec stupeur ce qu'elles faisaient endurer à mon compagnon d'armes. Des barbares, Fernando me l'avait bien dit. Dire que j'avais refusé d'y croire au départ, me disant que c'était peut-être nous qui avions mal fait les choses, que nous avions violé un pacte, ce qui leur avait conduit à nous attaquer de front. Tu parles ! Elles n'étaient que des sauvages sans merci. Des monstres de la nature. Je vois certains hommes reculer, pressentant le danger. Il y a encore des jeunes inexpérimentés sur lesquels je dois veiller. Et Ed qui se fait torturer à quelques mètres de moi. Impossible de l'aider en l'état actuel des choses. Elles sont trop, nous sommes trop peu. Je reviendrais, tiens bon !

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ENTRE PÈRE ET FILS

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~ EPISODE 1 ~

« LES PRISONNIERS »

Comme quoi, sur cette île, on n'est jamais en sécurité nulle part. J'aurais dû m'en douter, et pourtant ...

Ce soir là, j'étais assis dans une sorte de bar de plage - quelle ironie d'appeler cela ainsi lorsque vous êtes à des milliers de kilomètres de la civilisation - enfin bref. Je sirotais un jus, en plein dans mes réflexions, quant elle est arrivée. Je ne l'ai pas entendu venir, je me demandais même aujourd'hui si elle ne m'a pas suivi en douce, exprès. Depuis le temps que je l'observe, elle et les petits, elle a dû comprendre que je n'étais pas seulement un militaire, mais bien plus que cela. Sans doute voulait-elle des explications.

Elle s'est approchée, a tenté une approche plus ou moins heureuse. C'était sans compté mon sale caractère. Hélas, le fait de l'envoyer paître n'avait pas suffi à la faire fuir, loin de là. Au contraire, Kate avait continué sur sa lancée, me demandant la raison pour laquelle je l'observais si souvent dans sa grotte, avec sa petite famille. Sa voix portait comme une menace à laquelle je répondais sur u ton goguenard, presque mesquin. Elle qui veillait mes fils, n'avait rien à me demander. Pourtant, je n'avais pas le cran de lui avouer la vérité, c'était trop tôt.

Elle était enceinte. Moi qui adorais les enfants, ne pouvais me retenir de jeter un oeil sur son ventre arrondi, avant de relever les yeux vers son visage, tiré. Quoi ? Qu'est-ce qu'elle foutait là encore ? Je n'avais pas été suffisamment clair tout à l'heure ? Soudain, une première secousse, et la jeune femme qui se tient le ventre. Je me dépêche de la retenir avant qu'elle ne s'effondre au sol. Je n'y peux rien. Malgré mon animosité envers cette femme, c'était un réflexe de soldat que de l'aider à se relever, et à comprendre la raison de son mal. Le bébé, le bébé qui lui donnait des coups. Ah, ce n'était que ça ... Etrangement, mon visage se fait plus doux, on se met à discuter elle et moi. Je me rends compte qu'elle n'est pas celle que je m'étais imaginée. Une voleuse d'enfant. Je me prends même à l'imaginer être une bonne mère pour Kyliann et Loris. Juste avant qu'un bruit derrière nous ne nous fasse tous deux réagir. Un bruit suspect. Le silence autour de nous, la température qui s'est abaissée dangereusement et cette impression curieuse d'être épiés.

Je n'avais pas le choix, je devais faire une tentative, persuadé qu'elles n'étaient pas loin. Hélas, elles eurent vite fait de rattraper Kate, enceinte jusqu'aux yeux, et de m'immobiliser à l'aide d'un puissant sédatif.

Quelques heures plus tard, nous étions dans la forêt. L'aube s'était levée depuis plusieurs minutes et nous étions encore loin de leur campement, si sa mémoire était bonne. Kate nous ralentissait. Moi-même, avec mes 110 kg, et ma carrure imposante, les empêchais d'avancer à leur rythme habituel puisqu'elles avaient obligé de me porter sur une assez longue distance. Personne ne nous entendrait maintenant. J'ouvrais les yeux, petit à petit. Mal au crâne. Ma première vision fut celle d'une Amazone devant moi. Je tentais de me détacher, sans succès. La voix de la chef des Amazones, Laïlynn, retentit alors à mes oreilles...

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